KIEV/ VARSOVIE : Les négociations avec Moscou en vue d'un accord de paix russo-ukrainien sont « extrêmement difficiles », a déclaré mercredi un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, après que Vladimir Poutine a dénoncé « le manque de cohérence » des Ukrainiens.
« Les négociations sont extrêmement difficiles », a indiqué M. Podoliak dans un message à la presse, déplorant que « la partie russe s'en tienne à ses tactiques traditionnelles de pression publique sur le processus de négociations, notamment par le biais de certaines déclarations ».
« Il est clair que le côté émotionnel aujourd'hui dans le processus est lourd », a-t-il commenté, précisant que « la délégation ukrainienne travaille exclusivement dans un cadre pro-ukrainien et transparent ».
Plusieurs centaines de corps de civils, selon les autorités ukrainiennes, ont été retrouvés ces derniers jours dans des villes autour de Kiev, dont Boutcha et Irpin, après le retrait des troupes russes de cette région à la fin du mois de mars.
Moscou nie toute implication et dénonce une « mise en scène » orchestrée par les Ukrainiens et destinée à lui nuire.
Les discussions entre les deux parties continuent « en ligne », a précisé mercredi Mykhaïlo Podoliak.
L'offensive russe se poursuit «calmement» en minimisant les pertes (Poutine)
Le président russe Vladimir Poutine a assuré mardi que l'offensive russe en Ukraine se poursuivait « calmement » et en minimisant les pertes, refusant de fixer un calendrier.
Le chef de l'Etat russe a aussi critiqué le « manque de cohérence » des Ukrainiens dans les pourparlers avec Moscou, les accusant de changer sans cesse de position, ce qui « crée des difficultés » pour parvenir à un accord.
Sur le terrain, « notre tâche est d'accomplir les objectifs fixés en minimisant les pertes, nous allons agir de manière harmonieuse, calmement, en conformité avec le plan proposé dès le départ par l'état-major », a dit M. Poutine lors d'une conférence de presse dans un cosmodrome de l'Extrême-Orient russe.
M. Poutine, qui était à Vostotchny avec son homologue et allié bélarusse Alexandre Loukachenko, a balayé la notion selon laquelle l'armée russe était à la peine face à la résistance ukrainienne et avait dû renoncer à prendre les grandes villes et la capitale Kiev pour se concentrer sur le Donbass, dans l'est du pays.
« Nos actions dans certaines régions d'Ukraine étaient uniquement destinées à fixer les forces (ukrainiennes loin du Donbass), porter un coup et détruire l'infrastructure militaire », a-t-il assuré.
Le président a également sous-entendu que si les forces russes n'allaient pas plus vite, c'était pour éviter de trop grandes pertes. Le Kremlin avait admis la semaine dernière que l'armée russe avait essuyé des pertes « importantes » sans les chiffrer précisément.
« J'entends souvent la question, peut-on faire plus vite? Oui, c'est possible, mais cela implique d'intensifier les opérations militaires ce qui malheureusement aurait un effet sur les pertes », a expliqué M. Poutine.
La Russie dément systématiquement avoir tué des civils, accusant l'Ukraine de se servir de sa population comme bouclier humain.
Interrogé sur le massacre de civils dans la ville ukrainienne de Boutcha dont l'Ukraine et l'Occident accusent les forces russes, qui ont occupé cette banlieue de Kiev, M. Poutine a balayé le sujet.
Comparant ces accusations à celles concernant l'utilisation d'armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad en Syrie, M. Poutine a déclaré: « On a le même fake à Boutcha ».
M. Loukachenko y a lui vu « une opération spéciale psychologique des Anglais ».
Plus tôt dans la journée, M. Poutine avait qualifié de « noble » l'offensive militaire russe, assurant une fois encore qu'elle visait à sauver les Russes et russophones du Donbass d'un génocide orchestré par des « néonazis » ukrainiens.
« Il n'y aucun doute (que les objectifs russes seront remplis), ils sont absolument clairs et nobles (…) L'objectif principal est d'aider les gens du Donbass », a-t-il réaffirmé.
M. Poutine a aussi moqué les Etats-Unis mardi, estimant qu'ils étaient prêts à combattre la Russie « jusqu'au dernier Ukrainien ».
Le président russe a enfin estimé qu'en dépit de la « tragédie actuelle », les Ukrainiens étaient toujours un « peuple frère ».