La Russie a lancé l'offensive dans l'est de l'Ukraine, annonce le président Zelensky

Vue d'un immeuble d'habitations endommagé par des bombardements à Kramatorsk, en Ukraine, le 15 avril 2022 (Photo, AP/Andriy Andriyenko).
Vue d'un immeuble d'habitations endommagé par des bombardements à Kramatorsk, en Ukraine, le 15 avril 2022 (Photo, AP/Andriy Andriyenko).
De la fumée s'élève au-dessus de l'aciérie d'Azovstal, à Marioupol, en Ukraine, dans cette capture d'écran obtenue à partir d'une récente vidéo de drone publiée sur les réseaux sociaux (Photo, Reuters).
De la fumée s'élève au-dessus de l'aciérie d'Azovstal, à Marioupol, en Ukraine, dans cette capture d'écran obtenue à partir d'une récente vidéo de drone publiée sur les réseaux sociaux (Photo, Reuters).
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy rencontre une délégation de l'Union européenne dirigée par Matti Maasikas à Kiev, en Ukraine, le 18 avril 2022 (Photo, AP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy rencontre une délégation de l'Union européenne dirigée par Matti Maasikas à Kiev, en Ukraine, le 18 avril 2022 (Photo, AP).
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Publié le Mardi 19 avril 2022

La Russie a lancé l'offensive dans l'est de l'Ukraine, annonce le président Zelensky

  • La campagne militaire russe s'est réorientée sur la région orientale de Donbass
  • «Peu importe combien de soldats russes sont amenés jusqu'ici, nous combattrons»

NOVODRUZHESK: La Russie a lancé une offensive majeure dans l'est de l'Ukraine lundi, a indiqué le président Volodymir Zelensky, Moscou ouvrant une nouvelle phase de son invasion après avoir échoué à prendre la capitale Kiev.

Ces dernières semaines, la campagne militaire russe s'est réorientée sur la région orientale de Donbass, partiellement contrôlée par des forces séparatistes prorusses depuis 2014.

"Nous pouvons maintenant affirmer que les troupes russes ont commencé la bataille pour le Donbass, à laquelle elles se préparent depuis longtemps. Une très grande partie de l'ensemble de l'armée russe est désormais consacrée à cette offensive", a déclaré le président Volodymyr Zelensky dans un discours retransmis sur Telegram.

Ukraine: aucun couloir d'évacuation de civils mardi, pour le troisième jour consécutif

Aucun couloir d'évacuation des civils n'a pu être organisé ce mardi en Ukraine, faute d'accord avec la partie russe, et ce pour le troisième jour consécutif, a annoncé la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk.
"Aujourd'hui, le 19 avril, il n'y a malheureusement aucun couloir humanitaire. Des bombardements intenses se poursuivent dans le Donbass", dans l'est du pays, où les forces russes ont lancé selon Kiev une offensive majeure lundi, a déclaré Mme Verechtchouk sur Telegram.
En ce qui concerne Marioupol, ville stratégique au bord de la mer d'Azov (sud-est) assiégée depuis début mars, "les Russes refusent d'ouvrir un couloir pour la sortie des civils en direction de Berdiansk", a-t-elle ajouté.
"Nous continuons des pourparlers difficiles pour des couloirs humanitaires dans les régions de Kherson (sud) et Kharkiv (est)", a souligné la responsable.

"Peu importe combien de soldats russes sont amenés jusqu'ici, nous combattrons. Nous nous défendrons", a-t-il clamé, après avoir averti la veille qu'"ils veulent littéralement achever et détruire le Donbass".

Pour Andriï Yermak, le chef de cabinet du président Zelensky, "la deuxième phase de la guerre a commencé". "Faites confiance aux forces armées de l'Ukraine", a-t-il lancé sur Telegram.

«C'est l'enfer»

"C'est l'enfer. L'offensive a commencé, celle dont on parle depuis des semaines", a de son côté annoncé sur Facebook le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï.

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La Russie est déterminée à s'emparer de Marioupol (Photo, AFP). 

"Il y a des combats à Roubijné et Popasna, des combats incessants dans d'autres villes pacifiques", a-t-il dit, reconnaissant que Kreminna était "malheureusement sous le contrôle des orques", le surnom péjoratif donné aux militaires russes.   

Cette ville, qui comptait environ 18.000 habitants avant la guerre, se trouve à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Kramatorsk, la capitale ukrainienne du bassin houiller du Donbass.

Au moins quatre civils ont été tués dans les bombardements russes pendant qu'ils tentaient de fuir Kreminna, a poursuivi M. Gaïdaï.

Le conseiller de la présidence ukrainienne Oleksiy Arestovytch a toutefois assuré que "les occupants russes n'avaient pas encore conquis Kreminna" et que d'"intenses combats de rue" s'y déroulaient.

Serguiï Gaïdaï avait peu avant exhorté la population à évacuer la région de Lougansk.

Quatre autres personnes ont péri le même jour dans des frappes sur la région voisine de Donetsk, selon son gouverneur Pavlo Kyrylenko.

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Un cratère et une maison détruite sont photographiés dans le village de Yatskivka, dans l'est de l'Ukraine, le 16 avril 2022 (Photo, AFP).

La vice-Première ministre ukrainienne, Iryna Verechtchouk a demandé lundi à Moscou d'ouvrir des couloirs humanitaires à Berdyansk et Marioupol, en particulier au complexe métallurgique d'Azovstal, où se trouvent des combattants mais où sont retranchés également "beaucoup de civils" ukrainiens.

"Votre refus d'ouvrir ces couloirs humanitaires servira, à l'avenir, d'éléments pour des poursuites en justice contre tous ceux impliqués dans des crimes de guerre", a-t-elle dit sur Telegram.

Le Conseil municipal de Marioupol a affirmé mardi matin qu'Azovstal avait fait l'objet de bombardements et assuré sur Telegram qu'"au moins 1.000 civils, la plupart des femmes, des enfants et des personnes âgées, se trouvent dans les abris souterrains" du complexe métallurgique.

La Russie est déterminée à s'emparer de Marioupol, dont les derniers défenseurs ont ignoré dimanche un ultimatum de l'armée russe qui les enjoignait de déposer les armes. 

"Nos militaires y sont toujours. Ils combattront jusqu'au bout", a lancé le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal.

La conquête de cette cité portuaire constituerait une victoire importante pour les Russes car elle leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d'Azov en reliant le Donbass, en partie contrôlé par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014.

Combats dans le sud 

Un haut responsable américain du département de la Défense a indiqué lundi que Washington a constaté que la Russie a augmenté de "onze bataillons" en une semaine sa présence militaire dans l'est et le sud de l'Ukraine, portant à 76 le total de bataillons dans le pays. 

L'armée ukrainienne a mis en garde lundi soir contre une menace élevée de bombardements dans la région de Mykolayiv (sud).

"L'ennemi" a tenté sans succès de déloger les forces ukrainiennes autour d'Oleksandrivka, à 40 km à l'ouest de Kherson (sud), selon la même source. Cinq véhicules de l'armée russe, dont des blindés, ont été détruits et 28 soldats ont été tués dans ces combats, a-t-on ajouté.

Dans le nord-est, trois civils ont été tués lundi dans de nouveaux bombardements contre Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine.

Dimanche déjà, au moins cinq personnes y avaient péri dans une série de frappes russes.

Dans l'ouest, des bombardements russes ont fait lundi sept morts et "onze blessées, dont un enfant", d'après les autorités locales. 

Non loin de la ville de Lviv, la Russie assure avoir détruit un important dépôt d'"armements étrangers, livrés à l'Ukraine pendant les six derniers jours par les Etats-Unis et des pays européens, qui y étaient stockés".

Le gouverneur de la région, Maksym Kozitsky, a évoqué quatre tirs de missiles de croisière, à partir de la mer Caspienne: trois sur des installations militaires et un sur un garage, qui ont causé des incendies.

A environ quatre kilomètres du centre de Lviv, des journalistes de l'AFP ont vu le garage en feu, avec des carcasses de voitures dans un cratère près d'une voie ferrée.

Située loin du front, près de la frontière polonaise, cette ville s'est convertie en cité-refuge pour les personnes déplacées et avait été peu visée jusqu'alors par les frappes russes.

Au total, l'armée russe assure avoir mis hors d'état dans la seule journée de lundi 16 sites militaires ukrainiens, abritant en particulier des munitions et des missiles tactiques Totchka-U. Ces armements constituent un enjeu majeur, tant pour Moscou que pour Kiev.

«Plus que jamais nécessaire» d'arrêter les importations européennes de pétrole russe, selon Le Maire

Quelques heures après l'annonce par l'Ukraine du lancement d'une nouvelle offensive russe dans le Donbass, il est "plus que jamais nécessaire" de cesser les importations européennes de pétrole russe, a répété mardi sur Europe 1 Bruno Le Maire.
"Nous avons toujours dit que nous voulions un embargo sur le charbon, c’est fait, et un embargo sur le pétrole russe", a fait valoir le ministre de l'Economie et des Finances.
"Quand vous voyez ce qui se passe dans le Donbass" - une région de l'est de l'Ukraine visée depuis lundi par un nouvel assaut russe selon le président ukrainien Volodymy Zelensky - "plus que jamais, il est nécessaire d’arrêter les importations de pétrole depuis la Russie", a souligné M. Le Maire.
"Je suis convaincu que la réalité de la situation en Ukraine fera bouger les lignes. Si on est attachés comme nous à la liberté et à la protection du peuple ukrainien, il faut aller au bout de son raisonnement et ne pas financer la guerre" en achetant du pétrole à la Russie.
En 2021, Moscou a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l'UE.
Un approvisionnement dont certains pays européens sont particulièrement dépendants. Bruno Le Maire "espère" les convaincre, "dans les semaines qui viennent, qu’il faut arrêter d’importer du pétrole de Russie", a-t-il souligné mardi.
"Quelle est la première source de devises depuis plusieurs années pour le pouvoir de Vladimir Poutine? Ça n’est pas le gaz, c’est le pétrole", a assuré le ministre.
"Arrêter l’importation de pétrole de Russie, c’est faire mal au financement de la guerre en Ukraine", a-t-il poursuivi.
Un éventuel arrêt des importations d'or noir en provenance de Russie pourrait prendre "des mois", ont cependant averti vendredi plusieurs sources européennes.
"L'adoption de mesures sur le pétrole impose de déboucler les contrats existants, de trouver des alternatives et d'éviter leur contournement. Cela ne va pas se faire du jour au lendemain. Il faudra au moins plusieurs mois", a expliqué un responsable européen impliqué dans les discussions.
L'UE a décidé le 8 avril de cesser ses achats de charbon à la Russie, un embargo qui entrera en vigueur début août, 120 jours après la publication du nouveau paquet de sanctions au journal officiel de l'UE.

Soutien de l'Ukraine, les Etats-Unis ont annoncé à ce sujet lundi que les premières cargaisons de leur nouvelle tranche d'aide militaire (800 millions de dollars) venaient d'arriver la veille aux frontières de ce pays pour être remises à l'armée ukrainienne. 

L'Union européenne a quant à elle "condamné la poursuite des bombardements aveugles et illégaux de civils et d'infrastructures civiles" par Moscou. "Il ne peut y avoir d'impunité pour les crimes de guerre", a affirmé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

Une brigade accusée d'exactions distinguée 

Dans ce contexte, Vladimir Poutine a décerné lundi un titre honorifique, notamment pour son "héroïsme", sa "ténacité" et son "grand professionnalisme", à la 64e brigade de fusiliers motorisés.

Or, l'Ukraine a affirmé que les forces russes et notamment cette unité avaient commis un massacre de civils à Boutcha, dans la périphérie de Kiev.

La découverte dans des rues de cette localité de cadavres de civils, peu après le retrait des soldats russes, avait suscité début avril une vague d'indignation internationale. Des enquêteurs ukrainiens s'y activent toujours pour réunir des éléments constitutifs de "crimes de guerre".         

La Russie avait pour sa part assuré que les autorités ukrainiennes et les médias occidentaux avaient mis en scène le massacre.

En Russie toujours, la télévision publique (VGTRK) a diffusé lundi une vidéo montrant deux Britanniques, Shaun Pinner et Aiden Aslin, faits prisonniers dans les combats en Ukraine.

Les traits tirés, ils s'adressent au Premier ministre Boris Johnson dont ils attendent qu'il négocie leur libération contre celle de Viktor Medvedtchouk, un riche homme d'affaires ukrainien proche de Vladimir Poutine récemment arrêté en Ukraine.

Kiev a pour sa part diffusé une vidéo de M. Medvedtchouk dans laquelle il dit vouloir être échangé "contre les défenseurs de Marioupol et ses habitants".

Selon sa famille, Shaun Pinner n'est "ni un volontaire ni un mercenaire, mais sert officiellement dans l'armée ukrainienne". Après avoir naguère été dans l'armée britannique, il s'était installé en Ukraine où il avait épousé une Ukrainienne.

Sur le front diplomatique, le président Zelensky a dit lundi espérer obtenir pour son pays "dans les semaines à venir" le statut de candidat à l'adhésion à l'UE.

L'obtention de ce statut "prend des années" mais Bruxelles "nous a vraiment donné l'opportunité d'engager cette procédure d'ici à quelques semaines ou mois", a-t-il souligné. 

De leur côté, les Etats-Unis entendent, avec leurs alliés, bientôt prendre de nouvelles sanctions économiques contre la Russie, en particulier pour "perturber son complexe militaro-industriel et ses chaînes d'approvisionnement".  


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.