LONDRES: Le Royaume-Uni tente de vérifier des informations sur l'éventuelle utilisation d'armes chimiques en Ukraine par les forces russes à Marioupol, une ville portuaire stratégique assiégée depuis plus d'un mois, a annoncé lundi la ministre britannique des Affaires étrangères.
« Des informations indiquent que les forces russes pourraient avoir utilisé des agents chimiques lors d'une attaque contre la population de Marioupol. Nous travaillons de toute urgence avec nos partenaires pour vérifier les renseignements », a déclaré Liz Truss sur son compte Twitter.
Toute utilisation de ce type d'armes « constituerait une escalade brutale dans ce conflit et nous demanderons des comptes au (président russe Vladimir) Poutine et à son régime », a-t-elle ajouté.
La parlementaire ukrainienne Ivanna Klympush a de son côté indiqué que la Russie a employé une « substance inconnue » à Marioupol, où plusieurs personnes souffrent d'insuffisance respiratoire selon elle. « Très probablement des armes chimiques », a-t-elle tweeté.
Auparavant, le régiment ukrainien Azov, retranché à Marioupol, avait affirmé qu'un drone russe avait largué une « substance toxique » sur des soldats et civils à Marioupol, dans un message publié lundi sur Telegram, précisant que plusieurs personnes y souffraient de problèmes respiratoires et neurologiques.
Selon Andriï Biletsky, le fondateur du bataillon Azov, trois personnes y ont été empoisonnées par une substance toxique inconnue, indique-t-il dans une vidéo publiée sur Telegram: « Trois personnes présentent des signes clairs d'empoisonnement par des produits chimiques de guerre mais sans conséquences catastrophiques ».
L'AFP n'était pas immédiatement en mesure de vérifier ces affirmations de manière indépendante.
Blinken accuse la Russie d'envisager l'usage d'«agents chimiques» à Marioupol
Les Etats-Unis ont fait état mardi d'« informations crédibles » sur la possibilité que la Russie fasse usage d' « agents chimiques » dans son offensive pour prendre la ville ukrainienne de Marioupol.
Selon le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, « les forces russes pourraient utiliser différents agents anti-émeutes, notamment des gaz lacrymogènes mélangés avec des agents chimiques » face aux « combattants et civils ukrainiens dans le cadre de leur campagne agressive pour prendre Marioupol ».
« Nous partageons ces informations avec l'Ukraine » et « sommes en contact direct avec nos partenaires pour déterminer ce qui se passe actuellement, c'est un vrai sujet de préoccupation », a-t-il déclaré devant la presse, tout en affirmant ne pas être « en mesure de confirmer » de récentes accusations selon lesquelles les forces russes auraient déjà utilisé des armes chimiques à Marioupol.
« C'est une inquiétude que nous avions avant même le début de l'agression » de la Russie contre l'Ukraine, « j'avais mis en garde contre la possibilité d'un recours à ce type d'armes, et c'est quelque chose que nous suivons de très, très près », a insisté le secrétaire d'Etat.
Pas de confirmation
Petro Andriouchtchenko, un conseiller du maire de Marioupol, a souligné sur Telegram que « les informations sur l'attaque chimique ne sont pas actuellement confirmées », indiquant que « des détails et des clarifications » seront donnés ultérieurement et que « nous attendons des informations officielles de la part des militaires ».
Le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a déclaré lundi soir que Washington avait connaissance d'informations faisant état d'une attaque chimique dans la ville stratégique, mais ne pouvait les confirmer.
« Ces informations, si elles sont vraies, sont très préoccupantes et reflètent les inquiétudes que nous avons eues quant à la possibilité pour la Russie d'utiliser divers agents antiémeutes, notamment des gaz lacrymogènes mélangés à des agents chimiques, en Ukraine », a-t-il déclaré.
Le représentant de l'armée séparatiste à Donetsk, Edouard Bassourine, cité lundi par l'agence russe Ria Novosti, a affirmé pour sa part que les troupes qui assiègent Marioupol pourraient recourir à des « troupes chimiques qui trouveront un moyen de faire sortir les taupes de leur trou », en référence aux soldats ukrainiens retranchés.
La Russie a nié avoir commis des crimes de guerre lors de son offensive en Ukraine, lancée le 24 février dernier.