Présidentielle: Macron en terre socialiste, début de la campagne officielle

Entré tardivement en campagne et très mobilisé par la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron est revenu lundi sur le terrain, en se déplaçant à Dijon (Photo, AFP).
Entré tardivement en campagne et très mobilisé par la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron est revenu lundi sur le terrain, en se déplaçant à Dijon (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 29 mars 2022

Présidentielle: Macron en terre socialiste, début de la campagne officielle

  • À treize jours du premier tour le 10 avril, rien n'est joué dans cette campagne atypique marquée par les répercussions de la guerre en Ukraine et la pandémie de la Covid
  • Les sondages se succèdent pourtant et placent invariablement en tête le président sortant

PARIS : Le président-candidat en terre socialiste, suite de la polémique sur les "Macron assassin" lancés lors d'un meeting d'Eric Zemmour: la campagne pour la présidentielle est entrée lundi dans sa dernière ligne droite, avec son lot de coups et des règles officielles d'égalité de temps de parole.

À treize jours du premier tour le 10 avril, rien n'est joué dans cette campagne atypique marquée par les répercussions de la guerre en Ukraine et la pandémie de la Covid. Près de quatre électeurs sur dix qui sont sûrs d'aller voter n'ont pas encore fait leur choix, ce qui accentue encore l'incertitude.

Les sondages se succèdent pourtant et placent invariablement en tête le président sortant (environ 28%) mais il est en baisse depuis plusieurs jours. La candidate d'extrême droite Marine Le Pen, donnée en deuxième position dans les intentions de vote, grappille au contraire quelques précieux points dans les enquêtes d'opinion, dépassant parfois la barre des 20%. 

Celle-ci est talonnée par le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon (14%), l'ex-polémiste Eric Zemmour et la candidate de la droite Valérie Pécresse se disputant les quatrième et cinquième places avec environ 11% des intentions de vote.

«Deux jambes»

Entré tardivement en campagne et très mobilisé par la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron est revenu lundi sur le terrain, en se déplaçant à Dijon, ville dirigée par le socialiste François Rebsamen qui a rallié le candidat. Et s'est défendu de mener une politique de droite.

"Quand on marche, il faut deux jambes, la droite et la gauche, et il faut mettre l'une après l'autre pour pouvoir avancer", a expliqué le président-candidat partisan du "en même temps", une semaine après avoir présenté un programme qui a été considéré par certains comme penchant à droite. 

Selon lui, la France "a besoin" à la fois de "mesures de couleur de droite" et "de gauche". Il a toutefois été vivement interpellé sur le pouvoir d'achat, priorité numéro un des Français, avec la flambée des prix de l'énergie.

Donné favori par les enquêtes d'opinion depuis des mois, le président candidat a jusqu'à présent mené une campagne a minima, avec deux rencontres avec le public, à Pau et à Poissy, et organise son premier, et peut-être dernier, grand meeting samedi à l'Arena de Paris. Un deuxième déplacement devrait avoir lieu jeudi.

Emmanuel Macron a aussi profité des micros tendus pour dénoncer comme "une indignité" le fait que l'ex-polémiste d'extrême droite Eric Zemmour a laissé la foule scander "Macron assassin" lors de son meeting dimanche sans réagir. 

Il a conseillé au "candidat malentendant" de profiter de la réforme permettant le remboursement des prothèses auditives. 

Jean-Luc Mélenchon a renvoyé ses deux adversaires dos à dos: "Insulter à partir d'un handicap, on en est encore là en 2022? Décidément! Pas un pour rattraper l’autre!", a tweeté le candidat LFI, qui avait réuni dimanche des milliers de personnes à Marseille. 

Emmanuel Macron "voit tout de son Olympe, il fait des blagues minables", "il a raison Jean-Luc Mélenchon de dénoncer cela, c'est une blague de mauvais goût qui ne plaira pas aux malentendants", a renchéri Eric Zemmour. Selon son entourage, il n'a "pas entendu" le slogan, "condamne ce qu'a dit la foule à ce moment-là" et ne reprend pas "l’expression à son compte".

De son côté, Valérie Pécresse a indiqué sur Europe 1 n'avoir plus de symptômes de la Covid et se déplacera dans les Hauts-de-France mardi pour relancer sa campagne.

Jean Lassalle veut «accentuer le statut d'autonomie» en Corse

En campagne en Corse, Jean Lassalle s'est présenté lundi en "homme de paix" en marge d'une signature de livres à Ajaccio, expliquant vouloir pour l'île de Beauté "accentuer le statut d'autonomie" en maîtrisant notamment "le foncier".

"D'abord, je viens respirer en Corse", a déclaré aux médias le candidat du mouvement "Résistons". "Je trouve ici une forme d'authenticité et de vérité et je sais combien vous êtes touchés en ce moment et combien l'accident, je ne sais comment il faut l'appeler (en référence à la mort d'Yvan Colonna: NDLR), fait rejaillir tout ce qu'il y a pu y avoir de difficile et de douloureux sur cette île alors que tant de progrès ont été réalisés par ailleurs".

"Pour la Corse, je pense qu'il faut accentuer le statut d'autonomie, indépendamment de ce qui se passe", a ajouté le député des Pyrénées-Atlantiques qui siège à l'Assemblée nationale avec les députés nationalistes corses au sein du groupe "Libertés et Territoires". Il est l'un des candidats qui a obtenu le plus de parrainages de maires en Corse.

Temps de parole et affiches

Temps de parole, affiches officielles, clips: avec le début de la campagne officielle lundi, les candidats sont désormais tenus de respecter des règles drastiques.

Fini les affichages sauvages ou les interviews tous azimuts. Le temps de parole des douze candidats à la présidentielle, du président Macron à la candidate de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud, est désormais décompté selon le principe d'égalité stricte, chacun disposant du même temps d'antenne dans les médias.

Les candidats avoisinant les 1 ou 2% dans les sondages dénoncent cette difficulté à faire entendre leur voix, à l'image de Nicolas Dupont-Aignan qui a affirmé lundi sur France Inter qu'il menait "probablement" sa dernière campagne présidentielle.

Lundi a aussi marqué le début des clips de campagne sur les radios et télévisions, ainsi que des professions de foi dans les boîtes aux lettres des quelque 48,7 millions de Français inscrits en mars 2022 sur les listes électorales, selon l'Insee.

La campagne officielle se termine le 9 avril à 00h00, soit la veille du scrutin. Le second tour est prévu le 24 avril.


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

Short Url
  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".


Larcher au PS: «censurer à nouveau le gouvernement» serait «irresponsable»

Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Le président du Sénat français Gérard Larcher (C) s'exprime après le discours du Premier ministre français François Bayrou (non vu) au Sénat, la chambre haute du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (AFP)
Short Url
  • Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable"
  • Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi

PARIS: Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé jeudi les socialistes à "la responsabilité", car "censurer à nouveau le gouvernement" serait "une idée irresponsable", alors qu'une réunion cruciale pour trouver un compromis entre Assemblée et Sénat sur le projet de budget de l'État doit s'ouvrir à 9h30.

"Il faut qu'ils mesurent leur responsabilité vis-à-vis du pays", a déclaré Gérard Larcher sur France 2. "Est-ce qu'on peut continuer à être sans budget, avec les conséquences que ça a au quotidien pour les citoyens, pour les collectivités territoriales, pour le monde économique?", a-t-il interrogé.

Si la commission mixte paritaire, composée de sept députés et sept sénateurs, parvient à s'entendre jeudi ou vendredi, le texte de compromis reviendra au vote à l'Assemblée lundi et au Sénat mardi. Dans la chambre basse, le Premier ministre François Bayrou devrait faire usage du 49 alinéa 3 de la Constitution, pour le faire adopter sans vote et donc s'exposer à une motion de censure des députés.

"Est-ce qu'on peut continuer à jouer de cette manière? Je pense que les socialistes sont des gens responsables et qu'à un moment ou un autre, ils marqueront  clairement qu'ils ne sont pas d'accord avec ce budget", a défendu le président du Sénat. "Mais l'idée de censurer à nouveau le gouvernement m'apparaît une idée irresponsable".

Interrogé sur le point d'achoppement spécifique de l'aide médicale d'État (AME) avec la gauche mais aussi les macronistes, qui appartiennent à la coalition gouvernementale, Gérard Larcher a souhaité que la réduction de son enveloppe par le Sénat ne soit pas "caricaturée".

"Bien entendu, les soins d'urgence, les grossesses, la prévention, les vaccins, tout ceci est maintenu", a-t-il assuré, "mais nous réduisons l'enveloppe de l'aide médicale d'État et nous mettons sous condition d'avis médical un certain nombre d'interventions".

La droite souhaite diminuer de 200 millions les crédits alloués à l'AME réservée aux étrangers en situation irrégulière. In fine, la version commune proposée devrait acter cette réduction, selon une source parlementaire.


L’Europe en rangs dispersés face à la déferlante Trump

Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump arrive sur la pelouse sud de la Maison Blanche à Washington, DC, le 27 janvier 2025. (AFP)
Short Url
  • Les Européens ont beau tenter de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour, selon un ancien diplomate français
  • Il craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, en raison de son manque de préparation

PARIS: Ça va mal pour l’Europe. C’est le constat que fait un ancien diplomate français, un peu plus d’une semaine à peine, après l’investiture du président Républicain Donald Trump pour un nouveau mandat à la Maison Blanche.

Durant son premier mandat (2017 à 2021), les dirigeants européens ont certes eu le loisir d’expérimenter ses méthodes brusques unilatérales et souvent provocantes.

Ils ont également compris que toutes ses décisions sont prises sur la seule base des intérêts des États Unis partant du fameux slogan « America first », faisant fi des accords internationaux et bilatéraux ainsi que des intérêts de ses propres alliés.

Pendant ces cinq années, Trump à avancé à la manière d’une déferlante, porté par un courant d’américains protestataires, que certains croyaient éphémère et voué à disparaître sous le poids des frasques présidentielles.

Depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

- Arlette Khouri

Avec sa réélection pour succéder au président démocrate Joe Biden, force est de constater que c’est le contraire qui s’est passé.

Au lieu de se dissiper, le courant protestataire s’est radicalisé, pour devenir un courant idéologique porteur d’une vision bien précise du monde et de la place suprémaciste  des États-Unis à la tête de ce monde.

Les européens ont eu beau tenté de se préparer au retour de la déferlante Trump, ils ne sont toujours pas à jour assure l’ancien diplomate, qui craint que l’Europe ne soit en train de risquer gros, par son manque de préparation.

Or depuis son retour à la Maison Blanche, Trump s’est d’emblée livré à une multitude de coups d’éclat, dont le dernier en date est sa décision de se retirer de nouveau de l’Accord de Paris sur le climat.

Auparavant il avait assuré qu’il est en mesure de régler le conflit ukrainien en 24 heures dans l’ignorance la plus totale des intérêts européens et des menaces que cela peut impliquer au niveau de la sécurité du continent.

Sans tenir compte de leurs capacités économiques, il a sommé les pays européens de consacrer cinq pour cent de leurs revenus au budget de la défense, tout en laissant planer un doute sur l’avenir de l’engagement américain dans le cadre de la sécurité européenne.

Il a réitéré  à souhait son attachement à une mondialisation débridée, privilégiant les marchés et les produits américains, sans écarter une hausse exorbitante des droits de douanes sur les exportations européennes vers les États-Unis.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne.

- Arlette Khouri

Face à cela, souligne la source diplomatique, il faut une Europe homogène, et unifiée au sujet de l’attitude à adopter face au retour de Trump, mais cela est loin d’être le cas, puisque les rangs européens sont plus que jamais dispersés.

Pour comble, le couple franco-allemand qui a pendant de longues années été le moteur qui fait évoluer l’Europe et met un peu d’ordre dans ses rangs est en panne, pour des raisons inhérentes à la mauvaise conjoncture politique aussi bien à Paris qu’à Bonn.

Selon la même source l’Europe diverge et hésite, entre une approche d’apaisement et une approche robuste et défensive.

La présidente de la commission européenne, Ursula Von Der Leyen prône une approche latérale, qui consiste à proposer au président américain « des Deals » conçus de façon à donner à Trump l’impression d’être à son avantage.

La France, indique la source, cherche à dégager un minimum de dénominateurs communs entre les composantes européennes, et une approche commune à minima pour éviter à l’Europe, nombre de revers économiques et politiques dans les cinq années à venir.

Cela semble en tout cas  être l’objectif de la rencontre européenne informelle qui se tiendra à l’initiative de la France au Château Limont, le 3 février prochain, sans aucune garantie de succès, surtout que précise la source, certains pays d’Europe, dont l’Italie et la Pologne, courtisent Trump.

Par ailleurs, cette approche ne fait pas l’unanimité en France, où de nombreuses voix s’élèvent à la faveur d’une politique musclé face aux États-Unis, allant jusqu’à brandir le slogan « œil pour œil et dent pour dent », pour affronter l’agressivité Trumpiste.

La période est cruciale estime l’ancien diplomate, et à défaut d’unité et de préparation, les années à venir risquent d’être une sorte de « vallée de larmes », aussi bien pour l’Europe que pour le reste du monde, lorgné à travers le prisme abrupte et arbitraire du président américain.