Biden promet une «réponse» de l'Otan si la Russie a recours à l'arme chimique en Ukraine

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Publié le Vendredi 25 mars 2022

Biden promet une «réponse» de l'Otan si la Russie a recours à l'arme chimique en Ukraine

  • «Nous répondrons s'il y a recours. La nature de la réponse dépendra de la nature de cette utilisation», a déclaré Biden à l'issue des sommets de l'Otan et du G7 à Bruxelles
  • Les Etats-Unis ont annoncé être prêts «à accueillir jusqu'à 100 000 Ukrainiens et autres personnes fuyant l'agression de la Russie»

BRUXELLES: Le président américain Joe Biden a promis jeudi pour la première fois une « réponse » de l'Otan dans le conflit en Ukraine si la Russie y recourait à l'arme chimique, un risque jugé bien réel lors de sommets de l'alliance et du G7 réunis à Bruxelles après un mois d'une guerre meurtrière et dévastatrice lancée par Vladimir Poutine. 

Au même moment, l'assemblée générale des Nations unies votait à New York à une majorité écrasante de 140 voix « pour », 38 abstentions et cinq « contre » dont la Russie, la Syrie et la Corée du Nord, une motion exigeant l'arrêt immédiat de l'offensive russe. 

Sur le terrain, le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov affirmait que sa milice paramilitaire, qui combat aux côtés de l'armée russe, avait pris la mairie de la ville assiégée et bombardée de Marioupol dans le sud-est de l'Ukraine. Une information impossible à confirmer de source indépendante. 

Cette ville portuaire sur la mer d'Azov, lourdement bombardée et où des témoins ont décrit des cadavres jonchant les rues, serait le cas échéant la première agglomération significative à être prise par la Russie, après une offensive d'un mois qui a vu l'armée russe à la peine face à la résistance acharnée des Ukrainiens, armés par l'Otan. 

Dans cette situation, les Occidentaux ont jugé très crédible le risque d'une attaque chimique, contre lequel le président ukrainien Volodymyr Zelensky les a mis en garde jeudi dans une intervention vidéo depuis Kiev, où il est retranché. 

« Nous répondrons s'il y a recours. La nature de la réponse dépendra de la nature de cette utilisation », a déclaré M. Biden à l'issue des sommets de l'Otan et du G7 à Bruxelles. 

« L'Otan n'a jamais, jamais été plus unie qu'elle ne l'est aujourd'hui. Poutine obtient exactement le contraire de ce qu'il voulait en envahissant l'Ukraine », a-t-il assuré, mettant aussi en garde à nouveau la Chine contre tout soutien à Moscou qui pourrait mettre en jeu « son avenir économique ». 

Interrogé sur d'éventuelles « lignes rouges » définies par l'Otan et susceptible de déclencher une intervention, le président français Emmanuel Macron a préféré rester « très prudent sur ce sujet ». 

Dans le cas de l'Ukraine, « je pense que l'ambiguïté stratégique et la discrétion sont plus efficaces », a répondu le chef de l'Etat. 

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a indiqué à ce stade que les alliés avaient  « convenu de fournir des équipements pour aider l'Ukraine à se protéger contre les menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires ». 

Les dirigeants de l'Otan ont également approuvé la création de quatre nouveaux groupements tactiques en Roumanie, en Hongrie, en Bulgarie et en Slovaquie, et le renforcement des quatre déjà constitués en Pologne et dans les trois pays Baltes. 

Plus de 100 000 militaires américains sont actuellement présents en Europe et plus de 40 000 soldats sont sous commandement direct de l'Otan dans la partie orientale de l'Alliance. « C'est du jamais vu », a souligné M. Stoltenberg. 

Sanctions sur l'or russe  

Dans un premier message vidéo jeudi aux dirigeants de l'Otan, le président ukrainien les avait exhortés à fournir à l'Ukraine « une aide militaire sans restriction ». 

Les Etats-Unis « ont entamé des consultations (avec leurs alliés) pour fournir des missiles anti-navire à l'Ukraine », a indiqué une haute responsable américaine, soulignant toutefois que ce scénario présentait des « défis techniques ». 

La Suède et l'Allemagne ont annoncé pour leur part la livraison à l'Ukraine de respectivement 5 000 et 2 000 nouvelles armes antichar. Les forces ukrainiennes ont déjà reçu 1 000 armes antichar et 500 lance-missiles sol-air de type Stinger pris dans les réserves de la Bundeswehr, l'armée allemande. 

Sur le front économique, les pays du G7 et de l'Union européenne vont sanctionner toute transaction impliquant les réserves d'or de la Russie, pour éviter que Moscou ne contourne ainsi les mesures d'isolement financières prises par les Occidentaux, a annoncé la Maison Blanche. 

« Nous voulons fermer toute possibilité pour la Russie d'utiliser son or pour soutenir sa devise », le rouble, a expliqué un haut responsable américain. 

Washington a aussi annoncé jeudi de nouvelles sanctions financières contre la Russie, visant le monde politique, des oligarques et l'industrie de défense. 

Biden espère que la Chine n'aide pas la Russie

Le président américain Joe Biden a exprimé jeudi « l'espoir » que la Chine n'aide pas la Russie à amortir l'impact des sanctions occidentales, estimant que l'avenir économique du géant asiatique « était davantage lié à l'Occident » qu'à son voisin russe. 

« Je pense que la Chine comprend que son avenir économique dépendra bien davantage de ses relations avec l'Occident qu'avec la Russie. Et j'ai bon espoir qu'elle ne va pas s'engager » pour aider Moscou à atténuer les sanctions imposées après l'invasion de l'Ukraine, a indiqué M. Biden.

Accusations de « crimes de guerre »  

Ces mesures, qui impliquent en particulier un gel des avoirs aux Etats-Unis, concernent 328 députés de la Douma et l'institution elle-même ainsi que 48 « grandes entreprises publiques » du secteur de la défense, selon un communiqué de la Maison Blanche. 

Le gouvernement britannique avait déjà annoncé une nouvelle série de sanctions visant 59 personnalités et entreprises russes et six entités biélorusses. 

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait accusé mercredi soir la Russie d'avoir « commis des crimes de guerre en Ukraine ». 

« Nous avons vu de nombreux rapports crédibles d'attaques aveugles et d'attaques visant délibérément des civils, ainsi que d'autres atrocités », a-t-il déclaré dans un communiqué, en soulignant qu'il reviendrait aux tribunaux de déterminer les responsabilités. 

Les pays du G7 ont eux aussi assuré jeudi qu'ils « ne ménageraient pas leur efforts » pour que Vladimir Poutine « rende des comptes » pour l'invasion de l'Ukraine. 

Sur le terrain, au moins cinq personnes sont mortes, dont deux enfants, et huit autres ont été blessées dans des frappes russes dans la région de Lougansk, dans l'Est, a indiqué le gouverneur de la région, Serguiï Gaïdaï. 

Le gouverneur a ajouté que le bilan risquait de « s'avérer bien supérieur ». « L'aviation russe a commencé à larguer des bombes au phosphore sur Roubijné », a-t-il accusé. 

Dans son message à l'Otan, le président ukrainien a relayé ces accusations: « Ce matin (...) il y a eu des bombes russes au phosphore. Des adultes ont été tués et des enfants ont été tués à nouveau ». 

Les Etats-Unis prêts à accueillir 100 000 Ukrainiens

Les Etats-Unis ont annoncé être prêts « à accueillir jusqu'à 100 000 Ukrainiens et autres personnes fuyant l'agression de la Russie », selon un communiqué de la Maison Blanche publié alors que le président Joe Biden participe à plusieurs réunions internationales à Bruxelles. 

Washington va par ailleurs débloquer « plus d'1 milliard de dollars en financements supplémentaires » pour renforcer l'aide humanitaire en Ukraine mais aussi pour faire face aux « impacts graves » du conflit ailleurs dans le monde, notamment à « l'augmentation nette de l'insécurité alimentaire », selon la même source. 

« L'enfer » de Marioupol  

La municipalité de Marioupol a lancé un appel à l'aide sur Telegram, demandant de sauver la population « de l'enfer ». 

« De plus en plus de morts de faim. De plus en plus de gens sans nourriture. Et toutes les tentatives de lancer une grande opération humanitaire pour sauver la population de Marioupol sont bloquées par la partie russe. Parce que les occupants ne s'intéressent pas aux gens et à ce qu'ils deviennent. Seulement pour une image de propagande avec la déportation forcée vers la Russie », a écrit la mairie de la ville assiégée. 

Les Ukrainiens accusent en effet les Russes de « déporter » des habitants de Marioupol vers la Russie. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a évoqué 6 000 habitants emmenés vers des « camps de filtration russes ».  

Ces accusations étaient invérifiables dans l'immédiat, mais le ministère russe de la Défense a de son côté affirmé que « 8 500 habitants de Marioupol ont pu être évacués sans aucune participation de la partie ukrainienne le 23 mars », selon l'agence Interfax. 

Au moins six civils ont été tués et 15 autres blessés jeudi dans un bombardement russe à Kharkiv, deuxième ville du pays (nord-est) selon le gouverneur régional Oleg Syniegoubov. 

Risque de pénuries alimentaires

Sur le front économique, les Occidentaux se sont concertés jeudi pour répondre aux risques de pénuries alimentaires mondiales à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, deux exportateurs majeurs de blé.

"Les pénuries alimentaires vont se concrétiser", a mis en garde le président américain Joe Biden à Bruxelles après les sommets du G7 et de l'Otan, assurant que les Etats-Unis comme le Canada, gros producteurs de céréales, allaient augmenter leurs exportations en conséquence.

Le Canada, quatrième producteur mondial de pétrole, a aussi annoncé jeudi une augmentation d'environ 5% de ses exportations de pétrole pour répondre "aux demandes d'aide" de ses "alliés, aux prises avec des pénuries" en raison du conflit en Ukraine.

Le bombardement, effectué avec des « armes de longue portée », a touché un bureau de poste près duquel des habitants locaux recevaient de l'aide humanitaire, a-t-il précisé sur Telegram, dénonçant un nouveau « crime des occupants russes ».  

Quelque 4,3 millions d'enfants - soit plus de la moitié de la population enfantine ukrainienne - ont dû quitter leur foyer pour fuir l'insécurité et les combats déclenchés par l'invasion de l'armée russe le 24 février, a indiqué l'Unicef jeudi. 

Selon Washington, l'offensive de l'armée russe piétine cependant, notamment dans les environs de Kiev. 

« Les Ukrainiens ont réussi à repousser les Russes à 55 km à l'est et au nord-est de Kiev », déclarait mercredi un haut responsable du Pentagone ayant requis l'anonymat.  

Des dizaines de personnes ont fui jeudi les combats autour de Kiev dans une zone que l'Ukraine affirme avoir reprise à la Russie, ont constaté des journalistes de l'AFP. 

D'intenses échanges d'artillerie lourde pouvaient être entendus depuis la banlieue d'Irpin, au nord-ouest de la capitale, et l'on pouvait voir des colonnes de fumée s'élever dans le ciel, selon ces journalistes. 

Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, avait affirmé mercredi que « la presque totalité d'Irpin était déjà sous contrôle des soldats ukrainiens ». 

La marine ukrainienne a aussi affirmé jeudi avoir détruit un navire russe de transport de troupes russes ancré dans le port de Berdiansk, ville proche de Marioupol sur la mer d'Azov. 

Russes et Ukrainiens ont par ailleurs procédé jeudi à des échanges de prisonniers, selon la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk sur Facebook. 


Le pape Léon XIV invite les dirigeants mondiaux à mettre fin à la guerre

Le pape Léon XIV pendant sa première prière du Reginal Caeli depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre au Vatican. (Photo par Handout / VATICAN MEDIA / AFP)
Le pape Léon XIV pendant sa première prière du Reginal Caeli depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre au Vatican. (Photo par Handout / VATICAN MEDIA / AFP)
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  • Le pape Léon XIV a appelé dimanche  les « grands de ce monde » à mettre fin aux guerres, notamment en Ukraine et à Gaza.
  • « Face au scénario dramatique actuel d'une Troisième Guerre mondiale en morceaux, comme l'a affirmé à plusieurs reprises le pape François, je m'adresse moi aussi aux grands de ce monde en répétant cet appel toujours d'actualité : plus jamais la guerre ! »

CITE DU VATICAN, SAINT-SIEGE : Lors de sa première prière dominicale en tant que souverain pontife devant des dizaines de milliers de personnes, le pape Léon XIV a appelé dimanche  les « grands de ce monde » à mettre fin aux guerres, notamment en Ukraine et à Gaza, dans une allocution.

« Face au scénario dramatique actuel d'une Troisième Guerre mondiale en morceaux, comme l'a affirmé à plusieurs reprises le pape François, je m'adresse moi aussi aux grands de ce monde en répétant cet appel toujours d'actualité : plus jamais la guerre ! », a lancé le souverain pontife.

« Je porte dans mon cœur les souffrances du peuple ukrainien bien-aimé. Tout doit être fait pour parvenir au plus tôt à une paix authentique, juste et durable », a-t-il ajouté, plaidant pour que « tous les prisonniers soient libérés et que les enfants puissent retourner auprès de leurs familles ».

Profondément attristé par ce qui se passe dans la bande de Gaza, le pape a appelé à un cessez-le-feu immédiat, à l'acheminement de l'aide humanitaire à la population civile épuisée et à la libération de tous les otages.

« J'ai accueilli, en revanche, avec satisfaction l'annonce du cessez-le-feu entre l'Inde et le Pakistan, et j'espère qu'à travers les prochains pourparlers, un accord durable pourra être rapidement trouvé », a-t-il ajouté.


Poutine propose des négociations directes avec l'Ukraine, mais ignore l'appel au cessez-le-feu

Sur cette photo distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine s'adresse aux médias après ses rencontres avec des dirigeants étrangers à Moscou, le 11 mai 2025,  (Photo Gavriil GRIGOROV / POOL / AFP)
Sur cette photo distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine s'adresse aux médias après ses rencontres avec des dirigeants étrangers à Moscou, le 11 mai 2025, (Photo Gavriil GRIGOROV / POOL / AFP)
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  • Dans une démonstration rare d'unité occidentale, l'Ukraine et ses alliés européens, de concert avec les États-Unis, ont adressé samedi un ultimatum à Moscou pour qu'elle accepte un cessez-le-feu « complet et inconditionnel » de 30 jours à partir de lundi.
  • « La Russie est prête à des négociations sans aucune condition préalable (…). Nous proposons de commencer dès jeudi prochain, le 15 mai, à Istanbul », a déclaré M. Poutine dans une déclaration à la presse.

KIEV : Le président russe Vladimir Poutine a proposé  dimanche des négociations « directes » et « sans condition préalable » entre la Russie et l'Ukraine dès jeudi à Istanbul, repoussant à de telles discussions toute possibilité d'instaurer le cessez-le-feu exigé par les alliés de Kiev.

Dans une démonstration rare d'unité occidentale, l'Ukraine et ses alliés européens, de concert avec les États-Unis, ont adressé samedi un ultimatum à Moscou pour qu'elle accepte un cessez-le-feu « complet et inconditionnel » de 30 jours à partir de lundi, faute de quoi la Russie s'exposerait à de nouvelles « sanctions massives ».

Sans évoquer directement cette proposition, le président russe a reproché aux Européens de traiter la Russie « de manière grossière et à l'aide d'ultimatums » et a estimé que toute trêve devrait s'inscrire dans des discussions « directes » avec Kiev. 

« La Russie est prête à des négociations sans aucune condition préalable (…). Nous proposons de commencer dès jeudi prochain, le 15 mai, à Istanbul », a déclaré M. Poutine dans une déclaration à la presse, en présence de journalistes de l'AFP, tard dans la nuit au Kremlin. Il a précisé qu'il s'entretiendrait avec le président turc Recep Tayyip Erdogan dans les heures qui viennent.

Ce dernier, en contact régulier avec son homologue russe, a plusieurs fois proposé d'accueillir des pourparlers de paix. La Turquie, membre de l'OTAN, avait joué un rôle de médiation en 2022 pour la conclusion d'un accord permettant l'exportation de céréales ukrainiennes par la mer Noire, dont la Russie s'est par la suite retirée. 

Vladimir Poutine a déclaré ne pas exclure la possibilité de discuter d'un cessez-le-feu lors de pourparlers avec Kiev, mais il a souligné que ces discussions devraient porter sur « les causes profondes du conflit », qu'il a qualifiées de « guerre », bien que ce terme soit rejeté par les autorités russes, « dans une perspective historique ».

Moscou avait justifié le lancement de son offensive à grande échelle en février 2022 par la volonté de « dénazifier » l'Ukraine, dont son armée occupe actuellement environ 20 % du territoire, mais aussi par son opposition au rapprochement de ce pays avec les Occidentaux et au renforcement de l'Otan près de ses frontières. 

Alors que les cartes ont été rebattues par le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, qui a entamé un rapprochement avec Vladimir Poutine, Moscou a jusqu'à présent rejeté les appels au cessez-le-feu.

Le Kremlin s'est contenté de décréter unilatéralement une trêve de trois jours pour les commémorations de la victoire sur l'Allemagne nazie, qui s'est achevée dans la nuit de samedi à dimanche après avoir été marquée par des accusations de violations des deux côtés.

« Potentiellement un grand jour pour la Russie et l'Ukraine ! » a écrit Donald Trump dimanche matin sur son compte Truth Social, sans expliciter s'il faisait référence à la proposition de Vladimir Poutine.

« Pensez aux centaines de milliers de vies qui seront sauvées avec la fin, espérons-le, de ce bain de sang sans fin. (...) Je continuerai à travailler avec les deux parties pour m'assurer que cela se produise », a-t-il ajouté, alors qu'il pousse depuis son investiture en février Volodymyr Zelensky à accepter de négocier avec Moscou. 

Ce dernier avait assuré jeudi, après un appel avec Donald Trump, que son pays était « prêt » à mener « tous formats de négociations » avec Moscou, mais que la Russie devait d'abord instaurer un cessez-le-feu.

Emmanuel Macron a qualifié la proposition russe de « premier mouvement (...) pas suffisant », relevant chez Vladimir Poutine « la volonté de gagner du temps ».

« D'ailleurs, je pense que c'est inacceptable pour les Ukrainiens parce qu’ils ne peuvent pas accepter des discussions parallèles alors qu’ils continuent à être bombardés », a insisté le président français, qui s'exprimait à sa descente de train dans la ville polonaise de Przemyśl, au retour d'un déplacement en Ukraine, où il était accompagné samedi des dirigeants allemand, Friedrich Merz, britannique, Keir Starmer, et polonais, Donald Tusk. 

Lors de cette visite, une vingtaine de pays membres d'une « coalition des volontaires » qui ont échangé par visioconférence à Kiev avec les dirigeants autour de M. Zelensky ont « décidé de soutenir un cessez-le-feu » de 30 jours, « avec une surveillance assurée principalement par les États-Unis d'Amérique » et à laquelle « tous les Européens contribueront ».

Si la Russie refuse ce cessez-le-feu ou le viole, il a été convenu que « des sanctions massives seraient préparées et coordonnées entre Européens et Américains », a-t-il précisé.

Volodymyr Zelensky et les quatre Européens ont téléphoné à Donald Trump pour l'informer des résultats de leurs entretiens.

Friedrich Merz a évoqué la poursuite d'une « aide massive » à Kiev faute de réaction du Kremlin et estimé que la guerre russe en Ukraine « vise à détruire l'ordre politique européen tout entier ».

Sur le terrain, dans la nuit de samedi à dimanche, après l'expiration de la trêve décrétée par Moscou, des alertes aériennes ont retenti dans de nombreuses régions ukrainiennes, dont à Kiev.

L'ambassade américaine en Ukraine a mis en garde vendredi contre le risque d'une importante « attaque aérienne » russe dans les prochains jours.   


Nucléaire : un nouveau cycle de pourparlers irano-américains s'ouvre à Oman

Trois séries de pourparlers indirects entre les États-Unis et l'Iran se sont tenues jusqu'à présent à Oman et en Italie, et d'autres rounds sont prévus. (AFP)
Trois séries de pourparlers indirects entre les États-Unis et l'Iran se sont tenues jusqu'à présent à Oman et en Italie, et d'autres rounds sont prévus. (AFP)
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  • Depuis le 12 avril, l'Iran et les États-Unis, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, ont tenu trois sessions de pourparlers sur l'épineux dossier du nucléaire iranien sous la médiation d'Oman.
  • Vendredi, M. Araghchi a fait état de « progrès » dans les discussions précédentes.

MASCATE, OMAN : Des responsables iraniens et américains doivent se retrouver dimanche à Oman pour une nouvelle série de discussions autour du programme nucléaire de Téhéran, alors que des dirigeants américains expriment une opposition croissante à l'enrichissement de l'uranium iranien.

Depuis le 12 avril, l'Iran et les États-Unis, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, ont tenu trois sessions de pourparlers sur l'épineux dossier du nucléaire iranien sous la médiation d'Oman.

Comme lors des précédentes rencontres, la délégation américaine sera dirigée par l'émissaire pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et la délégation iranienne par le ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Vendredi, M. Araghchi a fait état de « progrès » dans les discussions précédentes.

« Plus nous avançons, plus nous avons besoin de consultations et d'examens, et plus les délégations ont besoin de temps pour examiner les questions soulevées », a-t-il indiqué. 

De son côté, le vice-président des États-Unis, JD Vance, a estimé mercredi que ces négociations étaient sur la « bonne voie ».

Les pourparlers américano-iraniens visent à conclure un nouvel accord qui empêcherait l'Iran de se doter de l'arme atomique, ambition que Téhéran a toujours niée avoir, en échange d'une levée des sanctions qui paralysent son économie. 

Dans un entretien diffusé vendredi, Steve Witkoff a déclaré que l'administration Trump s'opposerait à tout enrichissement, après avoir initialement suggéré une certaine flexibilité concernant le maintien par Téhéran d'un enrichissement à faible échelle de l'uranium à des fins civiles.

« Cela signifie démantèlement, interdiction de la militarisation, et que Natanz, Fordo et Ispahan – leurs trois installations d'enrichissement – doivent être démantelés », a-t-il déclaré au média conservateur Breitbart News.

Et M. Witkoff d'ajouter au sujet des pourparlers : « S'ils ne sont pas productifs dimanche, ils ne continueront pas et nous devrons emprunter une autre voie ».

Les pourparlers se déroulent dans un contexte d'examen minutieux des principaux aspects du programme nucléaire de Téhéran, en particulier son stock d'uranium enrichi et le rythme de ses activités d'enrichissement.

Des gouvernements européens s'interrogent sur l'opportunité d'utiliser le mécanisme prévu par l'accord de 2015, qui permet de rétablir les sanctions de l'ONU en cas de non-respect par l'Iran de ses engagements. Ce mécanisme arrivera à échéance en octobre.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui s'oppose aux pourparlers entre l'Iran et les États-Unis, a appelé au démantèlement des installations nucléaires de Téhéran et à l'arrêt de son programme de missiles balistiques dans le cadre d'un accord crédible, selon ses dires.

De son côté, Téhéran insiste pour que les pourparlers portent uniquement sur la question nucléaire et la levée des sanctions, excluant toute négociation sur l'arsenal militaire.

La réunion de dimanche à Oman intervient quelques jours avant une tournée régionale de M. Trump, qui le mènera en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis.