PARIS : Le candidat Emmanuel Macron a appelé samedi, lors d'un meeting géant ayant un accent plus social, à la "mobilisation générale" contre les "extrémismes" et le "grand rabougrissement" face à la forte poussée dans les sondages de Marine Le Pen qui mène campagne sur le pouvoir d'achat.
Après un début de campagne à minima, ce premier grand rassemblement intervient au moment où le président sortant s'effrite dans les intentions de vote au premier tour, même s'il reste en tête, et que son entourage s'inquiète du resserrement (53/47%) dans les sondages de l'écart avec la candidate d'extrême droite au deuxième tour.
Pour les 12 prétendants à l'Elysée, c'est le dernier week-end de meetings avant le premier tour le 10 avril. Le communiste Fabien Roussel était près de Lyon pour appeler à "voter efficace", l'insoumis Jean-Luc Mélenchon, donné 3ème dans les sondages, rassemblera dimanche ses partisans à Toulouse et Valérie Pécresse (LR) les siens à Paris.
«Progrès contre repli»
"C’est le combat du progrès contre le repli, le combat du patriotisme et de l’Europe contre les nationalistes. Les choix d’avril sont simples, au fond", a résumé Emmanuel Macron à la fin d'un discours de près de 2H30 devant 30.000 sympathisants brandissant des drapeaux français et européens à l'Arena de Nanterre (Hauts-de-Seine), la plus grande salle couverte d'Europe.
Entré tardivement en campagne, très occupé par la guerre en Ukraine et son mandat de président en exercice du Conseil de l'UE, il a tenu à dissiper chez ses partisans un excès de confiance: "Ne croyez pas les sondages ou les commentateurs qui seraient formels, qui vous disent que (la défaite, ndlr) c’est impossible, impensable. Que l’élection est déjà jouée, que tout va bien se passer".
En plus de mobiliser ses sympathisants, qui pourraient être tentés par l'abstention, il a appelé au "dépassement politique", invitant "ceux de la social-démocratie au gaullisme, en passant par les écologistes qui ne [l’]ont pas encore rejoint, à le faire". Comme une première esquisse de "front républicain" face à l'extrême droite.
Il a aussi mis l'accent sur deux domaines frappés de plein fouet par la pandémie de Covid-19, l'éducation car "l’ascenseur social reste encore trop en panne" et la santé, un domaine "où nous devons aller plus loin".
Emmanuel Macron est revenu sur ses promesses de baisse des impôts et de retour au plein emploi tout en défendant son projet de RSA conditionné à des heures d'activité. Et ceux "trop abimés par la vie" continueront à être aidés "inconditionnellement", a-t-il promis. Cette réforme du RSA avait été très critiquée par ces adversaires, tant à gauche qu'à l'extrême droite.
Il a de nouveau défendu le recul de l'âge de la retraite à 65 ans, une promesse également sous le feu des critiques. "Ne croyez pas ceux qui vous expliquent qu'ils feront la retraite à 60 ans ou à 62 ans, (..) et que tout ira bien, ce n'est pas vrai", a-t-il martelé, visant clairement Marine le Pen.
"Bon courage à ceux qui, face à la Russie, prônent le grand repli et bon courage à ceux qui, face au retour des empires et aux défis des temps défendent le +grand rabougrissement+", a-t-il lancé contre le leitmotiv du "grand remplacement" de l'autre candidat d'extrême droite Eric Zemmour.
«Rendre leur argent»
Les autres candidats n'ont pas tardé à réagir au meeting du candidat Macron.
Marine Le Pen a accusé M. Macron, qualifié de "président des riches" par ses détracteurs, d'avoir financé la suppression de l'ISF "en taxant le carburant, le gaz, le fioul et l'électricité de tous les ménages", promettant de rendre "leur argent aux Français".
Le candidat insoumis a ironisé sur "un long déballage notarial cousu de satisfécits improbables", dénonçant des "menaces sociales pour le futur".
Quant à Eric Zemmour, cible du candidat Macron même s'il n'a pas prononcé son nom, il a lancé: "Qu'il vienne débattre. Il lui reste 7 jours pour faire semblant d'avoir fait campagne"; affirmant que le président sortant "nous laisse une France tiersmondisée".
"Macron nous vole nos slogans. Décidément, ces gens osent tout", s'est étranglé le candidat d'extrême gauche Philippe Poutou lorsqu’Emmanuel Macron en évoquant le scandale des Ehpads a dit: "nos vies, leurs vies, valent plus que tous les profits".
Auparavant, Éric Zemmour a appelé samedi à Marseille les électeurs LR, qu'il estime "trahis", à voter pour lui, avant de se faire dégager plus tard d'un city stade où il s'était invité sans avertir de la présence de caméras.
Fabien Roussel a lui défendu à Villeurbanne (Rhône) le "vote efficace, de conviction", rejetant de nouveau l'idée d'un vote utile en faveur de Jean-Luc Mélenchon.