PARIS: En France comme ailleurs en Europe, la cinquième vague de Covid-19 n'en finit pas: ce qui préoccupe désormais ce sont les hospitalisations, qui ne baissent plus, relançant les critiques sur une levée prématurée des mesures par le gouvernement.
Les Français ont-ils tombé le masque trop tôt? Depuis plusieurs semaines, le nombre moyen de cas positifs au Covid, calculé sur une semaine, continue de progresser: la moyenne quotidienne s'établissait dimanche à 89.002 contre 65.251 une semaine plus tôt.
Une remontée qui s'illustre aussi en milieu scolaire: 3.184 classes étaient fermées vendredi en France, contre 2.693 une semaine avant.
Plus inquiétant, "depuis deux jours, le nombre d'hospitalisations ne baisse plus", a relevé lundi le ministre de la Santé, Olivier Véran.
"Les entrées à l'hôpital augmentent à nouveau depuis huit jours et les arrivées en réanimation sont à peu près stables, tout comme le nombre de décès. Ce qui veut dire que ça ne baisse plus", résume l'épidémiologiste Catherine Hill. Ce rebond, visible au niveau européen, s'explique entre autres par la désormais prédominance du sous-variant d'Omicron BA.2, environ 30% plus contagieux que son prédécesseur, le BA.1.
Dans d'autres pays avec deux semaines d'avance sur la France, comme l'Angleterre, on observe ainsi une croissance très rapide de l'épidémie, liée sans doute à la contagiosité accrue de ce variant.
A cela s'ajoute un relâchement des gestes barrières de certains Français, lassés par deux ans de pandémie, qui n'ont pas attendu la fin du masque et la suspension du pass vaccinal le 14 mars pour baisser la garde face au virus.
"Les Français font moins attention car le message que fait passer le gouvernement, avec la levée des restrictions, c'est que tout va très bien, alors que ce n'est pas vraiment le cas", regrette Catherine Hill.
Face à la hausse des contaminations, l'Autriche va réimposer le port du masque (FFP2) en intérieur.
"Les pays européens sont en train de constater les premiers effets de la désinvolture de leurs politiques", a taclé dans un récent tweet l'épidémiologiste Antoine Flahault.
- "Electoraliste" -
Le gouvernement français se défend toujours d'avoir lâché du lest trop tôt.
"Si nous avions conservé les mesures, certains auraient dénoncé une manœuvre électoraliste pour maintenir un niveau de peur soi-disant utile au président. Quand on les lève, les mêmes nous disent que c'est électoraliste", a lancé Olivier Véran.
Une autre explication du rebond est à chercher du côté des vaccins: l'effet protecteur du rappel s'érode après trois mois, comme l'a rappelé vendredi la Drees, le service statistique des ministères sociaux.
C'est d'ailleurs pour cela que le gouvernement invite aujourd'hui les plus de 80 ans à effectuer une deuxième dose de rappel. A ce jour, 75% des 80 ans et plus ont reçu un premier rappel vaccinal.
Vendredi, la Haute autorité de santé (HAS) est allée plus loin que le gouvernement, estimant que la quatrième dose de vaccin devait être proposée aux personnes de plus de 65 ans les "plus à risque".
A court terme, la plupart des experts anticipent une hausse des hospitalisations, l'espérant cependant maîtrisée avec un variant malgré tout moins agressif et entraînant des formes moins graves de la maladie.
La vraie question concerne les mois à venir.
"On est à la merci d'un nouveau variant qu'on attend plutôt, si on interroge la communauté scientifique, à l'automne. Moi je n'en suis pas certain, je ne sais pas. Il peut arriver avant", a souligné la semaine dernière le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy. "Est-ce qu'il s'agira d'un variant plus transmissible ? Est-ce qu'il va être plus sévère ? Échapper au vaccin ? Personne ne le sait".