Présidentielle française: duel serré Macron - Le Pen en perspective

Un employé d'une société d'affichage colle l'affiche de Yannick Jadot à Saint-Herblain, près de Nantes le 28 mars 2022 (Photo, AFP).
Un employé d'une société d'affichage colle l'affiche de Yannick Jadot à Saint-Herblain, près de Nantes le 28 mars 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Samedi 09 avril 2022

Présidentielle française: duel serré Macron - Le Pen en perspective

  • A partir de minuit, le silence tombera sur la campagne. Réunions publiques, distributions de tracts et propagande des candidats seront interdits
  • D'après les sondages, les deux finalistes de l'élection de 2017 sont les mieux placés pour se qualifier dimanche

PARIS: Le président sortant Emmanuel Macron, sous la pression croissante de Marine Le Pen dans les sondages pour le 2e tour de la présidentielle, a attaqué sa rivale d'extrême droite vendredi, à deux jours du premier tour en France, marqué de nombreuses incertitudes.

Marine Le Pen propose un programme "mensonger", "raciste" a accusé le président candidat, qui a vu son avance dans les sondages fondre, à la fois pour le 1er et le 2e tour le 24 avril.

"Elle a un programme totalement démagogique", a souligné M. Macron , interrogé vendredi soir sur le média en ligne Brut, en réponse au projet de Mme Le Pen d'interdire le port du voile dans l'espace public.

"Fébrilité", estime pour sa part la cheffe de l'extrême droite.

"Je le mets au défi de trouver une proposition dans mon programme qui discrimine les Français en raison de leur origine, de leur religion ou de la couleur de leur peau parce que c'est ça le racisme".

D'après les sondages, les deux finalistes de l'élection de 2017 sont les mieux placés pour se qualifier dimanche, même si le chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon surfe lui aussi, comme Mme Le Pen, sur une dynamique positive.

Dans l'hypothèse d'une réédition de ce duel, cinq sondages vendredi donnaient une très courte victoire au second tour au président sortant le 24 avril, avec des scores de 51 à 54%.

Les dix autres prétendants semblent relégués mais l'incertitude demeure, notamment car, prévient le politologue Pascal Perrineau, "c'est la première élection qui atteint un tel taux de personnes qui sont indécises, qui ont changé d'opinion, à peu près un Français sur deux".

"Ca se dessine vaguement mais franchement je pense que dans l'isoloir, ça sera au dernier moment", expliquait vendredi sur un marché parisien Jeanne Di Mascio, une professeure de musique de 38 ans.

Anesthésiée par le confit en Ukraine, la campagne, qui avait démarré sans relief, a regagné en intérêt dans les derniers jours à mesure qu'a pris corps l'hypothèse d'une victoire de Marine Le Pen, qui serait à la fois la première femme et le premier représentant d'extrême droite à accéder à la présidence.

Tout le monde râle

La fille de Jean-Marie Le Pen, figure de l'extrême droite française durant des décennies, a réussi à lisser l'image autrefois abrasive de son parti, tout en menant une campagne convaincante sur le pouvoir d'achat, priorité numéro un de la population à l'heure où l'inflation augmente, dopée par la guerre en Ukraine.

Certains candidats ont déjà annoncé la position qu'ils adopteront dimanche soir: le communiste Fabien Roussel et l'écologiste Yannick Jadot feront barrage à Mme Le Pen et Valérie Pécresse (droite traditionnelle), ne donnera pas de consigne mais dira pour qui elle votera au second tour.

Malgré tout, l'abstention qui tend à progresser régulièrement en France, devrait rester très élevée.

Beaucoup de politologues craignent que le record du 21 avril 2002 (28,4%), le plus haut niveau jamais enregistré pour un premier tour d'une élection présidentielle, puisse être battu, soit bien plus qu'en 2017 (22,2%) qui n'était déjà pas un bon cru.

"Autour de moi, personne ne vote et tout le monde râle", se désolait sur un marché parisien Christine Mazaud, une retraitée de 75 ans.

Présidentielle française fin de campagne à haut suspense

Les douze candidats au premier tour de la présidentielle française achèvent leur campagne vendredi, tandis que semble se profiler un duel serré entre le chef de l'Etat sortant Emmanuel Macron et sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen.

D'après les ultimes enquêtes d'opinion, l'écart ne cesse de se resserrer entre ceux qui étaient déjà les finalistes de la précédente élection en 2017. 

Dans l'hypothèse d'une réédition de ce duel, cinq sondages donnaient une très courte victoire au second tour au président sortant le 24 avril, avec des scores de 51 à 54%.

Artichaut

A partir de minuit, heure de Paris (22H00 GMT), le silence tombera sur la campagne. Réunions publiques, distributions de tracts et propagande numérique des candidats seront interdits. Aucune interview ni aucun sondage ou estimation de résultat ne pourra être publié avant les résultats dimanche à 20H00 (18H00 GMT).

Certains prétendants pourraient toutefois s'afficher publiquement samedi lors de manifestations. Des "marches pour le futur" sont annoncées partout en France à l'initiative d'organisations de gauche.

En attendant, les candidats se consacraient à des interventions médiatiques ou de petits déplacements pour essayer de convaincre les quelque 48,7 millions de Français appelés aux urnes.

Avant son intervention sur Brut, Emmanuel Macron a ainsi effectué vendredi matin une courte visite impromptue sur un marché à Neuilly-sur-Seine, aux portes de Paris.

Pendant 45 minutes, le président-candidat a échangé avec des commerçants, des clients et des employés municipaux. 

Marine Le Pen était elle à Narbonne dans le Sud de la France, également sur un marché, où  elle s'est présentée comme la candidate de "la France tranquille".

Un verre de rosé à la main, elle a dit ne pas ressentir "le vertige" d'une éventuelle victoire, et ajouté: "l'artichaut se mange feuille à feuille, d'abord le premier tour, après le second".


«Simplification!» Bruno Le Maire dévoile son «plan d'action» anti-paperasse pour les entreprises

Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Short Url
  • La commande publique, «qui obéit à des règles dignes de Balzac», sera également simplifiée
  • Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers

 

PARIS: "Balzac", "Kafka" et "Ubu" contre le 21e siècle: le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a présenté mercredi en conseil des ministres un plan visant à débarrasser les entreprises de "la paperasse", via notamment un nouveau bulletin de salaire.

Après le Premier ministre Gabriel Attal, qui a présenté mardi des mesures de "débureaucratisation" de l'administration à destination des particuliers, M. Le Maire a dévoilé mercredi comment l'Etat allait aider des patrons de TPE et PME "fatigués, exaspérés" par les tâches administratives auxquelles ils consacrent "en moyenne huit heures par semaine", l'équivalent de trois points de PIB par an.

Il y a en France 400.000 normes applicables, les huit principaux codes comptent 23.000 pages... contre 828 en 1833, et entreprises et administrations s'envoient chaque année 253 millions de courriers, met en avant Bercy.

Pour les petits patrons, "on est parfois chez Kafka", a remarqué la ministre des Entreprises, Olivia Grégoire.

D'où ce "plan d'action : simplification!", en 50 mesures dont la moitié feront l'objet d'un projet de loi discuté à partir du 3 juin au Sénat.

Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers; une possible future feuille de paye simplifiée, qui devrait passer de 55 à 15 lignes, ou des astreintes pour les assureurs qui ne respectent pas les délais d'indemnisation.

M. Le Maire a aussi annoncé la suppression des 1.800 formulaires administratifs Cerfa d'ici à 2030, dont 80% d'ici à 2026. Cela dans le cadre d'une philosophie "dites le nous une fois", pour éviter de multiplier la communication des mêmes documents à plusieurs administrations.

Il a annoncé aussi "une revue complète" sur trois ans des 2.500 autorisations administratives. L'obligation pour l'employeur d'envoyer les arrêts-maladie à la Sécu est supprimée.

La commande publique, "qui obéit à des règles dignes de Balzac", sera également simplifiée, avec le dépôt de tous les appels d'offres publics sur une plateforme unique, Place, en 2027.

«Trouille»

M. Le Maire a confirmé l'institution d'un "test PME", pour évaluer l'impact de nouvelles normes pour les petites et moyennes entreprises, avant leur application.

"Certains patrons disent qu'ils ont la trouille d'avoir fait une erreur, mais il n'y a aucune raison d'avoir peur de l'administration", a-t-il observé.

Il a ainsi annoncé que le rescrit, la possibilité de demander au fisc de se prononcer sur tel ou tel point, afin d'éviter des problèmes ultérieurs, serait élargi à d'autres administrations comme la Direction générale de la concurrence, de la consommation, et de la répression des fraudes (DGCCRF) ou aux Douanes.

"Toujours dans cette logique de confiance", des peines de prison prévues pour certains manquements déclaratifs seront supprimées, au profit de sanctions moins lourdes. "Les chefs d’entreprise ne sont pas des bandits en puissance", a dit M. Le Maire.

Tandis que le ministre de l'Industrie Roland Lescure observait "qu'Ubu est encore un peu roi dans notre pays", M. Le Maire a dévoilé des mesures de simplification spéciales pour les industriels.

Notamment, "les grands projets industriels n'auront plus à organiser un débat au titre de la Commission nationale du débat public (CNDP)" et la compensation environnementale des projets pourra s'effectuer "dans un délai raisonnable", et non plus immédiatement.

Il s'est toutefois opposé "avec colère" à l'idée que Bercy reculerait ainsi sur l'écologie.

Chaque année enfin, sera organisée une nouvelle revue des mesures "inutiles ou trop lourdes". Le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini a assuré de "l'engagement de l'administration à installer le plan dans la durée".

Les patrons ont plutôt bien réagi au plan : "Je veux y croire", a indiqué à l'AFP François Asselin, président de la CPME, "car il semble que Bercy ait embarqué toute l'administration" sur ce projet.

Le Medef pour sa part "soutient l'esprit" du texte, qui néanmoins "n'épuise pas l'ensemble du chantier de simplification".

Le premier syndicat patronal a cependant mis en garde contre "des signaux contradictoires", évoquant la transposition en France de directives européennes complexes comme la CSRD et le devoir de vigilance, ou encore l'accord trouvé mardi sur le Compte épargne temps universel (Cetu) entre une autre organisation, l'U2P, et des syndicats.


Tournée du chef de la diplomatie française au Proche-Orient

Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction
  • Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères va se rendre à partir de samedi au Proche-Orient où il évoquera notamment l'instabilité au sud Liban et la situation à Gaza, a-t-on appris mercredi auprès de son entourage.

Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction.

Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël, a-t-on précisé.

Le président français Emmanuel Macron a reçu vendredi à l'Elysée le Premier ministre libanais Najib Mikati ainsi que le commandant en chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun dans un nouvel effort pour contenir la montée des violences entre le Liban et Israël.

Stéphane Séjourné devrait, lui, évoquer les propositions françaises qu'il avait portées en février pour désamorcer le conflit à la frontière libano-israélienne.

Beyrouth a pris acte de ces propositions sans pour autant les endosser alors que les Etats-Unis sont aussi à la manoeuvre.

Stéphane Séjourné poursuivra sa tournée en Arabie saoudite. Il s'agira là de sa première visite bilatérale, qui sera centrée sur les enjeux économiques, énergétiques, environnementaux et de défense, a-t-on indiqué de même source.

Le 30 avril, le chef de la diplomatie sera en Israël avant de se rendre dans les territoires occupés le lendemain. La France entend jouer un rôle actif "dans les efforts pour trouver une solution politique" à la guerre à Gaza avec un double enjeu "obtenir la libération des otages" toujours retenus par le groupe islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza et obtenir "un cessez le feu durable", a rappelé l'entourage du ministre.


Grève des contrôleurs: des «  dizaines de millions d'euros » en jeu, prévient ADP

Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
Short Url
  • Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français
  • Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi

PARIS: La facture de la grève des contrôleurs aériens français prévue jeudi pourrait se chiffrer en "dizaines de millions d'euros" pour les compagnies aériennes et les aéroports, et affecter des dizaines de milliers de passagers, selon le gestionnaire des aéroports parisiens.

"Pour les compagnies aériennes, pour les aéroports, ce sont plusieurs dizaines de millions d'euros qui sont en jeu, chaque jour", a déclaré mercredi le PDG du Groupe ADP, Augustin de Romanet, au micro de la radio Franceinfo.

Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français.

Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi.

Cette proportion montera à 75% à Paris-Orly, deuxième aéroport français, et 65% à Roissy, le premier, et Marseille. Elle sera de 60% à Toulouse et Nice, et 50% pour les autres aéroports.

"Les abattements de vols qui vont être demandés aux compagnies sont extrêmement élevés, c'est rarement vu dans notre histoire", a commenté M. de Romanet.

"C'est vraiment très pénalisant pour les passagers", a déploré le PDG, alors que deux des trois grandes zones académiques sont en vacances de printemps.

Des dizaines voire des centaines de milliers de voyageurs risquent de voir leur vol annulé. Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français.

Face à l'échec des négociations avec la DGAC jusqu'ici, le SNCTA, syndicat majoritaire des contrôleurs aériens, a même déposé un deuxième préavis de grève en plein week-end de l'Ascension, les jeudi 9 (férié), vendredi 10 et samedi 11 mai.

"Je fais confiance aux négociateurs et à leur esprit de responsabilité pour que cette grève (...) n'ait pas lieu. On arrive à très fortement abîmer la sérénité des Français et des étrangers avec ces mouvements qui objectivement devraient pouvoir être réglés par la négociation", a jugé Augustin de Romanet.

Pour lui, "les réformes de productivité qui sont demandées (aux contrôleurs) par le gouvernement sont nécessaires, et sont demandées par les compagnies aériennes, notamment les compagnies européennes quand elles survolent la France. Elles ont besoin d'un contrôle aérien aussi efficace que possible".