Comment l’Arabie saoudite encourage ses petits et moyens entrepreneurs

Outre Monsha’at, Saudi Aramco examine les moyens de diversifier l’économie du Royaume en faisant la promotion de Wa’ed, son programme d’entrepreneuriat. (Shutterstock)
Outre Monsha’at, Saudi Aramco examine les moyens de diversifier l’économie du Royaume en faisant la promotion de Wa’ed, son programme d’entrepreneuriat. (Shutterstock)
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Publié le Dimanche 27 mars 2022

Comment l’Arabie saoudite encourage ses petits et moyens entrepreneurs

  • Monsha’at, pour sa part, alimente les PME en fournissant des plates-formes entrepreneuriales comme les incubateurs d’entreprises et les espaces de coworking
  • Récemment, Monsha’at a souligné que la numérisation connaît une grande croissance dans la région et que les entrepreneurs pourront bientôt tirer parti de ces moyens pour développer et déployer de nouveaux modèles commerciaux

RIYAD: Abir al-Hachem est une femme très active qui dirige une chaîne de glaciers célèbres appelée Nine Soft Serve à Alkhobar. Lorsqu’elle ne s’occupe pas de ses clients, elle élabore des plans d’expansion avec l’un des mentors les plus improbables: Monsha'at, ou l’Autorité générale des petites et moyennes entreprises en Arabie saoudite.

Son aventure est, pour le moins que l’on puisse dire, mouvementée. La femme d’affaires exploite désormais six points de vente au détail – quatre à Riyad et deux à Alkhobar – alors que l’entreprise n’était au début qu’un glacier mobile unique.

Ce qui rend son histoire vraiment inspirante, c’est la façon dont Monsha’at a renversé ses plans d’affaires. Le mentor appartenant à l’État lui a fourni des conseils et des ressources pour élargir ses activités au niveau local et international, notamment en la mettant en contact avec un cabinet de conseil de franchisage.

«L’ensemble du processus commercial est désormais plus simple. Il est si facile de communiquer avec le gouvernement en ligne et, en tant que femme, vous n’avez plus besoin d’un homme pour parler en votre nom», déclare-t-elle.

Attiser le feu

Monsha’at, pour sa part, alimente les PME en fournissant des plates-formes entrepreneuriales comme les incubateurs d’entreprises et les espaces de coworking. L’autorité prend également en charge les remboursements de frais gouvernementaux, les programmes de prêts directs et indirects pour les PME et les licornes à croissance rapide.

L’autorité publique, en collaboration avec le Global Entrepreneurship Network basé aux États-Unis, organise le Congrès mondial de l’entrepreneuriat, auquel participeront plus de 180 pays du 27 au 30 mars 2022. L’événement aura lieu au Centre de conférence international du roi Abdelaziz et à l’hôtel Ritz-Carlton.

«Notre rôle est de fournir des programmes, des services et des initiatives de qualité pour répondre aux besoins fondamentaux des PME qui représentent environ 99,6% de tous les établissements du secteur privé et plus de 60% de tous les employés du secteur privé en Arabie saoudite, afin d’augmenter leur contribution à 35% du produit intérieur brut d’ici à 2030», déclare Saleh Ibrahim al-Rachid, gouverneur de Monsha’at dans le rapport de Global Entrepreneurship Monitor pour 2020-2021.

L’autorité publique, en collaboration avec le Global Entrepreneurship Network basé aux États-Unis, organise le Congrès mondial de l’entrepreneuriat, auquel participeront plus de 180 pays du 27 au 30 mars 2022. L’événement aura lieu au Centre de conférence international du roi Abdelaziz et à l’hôtel Ritz-Carlton.

Selon le rapport, le Royaume est premier sur quarante-cinq pays dans les catégories suivantes: bonnes occasions pour lancer une entreprise, facilité de démarrage de l’entreprise, réponse de l’entreprise à la pandémie et réponse du gouvernement à la pandémie.

Il se classe deuxième au niveau des compétences individuelles et des infrastructures et troisième dans les catégories suivantes: facilité d’accès au financement des entreprises et facilité d’accès aux marchés et dynamiques de marché. Il figure à la quatrième place du classement en matière de soutien gouvernemental aux entreprises, de manque d’obstacles et de facilité des réglementations pour l’accès au marché.

Le Royaume se classe également au premier rang mondial en termes de réponse du gouvernement et des entrepreneurs à la pandémie et au septième rang pour les progrès entrepreneuriaux, indique le rapport.

Outre Monsha’at, Saudi Aramco examine les moyens de diversifier l’économie du Royaume en faisant la promotion de Wa’ed, son programme d’entrepreneuriat.

À la fin de l'année dernière, l’entreprise a organisé une tournée nationale pour repérer les start-up axées sur la technologie dans divers secteurs industriels et en assurer l’intégration. La récompense était de 7,65 millions de riyals saoudiens. Parmi les gagnants, figure Slates, une extension de navigateur Web qui permet aux utilisateurs de sauvegarder, de conserver et de partager leurs découvertes Internet dans des collections organisées avec des notes en une seule URL. La société a empoché 75 000 riyals saoudiens.

«En soutenant les start-up saoudiennes les plus révolutionnaires et les plus axées sur la technologie et en proposant l’appel de candidatures à tous les entrepreneurs qualifiés, la tournée de présentation du programme d’entrepreneuriat de Wa’ed était l’occasion idéale de leur fournir le soutien financier et entrepreneurial nécessaire pour se développer», affirme Fahad Alidi, directeur général de Wa’ed.

Vague de numérisation

Le seul frein à la campagne d’entrepreneuriat était qu’une grande partie de l’activité commerciale était centrée sur les métiers de consommation. Selon le rapport du Global Entrepreneurship Monitor pour 2020-2021, l’entrepreneuriat et les activités commerciales établies dans le Royaume montrent une faible participation dans les secteurs à moyenne et haute technologie.

Récemment, Monsha’at a souligné que la numérisation connaît une grande croissance dans la région et que les entrepreneurs pourront bientôt tirer parti de ces moyens pour développer et déployer de nouveaux modèles commerciaux, des collaborations efficaces et une reprise soutenue.

L’ambiance sur le terrain a été très bien décrite par Adib al-Zamil, président de Jadwa Investment, une société de services d’investissement. Il dit: «Il semble que tout le monde parle de nos jours des technologies basées sur l’informatique. Les jeunes hommes et femmes de ce pays sont très attentifs à cette industrie; ils la comprennent, ils l'aiment.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'industrie horlogère suisse craint de payer plus cher les droits de douane imposés par Donald Trump

Un homme prend une photo d'une réplique géante d'un nouveau modèle de land-dweller de Rolex, lors de la journée d'ouverture du salon de l'horlogerie de luxe « Watches and Wonders Geneva », à Genève, le 1er avril 2025. (Photo de Fabrice COFFRINI / AFP)
Un homme prend une photo d'une réplique géante d'un nouveau modèle de land-dweller de Rolex, lors de la journée d'ouverture du salon de l'horlogerie de luxe « Watches and Wonders Geneva », à Genève, le 1er avril 2025. (Photo de Fabrice COFFRINI / AFP)
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  • La Suisse s'est vu imposer des droits de douane de 31 % (contre 20 % pour l'Union européenne), pénibles à absorber même pour des fabricants de montres de luxe.
  • Les États-Unis sont le plus gros marché des horlogers suisses, qui a absorbé 16,8 % de leurs exportations en 2024.

ZURICH, SUISSE : Lors de sa campagne électorale, le président américain Donald Trump avait mis en vente des montres suisses à 100 000 dollars fabriquées en Suisse. Or, l'horlogerie est le secteur le plus touché par le décret de la Maison blanche. Ce texte est tombé en plein salon horloger de Genève, où les grandes marques présentaient leurs nouveautés, portant un sérieux coup au secteur.

La Suisse s'est vu imposer des droits de douane de 31 % (contre 20 % pour l'Union européenne), pénibles à absorber même pour des fabricants de montres de luxe.

Les États-Unis sont le plus gros marché des horlogers suisses, qui a absorbé 16,8 % de leurs exportations en 2024. Les exportations de montres suisses s'y chiffraient à 4,37 milliards de francs suisses (4,65 milliards d'euros), en hausse de 5 % sur un an, aidant à atténuer la forte chute de la demande en Chine. 

Yves Bugmann, le président de la fédération horlogère, a réagi auprès de l'AFP, déclarant que ces droits de douane étaient « nuisibles et injustifiés ». Il demande au Conseil fédéral (gouvernement) d'expliquer « rapidement le point de vue de l'économie » suisse à ses homologues américains.

Jeudi, la présidente de la Confédération et le ministre de l'Économie ont déclaré vouloir se rendre « très prochainement » aux États-Unis pour tenter de convaincre l'administration de Donald Trump que ces mesures douanières sont « contreproductives pour tous ».

Pour l'instant, la Suisse a choisi de ne pas répliquer pour ne pas faire monter la tension avec Washington.

Et pour compenser ces droits de douane « clairement plus élevés qu'attendu », les prix vont devoir augmenter d'environ 11 à 13 %, selon les analystes de la Banque cantonale de Zurich, qui doutent qu'ils puissent être répercutés intégralement, au détriment des marges.

L'ampleur des droits de douane « a pris tout le monde par surprise », a indiqué Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux, à l'AFP, qui s'attend lui aussi à des répercussions sur la rentabilité.

Les grandes marques se réunissent chaque année au salon Watches & Wonders, un événement luxueux organisé à Genève. Toutefois, la ville entière vibre au rythme de l'horlogerie à grand renfort de fêtes et d'expositions, les petites marques profitant également de l'occasion pour organiser des événements et attirer les collectionneurs et les détaillants.

Cependant, cette année, « l'ambiance est plutôt maussade », constate Jon Cox, qui s'attend cependant à ce que le gouvernement cherche à négocier une réduction des droits de douane.

« Il est évident qu'il y aura un impact, mais nous restons optimistes », a déclaré à l'AFP Edouard Meylan, le patron de la marque de luxe H. Moser, car « beaucoup pensent que cette mesure sera temporaire ».


Droits de douane : la Bourse de Paris creuse ses pertes et recule de plus de 3 %

Bourse de Paris (Photo AFP)
Bourse de Paris (Photo AFP)
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  • La Bourse de Paris s'enfonce jeudi, chutant de plus de 3 % au lendemain de l'offensive commerciale de Donald Trump
  • L'indice vedette CAC 40 reculait de 3,27 % à 7 602,01 points par rapport à la clôture de la veille, soit un recul de 256,82 points.

PARIS : La Bourse de Paris s'enfonce jeudi, chutant de plus de 3 % au lendemain de l'offensive commerciale de Donald Trump qui a décidé d'imposer des droits de douane massifs sur les produits importés aux États-Unis.

Vers 15 h 30, heure de Paris (13 h 30 GMT), l'indice vedette CAC 40 reculait de 3,27 % à 7 602,01 points par rapport à la clôture de la veille, soit un recul de 256,82 points.

L'offensive protectionniste de la Maison-Blanche, sans équivalent depuis les années 1930, prévoit l'application de droits de douane généralisés de 10 % sur l'ensemble des importations à partir du 5 avril à 04 h 01 GMT. Des majorations sont prévues à partir du 9 avril pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.

Les marchandises en provenance de l'Union européenne seront taxées à hauteur de 20 %.

« La réalité a été bien pire » que les attentes des marchés, affirme Oliver Blackbourn, gérant de portefeuille multi-actifs chez Janus Henderson.

« Les investisseurs sont ébranlés par les mesures plus agressives qu'anticipé prises par Donald Trump pour remodeler le paysage économique mondial », affirme Patrick Munnelly, analyste chez Tickmill Group.

Jeudi après-midi, le président français Emmanuel Macron réunira à l'Élysée les représentants de filières exportatrices et du patronat.

Les valeurs du luxe, dominantes dans l'indice CAC 40, voyaient rouge.

LVMH, leader mondial du secteur et première capitalisation boursière française, perdait 5,11 % à 545,80 euros par action, Hermès lâchait 3,63 % à 2 336 euros et Kering 5,80 % à 180,86 euros. 

Le géant français de l'optique EssilorLuxottica enregistrait quant à lui la pire chute du CAC 40 à la Bourse de Paris jeudi, particulièrement plombé par les nouveaux droits de douane annoncés par Donald Trump aux États-Unis, où il réalise près de la moitié de ses ventes.

Le titre du groupe, propriétaire de la célèbre marque Ray-Ban, perdait 7,32 %, s'échangeant contre 248 euros.

À l'inverse, les valeurs pharmaceutiques sont épargnées, la Maison Blanche ayant fait savoir dans la soirée du mercredi que certaines catégories, dont les produits pharmaceutiques, n'étaient pas concernées par ces droits de douane. 

Sanofi restait à l'équilibre (0,12 %) à 100,28 euros, tandis que BioMerieux gagnait 2,39 % à 119,90 euros et Eurofins prenait 2,51 % à 49,87 euros.

Les investisseurs sont à la recherche de valeurs qui dépendent en majeure partie de leur marché local et sont donc moins sensibles aux barrières douanières.

Jeudi, c'est le géant agroalimentaire français Danone qui a pris la tête du CAC 40, avec une hausse de 2,90 % à 72,46 euros. Le géant des télécommunications Orange prenait 2,25 % à 12,27 euros.


La Suisse se prépare à un véritable branle-bas de combat à la suite de l'imposition de droits de douane de 31 %

Les nouveaux modèles de montres Rolex land-dweller sont présentés dans une vitrine de l'horloger suisse Rolex au salon de l'horlogerie de luxe « Watches and Wonders Geneva », à Genève, le 1er avril 2025.  (Photo par Fabrice COFFRINI / AFP)
Les nouveaux modèles de montres Rolex land-dweller sont présentés dans une vitrine de l'horloger suisse Rolex au salon de l'horlogerie de luxe « Watches and Wonders Geneva », à Genève, le 1er avril 2025. (Photo par Fabrice COFFRINI / AFP)
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  • Seul point positif : la pharmacie, pilier de l'économie suisse et des exportations, est pour l'instant épargnée par le boulet de 31 %.
  • Ces droits de douane, jugés « excessivement élevés » pour les produits suisses, constituent un « coup dur » pour l'économie helvétique

ZURICK : La Suisse est sous le choc. Sonnée par le coup de massue de 31 % de droits de douane sur une multitude de produits exportés vers les États-Unis, elle est forcée de trouver une parade pour tenter de préserver son marché le plus important.

La surprise et le choc sont d'autant plus grands dans ce petit pays alpin après l'annonce de mercredi par le président Donald Trump, que l'Union européenne ne devrait être frappée que de 20 % de droits de douanes « réciproques » et que personne ne comprend comment l'administration américaine a fait ses calculs.

Seul point positif : la pharmacie, pilier de l'économie suisse et des exportations, est pour l'instant épargnée par le boulet de 31 %.

Ces droits de douane, jugés « excessivement élevés » pour les produits suisses, constituent un « coup dur » pour l'économie helvétique, a réagi l'organisation patronale Economiesuisse, qui appelle le Conseil fédéral (gouvernement) à « agir rapidement » pour négocier une solution avec le gouvernement américain, soulignant que la Suisse dispose de « solides arguments » à faire valoir.

Signe qu'il y a urgence, le Conseil fédéral tiendra une conférence de presse dès jeudi après-midi.

« Du point de vue économique, rien ne justifie les droits de douane américains contre la Suisse – bien au contraire », a insisté l'organisation patronale.

Le pays est « un partenaire économique de tout premier plan pour les États-Unis », rappelle Economiesuisse.

Elle souligne que la Suisse est « le sixième investisseur étranger » aux États-Unis et qu'elle « occupe même la première place en matière de recherche et développement ».

Les entreprises suisses y génèrent « environ 400 000 emplois », avec des salaires élevés en plus.

De plus, « la Suisse applique un taux de TVA très bas et n'a pas mis en place de mécanisme de compensation des émissions de CO2 à l'égard des pays tiers », ajoute l’organisation.

- L'excédent commercial excède -

Selon les statistiques de l'Office fédéral de la douane, les exportations de la Suisse, qui repose sur une industrie pharmaceutique florissante, ont atteint 52,65 milliards de francs suisses (54,97 milliards d'euros) vers les États-Unis, soit 18,6 % du total.

Les importations en provenance des États-Unis s'élevaient pour leur part à 14,13 milliards de francs suisses.

L'excédent commercial de la Suisse ou de tout autre pays est un chiffon rouge pour le président américain, qui y voit le signe d'une « arnaque ».

Dès mercredi soir, la présidente de la Suisse, Karin Keller-Sutter, a indiqué sur le réseau social X que Berne allait « définir rapidement la suite », sans préciser si le gouvernement envisage de répliquer ou non. 

« Les intérêts économiques à long terme du pays constituent la priorité », a ajouté la présidente, tout en estimant que « le respect du droit international et le libre-échange sont fondamentaux ».

Le Parti socialiste suisse, le Centre et les Vert-e-s suisses ont sommé le gouvernement de trouver une solution, le président du groupe centriste, Gerhard Pfister, déclarant que « l'augmentation des droits de douane nuit à tout le monde ».

- Les pays les moins frappés -

La Suisse réalise 51 % de ses exportations vers l'Union européenne, mais les États-Unis sont son plus gros marché.

En 2021, les États-Unis avaient détrôné l'Allemagne, qui était le premier marché d'exportation de la Suisse depuis 70 ans, sous l'effet de la hausse des produits pharmaceutiques vendus aux États-Unis. 

Entre 2001 et 2021, les exportations de la Suisse vers les États-Unis ont triplé, les trois quarts de cette progression étant attribuables au secteur de la chimie et de la pharmacie, comme l'avait alors expliqué l'Office fédéral de la douane.

Les produits pharmaceutiques ne sont pas épargnés par les droits de douane de 10 % qui s'appliqueront à toutes les importations aux États-Unis, mais ils font partie des produits exonérés.

Dans une note de marché, Mark Diethelm, analyste chez Vontobel, estime que les secteurs les plus touchés devraient être l'horlogerie et le secteur du luxe, ainsi que les entreprises suisses de taille moyenne. Les grandes entreprises, plus implantées aux États-Unis, qui y ont des usines, « pourraient même bénéficier des augmentations de prix » qui vont en résulter, selon lui.