BRUXELLES: Le président américain Joe Biden se rend vendredi en Pologne, dans une ville proche de la frontière ukrainienne, montant en première ligne de l'engagement occidental contre l'invasion lancée par Moscou, qui ressemble de plus en plus à une guerre d'usure.
En Ukraine, la situation de la ville de Marioupol, sur la mer d'Azov, lourdement bombardée, se dégrade encore, les Ukrainiens dénonçant la déportation "en masse" d'habitants vers la Russie.
Le maire de Marioupol, Vadim Boychenko, a avancé jeudi soir sur Telegram un dernier bilan de 15 000 habitants emmenés "de force" à bord de bus, ainsi que "la confiscation des passeports ukrainiens" d'habitants coincés sur place.
Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov affirme de son côté que sa milice paramilitaire, qui combat aux côtés de l'armée russe, a pris la mairie de cette ville portuaire stratégique. Une information impossible à confirmer de source indépendante. Et l'armée ukrainienne assure que Marioupol n'est pas encore tombée.
La télévision russe a quant à elle diffusé des images aériennes d'une ville présentée comme Marioupol, aux immeubles ravagés, imputant la dévastation des lieux aux "nationalistes" ukrainiens.
"L'opération (dans l'ensemble du pays) doit se poursuivre jusqu'à ce qu'elle atteigne son objectif de démilitariser et de dénazifier l'Ukraine", a déclaré vendredi le vice-président du conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, dans une interview à l'agence de presse RIA-Novosti, reprenant la rhétorique chère au président Vladimir Poutine.
L'offensive se poursuit ailleurs dans le pays, après des frappes meurtrières jeudi à Kharkiv, deuxième ville du pays, et à Longansk, et des accusations de bombes au phosphore à Roubijné...
"Nos soldats tiennent la ville de Tcherniguiv et entravent l'avancée de l'ennemi en direction de Kiev. Nous continuons de repousser l'offensive ennemie sur Kiev", affirme le dernier bulletin de l'état-major de l'armée ukrainienne, publiée vendredi à l'aube.
"Il y avait beaucoup de tirs, ils ont touché ma maison. Les fenêtres, les portes, les plafonds sont détruits", raconte à l'AFP Iaroslava Delichevska, 58 ans, qui a fui, avec les cinq chiens de la famille, sa banlieue de Kiev, transformée en théâtre de combats acharnés.
La bataille s'intensifie sur le front de la capitale où les lance-roquettes ukrainiens répondent à l'artillerie russe.
L'armée ukrainienne affirme aussi qu'en mer d'Azov, le navire russe "Saratov", destiné à une opération de "débarquement", "a été détruit lors de l'attaque contre le port occupé de Berdiansk". Deux autres navires russes de débarquement, le "Caesar Kunikov" et le "Novotcherkassk", ont aussi été "endommagés", selon Kiev.
Un couvre-feu a par ailleurs été décrété à Zaporijie, dans l'est du pays.
Dans sa dernière vidéo publiée sur Facebook, dans la nuit de jeudi à vendredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, retranché à Kiev, rend hommage à "l'opposition héroïque du peuple ukrainien face à l'invasion militaire russe".
En un mois de guerre, des milliers d'Ukrainiens ont été tués, dont 121 enfants, 6,5 millions ont dû quitter leur maison, et plus de 4 300 d'entre elles ont été détruites, selon un dernier bilan du président Zelensky.
Réfugiés et soldats américains
Joe Biden est attendu dans la ville polonaise de Rzeszow, à environ 80 kilomètres de la frontière avec l'Ukraine, seconde étape de son voyage en Europe.
Arrivant de Bruxelles, il sera reçu par le président polonais Andrzej Duda à l'aéroport de cette ville située à deux heures et demie de route de Lviv, principale ville de l'ouest de l'Ukraine, où affluent les réfugiés.
Il recevra ensuite un briefing sur "la réponse humanitaire afin d'apaiser la souffrance des civils en Ukraine et de répondre au flux croissant de réfugiés qui fuient la guerre que (Vladimir) Poutine a choisie", a précisé la Maison Blanche.
Joe Biden ira à la rencontre de soldats américains positionnés dans cette région, faisant partie des plus de 100 000 militaires américains actuellement présents en Europe.
Il ira ensuite à Varsovie, où il prononcera un discours "sur les efforts unis du monde libre pour soutenir le peuple ukrainien" et "tenir la Russie responsable de sa guerre brutale", selon la Maison Blanche.
Ces deux jours de visite en Pologne interviennent à la suite d'un marathon diplomatique hors du commun à Bruxelles, où Joe Biden a multiplié les sommets - Otan, G7, UE - pour vanter l'unité occidentale dans sa réponse à la Russie, un mois jour pour jour après le début de son invasion de l'Ukraine.
«Réponse» de l'Otan
Joe Biden a promis jeudi à Bruxelles pour la première fois une "réponse" de l'Otan dans le conflit en Ukraine si la Russie y recourait à l'arme chimique.
Dans cette situation, les Occidentaux ont jugé très crédible le risque d'une attaque chimique, contre lequel le président ukrainien Volodymyr Zelensky les a mis en garde jeudi.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a par ailleurs fait part jeudi soir de son "inquiétude" après avoir été informée par les autorités ukrainiennes de bombardements de la ville où vit le personnel du site de Tchernobyl.
Sur le front économique, les pays du G7 et de l'Union européenne vont sanctionner toute transaction impliquant les réserves d'or de la Russie, pour éviter que Moscou ne contourne ainsi les mesures d'isolement financières prises par les Occidentaux.