Présidentielle: Face à la poussée Le Pen, Macron fustige les «extrémismes»

Emmanuel Macron s'exprime lors de son premier meeting de campagne à la Paris La Défense Arena, à Nanterre, en périphérie de Paris, le 2 avril 2022 (Photo, AFP ).
Emmanuel Macron s'exprime lors de son premier meeting de campagne à la Paris La Défense Arena, à Nanterre, en périphérie de Paris, le 2 avril 2022 (Photo, AFP ).
Short Url
Publié le Dimanche 03 avril 2022

Présidentielle: Face à la poussée Le Pen, Macron fustige les «extrémismes»

  • Ce premier grand rassemblement intervient au moment où le président sortant s'effrite dans les intentions de vote au premier tour
  • Pour les 12 prétendants à l'Elysée, c'est le dernier week-end de meetings avant le premier tour le 10 avril

PARIS : Le candidat Emmanuel Macron a appelé samedi, lors d'un meeting géant ayant un accent plus social, à la "mobilisation générale" contre les "extrémismes" et le "grand rabougrissement" face à la forte poussée dans les sondages de Marine Le Pen qui mène campagne sur le pouvoir d'achat.

Après un début de campagne à minima, ce premier grand rassemblement intervient au moment où le président sortant s'effrite dans les intentions de vote au premier tour, même s'il reste en tête, et que son entourage s'inquiète du resserrement (53/47%) dans les sondages de l'écart avec la candidate d'extrême droite au deuxième tour.

Pour les 12 prétendants à l'Elysée, c'est le dernier week-end de meetings avant le premier tour le 10 avril. Le communiste Fabien Roussel était près de Lyon pour appeler à "voter efficace", l'insoumis Jean-Luc Mélenchon, donné 3ème dans les sondages, rassemblera dimanche ses partisans à Toulouse et Valérie Pécresse (LR) les siens à Paris.

«Progrès contre repli»

"C’est le combat du progrès contre le repli, le combat du patriotisme et de l’Europe contre les nationalistes. Les choix d’avril sont simples, au fond", a résumé Emmanuel Macron à la fin d'un discours de près de 2H30 devant 30.000 sympathisants brandissant des drapeaux français et européens à l'Arena de Nanterre (Hauts-de-Seine), la plus grande salle couverte d'Europe.

Entré tardivement en campagne, très occupé par la guerre en Ukraine et son mandat de président en exercice du Conseil de l'UE, il a tenu à dissiper chez ses partisans un excès de confiance: "Ne croyez pas les sondages ou les commentateurs qui seraient formels, qui vous disent que (la défaite, ndlr) c’est impossible, impensable. Que l’élection est déjà jouée, que tout va bien se passer".

En plus de mobiliser ses sympathisants, qui pourraient être tentés par l'abstention, il a appelé au "dépassement politique", invitant "ceux de la social-démocratie au gaullisme, en passant par les écologistes qui ne [l’]ont pas encore rejoint, à le faire". Comme une première esquisse de "front républicain" face à l'extrême droite.

Il a aussi mis l'accent sur deux domaines frappés de plein fouet par la pandémie de Covid-19, l'éducation car "l’ascenseur social reste encore trop en panne" et la santé, un domaine "où nous devons aller plus loin".

Emmanuel Macron est revenu sur ses promesses de baisse des impôts et de retour au plein emploi tout en défendant son projet de RSA conditionné à des heures d'activité. Et ceux "trop abimés par la vie" continueront à être aidés "inconditionnellement", a-t-il promis. Cette réforme du RSA avait été très critiquée par ces adversaires, tant à gauche qu'à l'extrême droite.

Il a de nouveau défendu le recul de l'âge de la retraite à 65 ans, une promesse également sous le feu des critiques. "Ne croyez pas ceux qui vous expliquent qu'ils feront la retraite à 60 ans ou à 62 ans, (..) et que tout ira bien, ce n'est pas vrai", a-t-il martelé, visant clairement Marine le Pen.

"Bon courage à ceux qui, face à la Russie, prônent le grand repli et bon courage à ceux qui, face au retour des empires et aux défis des temps défendent le +grand rabougrissement+", a-t-il lancé contre le leitmotiv du "grand remplacement" de l'autre candidat d'extrême droite Eric Zemmour. 

«Rendre leur argent»

Les autres candidats n'ont pas tardé à réagir au meeting du candidat Macron. 

Marine Le Pen a accusé M. Macron, qualifié de "président des riches" par ses détracteurs, d'avoir financé la suppression de l'ISF "en taxant le carburant, le gaz, le fioul et l'électricité de tous les ménages", promettant de rendre "leur argent aux Français".

Le candidat insoumis a ironisé sur "un long déballage notarial cousu de satisfécits improbables", dénonçant des "menaces sociales pour le futur".

Quant à Eric Zemmour, cible du candidat Macron même s'il n'a pas prononcé son nom, il a lancé: "Qu'il vienne débattre. Il lui reste 7 jours pour faire semblant d'avoir fait campagne"; affirmant que le président sortant "nous laisse une France tiersmondisée".

"Macron nous vole nos slogans. Décidément, ces gens osent tout", s'est étranglé le candidat d'extrême gauche Philippe Poutou lorsqu’Emmanuel Macron en évoquant le scandale des Ehpads a dit: "nos vies, leurs vies, valent plus que tous les profits".

Auparavant, Éric Zemmour a appelé samedi à Marseille les électeurs LR, qu'il estime "trahis", à voter pour lui, avant de se faire dégager plus tard d'un city stade où il s'était invité sans avertir de la présence de caméras. 

Fabien Roussel a lui défendu à Villeurbanne (Rhône) le "vote efficace, de conviction", rejetant de nouveau l'idée d'un vote utile en faveur de Jean-Luc Mélenchon.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
Short Url
  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Short Url
  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Short Url
  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".