BUENOS AIRES: Le gouvernement argentin a annoncé lundi la création d'un fonds alimenté par les "bénéfices inattendus" tirés de la guerre en Ukraine par certains secteurs, tels l'agro-alimentaire, pour amortir le choc inflationniste pour les plus vulnérables.
"Nous voulons bâtir un mécanisme pour garantir que le choc de la guerre n'ait pas un effet régressif sur notre société, produisant des inégalités", a déclaré le ministre de l'Economie Martin Guzman depuis la présidence, aux côtés du chef de l'Etat, le péroniste (centre-gauche) Alberto Fernandez.
"Dans les semaines à venir, nous allons convoquer les forces productives pour travailler à la mise en place de ce mécanisme", a déclaré M. Guzman, qui entend présenter dans la foulée un projet de loi sur ces "bénéfices inattendus produits de la guerre".
Le ministre n'a pas cité de secteurs en particulier, mais le secteur céréalier (maïs, blé), dont les prix sont à la hausse, est un gros exportateur argentin, et le soja (farine et huile) représente près de 30% des exportations.
Selon lui, ne devraient contribuer au fonds que des entreprises aux bénéfices nets annuels supérieurs à 1 milliard de pesos (8,5 millions de dollars), soit selon lui une "très petite fraction du tissu d'entreprises du pays", de l'ordre de 2,1% en 2021.
Ne contribueraient aussi que les entreprises ayant enregistré entre 2021 et 2022 "un hausse significative des bénéfices". Et en seraient partiellement exemptes celle qui auraient canalisé ces bénéfices vers l'investissement productif, a souligné M. Guzman.
"Il y a urgence dans les secteurs les plus à la traîne de la société", a déclaré M. Fernandez. "Il faut que ceux qui ont réalisé des gains inattendus grâce à la guerre contribuent pour garantir l'équité".
Le gouvernement s'est fixé comme objectif clef pour 2022 la maîtrise d'une inflation chronique, parmi les plus élevées au monde (50,9% en 2021), un objectif au coeur de son accord récent avec le Fonds monétaire international sur un refinancement de sa dette colossale de 45 milliards de dollars.
Mais le contexte inflationniste mondial, l'impact de la guerre en Ukraine, mettent déjà à mal cet objectif, et les trois premiers mois de 2022 ont vu s'emballer l'inflation (+16,1%), des manifestations se succèder, et le gouvernement acculé à des mesures pour adoucir le choc des prix pour les ménages les moins fortunés.
Après une hausse récente de 50% de la "carte alimentaire" (sorte de bon d'achat), il a lundi annoncé un "coup de pouce" en une fois de 18.000 pesos (152 dollars) pour les travailleurs informels et 12.000 (101 USD) aux retraités.
M. Guzman a assuré que ces dépenses restaient dans les clous de l'accord avec le FMI. "Les objectifs sur les plans budgétaire, monétaire et des réserves internationales sont atteints", avec un déficit budgétaire de 0,25% au premier trimestre, a-t-il déclaré. De 3% en 2021, le gouvernement s'est engagé le ramener à 2,5% en 2022, graduellement vers l'équilibre en 2025.