Macron appelle à fonder «un grand mouvement politique d'unité et d'action»

Emmanuel Macron a réussi son pari du premier tour en devançant nettement Marine Le Pen, mais devra savoir rassembler un électorat fracturé pour espérer être réélu. (Photo, AFP)
Emmanuel Macron a réussi son pari du premier tour en devançant nettement Marine Le Pen, mais devra savoir rassembler un électorat fracturé pour espérer être réélu. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 11 avril 2022

Macron appelle à fonder «un grand mouvement politique d'unité et d'action»

Emmanuel Macron a réussi son pari du premier tour en devançant nettement Marine Le Pen, mais devra savoir rassembler un électorat fracturé pour espérer être réélu. (Photo, AFP)
  • Emmanuel Macron et Marine Le Pen qualifiés pour un nouveau duel comme en 2017, des partis traditionnels en déroute, une abstention en hausse mais pas record
  • La grande majorité de la classe politique a appelé dimanche à voter pour le président sortant Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle

PARIS: Emmanuel Macron a appelé dimanche, à l'issue du premier tour de la présidentielle, à fonder au-delà des "différences" "un grand mouvement politique d'unité et d'action" et dit vouloir "tendre la main à tous ceux qui veulent travailler pour la France". 

"J'appelle tous ceux qui depuis six ans et jusqu'à ce soir se sont engagés pour travailler à mes côtés à transcender leurs différences pour se rassembler en un grand mouvement politique d'unité et d'action pour notre pays", a-t-il déclaré depuis son QG électoral, en présence de plusieurs figures de la macronie, dont le Premier ministre Jean Castex

"Rien n'est joué" a lancé le président sortant Emmanuel Macron.

"Le débat que nous aurons pendant 15 jours sera décisif pour notre pays et pour l'Europe", a-t-il lancé devant ses supporteurs, saluant la "clarté à l'égard de l'extrême droite" de plusieurs candidats éliminés qui ont appelé à voter pour lui, et se disant prêt à "inventer quelque chose de nouveau" pour rassembler.

Arrivé en tête des suffrages dimanche soir avec un meilleur score qu'il y a cinq ans, Emmanuel Macron a réussi son pari du premier tour en devançant nettement Marine Le Pen, mais devra savoir rassembler un électorat fracturé pour espérer être réélu. 

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Biographie et éléments de programme d'Emmanuel Macron. (Graphique, AFP)

Pour la première fois depuis vingt ans, le président sortant arrive en tête du premier tour et, pour la première fois depuis plus de quarante ans, les Français ont qualifié au second tour le même duel que lors de la précédente élection présidentielle. 

Le scrutin était annoncé incertain et volatil jusqu'au dernier jour. En recueillant de 27,6% à 29,7% des suffrages exprimés, Emmanuel Macron est dans l'étiage haut que les instituts de sondage lui promettaient en fin de campagne, supérieur à son score de 2017 (24,01%). 

Une satisfaction? Si les mêmes analystes tablaient il y a encore un mois sur un potentiel de plus de 30% des voix pour le président sortant, un temps bénéficiaire d'un "effet drapeau" lié à la guerre en Ukraine, l'état-major de la macronie ne faisait pas la fine bouche dimanche soir après des derniers jours jugés compliqués. 

Une campagne jugée tardive, poussive et sans entrain, au positionnement incertain, laissait craindre une mauvaise surprise, tant les courbes du chef de l'Etat et celles de Mme Le Pen se rapprochaient. Elle n'a finalement pas entamé sa dynamique. 

La parcimonie avec laquelle le candidat favori a consenti à faire des déplacements, en laissant courir l'idée d'"enjamber" ce premier tour imprudemment considéré sans risque, avait également suscité de lourdes interrogations. 

La mise en garde contre une performance annoncée de la candidate d'extrême droite semble finalement avoir porté ses fruits, alors qu'Emmanuel Macron avait encore accusé jeudi sa rivale d'être "raciste" dans un entretien au Parisien. 

Un appel très large de la classe politique à voter pour Emmanuel Macron

La grande majorité de la classe politique a appelé dimanche à voter pour le président sortant Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle face à la candidate d'extrême droite Marine Le Pen, qui a de son côté reçu le soutien d'Eric Zemmour. 

Ceux qui appellent à voter Macron 

- La candidate du PS Anne Hidalgo a appelé dimanche depuis son QG de campagne les Français à voter le 24 avril "contre l'extrême droite de Marine Le Pen en (se) servant du bulletin de vote Emmanuel Macron". 

- Le candidat du PCF Fabien Roussel a appelé à "battre l'extrême droite, à la mettre en échec, en se servant du seul bulletin à notre disposition", demandant cependant au candidat Emmanuel Macron de "dire qu'il a entendu le message" envoyé par les Français. 

- La candidate LR Valérie Pécresse a annoncé qu'elle voterait "en conscience Emmanuel Macron pour empêcher l'arrivée au pouvoir de Marine Le Pen et le chaos qui en résulterait". Reconnaissant ne pas être "propriétaire des suffrages qui se sont portés sur son nom", elle a invité ses électeurs à peser les "conséquences potentiellement désastreuses" d'un choix différent du sien. 

- Le candidat EELV Yannick Jadot a appelé à "faire barrage à l'extrême droite en déposant dans l'urne un bulletin Emmanuel Macron" face à Marine Le Pen au second tour. "Notre vote ne vaut pas caution" pour le président sortant, qui doit maintenant "créer les conditions du rassemblement pour faire échec à l'extrême droite", a-t-il ajouté. 

- Le député LR Guillaume Larrivé (LR) a annoncé sur Twitter qu'il voterait pour Emmanuel Macron, qui "a l'expérience de l'Etat et des crises". "Donnons-lui la force de rassembler les Français. Construisons, avec lui, une nouvelle majorité pour faire réussir la France", a-t-il ajouté. 

- Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a appelé à la "mobilisation" pour le second tour. "C'est une deuxième campagne qui commence", a-t-il dit sur France 2. 

Ceux qui excluent le vote Le Pen 

- "Il ne faut pas donner une seule voix à Mme Le Pen", a affirmé à trois reprises depuis son QG le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon, sans appeler à voter pour M. Macron. 

- "Pas une voix ne doit aller à l'extrême droite", a affirmé depuis son QG le candidat NPA Philippe Poutou, qui n'a pas non plus donné de consigne de vote pour M. Macron. 

- Le député LFI Adrien Quatennens a confirmé sur France 2 que son parti organiserait comme en 2017 une "consultation" interne en vue du second tour. "Le vote d'extrême droite ne sera pas une option" dans cette consultation, a-t-il ajouté. 

Ceux qui appellent à voter Le Pen 

- Le porte-parole de Marine Le Pen, Louis Aliot, a appelé sur France 2 tous les électeurs français "qui ne veulent pas voir M. Macron dans un deuxième mandat" à "se rassembler" derrière la candidate RN, "pour avoir une belle surprise". 

- Eric Zemmour, malgré ses "désaccords" avec Marine Le Pen, a appelé dès dimanche soir à voter pour elle. "Je ne me tromperai pas d'adversaire. C'est la raison pour laquelle j'appelle mes électeurs à voter pour Marine Le Pen". 

- La nièce de Marine Le Pen, Marion Maréchal, ralliée à Eric Zemmour, a de son côté confirmé sur TF1 quelle voterait "personnellement" pour sa tante. 

Ceux qui ne se prononcent pas 

- Le député LR Eric Ciotti a refusé de donner une consigne de vote pour le second tour. "Je ne me reconnais pas dans (la) politique (d'Emmanuel Macron), je ne le soutiendrai pas", a affirmé M. Ciotti sur TF1. 

Dynamique nouvelle

Emmanuel Macron est-il le favori pour le second tour? "Oui, mais", répondent certains lieutenants du président, tant la campagne d'entre-deux tours s'annonce ouverte. 

Car le paysage politique né de ce premier tour est inédit: d'abord, la faiblesse historique du Parti socialiste, des Républicains, mais aussi des Verts, laisse entrevoir un "front républicain" dégarni. 

Pire: comme il y a cinq ans, Jean-Luc Mélenchon réserve sa consigne de vote et l'hypothèse qu'il appelle à se porter sur le bulletin Macron dans quinze jours apparaît faible. De même, l'aile droite de LR semble résignée à un "ni-Le Pen, ni-Macron", à l'instar des positions de Laurent Wauquiez ou Eric Ciotti en 2017. 

La candidate du Rassemblement national peut par ailleurs compter pour la première fois sur une réserve de voix substantielle, puisque les électeurs d'Eric Zemmour sont ultra-majoritairement disposés à voter pour elle le 24 avril, selon les instituts de sondage. 

Plus généralement, le camp Macron s'est inquiété ces dernières semaines, à mesure que Mme Le Pen montait dans les sondages, de voir la fille de Jean-Marie Le Pen parvenir à corriger une image jusqu'alors clivante, au profit de celle d'une femme d'Etat. 

Pour les macronistes, il s'agit d'abord de capitaliser sur un bon score promis à lancer une nouvelle dynamique. 

Sur le fond, les partisans du chef de l'Etat entendent surtout rappeler les fondamentaux d'extrême-droite de Mme Le Pen, dans une tentative de rediabolisation. 

Que ce soit sur les institutions, l'Europe ou sa vision du monde, le camp Macron veut plus que jamais renvoyer Marine Le Pen à sa conception supposée "illibérale" de la démocratie, à l'instar du chef du gouvernement hongrois Viktor Orbán -qu'elle a félicité pour sa reconduction la semaine dernière, et de sa proximité jadis proclamée avec Vladimir Poutine. 

De même, la vision économique de Marine Le Pen, jugée non sérieuse, autant que ses revirements lors de la crise sanitaire, doivent alimenter un procès en incompétence. 

"Penser qu'activer ce levier du 'front républicain' contre l'extrême droite suffira à lui seul, c'est une illusion. Car le changement d'image de Marine Le Pen est une réalité", prévient toutefois le directeur de la Fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein. 

Point d'orgue: le débat d'entre-deux tours, prévu le mercredi 20 avril. "Mais ça ne pourra pas être pire que la dernière fois, donc on dira qu'elle a été meilleure", craint un proche du chef de l'Etat sortant. 

Cinq choses à retenir du premier tour

On refera le match de 2017 

Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouveront au second tour comme en 2017. Le président sortant est arrivé largement en tête du premier avec autour de 28% des voix, selon les premières estimations. Il fait mieux qu'il y a cinq ans (24%). La candidate du Rassemblement national Marine Le Pen s'est, quant à elle, à nouveau classée en deuxième position avec autour de 24% des voix. Elle aussi fait mieux que lors de la présidentielle précédente où elle avait obtenu 21,3%. C'est la troisième fois que l'extrême droite parvient au second tour d'une présidentielle en France, après son père et ancien chef du Front national Jean-Marie Le Pen en 2002, puis elle-même, déjà, il y a cinq ans. 

Le troisième homme 

Comme il y a cinq ans, l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon rate de quelques points la seconde place. Grâce à la dynamique ascendante de ces dernières semaines, il se classe troisième autour de 20%, soit un résultat sensiblement identique à celui d'il y a cinq ans quand il avait fini quatrième avec 19,6% des voix.   

Partis traditionnels en déroute 

Ce premier tour a été marqué par la déroute des partis traditionnels de la droite et de la gauche avec des résultats historiquement bas. La candidate LR Valérie Pécresse a connu une dégringolade pour se retrouver autour de la barre des 5%, seuil de remboursement des frais de campagne. Il y a cinq ans, François Fillon avait atteint 20%. Quant à la socialiste Anne Hidalgo, elle n'obtient que 2% des voix, trois fois moins que Benoît Hamon en 2017 qui avait déjà plongé jusqu'à 6,3%, considéré alors comme un crash total. Déception aussi pour les écologistes qui se retrouvent autour de la barre des 5% avec Yannick Jadot. 

Les appels au "barrage" 

Comme il y a cinq, les appels à faire barrage au Rassemblement national au second tour se sont multipliés dès les premières estimations connues. A gauche, le PCF Fabien Roussel, la PS Anne Hidalgo, l'écologiste Yannick Jadot ont appelé à voter pour Emmanuel Macron. "Il ne faut pas donner une seule voix à Marine Le Pen", a martelé à plusieurs reprises l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon. "Pas une voix ne doit aller à l'extrême droite", a affirmé pour sa part l'anticapitaliste Philippe Poutou.  

A droite, Valérie Pécresse a déclaré qu'elle voterait "en conscience" pour Emmanuel Macron. A l'inverse, le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour a appelé ses électeurs à voter pour Marine Le Pen.    

Une forte abstention 

L'abstention était redoutée, compte tenu du manque d'intérêt pour la présidentielle longtemps exprimé par les Français dans les enquêtes d'opinion. Elle s'est finalement située entre 26% et 28,3%, soit entre 4 et 6 points de plus qu'en 2017, selon les estimations. Elle se rapproche du niveau du 21 avril 2002, année record avec une abstention qui avait atteint 28,4%. Elle est toutefois moins forte que lors de la Bérézina des régionales et des départementales il y un an, avec deux tiers des électeurs qui n'avaient pas voté. L'abstention suit une tendance ascendante depuis la présidentielle de 2007 où elle avait été limitée à 16,23%. Elle est passée à 20,52% en 2012 et atteint 22,23% en 2017. 


Macron va marquer le 80e anniversaire de la libération de Strasbourg

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse après avoir visité le brise-glace Almirante viel de la marine chilienne à Muelle Molo de Abrigo, Valparaiso, Chili, le 21 novembre 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une conférence de presse après avoir visité le brise-glace Almirante viel de la marine chilienne à Muelle Molo de Abrigo, Valparaiso, Chili, le 21 novembre 2024. (AFP)
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  • Emmanuel Macron marque samedi le 80e anniversaire de la libération de Strasbourg du joug nazi avec un hommage à la résistance alsacienne
  • Le chef de l'Etat, qui poursuit un long cycle mémoriel autour des 80 ans de la Libération de la France et de la fin de la Seconde guerre mondiale, est attendu à 11H20 place Broglie pour une cérémonie militaire, avant un discours à l'université

STRASBOURG: Emmanuel Macron marque samedi le 80e anniversaire de la libération de Strasbourg du joug nazi avec un hommage à la résistance alsacienne, aux incorporés de force et à l'historien Marc Bloch qui pourrait être panthéonisé.

Le chef de l'Etat, qui poursuit un long cycle mémoriel autour des 80 ans de la Libération de la France et de la fin de la Seconde guerre mondiale, est attendu à 11H20 place Broglie pour une cérémonie militaire, avant un discours à l'université.

Il se rendra ensuite dans l'ancien camp de concentration nazi de Natzweiler-Struthof, le seul érigé sur le territoire français, à une soixantaine de kilomètres de Strasbourg, alors que l'Alsace était annexée de fait par le IIIe Reich.

Place Broglie, il saluera la mémoire du général Leclerc et des hommes de la Deuxième division blindée, libérateurs de Strasbourg le 23 novembre 1944, après s'être juré trois ans plus tôt lors du serment de Koufra (Libye) de combattre jusqu'à ce que le drapeau français flotte sur la capitale de l'Alsace.

En clin d'oeil, les couleurs de la France seront de nouveau hissées sur la flèche de la cathédrale de Strasbourg durant la cérémonie.

- "Malgré-nous" -

Emmanuel Macron prendra ensuite la parole au Palais universitaire de Strasbourg. "Ce sera l'occasion d'évoquer la résistance des Alsaciens, la libération du territoire et le toujours délicat sujet des incorporés de force d'Alsace-Moselle" dans la Wehrmacht, a indiqué l'Elysée.

Plus de 130.000 Alsaciens et Mosellans, considérés comme Allemands après l'annexion de ces territoires, ont dû intégrer l'armée allemande et 12.000 ne sont jamais revenus, un drame qui reste douloureux dans la région, 80 ans après la fin de la guerre.

Très longtemps, les "Malgré-nous", associés pour certains à l'un des pires massacres de civils commis par les Nazis en Europe occidentale à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) en 1944, sont demeurés un sujet relativement tabou.

"Après la guerre, on va surtout valoriser la mémoire héroïque, résistante, tout ce qui peut refaire le ciment de la France. Et dans toute cette histoire, les +Malgré nous+, ça fait un peu tache, ce n'est pas glorieux, ça ne  permet pas de construire une mémoire qui sera nationale", pointe l'historien Christophe Woehrle.

"80 ans après, il faut poser des mots et des actes, il faut sortir des sentiments" de honte et de la "non-reconnaissance", estime la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian qui appelle le président à se prononcer pour l'indemnisation des orphelins de "Malgré-nous".

- Entre France et Allemagne -

Emmanuel Macron pourrait aussi annoncer l'entrée au Panthéon de l'universitaire et résistant Marc Bloch, arrêté par la Gestapo et fusillé trois mois plus tard en 1944, selon plusieurs sources à l'AFP. A l'issue du discours, il remettra aussi la Légion d'honneur à son fils Daniel Bloch.

Professeur d'histoire du Moyen-Age à l'université de Strasbourg de 1919 à 1936, Marc Bloch a renouvelé en profondeur le champ de la recherche historique en l'étendant à la sociologie, la géographie, la psychologie et l'économie.

En 1929, il a notamment fondé avec Lucien Febvre la revue des "Annales d'histoire économique et sociale", qui a eu une résonance universitaire dans le monde entier.

Capitaine et Croix de guerre en 1914-1918, de nouveau mobilisé en 1939, Marc Bloch s'engage dans la résistance au tournant des années 1942/43.

Il est arrêté à Lyon le 8 mars 1944, emprisonné et torturé à la prison de Montluc, puis fusillé le 16 juin avec 29 de ses camarades.

Au Struthof, Emmanuel Macron ravivera la flamme au pied du Mémorial aux héros et martyrs de la déportation, après une "visite sobre et solennelle" du camp où 17.000 personnes périrent.

Le chef de l'Etat visitera également le Musée mémorial d'Alsace-Moselle à Schirmeck, qui retrace l'histoire des habitants de la région, ballotés entre France et Allemagne durant des décennies entre 1870 et 1945, et rend hommage aux 36.000 Alsaciens et Mosellans décédés durant la guerre.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.