NANTERRE : En France, le président-candidat Emmanuel Macron a galvanisé ses troupes samedi lors d'un meeting géant près de Paris afin de conforter sa position de favori à la présidentielle face à la poussée dans les sondages de Marine Le Pen, une candidate d'extrême droite
Plus que pour le premier tour, où il est toujours en tête des intentions de vote, son entourage s'inquiète du resserrement de l'écart avec Mme Le Pen au second tour, plusieurs études le donnant vainqueur à 53% contre 47% pour son adversaire.
"La mobilisation, c'est maintenant", a lancé le chef de l'Etat, appelant à aller aux urnes face à la perspective d'une éventuelle défaite complètement improbable il y a une semaine encore, quand il comptait 12 points d'avance sur sa rivale.
Devant plus de 30.000 personnes, il a longuement abordé la question du pouvoir d'achat -- principale préoccupation des Français dont Mme Le Pen a fait son cheval de bataille --, promettant "dès cet été" le triplement de la "prime Macron" pouvant aller "jusqu’à 6.000 euros, sans charge ni impôt".
Le chef de l'Etat s'est ensuite dit en faveur d'une retraite minimale à 1.100 euros pour les personnes ayant réalisé une carrière complète, ainsi que le recrutement de 50.000 soignants et infirmiers pour s'occuper des personnes âgées dépendantes.
Mais "il n'y pas d'argent magique" pour "financer tout cela", a-t-il prévenu, hostile à une augmentation des impôts et à un creusement de la dette. "Il faudra travailler plus et d'abord travailler plus longtemps parce que nous vivons plus vieux", a indiqué M. Macron, qui souhaite passer le départ à la retraite à 65 ans progressivement d'ici 2032, une mesure impopulaire.
Le président-candidat est parti très tardivement en campagne, happé par la guerre en Ukraine. Un conflit dans lequel il s'est fortement investi diplomatiquement, ce qui a dans un premier temps conforté sa stature présidentielle dans les sondages.
Mais pendant ce temps, Marine Le Pen a poursuivi sa campagne de terrain loin des métropoles, labourant des terres où les électeurs se sentent parfois délaissés.
«Président des riches»
Emmanuel Macron, parfois perçu comme de "président des riches" en accointance avec le monde de la finance, doit en outre faire face à la controverse provoquée par les informations sur le recours sous son mandat par les pouvoirs publics à des cabinets de conseil.
Les sondages sur les intentions de vote au second tour le 24 avril le donnent toujours vainqueur face à Mme Le Pen, comme lors du 2e tour de 2017, mais avec un score beaucoup plus étriqué qui se situe dans la marge d'erreur.
"A la même époque en 2017, elle était à 40, 41% face à Emmanuel Macron dans les sondages de 2e tour. Aujourd'hui elle est entre 46 et 47%, donc il y a une vraie progression", relevait vendredi soir sur la télévision France 5 le politologue Jérôme Fourquet.
Vendredi, en déplacement dans l'Est, la candidate d'extrême droite s'est dite "sereine", elle qui a largement poli son image ces dernières années et a été recentrée sur l'échiquier politique par l'irruption d'un autre candidat d'extrême droite, Eric Zemmour, plus radical qu'elle.
Cet ex-polémiste s'est encore une fois distingué samedi en visitant un marché aux puces sauvage d'un quartier populaire de Marseille (Sud), qui illustre selon lui le "grand remplacement", concept complotiste dénonçant une prétendue substitution organisée parle pouvoir des populations autochtones européennes par des immigrés notamment africains.
"Ici on a importé le tiers-monde et on a le tiers monde", a notamment lancé M. Zemmour devant ce marché de "biffins" où les vendeurs disposaient les objets, bric et broc à même le sol pour trois fois rien.
Sans le nommer, M. Macron a pourfendu lors de son meeting les tenants du "grand rabougrissement".
Troisième des sondages avec 15-16% des intentions de vote et éventuellement seul a même d'empêcher un second tour Macron-Le Pen, le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a renvoyé les deux favoris dos à dos samedi à Paris.
"Le Pen présente la même fragilité que M. Macron, leur profonde indifférence à la maltraitance sociale", donc "on va convaincre, beaucoup de choses vont bouger" et "le vote est plus ouvert que beaucoup le pensent", a-t-il espéré.