TOKYO: L’ambassadeur russe au Japon, Mikhail Galuzin, estime que les relations actuelles et futures entre les deux pays ne devraient avoir «aucun lien avec ce qui se passe en Ukraine et dans les environs».
Dans une interview accordée à Arab News Japon, M. Galuzin affirme que la coopération entre les deux nations est «très précieuse et mutuellement bénéfique depuis des décennies». Cependant, il critique le Japon pour avoir «incorrectement imposé d’importantes sanctions».
M. Galuzin met également en garde contre la formation d’alliances nucléaires entre le Japon et d’autres pays. «Le Japon étant le seul pays à avoir été victime d’un bombardement nucléaire, il doit se battre pour éliminer les armes nucléaires. La répartition des missions nucléaires entre les États membres de l’Otan dirigés par les États-Unis rapproche le Japon des armes nucléaires.»
M. Galuzin accuse les États-Unis de se livrer à la prolifération nucléaire par la mise en place du cadre Aukus, un pacte de sécurité trilatéral avec l’Australie et le Royaume-Uni qui a pour objectif de créer la flotte de sous-marins nucléaires de l’Australie.
De même, il met en garde contre l’implication de l’Otan en Asie de l’Est. «Nous pensons que la politique des États-Unis et de leurs alliés, y compris le Japon, visant à impliquer l’Otan dans les questions de la région Asie-Pacifique est très dangereuse car, partout où l’Otan a été impliquée, il n’y a ni paix, ni stabilité ni prospérité. Regardez ce qui s’est passé en Irak, en Syrie et en Libye. La Yougoslavie a été détruite et divisée.»
Selon M. Galuzin, les mécanismes de paix, de sécurité et de stabilité axés sur l’Asie, tels que le sommet de l’Asie orientale, sont positifs. Il critique toutefois la stratégie des États-Unis dans la région.
«Au lieu de créer des groupes asiatiques, les États-Unis tentent de constituer un groupe de coalitions axées sur les États-Unis, comme l’Aukus et le Quad, ainsi que les alliances militaires États-Unis-Japon, États-Unis-Corée (du Sud) et États-Unis-Australie. Il s’agit de structures fermées qui divisent la région au lieu de la renforcer. Nous recommandons aux pays asiatiques de se demander s’il est bon pour l’avenir de la région d’accueillir l’Otan», lance-t-il.
En ce qui concerne les relations actuelles entre le Japon et la Russie et les perspectives d’avenir, l’ambassadeur précise que la Russie considère que les positions du Japon, du G7 et d’autres pays européens sont fondées sur une politique de «deux poids, deux mesures», car ils ne se sont pas prononcés auparavant contre les «agressions passées» des États-Unis contre les pays du Moyen-Orient.
«Par exemple, l’agression américaine contre l’Irak était fondée sur des allégations selon lesquelles l’Irak possédait des armes de destruction massive, ce qui s’est avéré être un mensonge. Cependant, ils ont attaqué et détruit l’Irak, et des centaines de milliers d’innocents ont été tués, ce qui a fait du Moyen-Orient un centre (…) pour le terrorisme international généralisé», souligne-t-il.
«Les pays du G7, notamment les dirigeants japonais, ont mal interprété les objectifs et les tâches de notre opération militaire spéciale (russe) en Ukraine et ont complètement ignoré un fait évident, à savoir qu’une menace énorme et très réelle découlait de la politique du gouvernement ukrainien à l’égard de la Russie», explique-t-il à Arab News Japon.
«Après le coup d’État sanglant de 2014, qui a abouti à un changement de régime illégal en Ukraine, la société de ce pays a été éduquée à la haine de tout ce qui est lié à la Russie, y compris la langue, la culture, les traditions, l’histoire et les relations communes, détruisant ainsi des millions de liens entre les personnes», mentionne-t-il.
Il ajoute ensuite que les forces ukrainiennes radicales, qu’il qualifie de nazis, ont pris le pouvoir et déclaré la guerre à tout ce qui est lié à la Russie, notamment dans les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Ces groupes dissidents ont rejeté le coup d’État non seulement parce qu’ils le considèrent comme illégal mais aussi parce que le régime a interdit la langue russe en Ukraine, chassé tous les Russes de Crimée et coupé tous les ponts avec la Russie, poursuit-il.
«Ce régime de nazis ukrainiens a également reçu une énorme quantité d’armes meurtrières de l’Otan pour attaquer la population, principalement d’origine russe, faisant 14 000 morts et des centaines de blessés, dont des enfants. Ils ont causé des dégâts importants dans cette région. Ce génocide se poursuit depuis huit ans et personne n’y a prêté attention, à part la Russie», note M. Galuzin.
«Le régime de Kiev avait rejeté les accords de Minsk sur le règlement pacifique dans la partie orientale de l’Ukraine.»
Selon M. Galuzin, le gouvernement russe estime qu’une guerre nucléaire dangereuse pourrait être déclenchée si Kiev rejoignait l’Otan, qui compte plusieurs nations dotées de ces armes.
M. Galuzin affirme que la Russie a trouvé des documents montrant que le régime ukrainien, en coopération avec les États-Unis, se prépare à «la production d’armes biologiques, en utilisant plus de trente installations biologiques militaires situées en Ukraine et contrôlées par le Pentagone.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.jp