Dans le Donbass, les Russes avancent d'un pas en prenant Kreminna

Des restes de barricades sont photographiés dans une rue de Severodonetsk, dans la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, le 13 avril 2022 (Photo, AFP).
Des restes de barricades sont photographiés dans une rue de Severodonetsk, dans la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, le 13 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 19 avril 2022

Dans le Donbass, les Russes avancent d'un pas en prenant Kreminna

  • Kreminna, 18.000 habitants avant la guerre, a été prise dans la nuit de dimanche à lundi
  • Quatre habitants ont été tués, alors qu'ils évacuaient seuls la ville

NOVODRUZHESK, Ukraine: Kreminna est tombée après trois jours de combats, ils font rage à Roubijné : dans l'est de l'Ukraine, les Russes ont avancé d'un pas vers Kramatorsk, la capitale ukrainienne du Donbass, l'un des objectifs de Moscou.

Kreminna, 18.000 habitants avant la guerre, a été prise dans la nuit de dimanche à lundi par les forces russes.

"Les combats ont duré trois jours et la Russie a utilisé un grand nombre de véhicules blindés pour attaquer la ville", a déclaré à Radio Donbass Oleksandr Dunets, chef de l'administration militaire de Kreminna.

Selon lui, "les combats se poursuivent en périphérie".

Quatre habitants ont été tués, alors qu'ils évacuaient seuls la ville en voiture visée par des tirs russes, a affirmé l'armée ukrainienne.

"Nos défenseurs se sont repliés sur de nouvelles positions", a de son côté déclaré le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, sur sa page Facebook.

"Nous pouvons maintenant affirmer que les troupes russes ont commencé la bataille pour le Donbass, pour laquelle ils se préparent depuis longtemps", a annoncé dans la soirée le président ukrainien Volodymyr Zelensky.  

Kreminna se trouve à une cinquantaine de km au nord-est de Kramatorsk, la capitale ukrainienne du Donbass et l'une des cibles de Moscou dans cette région.

La ville est bordée par la rivière Donets, qui traverse aussi Roubijné, Lyssytchansk et Severedonetsk, proches les unes des autres. Elles sont toutes sur la ligne de front et font l'objet d'intenses bombardements de part et d'autre depuis plusieurs jours.

Lundi, Roubijné – plus de 60.000 habitants avant la guerre – a été sous le feu intense de l'artillerie et des mortiers ukrainiens, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les nouvelles armes américaines pour l'Ukraine commencent à arriver

Les premières cargaisons de la nouvelle tranche d'aide militaire américaine pour l'Ukraine sont déjà arrivées aux frontières du pays pour être remises à l'armée ukrainienne, a indiqué lundi le Pentagone.

"Quatre vols sont arrivés des Etats-Unis hier dans la région, avec divers équipements", a annoncé un haut responsable du ministère américain de la Défense ayant requis l'anonymat. 

Un cinquième vol devrait arriver dans les prochaines 24 heures, "ce qui fera cinq vols en autant de jours" depuis que la nouvelle tranche de 800 millions de dollars d'aide militaire à l'Ukraine a été annoncée mercredi par le président Joe Biden, a-t-il souligné.

Le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a souligné que la première cargaison était arrivée 48 heures après la signature du décret présidentiel autorisant ces envois d'armement, une rapidité "sans précédent".

Des positions ukrainiennes pilonnaient la localité, notamment depuis le village de Novodruzhesk, à environ trois km.

Depuis le terril de cette ancienne petite cité minière, on pouvait voir et entendre de puissantes explosions sur Roubijné, parfois suivies d'incendies, et dégageant des panaches de fumée noire ou blanche qui s'élevaient au-dessus de la ville.

Des tirs sporadiques de mitrailleuses lourdes étaient également audibles.

«Bombardés partout»

Dans le village de Novodruzhesk, un homme est perché sur un poteau électrique et répare un câble sectionné.

"Voyez ces deux cratères, je pense que ce câble a été endommagé par un éclat d'obus", explique à l'AFP Victor Pasipko, 68 ans, dont 48 comme mineur, venu aider à la réparation.

Un cratère, Nadya, 65 ans, et son mari Sergiy, 70 ans, en ont un gros dans leur jardin juste devant leur maison.

Le 13 avril, la bombe est tombée là où leur Lada bleue était garée. La voiture git les quatre roues en l'air, sur un monticule de gravats et de restes d'un toit en tôle.

"Nous sommes bombardés partout. C'est un miracle que nous soyons encore en vie", dit la sexagénaire, qui ne souhaite pas donner son nom.

"Nous étions allongés sur le sol et attendions. Depuis le 24 février nous dormons à la cave", poursuit-elle.

"Il n'y a plus ni eau, ni électricité, ni rien. Nous n'avons plus d'argent, plus d'essence, nous ne pouvons pas partir", explique-t-elle la voix tremblante.

Un peu plus loin, une femme montre une maisonnette complètement détruite.

Un char ukrainien était dans le jardin tout près de la maison pour être moins visible. Il est parti, et peu après les Russes ont frappé l'endroit, explique-elle.

Au même moment, un tir de mortier ukrainien claque dans un bois proche. Quelques secondes plus tard, le panache d'une fumée blanche apparaît dans la ville de Roubijné, puis le bruit d'une explosion.

À une quinzaine de km à l'est de Roubijné, les Russes ont frappé toute la nuit des positions des forces ukrainiennes dans les bois qui bordent la petite ville de Yampil.

Défense ukrainienne renforcée 

Dans la matinée, plusieurs dizaines d'habitants ont été évacués par bus ou sont partis avec leur voiture.

"Je n'ai dormi que 15 minutes la nuit dernière", explique à l'AFP Mikhailo, 27 ans, qui traverse la ville à pied avec deux amis.

"Il y avait des tirs depuis la forêt. Devant, derrière, à gauche, à droite, personne ne sait à quoi s'attendre", ajoute le jeune homme, qui a fait évacuer sa femme le matin.

Dans les zones de Yampil et de la ville voisine Lyman, les journalistes de l'AFP ont croisé plusieurs véhicules de combat d'infanterie, de transport de troupes ou encore des canons d'artillerie tractés.

Dans la région ces derniers jours, les Ukrainiens ont renforcé leurs défenses avant l'offensive russe.

Sur les routes vers Kramatorsk, les checkpoints ont été fortifiés, des chicanes avec des blocs de béton et des tas de terre fraîche sont apparus par endroits.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.