Macron et Le Pen reprennent leur duel à distance

Le président français et candidat du parti La République en marche (LREM) à sa réélection Emmanuel Macron prend un selfie avec des habitants lors d'une visite de campagne à Saint-Denis, une banlieue nord de Paris, le 21 avril 2022. (AFP)
Le président français et candidat du parti La République en marche (LREM) à sa réélection Emmanuel Macron prend un selfie avec des habitants lors d'une visite de campagne à Saint-Denis, une banlieue nord de Paris, le 21 avril 2022. (AFP)
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Publié le Vendredi 22 avril 2022

Macron et Le Pen reprennent leur duel à distance

  • À trois jours du second tour, pour lequel le report des voix des électeurs de gauche est crucial, chacun a choisi des déplacements dans des régions populaires
  • Emmanuel Macron est allé dans l'après-midi en Seine-Saint-Denis. Marine Le Pen était pour sa part dans les Hauts-de-France (Nord), où elle est arrivée en tête

PARIS: Les deux finalistes du scrutin présidentiel en France, le sortant centriste libéral Emmanuel Macron et son adversaire d'extrême droite Marine Le Pen, ont retrouvé jeudi le terrain pour travailler l'électorat populaire dans les 48 dernières heures de campagne, au lendemain de leur débat télévisé.

A trois jours du second tour, pour lequel le report des voix des électeurs de gauche est crucial, chacun a choisi des déplacements dans des régions populaires, en réponse à la première préoccupation des Français, le pouvoir d'achat, grevé par les répercussions de la guerre en Ukraine sur les prix de l'énergie et de l'alimentation.

Emmanuel Macron est allé dans l'après-midi à la périphérie de Paris, en Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de la métropole qui a voté pour le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon à plus de 49%. Le président sortant est venu parler des "logements insalubres et de la rénovation urbaine".

Il a dit avoir voulu "envoyer un message d'ambition et de considération à tous les quartiers" à forte population d'origine immigrée, "trop souvent stigmatisés", dont les "habitants sont une chance pour la République".

Marine Le Pen était pour sa part dans les Hauts-de-France (Nord), où elle est arrivée en tête.

Après un arrêt à la mi-journée à Roye, où elle s'est présentée comme la candidate de la "France qui travaille", face à des transporteurs déplorant la hausse des prix des carburants, elle tiendra dans la soirée son dernier meeting de campagne à Arras.

Dans cette réédition du duel de 2017, M. Macron est toujours crédité de 54 à 56,5% des intentions de vote, bien loin des 66,1% de son élection.

Débat Le Pen-Macron pire audience historique: témoin d'un désamour pour la politique à la télé ?

"Il y a une usure du format, à laquelle viennent s'ajouter une abstention plus forte que lors de la dernière élection et le fait que c'est la répétition d'un duel dont beaucoup de Français ne voulaient pas", analyse auprès de l'AFP Alexis Lévrier, historien des médias à l'Université de Reims.

Près de 15,6 millions de téléspectateurs ont regardé le débat Marine Le Pen-Emmanuel Macron sur l'ensemble des chaînes qui le diffusaient mercredi soir, soit la pire audience de ce type d'émission depuis sa création en 1974, selon les chiffres de Médiamétrie transmis jeudi. 

Macron offensif, Le Pen défensive

Le débat télévisé d'entre-deux tours mercredi soir a réuni 15 millions de téléspectateurs.

Après une performance désastreuse en 2017, Marine Le Pen a cette fois mieux résisté, mais Emmanuel Macron a dominé les échanges, selon la plupart des commentateurs.

"Macron à l'attaque, Le Pen en défense", résume le quotidien populaire Le Parisien, tandis que pour journal de droite Le Figaro "Macron domine, Le Pen tient le choc" dans des échanges qui révèlent "un antagonisme irrémédiable".

Les deux candidats ont croisé le fer sur le pouvoir d'achat, l'âge de la retraite, Marine Le Pen s'employant à apparaître proche des préoccupations de ses concitoyens aux fins de mois difficiles, face à un Emmanuel Macron dont elle a dénoncé le bilan économique "très mauvais" et un bilan social "encore pire".

Assumant les résultats de son action, le chef de l'État lui a opposé de nombreux chiffres, dénonçant un programme n'ayant "ni queue ni tête".

Il l'a aussi accusée d'attiser "la guerre civile" avec son projet d'interdiction du voile islamique dans l'espace public.

C'est sur l'Ukraine que les échanges ont été les plus vifs, M. Macron accusant son adversaire de dépendre du président russe Vladimir Poutine en raison d'un prêt contracté en 2017 par son parti auprès d'une banque réputée proche du Kremlin. Mme Le Pen s'est déclarée "totalement libre" de toute influence.

Elle a également rejeté les soupçons de M. Macron de vouloir encore faire sortir la France de l'Union européenne (UE).

Les échos de la campagne à trois jours du premier tour JE REVIENDRAI

Jean-Luc Mélenchon a remercié, dans une courte vidéo. les électeurs d'Appatou, petite commune de Guyane, située au bord du fleuve Maroni, où il a réalisé son meilleur score au premier tour de la présidentielle, avec 74,53% des voix (275 voix sur 369 votes exprimés).  

"Soyez sûrs que j'ai bien entendu le message que vous m'avez envoyé de cette façon, et je le ferai vivre. J'espère un jour ou l'autre que je pourrai revenir en Guyane, et j'irai vous voir à Appatou", a-t-il promis.

«Arrogant» contre «inquiétante»

Trois des principaux dirigeants de l'UE, les chefs de gouvernement allemand Olaf Scholz, espagnol Pedro Sanchez et portugais Antonio Costa, ont pris implicitement position pour M. Macron dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde.

"Le choix auquel le peuple français est confronté est crucial pour la France et pour chacun d'entre nous en Europe. C'est le choix entre un candidat démocrate (...) et une candidate d'extrême droite", écrivent-ils sans les nommer, dénonçant les accointances des populistes et de l'extrême droite en Europe avec M. Poutine.

L'ex-président brésilien Lula, qui soutenait Jean-Luc Mélenchon au premier tour, a apporté jeudi son soutien à Emmanuel Macron.

Dans un tweet en français, il juge que "le futur de la démocratie est en jeu en Europe et dans le monde. En ce moment clé, j'ai confiance en l'union des défenseurs de la liberté, de l’égalité et des droits humains autour du candidat qui incarne le mieux les valeurs démocratiques et humanistes: Emmanuel Macron".

Le débat ne semble pas dans l'immédiat avoir fait beaucoup bouger les lignes ou la perception des deux adversaires. Sur 671 téléspectateurs interrogés par l'institut Elabe, 50% ont jugé M. Macron "arrogant", contre 16% pour Mme Le Pen, considérée comme "inquiétante" par 50%, contre 25% pour le président sortant.

Pour Elodie, une infirmière de 38 ans de Rennes (Ouest), "Marine Le Pen s'est mieux maîtrisée qu'il y a cinq ans". Mais cette électrice de Jean-Luc Mélenchon "préfère encore Macron à l'extrême droite".

Yoann Jonnaux, et préparateur cariste de 34 ans rencontré par l'AFP à Roye, se dit "confiant" sur les chances de victoire de Mme Le Pen, sa candidate : "Son programme est un peu plus élaboré qu'en 2017 et moins +hard+".


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
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  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.

 


Accélérer "l'électrification" de la France: des acteurs de l'énergie mobilisent les parlementaires

Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (G), et le Premier ministre français, François Bayrou, quittent le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 21 avril 2025. (AFP)
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (G), et le Premier ministre français, François Bayrou, quittent le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 21 avril 2025. (AFP)
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  • Une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles de l'énergie appellent jeudi députés et sénateurs à engager une "véritable rupture dans l’électrification des usages" pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles importées
  • Sur proposition du Premier ministre François Bayrou, l'Assemblée nationale le 28 avril, puis le Sénat le 6 mai accueilleront un débat sur la souveraineté énergétique

PARIS: A l'approche d'un débat au Parlement sur la souveraineté énergétique, une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles de l'énergie appellent jeudi députés et sénateurs à engager une "véritable rupture dans l’électrification des usages" pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles importées et coûteuses.

"Chaque jour, ce sont 180 millions d’euros qui s’envolent pour couvrir notre consommation d'énergies fossiles – soit plus de 65 milliards d’euros par an versés à des puissances étrangères, parfois hostiles à nos intérêts", selon cette lettre ouverte aux députés et aux sénateurs.

Parmi les signataires figurent l'Union française de l'électricité, des acteurs des renouvelables (Enerplan, France Hydro Électricité, France Renouvelables, SER) et du nucléaire (Gifen, SFEN).

Ils soulignent "l'urgence" d'accélerer "les transferts d’usage vers l’électricité", dans les transports, l'industrie et les bâtiments encore très dépendants des énergies fossiles.

Sur proposition du Premier ministre François Bayrou, l'Assemblée nationale le 28 avril, puis le Sénat le 6 mai accueilleront un débat sur la souveraineté énergétique après 4 ans d'une large concertation pour bâtir la nouvelle feuille énergétique de la France pour la période 2025-2035.

Cette programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) doit mettre la France sur la voie de la neutralité carbone en 2050 en réduisant la part des énergies fossiles dans la consommation d'environ 60% en 2023 à 30% en 2035.

Ce projet a été approuvé le 27 mars dernier par le conseil de supérieur de l'énergie, et restait à publier le décret. Or l'adoption de cette PPE a été fortement critiquée par des partis allant du centre à l'extrême droite au Parlement, ainsi que par les défenseurs de l'énergie nucléaire, dénonçant un soutien trop important aux énergies renouvelables au détriment de l'atome selon eux.

De nombreux acteurs de l'énergie pressent pour que le décret soit publié au plus vite et appellent à cesser les tergiversations politiques, craignant l'absence de visibilité pour investir et recruter.

"La question n’est pas tant de savoir si l’électricité doit sortir d’un (réacteur) EPR, d’un SMR (mini réacteur), d’un barrage (...) d’une éolienne ou d’un panneau solaire, mais surtout de savoir comment cette électricité, produite intégralement en France et décarbonée, peut se substituer aux énergies fossiles importées", soulignent les signataires.

Le décret sera publié "d'ici à l'été", à l'issue du débat sans vote au Parlement, indiquait début avril le cabinet de la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. Le décret pourra faire l'objet "d'éventuelles modifications en fonction des débats parlementaires qui auront lieu lors de la discussion" d'une proposition de loi du sénateur LR Daniel Gremillet. Celle-ci déjà adoptée en première lecture par le Sénat sera discutée à l'Assemblée nationale "la deuxième quinzaine de juin", selon Mme Primas.