CHICAGO: Un jeune écrivain de Ramallah observe la trajectoire de sa vie dans le roman profond et abstrait, Dance of the Deep-Blue Scorpion, d'Akram Moussallam, traduit en anglais par Sawad Hussain. Le narrateur de Moussallam analyse les choses et les lieux qui apparaissent et disparaissent dans la vie, et la façon dont les conséquences peuvent dévorer un passé pour laisser un avenir à nu. Son identité est aussi détachée que liée à l'identité de la Palestine, sa vie évoluant parallèlement à la politique de son pays.
Tout en travaillant sur une histoire, le narrateur de Moussallam est assis sur une chaise en plastique à côté du monument du lion d'Al-Manara, au centre-ville de Ramallah. Après avoir payé une place dans un parking, il explique au gérant qu'il doit écrire dans cet espace car son travail en dépend. Le directeur, un ancien combattant de la Libération qui a passé dix-huit ans dans une prison israélienne et a été libéré en 1995, est un lecteur vorace et permet au jeune écrivain de discuter de son travail avec lui. Le narrateur de Moussallam divulgue des détails de sa vie, de ses parents, et un passé riche de pouvoir et de personnalités dont l'occupation israélienne tente d'effacer l'histoire.
Débutant son récit par un scorpion bleu qui hante ses rêves, le narrateur réfléchit sur sa vie d'enfant unique, sur son père qui a perdu une jambe à cause d'un ongle vengeur, et sur sa mère, dont le ventre est devenu trop triste pour reproduire, après la tragédie de son mari. Cependant, il n'utilise pas ces circonstances comme symboles de «l'impuissance politique de sa génération». Son père a perdu sa jambe en 1967, la même année où leur terre a été volée. Et pourtant, son père insiste pour que son fils gratte une démangeaison qu'il continue de ressentir sur une jambe qui n'est plus là. Vivant sur la plus haute montagne, au milieu de la Palestine, le narrateur travaille sur le passé tout en avançant vers son avenir.
Le pouvoir de Moussallam réside dans le poids de ses mots et dans les phrases légères qui portent en elles la perspicacité. Il fait référence au passé de la Palestine: les chansons et les bergers, les écrivains influents comme Hussein al-Barghouti, les accords d'Oslo qui ont placé Ramallah sur la scène mondiale, puis l'invasion qui a écrasé ses rues, ses voitures et ses rêves. Moussallam énumère chaque coin de perte et d'absence alors que l'arrière-plan change constamment avec la construction du nouveau et la démolition de l'ancien. Bien que le narrateur soit aussi ancré dans la perte, l’objectif de l’écrivain est d'écrire une histoire sans romancer les limites, mais en mettant en avant l'inhumanité qui les crée.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com