Ukraine: Poutine dit Marioupol «libérée», Biden augmente son aide militaire à Kiev

Alors que Marioupol est dévastée, l'Ukraine dénonce les bombardements qui ont rasé ce qui restait de l'aciérie tentaculaire d'Azovstal (Photo, AFP).
Alors que Marioupol est dévastée, l'Ukraine dénonce les bombardements qui ont rasé ce qui restait de l'aciérie tentaculaire d'Azovstal (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 22 avril 2022

Ukraine: Poutine dit Marioupol «libérée», Biden augmente son aide militaire à Kiev

  • Vladimir Poutine a dit avoir ordonné à ses troupes de ne pas lancer l'assaut final sur Marioupol
  • Si la bataille de Marioupol semble toucher à sa fin, celle qui a pour enjeu le contrôle du Donbass s'annonce longue

ZAPORIJJIA: Le président russe Vladimir Poutine a déclaré jeudi que les forces russes avaient "libéré" le port stratégique ukrainien de Marioupol, une affirmation jugée "contestable" par son homologue américain Joe Biden, qui a annoncé 800 millions de dollars d'aide militaire supplémentaire à Kiev.   

La chute définitive de Marioupol, un grand port industriel sur la mer d'Azov devenu ville-martyre et champ de ruines après bientôt deux mois de pilonnage et de siège russes, constituerait une victoire importante pour Moscou, dont l'armée a accumulé les revers depuis le début de son invasion de l'Ukraine le 24 février.

Mais, malgré un nouvel appel à la reddition jeudi, les combattants ukrainiens encore retranchés dans l'immense complexe métallurgique Azovstal et ses kilomètres de galeries souterraines, refusent de déposer les armes. 

Vladimir Poutine a dit avoir ordonné à ses troupes de ne pas lancer d'assaut, mais de bloquer la zone "de sorte que pas une mouche ne passe", au cours d'une réunion avec son ministre de la Défense Sergueï Choïgou montrée à la télévision russe.

Joe Biden a de son côté jugé "contestable" l'annonce de la prise de cette ville par l'armée russe. Vladimir Poutine "ne réussira jamais à dominer et occuper toute l'Ukraine", a-t-il ajouté.

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a réclamé jeudi, dans un tweet, l'instauration d'"un couloir humanitaire d'urgence" avec des "garanties" de sécurité pour évacuer les civils encore "présents en grand nombre" dans l'aciérie, selon lui.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky affirmait mercredi qu'il y avait encore un millier de civils, "femmes et enfants" et des "centaines de blessés" à cet endroit. Jeudi, le maire de Marioupol Vadim Boïtchenko a parlé de "300 à 1.000 civils". 

Le ministre russe Choïgou a quant à lui donné le nombre de 2.000 combattants encore dans l'aciérie. Il n'a pas évoqué la présence de civils. Ces chiffres sont invérifiables de source indépendante. 

Ukraine: des corps exhumés au centre d'enquêtes sur des atrocités

Les sépultures de fortune découvertes à proximité d'un hôpital de la ville dévastée de Borodianka, près de Kiev, ont livré leurs secrets aux experts enquêtant sur les accusations de crimes de guerre portées contre les troupes russes.

Les autorités ont déclaré que neuf cadavres de civils, dont beaucoup ont été abattus, avaient été exhumés de ces tombes.

Les enquêteurs ont rassemblé plus de 1.000 corps de civils dans des rues, des cours ou des sépultures improvisées dans les environs de la capitale ukrainienne, dont certains avaient les mains et les pieds liés ou des blessures par balle dans la nuque, ont expliqué jeudi des responsables. 

Cette enquête s'inscrit dans le cadre de la documentation de ce qu'Oleksandre Pavliouk, chef de l'administration militaire régionale de Kiev, a qualifié d'"atrocités" commises à la suite de l'invasion des troupes russes, qui ont par le suite été contraintes de se retirer de la région.

Quelques évacuations

Les autorités locales redoutent que plus de 20.000 personnes ne soient mortes à Marioupol, qui comptait quelque 450.000 habitants avant la guerre, en raison des combats mais aussi de l'absence de nourriture, d'eau et d'électricité. 

Depuis des jours déjà, les Russes contrôlent une grande partie de cette ville, où il reste selon eux quelque 250.000 habitants, ayant même emmené des journalistes occidentaux sur place.

Alors que les évacuations de civils ont été, tout au long du siège, rares et périlleuses à organiser, trois bus transportant des civils sont arrivés jeudi après-midi à Zaporijjia, à 200 km au nord-ouest de Marioupol. 

"Dès le premier jour, nous étions au sous-sol (...) Il faisait froid. Nous priions Dieu. Je lui demandais de nous protéger", a raconté Valentina Grintchouk, 73 ans, ajoutant cependant que de jeunes militaires russes "pas agressifs" l'avaient régulièrement ravitaillée en eau et nourriture.

D'autres ont fait état des bombardements, d'un char qui tire, des tireurs embusqués sur les toits et d'une opération organisée devant les caméras de la télévision russe. "Cette évacuation était un show", a dit Anastasia, 19 ans.

"De nombreuses personnes vivant dans les territoires occupés par les Russes veulent partir, mais il les en empêchent", a de son côté affirmé la vice-Première ministre ukrainienne Irina Verechtchouk, présente à Zaporijjia.

Les départs, étroitement contrôlés par les Russes, se font au compte-gouttes, selon le maire de Marioupol. La route est périlleuse avec beaucoup de points de contrôle à franchir dans cette région du sud-est de l'Ukraine où les combats continuent. 

L'administration régionale a affirmé que la ville de Zaporijjia même avait subi jeudi deux frappes russes. Elle a dit dans la soirée que huit civils avaient été blessés dans l'une d'elles.

Tirs sur toute la ligne de front

Dans le reste du Donbass et du sud de l'Ukraine, les forces russes "poursuivent leurs tirs d'artillerie sur toute la ligne de front", selon Kiev. Avec notamment des combats dans la région d'Izioum, des "bombardements incessants" à Popasna et Roubijné, dans la région de Lougansk, et de nouvelles frappes sur Mykolaïv, sur la route d'Odessa, qui ont fait un mort et deux blessés, selon son gouverneur Vitaly Kim.

Plus au nord, deux civils ont été tués et deux blessés dans des bombardements sur la région de Kharkiv, a annoncé le gouverneur régional Oleg Sinegoubov sur sa chaîne Telegram.

Le ministère russe de la Défense a quant à lui annoncé une série de frappes aériennes des forces russes, notamment sur la zone de Mykolaïv, et que celles-ci avaient visé à l'artillerie près de 60 "centres de commandement" ukrainiens dans l'est et le sud.  

Si les forces russes se sont retirées de la région de Kiev fin mars, à Borodianka, une des localités proches de la capitale qu'elles ont occupées, la police de Kiev a affirmé jeudi avoir déterré neuf nouveaux corps de civils "tués par les occupants russes", dont certaines avec "des traces de tortures".

Au total, "1.020 corps de civils", ont été retrouvés par les autorités ukrainiennes et transportés dans des morgues pour examens, a déclaré jeudi à l'AFP la vice-Première ministre ukrainienne Olga Stefanichyna. Kiev dénonce avec les Occidentaux des "crimes de guerre" perpétrés par les Russes, une accusation formellement rejetée par la Russie.

En visite dans la capitale ukrainienne avec son homologue danoise, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez s'est dit "choqué de voir les horreurs et les atrocités de la guerre de Poutine dans les rues de Borodianka", après un passage dans cette localité. "Nous ne laisserons pas le peuple ukrainien seul", a-t-il ajouté.

Dans une autre localité au nord de Kiev, Mochtchoun, dévastée par les combats, ses habitants ne peuvent rentrer chez eux qu'après avoir signé une dérogation par laquelle ils acceptent le risque d'être tués ou blessés, en raison des mines et autres engins explosifs encore présents. 

"J'utilise une corde avec un crochet", a expliqué à l'AFP Vadim Jerdetskiï, le propriétaire d'une boulangerie. "Il faut le jeter et le faire traîner par terre. Si rien n'explose, tu peux avancer de cinq mètres".

La Russie sanctionne 29 Américains dont Mark Zuckerberg et Kamala Harris

61 personnalités canadiennes, pour la plupart des responsables gouvernementaux ou militaires, sont également visées par cette mesure.

Ces citoyens américains et canadiens "sont interdits d'entrée en Russie pour une durée indéterminée", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans deux communiqués listant les noms des personnes visées.

Côté américain, plusieurs responsables gouvernementaux, comme la vice-ministre de la Défense Kathleen Hicks, le porte-parole du Pentagone John Kirby ou encore le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price sont visés.

Une guerre longue

Si la bataille de Marioupol semble toucher à sa fin, celle qui a pour enjeu le contrôle de l'ensemble de la région du Donbass et une partie du sud de l'Ukraine s'annonce longue. 

D'un côté, la prise de Marioupol, en permettant aux Russes de faire la jonction complète entre leurs forces dans le nord de ce bassin minier et celles en provenance de Crimée, pourrait dégager des effectifs afin de renforcer leurs positions sur la ligne de front plus au nord. De l'autre, les Ukrainiens ont obtenu ces derniers jours une aide militaire plus substantielle tant des Américains que de certains de leurs alliés.

Ukraine: Marioupol continue de résister à l'offensive russe assure Kiev

Le port stratégique de Marioupol, que Moscou assure avoir "libéré", résiste encore aux forces russes, affirme Kiev selon qui des milliers de combattants ukrainiens continuent à se battre avec acharnement pour défendre l'immense complexe métallurgique Azovstal.

"Il n'y a pas un seul bâtiment non endommagé à Marioupol. Une ville littéralement brûlée", s'est indigné jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un discours prononcé devant le parlement du Portugal.

"Pendant plus d'un mois, les troupes russes ont assiégé Marioupol (...) Des centaines de milliers de civils étaient (coincés) là, sans nourriture, sans eau, sans médicaments. Sous des bombardements constants", a-t-il relaté.

Joe Biden a encore annoncé jeudi une nouvelle enveloppe de 800 millions de dollars comprenant "des armes d'artillerie lourde, des dizaines de (canons) Howitzer, 144.000 munitions ainsi que des drones", selon la Maison Blanche.

Pedro Sanchez a pour sa part annoncé de Kiev que Madrid allait livrer à l'Ukraine "200 tonnes" de matériel militaire, soit le double de l'aide fournie jusqu'ici dans ce domaine par l'Espagne. 

L'Ukraine va avoir besoin de "centaines de milliards de dollars" pour sa reconstruction, a d'ores et déjà averti le président Volodymyr Zelensky à l'intention des Occidentaux.

Le conflit a jeté sur les routes de l'exil plus de cinq millions d'Ukrainiens, selon l'ONU, et déplacé plus de 7,7 millions de personnes à l'intérieur de l'Ukraine, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). 

En guise de contre-sanctions, Moscou a interdit jeudi d'entrée sur son territoire 29 personnalités américaines, dont Mark Zuckerberg, le patron de Meta, et la vice-présidente Kamala Harris, ainsi que 61 personnalités et journalistes canadiens.


Lai Ching-te, fils d'un mineur de charbon élu président de Taïwan

D'abord député puis maire de Tainan, il devient Premier ministre de la présidente Tsai Ing-wen en 2017, puis vice-président en 2020 (Photo, X).
D'abord député puis maire de Tainan, il devient Premier ministre de la présidente Tsai Ing-wen en 2017, puis vice-président en 2020 (Photo, X).
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  • Lorsqu'il était Premier ministre, M. Lai s'est exprimé plus ouvertement que Mme Tsai sur la question de l'indépendance
  • Bien qu'il ait indiqué à la Chine être ouvert au dialogue, Lai Ching-te risque d'être rabroué

TAIPEI: Fils d'un mineur de charbon, Lai Ching-te prêtera serment en tant que président de Taïwan lundi et il lui reviendra alors de prendre en charge les relations avec la Chine, en proie à une rupture de plus en plus profonde à mesure que Pékin accroît sa pression militaire et diplomatique sur l'île autonome.

A l'inverse de la majorité de la classe politique taïwanaise, M. Lai, né en 1959, est issu d'un milieu modeste. Sa mère l'a élevé seule, avec ses cinq frères et sœurs, dans un hameau rural de Nouveau Taipei (nord), en raison du décès de son père lorsqu'il était très jeune.

Après avoir obtenu un diplôme de santé publique à l'université de Harvard aux Etats-Unis, il a d'abord travaillé comme médecin dans un hôpital de Tainan (sud-ouest).

Décrit comme pugnace et combatif, Lai Ching-te - qui se fait aussi appeler William Lai - se décide à entrer en politique en 1996, quand Pékin effectue des tirs d'essai de missiles autour de Taïwan au moment de la première élection présidentielle démocratique de l'île.

"J'ai décidé qu'il était de mon devoir de participer à la démocratie taïwanaise et d'aider à protéger cette expérience naissante de ceux qui lui voulaient du mal", avait-il témoigné l'an passé dans le Wall Street Journal.

Le futur président taïwanais figure sur la liste des 100 personnes les plus influentes de 2024 établie par le magazine Time en avril, un choix qui reflète, selon lui, "la résilience et l'unité du peuple taïwanais".

«Dangereux séparatiste» pour Pékin

D'abord député puis maire de Tainan, il devient Premier ministre de la présidente Tsai Ing-wen en 2017, puis vice-président en 2020.

Agé de 64 ans, marié et père de deux enfants, le président du Parti démocrate progressiste (PDP) s'est engagé à poursuivre la politique de Mme Tsai visant à renforcer les capacités militaires de Taïwan afin de dissuader la Chine, qui multiplie ces dernières semaines les survols d'avions aux environs de son territoire.

Son franc-parler, qu'il a modéré ces dernières années, lui attire pourtant l'ire de Pékin, qui le qualifie de "dangereux séparatiste" conduisant Taïwan sur le chemin "de la guerre et du déclin".

Lors de la campagne, M. Lai avait affirmé que l'élection était un choix entre "démocratie et autocratie", et avait promis un soutien "inébranlable" au maintien du statu quo dans le détroit de Taïwan.

Il avait aussi dénoncé "le principe chinois d'une seule Chine", car "la paix sans la souveraineté, c'est juste comme Hong Kong", ancienne colonie britannique où Pékin a imposé cette année une nouvelle loi de sécurité nationale pour réprimer toute dissidence.


Attentat contre le Premier ministre slovaque: médecins optimistes, le suspect au tribunal

Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
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  • Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient
  • Le suspect de la tentative de meurtre, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises

BRATISLAVA, Slovaquie : Le pronostic concernant l'état de santé du chef du gouvernement slovaque Robert Fico après la tentative d'assassinat est «positif», a annoncé samedi la ministre slovaque de la Santé, alors que le suspect comparaissait devant un tribunal.

M. Fico est hospitalisé depuis mercredi, date à laquelle un tireur isolé lui a tiré dessus à quatre reprises, notamment dans l'abdomen.

Il a subi une opération de cinq heures mercredi et une autre de deux heures vendredi, toutes deux dans un hôpital de la ville de Banska Bystrica, dans le centre de la Slovaquie.

«L'intervention chirurgicale d'hier, qui a duré deux heures, a contribué à un pronostic positif sur l'état de santé du Premier ministre», a déclaré la ministre Zuzana Dolinkova à la presse.

«L'état de santé du premier ministre est stable, mais il reste grave», a-t-elle ajouté.

«Si le tir était parti quelques centimètres plus haut, il aurait atteint le foie du Premier ministre», a déclaré le ministre de l'Intérieur Matus Sutaj Estok à la chaîne d'information TA3.

Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient.

«Je ne pense pas qu'il puisse être transporté à Bratislava dans les prochains jours, car son état est encore grave», a-t-il déclaré aux journalistes.

Dans la matinée également, le suspect de la tentative de meurtre est arrivé au tribunal pénal de Pezinok au nord-est de Bratislava, qui devrait ordonner son maintien en détention provisoire.

L'homme, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises.

Un procureur a requis vendredi que le suspect soit placé en détention provisoire après avoir été inculpé de tentative de meurtre avec préméditation.

La fusillade s'est produite alors que M. Fico saluait ses partisans après une réunion du gouvernement délocalisée dans la ville de Handlova, dans le centre de la Slovaquie.

M. Fico est en poste depuis que son parti populiste centriste, le Smer-SD, a remporté les élections législatives à l'automne dernier.

- Tous ces mensonges -

M. Fico effectue son quatrième mandat en tant que Premier ministre après avoir fait campagne sur des propositions de paix entre la Russie et l'Ukraine, pays voisin de la Slovaquie, et sur l'arrêt de l'aide militaire à Kiev, ce que son gouvernement a fait par la suite.

La tentative d'assassinat a profondément choqué ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'Union européenne et de l'OTAN, déjà fortement divisé sur le plan politique depuis des années.

La présidente pro-occidentale sortante, Zuzana Caputova, et son successeur, Peter Pellegrini, un allié de M. Fico qui prendra ses fonctions en juin, ont appelé leurs concitoyens slovaques à s'abstenir de toute «confrontation» après la fusillade.

Ils ont convoqué une réunion de tous les chefs de partis parlementaires pour mardi afin de faire preuve d'unité à la suite de l'attentat.

M. Kalinak a toutefois laissé entendre samedi que le Smer-SD ne participerait pas à la réunion.

«Ils ont invité les chefs des partis politiques et notre président (du parti) est entre les mains des médecins», a-t-il déclaré.

M. Kalinak a ajouté qu'il appellerait Mme Caputova à ce sujet, soulignant que la Slovaquie avait besoin de «réconciliation et de paix».

Certains hommes politiques slovaques ont déjà lancé des accusations contre leurs adversaires, les accusant d'être à l'origine de l'attentat.

M. Kalinak a critiqué vendredi les hommes politiques de l'opposition et certains médias pour avoir qualifié M. Fico de criminel, de dictateur ou de serviteur du président russe Vladimir Poutine avant l'attentat.

«Tous ces mensonges sont la principale raison pour laquelle Robert Fico se bat aujourd'hui pour sa vie», a-t-il déclaré dans un message publié sur le site internet du Smer-SD.


Zelensky se prépare à une offensive plus large, les troupes russes continuent d'avancer

Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
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  • « Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022
  • L'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région de Kharkiv et affirmé que ses forces continuaient à progresser

KIEV, Ukraine : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit s'attendre, dans un entretien exclusif à l'AFP, à une offensive russe plus large dans le Nord et dans l'Est qui viserait à prendre Kharkiv, régions où Moscou poursuit son assaut d'ampleur lancé le 10 mai.

«Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022.

Il a néanmoins assuré que, malgré les avancées russes des derniers jours dans la région de Kharkiv, la situation était meilleure pour ses forces qu'il y a une semaine, lorsque les troupes du Kremlin ont franchi par surprise la frontière.

Pour lui, la Russie veut attaquer  Kharkiv (Nord-Est), deuxième ville du pays, à seulement quelques dizaines de kilomètres du front. Moscou avait déjà échoué à la prendre en 2022 et le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi ne pas avoir l'intention de l'attaquer «pour l'instant».

L'offensive russe vise officiellement, selon M. Poutine, à répliquer aux frappes ukrainiennes des derniers mois en territoire russe et créer une zone tampon censée empêcher ces frappes.

Les forces de Moscou essayent de profiter du manque d'hommes et d'armes auquel est confronté l'Ukraine après deux ans de guerre.

- Près de 10.000 évacuations  -

M. Zelensky a reconnu auprès de l'AFP un manque d'effectifs. «Il y a un nombre important de brigades qui sont vides», a-t-il dit.

Face à ses carences, Kiev a voté une législation controversée, entrée en vigueur samedi, pour accélérer la mobilisation militaire avec l'abaissement de l'âge de 27 à 25 ans.

Vendredi, M. Zelensky a également signé une loi permettant de recruter des détenus en échange d'une libération conditionnelle.

Tourné vers les Occidentaux, il a déploré n'avoir qu'un quart des systèmes de défense antiaérienne dont Kiev a besoin, ajoutant avoir également besoin de 120 à 130 avions de combat F-16.

Dans la région de Kharkiv, la Russie a affirmé samedi avoir saisi le village de Staritsa près de Vovtchansk, ville située à une cinquantaine de kilomètres de Kharkiv, assurant que ses forces «poursuivent leur avancée en profondeur dans les positions défensives de l'ennemi».

Près de dix mille personnes ont été contraintes de quitter leur habitation dans la région de Kharkiv, avaient auparavant annoncé les autorités ukrainiennes.

«Au total, 9.907 personnes ont été évacuées», a déclaré samedi le gouverneur Oleg Synegoubov, précisant que les forces armées ukrainiennes avaient repoussé deux tentatives de percer les défenses au cours de la nuit.

La situation est selon lui «sous contrôle», les «défenseurs menant des assauts et des opérations de ratissage dans certaines zones».

Selon M. Synegoubov, les Russes ont «commencé à détruire Vovtchansk, en utilisant chars et artillerie». La ville, comptait quelque 18.000 habitants avant-guerre. Une centaine de personnes y sont toujours et «de violents combats» ont lieu, selon le gouverneur.

L'armée russe a souvent fini par détruire les villes ukrainiennes pour les conquérir, comme Bakhmout l'an passé ou Avdiïvka en février.

Kiev accuse Moscou d'utiliser des civils comme «boucliers humains» à Vovtchansk et d'avoir commis au moins une exécution sommaire.

- Avancée de l'ennemi -

Un peu plus à l'ouest, les forces russes ont progressé sur leur deuxième axe d'assaut dans la région.

Elles visent le village de Loukiantsi, pour ouvrir la voie vers Lyptsi, une autre localité sur la route de Kharkiv.

«Les hostilités continuent à Loukiantsi. Oui, il y a une avancée de l'ennemi dans cette localité. Mais nos soldats essayent encore de la tenir», avait affirmé le gouverneur de la région de Kharkiv.

De son côté, l'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région et affirmé que ses forces continuaient à progresser.

- «Zone sanitaire» -

Moscou a engrangé en une semaine ses plus importants gains territoriaux depuis fin 2022, avec quelque 257 km2 conquis dans la seule région de Kharkiv, selon une analyse jeudi de l'AFP à partir de données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

Vendredi après-midi, Kharkiv, très régulièrement bombardée, a été touchée par de nouvelles frappes russes qui ont fait au moins trois morts et 28 blessés, selon un dernier bilan fourni par le maire Igor Terekhov dans la soirée.

A Vovtchansk, des frappes russes ont tué un homme de 35 ans et blessé un autre de 60 ans, tous deux civils, selon le Parquet régional.

A Odessa, ville portuaire du sud du pays régulièrement frappée elle aussi, un bombardement russe a fait un mort et cinq blessés hospitalisés, selon le gouverneur local Oleg Kiper.

Pour sa part, l'armée russe a dit avoir fait face à une centaine de drones lancés depuis l'Ukraine dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a fait état de la mort d'une mère et de son enfant de quatre ans dans le village d'Oktiabrski.

Dans la soirée, il a en outre annoncé la mort d'un homme dans le village de Novaïa Naoumovka attaqué par des drones, et d'un blessé hospitalisé.

Dans la région de Krasnodar (sud-ouest), les autorités ont affirmé que deux drones ukrainiens avaient incendié une raffinerie à Touapsé. Dans cette même région, des «infrastructures civiles» ont été touchées et ont pris feu à Novorossiïsk, port de la mer Noire.

En Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie, la ville de Sébastopol, quartier général de la flotte russe en mer Noire, a été en partie privée de courant car une installation électrique a été endommagée, selon les autorités locales.

Enfin, dans la journée de vendredi une femme a été tuée par une frappe dans la région russe de Briansk, selon le gouverneur.