«Reprenez le contrôle» Marine Le Pen conjure ses électeurs à «aller voter»

Marine Le Pen à Perpignan, dans le sud de la France, le 7 avril 2022 (Photo, AFP).
Marine Le Pen à Perpignan, dans le sud de la France, le 7 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 08 avril 2022

«Reprenez le contrôle» Marine Le Pen conjure ses électeurs à «aller voter»

  • Marine Le Pen s'exprimait devant quelque 4.000 partisans réunis au parc des expositions de la ville, tenue par le maire RN Louis Aliot
  • Elle a très peu évoqué ses projets visant à stopper l'immigration, déroulant davantage ses propositions économiques et sociales

PARIS: "A la présidentielle on ne s'abstient pas, reprenez le contrôle!": Marine Le Pen a "conjuré" jeudi soir à Perpignan ses électeurs à "aller voter" et attaqué exclusivement Emmanuel Macron, "boxeur sonné" par les crises, donné comme elle au second tour par les sondages.

"Jamais la perspective d’un vrai changement n’a été si proche, mais cela dépend de vous", a lancé la candidate du Rassemblement national, dont l'écart dans les sondages avec le président sortant ne cesse de se réduire.

Marine Le Pen, qui avait échoué au régionales en raison de l'abstention notamment de ses électeurs, catégories populaires et jeunes en tête, veut cette fois les emmener aux urnes.

Elle s'exprimait devant quelque 4.000 partisans réunis au parc des expositions de la ville, tenue par le maire RN Louis Aliot, pour son dernier meeting d'avant le premier tour de la présidentielle.

"L’alternative est simple. Ce sera soit la dilution dans un grand magma mondial via une Union européenne qui en est le prélude, soit l’affirmation de la Nation" comme "espace le plus protecteur pour les nôtres", a lancé Marine Le Pen devant ses militants qui scandaient "Marine présidente" ou "on est chez nous".

Boxeur sonné

Se plaçant comme déjà au second tour, elle leur a demandé de ne pas oublier "les Gilets jaunes" ou "ces Français dont on disait qu’ils +n'étaient rien+", évoquant les crises traversées par Emmanuel Macron, souvent sifflé, comme un "boxeur sonné" et qui mettent "en lumière les fautes de nos dirigeants". 

"Le rejet qu'on a subi en 2017, c’est lui Emmanuel Macron qui va en faire les frais", a estimé le président du RN Jordan Bardella avant le meeting, où Louis Aliot a appelé à "placer Marine en pole position" dimanche.

Pour Richard Guérit, élu RN en Nouvelle Aquitaine, "c'est une évidence" que Marine Le Pen gagnera au premier et au second tour parce que "la situation de la France est tellement pitoyable" sur le pouvoir d’achat, la sécurité et l'immigration, et "Marine elle a évolué, ce n'est plus la caricature faite par les médias". 

"Beaucoup de gens vont voter pour Marine Le Pen parce qu'ils en ont marre d'Emmanuel Macron", affirme Jérôme Toulet, 45 ans, chauffeur livreur chez Total Énergie, qui a fait 7 heures de route depuis la Vienne.

Roland Kohpcke, 54 ans, ancien chef cuisine, admet que "des gens ont perdu la foi y compris dans nos rangs" mais il pense que, "là, les Français vont se déplacer pour leur pouvoir d’achat". Et "si Macron passe", ceux qui n'iront pas voter "ne pourront s’en prendre qu'à eux mêmes", avertit une jeune militante handicapée à ses côtés.

«Mépris»

Le maire de Béziers (Hérault), Robert Ménard, n'est pas venu au meeting, même s'il votera dimanche pour Marine Le Pen, dont il partage les positions sur l'immigration mais pas sur la crise sanitaire.

La candidate d'extrême droite a très peu évoqué ses projets visant à stopper l'immigration ou à lutter contre l'islamisme, déroulant davantage ses propositions économiques et sociales et s'attardant, pour le dénoncer, sur le projet de retraite à 65 ans d'Emmanuel Macron.

Elle n'a pas mentionné la guerre en Ukraine, alors qu'elle cherche à faire oublier sa proximité avec Vladimir Poutine, qui l'avait reçue en 2017, abordant ce conflit comme à son habitude par le pouvoir d'achat. Elle est opposée aux sanctions contre la Russie qui grèveraient le budget des ménages.

Nonna Mayer, spécialiste de l'électorat RN, souligne la "dynamique" de Marine Le Pen, créditée de 21 à 24% d'intentions de vote (21,3% de voix en 2017). 

Gênée, voire dépassée dans les sondages en début de campagne par Eric Zemmour -jamais cité à Perpignan-, elle finit recentrée par la radicalité de son rival. La candidate a elle-même beaucoup lissé son image, même si son projet reste aussi "radical" sur l'immigration et les institutions, explique-t-elle.

"Nous sommes prêts !", a lancé la candidate à Perpignan, en défendant un projet qui "postule non le mépris ou la défiance de classes" mais "l'unité".

Privilégiant les petits meetings dans la France des "oubliés", Marine Le Pen a mené une campagne sans bruit et sans risques, privilégiant ses fiefs du nord et du sud de la France, loin de son parti endetté, dont elle a confié les rênes à Jordan Bardella.


Ukraine: devant l'Assemblée, Bayrou dénonce la "brutalité" de Trump et loue "l'honneur" de Zelensky

Le Premier ministre français François Bayrou s'exprime lors d'une session consacrée à l'Ukraine et à la sécurité en Europe à l'Assemblée nationale, chambre basse du Parlement français, à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou s'exprime lors d'une session consacrée à l'Ukraine et à la sécurité en Europe à l'Assemblée nationale, chambre basse du Parlement français, à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • François Bayrou a dénoncé lundi la "brutalité" de Donald Trump face à Volodymyr Zelensky, lors d'un débat à l'Assemblée nationale sur l'Ukraine et la sécurité en Europe
  • Le Premier ministre a évoqué "une scène sidérante, marquée de brutalité, de volonté d'humiliation" du président ukrainien

PARIS: François Bayrou a dénoncé lundi la "brutalité" de Donald Trump face à Volodymyr Zelensky, lors d'un débat à l'Assemblée nationale sur l'Ukraine et la sécurité en Europe, pour laquelle la France doit, selon lui, jouer "un rôle central".

Revenant sur l'altercation dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, le Premier ministre a évoqué "une scène sidérante, marquée de brutalité, de volonté d'humiliation" du président ukrainien. Lequel "n'a pas plié" et dont "l'honneur" mérite "reconnaissance", a-t-il ajouté, applaudi par les députés.

Depuis l'invasion russe de 2022, "nous avons basculé dans un autre monde". Et avec le revirement américain, "c'est à nous, Européens, de garantir la sécurité et la défense de l'Europe", a-t-il lancé.

Car sur le Vieux continent, "nous sommes forts et nous ne le savons pas. Et nous nous comportons comme si nous étions faibles", a ajouté le chef du gouvernement.

"La France peut jouer dans l'édification de ce nouveau monde, de ce nouvel équilibre, un rôle central, mais elle ne le fera que si elle recouvre sa confiance et son unité", a conclu François Bayrou.

Annoncés mi-février, ces débats -- sans vote -- prennent une nouvelle dimension après l'altercation de vendredi dans le Bureau ovale, et le sommet de leaders européens dimanche à Londres.

- "Instinct capitulard" -

L'ambassadeur d'Ukraine en France a assisté aux débats depuis les tribunes, de même que l'eurodéputé (Place Publique) Raphaël Glucksmann.

Parmi les oratrices des groupes, Marine Le Pen (Rassemblement national), si elle a salué l'"héroïsme" de la résistance ukrainienne face à "l'indéfendable agression russe", a également évoqué "l'intransigeance occidentale vis-à-vis de la Russie".

"Nous ne pourrons jamais soutenir une chimérique défense européenne", pas plus que "l'envoi de troupes française combattantes sur le sol ukrainien", "une folie", a-t-elle par ailleurs réaffirmé, également opposée au "partage" de la dissuasion nucléaire française avec les Européens.

"Personne n'a jamais dit qu'on partagerait, personne. Le mot partager n'a jamais été prononcé", lui a répondu le ministre des Armées Sébastien Lecornu.

L'ancien Premier ministre Gabriel Attal (Renaissance) a, lui, dénoncé "l'instinct capitulard" du RN.

Il a par ailleurs demandé l'accélération du processus d'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne" et appelé la France à "reconsidérer (sa) position" sur "les avoir russes gelés".

Deux options que le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot a écartées. La confiscation représenterait un "risque financier trop important" et il n'y a "pas de raccourci possible" pour rejoindre l'UE, a-t-il argué.

Le président du groupe socialiste Boris Vallaud a, lui, prôné "un grand emprunt commun de 500 milliards" d'euros en Europe, avec des règles budgétaires "revues", et demandé en France que la loi de programmation militaire soit "actualisée".

- Plan franco-britannique -

Dimanche à Londres, le Premier ministre britannique Keir Starmer a indiqué que le Royaume-Uni et la France travaillaient avec l'Ukraine sur un plan pour "cesser les combats".

Dans Le Figaro, Emmanuel Macron a évoqué une trêve "dans les airs, sur les mers et les infrastructures énergétiques". A ce stade, ce n'est qu'une "option", a cependant relativisé Londres lundi matin.

Le président français a par ailleurs estimé que l'Union européenne doit mobiliser "200 milliards d'euros dans un premier temps" pour financer l'effort militaire, et que ses 27 membres doivent porter leur effort de défense autour de 3% à 3,5% de leur produit intérieur brut (PIB) contre 2% aujourd'hui.

Cette montée en puissance sera à l'ordre du jour d'un sommet jeudi à Bruxelles.

- Désaccords sur la table -

Une fois n'est pas coutume, le chef de l'Etat peut compter sur l'appui du Parti socialiste, dont le leader Olivier Faure a dit lundi "se retrouver parfaitement" dans ce qu'il propose.

A droite, le chef des députés LR Laurent Wauquiez a jugé dimanche "indispensable de parler" avec Vladimir Poutine pour "restaurer la paix".

Un rare point commun avec le numéro un du Parti communiste Fabien Roussel, qui ne veut "pas laisser Trump et Poutine discuter ensemble" et "sceller un accord sur le dos des Européens".

La France insoumise avait dénoncé, par la voix de son leader Jean-Luc Mélenchon, la "servilité atlantiste" des dirigeants européens qui ont "diabolisé Poutine". "Nous voici dans une situation de dépendance à l’égard des Etats-Unis qui est critique, et nous n’en sortirons pas sans une volonté ferme et un plan clair", a renchéri lundi le député LFI Aurélien Saintoul.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


France : face au revirement américain, Macron relance le débat sur une dissuasion européenne

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  • Cependant, le scénario d'une dissuasion nucléaire européenne se heurte à de nombreux obstacles, dont l'autonomie de décision revendiquée par la France dans ce domaine. Depuis son origine dans les années 1960, la dissuasion française voulue par le général
  • Cependant, le scénario d'une dissuasion nucléaire européenne se heurte à de nombreux obstacles, dont l'autonomie de décision revendiquée par la France dans ce domaine.

PARIS : Face au spectaculaire rapprochement des États-Unis de Donald Trump avec la Russie, Emmanuel Macron a remis sur la table l'idée très sensible d'un partage de la dissuasion nucléaire française au niveau européen, qui divise la classe politique.

Le président français, à la tête d'une des deux puissances nucléaires en Europe avec le Royaume-Uni, s'est dit prêt à « ouvrir la discussion » sur une dissuasion nucléaire européenne, après l'affrontement verbal entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky vendredi à Washington. Cet affrontement laisse craindre un désengagement des États-Unis en Ukraine et une rupture historique de leur alliance avec les Européens.

Emmanuel Macron répondait au futur chancelier allemand Friedrich Merz, qui a jugé nécessaire que l'Europe se prépare « au pire scénario », celui d'une Otan dépourvue de la garantie de sécurité américaine, y compris nucléaire.

Marine Le Pen, leader du Rassemblement national (RN, extrême droite), considère toutefois que les États-Unis restent « évidemment » un allié de la France au sein de l'Otan (Organisation du traité de l'Atlantique nord), cette alliance militaire entre pays européens, États-Unis et Canada.

« Sortons-nous de l'Otan ? Non, bien sûr, ceux qui disent cela ne sont pas des gens raisonnables. »

- « Servilité atlantiste » -

Et donc, la dissuasion nucléaire de la France doit rester « française » et « on ne doit pas la partager », a-t-elle estimé samedi en marge du Salon de l'agriculture, en minimisant la portée des échanges très tendus entre le président américain et son homologue ukrainien, la veille dans le Bureau ovale. « C'est assez normal », a-t-elle estimé, parce que « le chemin de la paix est un chemin qui est difficile ».

Sans se prononcer directement sur la dissuasion nucléaire, le chef de file de La France insoumise (LFI, gauche radicale) Jean-Luc Mélenchon a estimé sur son blog qu'il fallait « faire obstacle » à « l'Europe de la défense ».

Selon lui, les Européens ont reçu avec cette altercation Trump-Zelensky ce qu'ils méritaient. La « servilité atlantiste » des Européens est « payée par un mépris qui les laisse transis de peur ».

Sans surprise, l'idée d'un partage de la dissuasion est soutenue par les plus pro-européens au sein de la classe politique. « Les ennemis de l'Europe doivent savoir que nos partenaires, ceux qui partagent nos valeurs, bénéficient du parapluie nucléaire français », a estimé sur la radio France Inter Valérie Hayer, ex-candidate du camp présidentiel aux élections européennes et actuelle présidente du groupe Renew (centristes) au Parlement européen.

« La France a un rôle immense à jouer parce qu'elle est la seule puissance dotée de l'arme nucléaire de l'Union européenne, parce qu'elle a une industrie de défense puissante », a abondé sur le média audiovisuel franceinfo l'eurodéputé social-démocrate Raphaël Glucksmann.

« Nous changeons d'époque », a souligné sur X l'ancien Premier ministre Michel Barnier (LR, droite) qui, sans évoquer le nucléaire, plaide pour un « aggiornamento stratégique » en Europe, avec par exemple la création d'un « conseil de sécurité européen ».

- Autonomie de décision -

Une quinzaine de dirigeants européens doivent se retrouver lors d'un sommet dimanche à Londres, auquel participera le président ukrainien. Ils y aborderont les actions à mener concernant l'Ukraine et la sécurité, et sans doute s'interrogeront-ils sur leurs alliances.

Cependant, le scénario d'une dissuasion nucléaire européenne se heurte à de nombreux obstacles, dont l'autonomie de décision revendiquée par la France dans ce domaine.

Depuis son origine dans les années 1960, la dissuasion française voulue par le général de Gaulle se veut complètement indépendante et repose sur l'appréciation par un seul homme, le président de la République, d'une menace contre les intérêts vitaux du pays.

En février 2020, Emmanuel Macron avait mis en avant « la dimension authentiquement européenne » des intérêts vitaux français, suscitant des débats. Vendredi, il a en même temps relevé que « sa doctrine nucléaire garde un certain mystère parce que l'ambiguïté fait partie de son efficacité ».

La France ne va donc pas dévoiler par avance où elle pourrait frapper, « c'est le choix du chef des armées », c'est-à-dire du président, a-t-il ajouté.

L'idée d'une dissuasion nucléaire européenne pose aussi la question de la crédibilité d'un parapluie franco-britannique. Selon l'institut Sipri, la France dispose de 290 têtes nucléaires, le Royaume-Uni de 225, contre 3 708 pour les États-Unis.

 


Après le passage du cyclone Garance, La Réunion sous le choc

Cette photographie montre le passage de la pluie et du vent sur une route à Saint-Paul de La Réunion, sur l'île française de La Réunion, dans l'océan Indien, le 28 février 2025. (AFP)
Cette photographie montre le passage de la pluie et du vent sur une route à Saint-Paul de La Réunion, sur l'île française de La Réunion, dans l'océan Indien, le 28 février 2025. (AFP)
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  • L'île de La Réunion, sous alerte rouge jusqu'à samedi matin, commencent à mesurer l'ampleur des dégâts au lendemain du passage du cyclone Garance

Saint-Denis de la Réunion, France: Arbres arrachés, voitures emportées par les flots, routes et électricité coupées: l'île de La Réunion, sous alerte rouge jusqu'à samedi matin, commencent à mesurer l'ampleur des dégâts au lendemain du passage du cyclone Garance, qui a provoqué la mort de quatre personnes.

A Saint-Gilles-les-Bains, une ville balnéaire de la côte ouest de l’île, la ravine est sortie de son lit. Les flots déchaînés ont submergé la route, la faisant s’effondrer sur plusieurs mètres.

"Nous n’avons plus d’électricité depuis ce moment-là, les lignes à haute tension ont été déterrées par les flots, je ne sais pas quand ça va pouvoir être réparé", déplore Louis Fontaine, 66 ans, habitant de la commune.

Une fois sorti de son lit, le cours d’eau boueux a envahi tout le centre-ville de Saint-Gilles. Depuis 06H00 samedi matin, bien avant la levée de l’alerte rouge, les employés des services communaux ont commencé à déblayer la boue des rues.

L'alerte rouge, ordonnant le confinement de la population, a été levée samedi à 10H00 locales (07H00 à Paris). Le phénomène météorologique Garance a été déclassé au stade de forte tempête tropicale.

L'aéroport Roland-Garros, à l'est de Saint-Denis (nord), sera rouvert samedi partir de 18H30 (15H30 à Paris).

Le bilan "nous montre combien il faut être prudent alors que le danger n'est pas terminé", a souligné vendredi soir le préfet de l'île, Patrice Latron.

Le passage de ce cyclone, "brutal et violent" selon les termes du représentant de l'État, s'est en effet soldé par le décès de quatre personnes.

- Une île "défigurée" -

Une femme a été emportée par les eaux à Saint-Denis et un homme tué, également dans la commune chef-lieu de La Réunion, dans un incendie d'origine électrique. Une femme a elle été ensevelie par une coulée de boue à Trois Bassins, commune de l'ouest de l'île.

La préfecture a annoncé samedi matin le décès d'une quatrième personne, "un homme coincé sous un arbre" à Saint-Denis.

Samedi matin, quelque 953 personnes étaient réparties dans des centres d'hébergement et 160.000 restaient privées d'électricité, selon un point de la préfecture à 11H00 locales.

Plus de 310.000 habitants sont toujours privés d'eau potable et 139.000 de réseau internet.

"Il va y avoir beaucoup de travaux de remise en état: beaucoup de routes sont encombrées par des branchages, voire par des arbres en travers de la route, des routes sont inondées, des routes sont coupées, emportées, des ponts sont coupés", décrit le préfet de l'île.

Le préfet continue d'appeler à la "prudence" et prévient les plus de 880.000 habitants que compte l'île que le "monde" que "nous redécouvrirons" samedi sera "encore défiguré par Garance".

"Ce phénomène a été plus violent que Belal", en 2024, selon lui. Le cyclone Belal, qui s'était abattu sur La Réunion le 15 janvier 2024, avait provoqué la mort de quatre personnes et fait 100 millions d'euros de dégâts, selon les chiffres de France assureurs.

Pendant le passage du cyclone vendredi, Météo-France a relevé des rafales de vent soufflant à 214 km/h à l'aéroport situé au nord de l'île et de 230 km/h sur le piton Sainte-Rose à l'extrême est.

De très fortes pluies orageuses ont également balayé l'île.

Dans un gymnase de Saint-Denis, où sont hébergés des habitants sinistrés, Marie-Pierrette Narsou confie sa peur: "Là c'était méchant, (...) moi ça m'a un peu traumatisé".

Christophe Jacquey s'inquiète lui de ne pas avoir de nouvelles de proches, "parce que les téléphones ne passent pas, le réseau internet ne marche plus".

Le centre d'accueil se prépare à héberger plus de monde dans les prochaines heures.

"Alors ça a été assez violent, on a eu beaucoup de pluie, beaucoup de vent donc les gens se sont un petit peu regroupés, assez inquiets, on a essayé de les contenir à l'intérieur, leur donner des jeux, on leur a fait un petit déjeuner, on les a laissés se réveiller tranquillement, en douceur, mais c'est vrai qu'ils étaient quand même pas mal inquiets", explique à l'AFP Eric Sautron, responsable du centre d'hébergement de Champ Fleuri.

- Renforts attendus -

Sur les réseaux sociaux, des vidéos montrent des rues totalement inondées avec parfois des torrents d'eau dévalant les pentes, notamment à Saint-Denis et à Saint-André (est de La Réunion). D'autres vidéos montrent des voitures emportées.

"Nos armées se tiennent prêtes à assister les services de l'État et soutenir la population", a posté sur X le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, précisant que le pont aérien toujours en place entre La Réunion et Mayotte, frappé par le cyclone Chido mi-décembre, "sera maintenu afin d'acheminer pompiers, gendarmerie, véhicules et fret réunionnais actuellement déployés sur l'archipel mahorais".

"Deux vagues de renforts nationaux sont prévues pour venir en aide à la population", a annoncé vendredi soir sur X Bruno Retailleau.

Samedi matin, "103 sapeurs-pompiers de la sécurité civile, accompagnés de cinq tonnes de matériel actuellement à Mayotte, arriveront à La Réunion", a détaillé le ministre de l'Intérieur.

Et dimanche, "100 personnels de la sécurité civile (50 pompiers et 50 militaires) partiront de métropole", a assuré M. Retailleau.

Floris Carpaye de la FDSEA, syndicat agricole majoritaire à La Réunion, se désole: "Toutes les filières agricoles ont été impactées, mais le maraîchage est peut être le secteur qui a été le plus touché, les serres ont volé, les plants de légumes ont été noyés, c’est une véritable catastrophe".

"Ca va se chiffrer en dizaines de millions d’euros", redoute M. Carpaye.

Le groupement hospitalier Est Réunion a lui aussi annoncé avoir "subi des dégâts majeurs".