TOULOUSE: Une nouvelle demande de mise en liberté de Cédric Jubillar, soupçonné du meurtre de sa femme et détenu depuis 9 mois, a été rejetée mardi par la cour d'appel de Toulouse, selon ses avocats, qui dénoncent un manquement à la présomption d'innocence.
"Il va falloir que la justice se positionne, est-ce qu'il vaut mieux être un professeur agrégé d'université, qu'un plaquiste du Tarn pour sortir de prison? Ce dossier est vide, cet homme doit être libéré", a réagi Me Alexandre Martin, en référence à Jacques Viguier, professeur de droit toulousain accusé du meurtre de sa femme, qui avait été relâché après plusieurs mois de détention.
Delphine Jubillar, qui travaillait comme infirmière de nuit dans une clinique d'Albi, a disparu en décembre 2020. Son mari, avec qui elle était en instance de divorce, est le principal suspect. Il a été mis en examen pour meurtre et écroué le 18 juin 2021. Il se dit innocent.
La justice estime que les enquêteurs ont apporté suffisamment d'éléments de la culpabilité du peintre plaquiste de 34 ans, pour le maintenir en prison, alors que les avocats de Cédric Jubillar affirment que le dossier ne contient aucune preuve irréfutable.
"Cela pose un problème sur la manière dont la justice est rendue en France, dont la détention provisoire est gérée, et dont la présomption d'innocence est assurée", tempête Me Martin.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Toulouse, précise-t-il, "a rejeté le recours et considéré que monsieur Jubillar devait être maintenu en détention. Il semble qu'on nous dise d'attendre des résultats d'expertises, de nouvelles confrontations. C'est un dossier qu'on maintient artificiellement en vie, sous perfusion".
Pour Emmanuelle Franck, autre avocate de Cédric Jubillar, les enquêteurs doivent réorienter l'enquête.
"A un moment donné, dit-elle, il faut que ça s'arrête, qu'on admette que ce volet Cédric Jubillar est terminé et qu'on passe à autre chose. Si on n'avance pas sur la recherche de Delphine Jubillar, c'est qu'on part du postulat que c'est Cédric Jubillar. Quand on cherchera un autre postulat, un autre coupable, peut-être on le trouvera".
Une nouvelle demande de mise en liberté sera prochainement déposée, ont également indiqué les avocats.
Lors de l'audience du 15 mars, le ministère public avait requis son maintien en détention.