Nucléaire iranien: Washington brandit à nouveau la menace d'un plan B

Le porte-parole du département d'État américain Ned Price s'exprime lors du briefing quotidien au département d'État à Washington (Photo, AFP).
Le porte-parole du département d'État américain Ned Price s'exprime lors du briefing quotidien au département d'État à Washington (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 23 mars 2022

Nucléaire iranien: Washington brandit à nouveau la menace d'un plan B

  • Depuis l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche l'an dernier, des négociations sont en cours pour sauver cet accord
  • Des négociateurs espéraient conclure après la période de fêtes de Norouz, le Nouvel An iranien

WASHINGTON: L'optimisme des dernières semaines semble s'être dissipé: les Etats-Unis évoquent à nouveau ouvertement la possibilité d'un échec des négociations pour sauver l'accord sur le nucléaire iranien, menaçant l'Iran de recourir à un plan B aux contours encore vagues.

"Un accord de ce genre n'est ni imminent ni certain", a estimé mardi le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price, qui avait déjà émis un tel avertissement la veille. "Il y a un certain nombre de sujets difficiles que nous tentons toujours de résoudre", a-t-il ajouté.

Selon lui, "la balle est dans le camp de Téhéran" pour prendre des décisions "difficiles" -- que Washington s'est dit pour sa part "prêt" à assumer.

Le changement de ton est net.

Début mars, après onze mois de pourparlers compliqués, un compromis semblait imminent à Vienne entre les grandes puissances et l'Iran pour ressusciter cet accord censé l'empêcher de se doter de la bombe atomique.

Puis de nouvelles exigences russes, liées aux sanctions occidentales contre Moscou pour la guerre en Ukraine, ont contraint les négociateurs à une pause. Mais une fois cet obstacle levé, la route apparaissait presque dégagée, à tel point que Washington estimait, il y a moins d'une semaine, être "proche" d'une percée.

Des négociateurs espéraient conclure après la période de fêtes de Norouz, le Nouvel An iranien qui a été célébré dimanche.

L'accord sur le nucléaire iranien de 2015 avait permis la levée des sanctions économiques contre l'Iran en échange de restrictions à ses activités nucléaires pour assurer, sous supervision internationale, qu'elles restent strictement civiles et pacifiques. Mais sous la présidence de Donald Trump, qui le trouvait insuffisant, les Etats-Unis ont quitté l'accord en 2018 et rétabli leurs sanctions.

En riposte, Téhéran s'est affranchi des limites-clés à son programme atomique.

Depuis l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche l'an dernier, des négociations sont en cours pour sauver cet accord, en levant des sanctions américaines contre un retour iranien dans les clous du texte.

Selon une source proche du dossier, Téhéran exige le retrait des Gardiens de la révolution -- l'armée idéologique de la République islamique iranienne -- de la liste noire américaine des "organisations terroristes étrangères", et cette demande est l'un des tout derniers obstacles à un compromis.

«Tous les scénarios»

"C'est un point épineux", a reconnu mardi le sénateur démocrate Tim Kaine, à l'issue d'une audition parlementaire à huis clos avec l'émissaire américain pour l'Iran Rob Malley.

Fervent partisan d'une solution négociée, le sénateur démocrate Chris Murphy a estimé que maintenir les "Gardiens" sur cette liste noire n'avait "aucune conséquence pratique", laissant entendre que Washington pouvait se permettre cette concession.

"Les informations qui nous parviennent de Vienne sont au mieux troublantes, et je suis sidéré par les concessions que le gouvernement est prêt à faire", a au contraire réagi son collègue républicain Jim Risch, évoquant la levée de sanctions pour "90 à 130 milliards de dollars" et l'annulation de la mise à l'index des Gardiens de la révolution.

Car la droite américaine et Israël, hostiles à l'accord de 2015 et donc à sa renaissance, ont fait de cette dernière question une ligne rouge, mettant l'administration Biden dans un certain embarras.

Sa fermeté des derniers jours vise-t-elle à éviter un procès en faiblesse à l'approche d'un accord?

Quoi qu'il en soit, comme fin 2021 lorsque les pourparlers semblaient -- déjà -- dans l'impasse, les Américains ont recommencé à brandir la menace d'options "alternatives".

"Le président Biden s'est engagé à ce que l'Iran, tant qu'il sera au pouvoir, ne soit pas autorisé à détenir une arme nucléaire", "avec l'accord ou sans accord", a martelé lundi Ned Price.

"Nous nous sommes préparés à toutes les hypothèses, pour tous les scénarios", y compris la mort de l'accord de 2015, a-t-il renchéri mardi, assurant que cela avait fait l'objet de discussions avec les alliés de Washington au Moyen-Orient et en Europe.

Il s'est toutefois gardé de préciser les contours d'un tel plan B.

A l'automne, le secrétaire d'Etat Antony Blinken avait prévenu que les Etats-Unis envisageaient "toutes les options" en cas d'échec diplomatique, sans exclure un recours à la force.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.