CASABLANCA: Une symphonie musicale peut adoucir les mœurs et apaiser les cœurs. L'ocytocine aussi.
Pour apporter une preuve supplémentaire de l'effet sur le corps et l'esprit de cette hormone, des scientifiques ont pulvérisé en Afrique du Sud l'ocytocine sur le museau de lions pendant plusieurs années. L'effet de la substance les a rendu plus amicaux, moins rugissants et moins hostiles à leurs congénères qu'ils n'ont jamais connus.
L'étude a été publiés dans la revue iScience du groupe Cell le 30 mars 2022. Jessica Burkhart, neuroscientifique et auteure principale des travaux a expliqué dans son article qu'ils développent des liens sociaux et qu'ils ont l'habitude de vivre en groupe. Ce qui est loin d'être le cas pour tous les félins de la savane. Les léopards et les guépards sont à l'inverse très solitaires. C'est pourquoi le lion a été choisi pour tester l'ocytocine.
Ocytocine
Après nombre d'hormones étudiées, la dopamine, la phényléthylamine ou encore la sérotonine, la littérature scientifique cerne, désormais, de mieux en mieux les particularités génétiques de l'ocytocine qui favorise l'attachement, la confiance et le lien conjugal.
L'hormone renforce les liens sociaux. Elle s'observe de façon plus marquée dans le cerveau d'une mère regardant les yeux de son nouveau-né, provoquant un sentiment de bonheur et de bien-être.
Dans le cadre de certaines thérapies proposées par la psychologie cognitive, des praticiens proposent à des couples confrontés à des tensions conjugales de se regarder droit dans les yeux, pour libérer de l'ocytocine.
L'ocytocine vue par la médecine
Selon la revue médicale suisse, l'hormone se comporte dans le cerveau comme un neuropeptide. Elle pourrait inhiber, l’activité de l’amygdale limbique qui est impliquée dans la détection de la peur. Parallèlement, elle favorise le comportement protecteur de la mère envers ses petits, via le système dopaminergique. Chez l’homme, on a mis en évidence un effet de l’ocytocine sur la confiance, l’empathie, la générosité, la sexualité, le lien conjugal et social et la réactivité aux stress. Des études cliniques commencent à tester l’effet bénéfique possible de l’ocytocine dans des cas d’autisme, de phobie sociale et de dépression. Toutefois, les résultats sont encore préliminaires
Etude
L'expérience s'est déroulé en Afrique du Sud. 23 lions ont été inclus dans l'étude, 9 mâles et 14 femelles. Ils ont été appâtés par des morceaux de viande. Des chercheurs ont pu, ainsi, pulvériser l'hormone sur le museau des animaux à l'aide d'un spray. Trois types d'expériences ont ensuite été menés.
Les lions ont été mis en présence de leur jouet favori après avoir reçu l'ocytocine ou le placebo pour tester l'évolution de leur attachement. Les félins ayant reçu le traitement se tenaient plus près, les uns des autres: 3,5 mètres au lieu de 7 mètres.
Lors de la deuxième expérience, des enregistrements de rugissements ont été entendus par les lions quelques instants après l'administration du traitement ou du placébo pour comparer leur vigilance. Les lions traités à l'ocytocine restaient calmes, tandis que ceux qui ne l'étaient pas rugissaient après l'administration du spray.
Lors de la dernière expérience, les félins ont été mis en compétition pour obtenir de la nourriture pour tester leur tolérance et leur combativité. En ce cas, aucune différence notable n'a pu être mise en évidence.
Des effets similaires ont été observés pour étudier la relation entre des humains et leurs chiens.
L’ocytocine pourrait rendre la progéniture plus sociable Campagnols des Prairies monogames
Les chercheurs de l’Indiana University ont d’abord observé que l’administration de l'hormone à des femelles enceintes sur le point d’accoucher entraînait une augmentation de l'ocytocine dans le sang des foetus.
Devenus adultes après leur 50e jour suivant leur naissance ils prodiguaient davantage de soins à leur congénères qui ne leur étaient pas directement apparentés.
Ils passaient, également, moins de temps en solitaire, en cherchant davantage à se blottir contre des congénères adultes que les descendants de mères n’ayant pas été traitées
Salut et inquiétude
Selon l'auteur principal de l'étude le traitement pourrait aider les lions, remis dans la nature, à s'adaptent plus aisément à leur nouvel environnement social, en les rendant plus curieux et moins craintifs.
Mais, bien que la préservation de leur habitat naturel soit une priorité, certaines craintes ne sont pas à écarter. Des propriétaires de zoos pourraient aussi, à l'avenir, à l'instar des pratiques mises en lumières dans la série documentaire "Au royaume des fauves" , avoir recours à ces traitement pour amadouer les visiteurs, leur permettant plus facilement de caresser derrière leurs grillages, les animaux sauvages.