Aux Etats-Unis, les équipes de campagne envahissent les téléphones portables

Le candidat démocrate à la présidence et ancien vice-président des États-Unis Joe Biden (à gauche) et le président des États-Unis Donald Trump s'expriment lors du premier débat présidentiel à la Case Western Reserve University. (JimWATSON,SaulLOEB/AFP)
Le candidat démocrate à la présidence et ancien vice-président des États-Unis Joe Biden (à gauche) et le président des États-Unis Donald Trump s'expriment lors du premier débat présidentiel à la Case Western Reserve University. (JimWATSON,SaulLOEB/AFP)
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Publié le Dimanche 11 octobre 2020

Aux Etats-Unis, les équipes de campagne envahissent les téléphones portables

  • À l'approche de la présidentielle du 3 novembre, les électeurs américains reçoivent de drôles de messages sur leurs téléphones portables
  • «En 2016, la dépendance à Facebook et aux autres réseaux sociaux était plus grande, mais à présent les équipes de campagne ont pris en main la collecte de données»

WASHINGTON: Des électeurs américains reçoivent de drôles de messages sur leurs téléphones portables à l'approche de la présidentielle du 3 novembre, leur indiquant que leur vote par anticipation n'a pas été pris en compte, ou qu'ils ne sont pas inscrits sur les listes.

Invités à cliquer sur un lien, ils tombent alors sur un article contenant de fausses informations sur une personnalité politique.

Car pour collecter des données, et toucher les électeurs, les équipes de campagne doivent désormais contourner les réseaux sociaux, depuis que Twitter, Facebook ou encore Google ont durci leurs règles sur les publications.

«Ce que nous voyons est presque plus fort qu'en 2016», explique Samuel Woolley, professeur à l'Université du Texas, et qui dirige la recherche sur la propagande.

Les données personnelles de dizaines de millions d'utilisateurs de Facebook dans le monde avaient alors été détournées par l'entreprise britannique Cambridge Analytica, qui travaillait pour la campagne de Donald Trump, un scandale qui avait éclaté en 2018.

«En 2016, la dépendance à Facebook et aux autres réseaux sociaux était plus grande, mais à présent les équipes de campagne ont pris en main la collecte de données», relève Samuel Woolley, qualifiant l'application mobile de Donald Trump d'«outil de surveillance».

Son équipe de chercheurs a en effet observé que l'application du président, et dans une moindre mesure, celles de son concurrent démocrate Joe Biden et d'autres groupes d'activistes politiques, permettaient aux organisateurs de récupérer des données pour créer des profils, puis envoyer des messages ciblés par SMS, email ou via les réseaux sociaux.

Les informations collectées ne sont pas seulement celles des utilisateurs de ces applications, mais aussi celles de leurs contacts.

Publicités déguisées 

Thomas, 32 ans, a ainsi reçu des dizaines de messages sur son téléphone portable, souvent en faveur de Donald Trump.

«Pillages. Emeutes. Villes en feu. Voilà la réalité d'une Amérique dirigée par Biden», lit ce responsable informatique, qui habite Boston. «Ça m'a vraiment perturbé», explique-t-il. «Je ne souscris pas à des partis politiques conservateurs".

Comme lui, beaucoup des destinataires n'ont jamais téléchargé d'application liée à un parti politique, ni même donné leur accord pour recevoir de telles notifications, alertent les chercheurs.

«L'envoi de ces messages ne requiert pas de consentement», explique Jacob Gursky, chercheur dans l'équipe de Samuel Woolley.

Certains messages sont en réalité des publicités, mais sans être étiquetées ainsi, contrairement à l'obligation qu'ont les médias ou les réseaux sociaux de le faire.

Le FBI enquête d'ailleurs sur les infractions liées à ces envois, comme la diffusion de fausses informations ou l'usage de menaces ou d'intimidations.

Des «personnes sans scrupules utilisent différentes méthodes pour diffuser de la désinformation sur le vote, telles que les réseaux sociaux, les SMS ou les applications de messagerie», avait indiqué l'agence dans un communiqué publié en septembre.

Aucune des deux équipes de campagne n'a répondu aux sollicitations de l'AFP.

Pas de législation

Et si Google et Facebook ont imposé de nouvelles règles, cela a certes amélioré les choses, mais le travail est loin d'être terminé, souligne Bridget Barrett, chercheuse au centre pour l'information, la technologie et la vie publique de l'Université de Caroline du Nord. «On ne permet pas à la Russie d'acheter des publicités politiques avec des roubles, alors c'est mieux», ironise-t-elle.

Mais elle note que Facebook autorise toujours les annonceurs, qu'ils soient politiques ou commerciaux, à sélectionner les destinataires de leurs publicités.

«Nous n'avons pas de législation générale sur la confidentialité des données», relève-t-elle, soulignant que «l'ensemble de l'écosystème numérique est préoccupant du point de vue de la vie privée, concernant la propriété des données ou le droit d'être informé sur la façon dont elles sont utilisées».

Et le micro-ciblage est toujours présent. Cette technique n'est pas nouvelle mais avait été utilisée avec succès par l'équipe de Donald Trump en 2016 car elle permet de toucher les gens grâce aux informations qu'ils donnent sur les réseaux sociaux notamment.

«Les équipes de campagne ont d'importants volumes de données sur les électeurs», ce qui facilite la diffusion de la désinformation, mais aussi les encouragements ou les dissuasions à aller voter, détaille Costas Panagopoulos, responsable des sciences politiques à l'Université Northeastern.

Si «le but de certains de ces messages est de déposséder les électeurs de leurs droits», ceux-ci ont pourtant, au final, «l'obligation et la responsabilité» de prendre leur décision sans se laisser duper.


Ukraine : Zelensky accuse la Russie de violer le cessez-le-feu qu'elle a pourtant annoncé

Un couple passe devant des drapeaux et des portraits de soldats tombés au combat à un mémorial improvisé pour les combattants ukrainiens et étrangers tombés au combat, sur la place de l'Indépendance à Kiev, le 19 avril 2025,Le président russe Vladimir Poutine a annoncé samedi une trêve de Pâques dans le conflit en Ukraine, qui débutera ce soir et durera jusqu'au 20 avril 2025 à minuit. (Photo Sergei SUPINSKY / AFP)
Un couple passe devant des drapeaux et des portraits de soldats tombés au combat à un mémorial improvisé pour les combattants ukrainiens et étrangers tombés au combat, sur la place de l'Indépendance à Kiev, le 19 avril 2025,Le président russe Vladimir Poutine a annoncé samedi une trêve de Pâques dans le conflit en Ukraine, qui débutera ce soir et durera jusqu'au 20 avril 2025 à minuit. (Photo Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • « Guidée par des considérations humanitaires, la partie russe décrète une trêve de Pâques.
  • En fin de journée, Volodymyr Zelensky a toutefois assuré sur X que « des assauts russes se poursuivaient dans plusieurs secteurs du front », tandis qu'une alerte antiaérienne retentissait à Kiev. 

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé samedi la Russie de violer le cessez-le-feu que Vladimir Poutine venait d'annoncer pour Pâques et que l'Ukraine s'était engagée à respecter, ce qui constituerait la pause la plus significative dans les combats depuis le début du conflit il y a trois ans.

« Guidée par des considérations humanitaires, la partie russe décrète une trêve de Pâques aujourd'hui, de 18 heures (15 heures GMT) à minuit entre dimanche et lundi (21 heures GMT dimanche). Je donne l'ordre de cesser toutes les hostilités pendant cette période », a déclaré le chef de l'État russe.

« Nous supposons que la partie ukrainienne suivra notre exemple », a-t-il ajouté, tout en demandant aux forces russes de se tenir prêtes à une « réponse immédiate et complète » en cas de « violations de la trêve ».

« Si la Russie est prête à vraiment s'engager, l'Ukraine fera de même », a écrit le président ukrainien sur X, ajoutant qu'il proposait « d'étendre le cessez-le-feu au-delà du 20 avril ».

En fin de journée, Volodymyr Zelensky a toutefois assuré sur X que « des assauts russes se poursuivaient dans plusieurs secteurs du front », tandis qu'une alerte antiaérienne retentissait à Kiev. 

Le gouverneur de la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, a pour sa part fait état d'attaques de drones russes au même moment.

« Les combats se poursuivent et les attaques russes continuent », a déclaré samedi soir le chef d'état-major de l'armée ukrainienne. « Dans certaines zones de la ligne de front, l'artillerie russe continue d'être entendue, malgré la promesse de silence du dirigeant russe. Des drones russes sont utilisés. »

« Poutine vient de faire des déclarations sur sa prétendue volonté de mettre fin aux hostilités. Nous savons que ses paroles ne sont pas dignes de confiance et nous examinerons les actes, pas les paroles », a mis en garde Andriy Sybiga, le ministre ukrainien des Affaires étrangères. 

Samedi, la Russie a par ailleurs annoncé avoir échangé 246 prisonniers de guerre ukrainiens contre le même nombre de prisonniers russes, ainsi que 31 blessés ukrainiens et 15 blessés russes.

Les Émirats arabes unis, médiateurs dans ce dossier, ont confirmé l'opération dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères publié samedi soir, saluant « le plus grand échange de prisonniers depuis le début de la guerre ».

La Pâques, l'une des plus importantes fêtes du calendrier chrétien qui commémore la résurrection du Christ, est célébrée cette année dimanche, à la même date par les catholiques et les orthodoxes.

Des tentatives d'instaurer un cessez-le-feu à cette occasion en Ukraine ont déjà eu lieu à deux reprises depuis le début du conflit en février 2022.

La trêve ordonnée samedi par M. Poutine intervient alors que les efforts de l'administration de Donald Trump pour trouver une issue au conflit en Ukraine semblent s'enliser ces derniers jours.

Par ailleurs, la Russie a revendiqué samedi avoir « libéré » 99,5 % de la région russe de Koursk, cible en août 2023 d'une offensive surprise des forces ukrainiennes.

Une telle progression replacerait à nouveau la totalité du front sur le sol ukrainien, ce qui renforcerait la confiance de la Russie.

À Moscou, Evgeniy Pavlov, 58 ans, a exprimé son scepticisme à l'égard de la trêve annoncée.

« Il ne faut pas donner de répit à l'Ukraine. Si nous insistons, cela signifie que nous devons aller jusqu'au bout », a-t-il dit à l'AFP.


Canada: participation élevée pour le vote anticipé

Un bénévole installe des panneaux de signalisation pour diriger les gens vers un bureau de vote lors du vote anticipé à Montréal, Québec, Canada, le 19 avril 2025. (Photo par ANDREJ IVANOV / AFP)
Un bénévole installe des panneaux de signalisation pour diriger les gens vers un bureau de vote lors du vote anticipé à Montréal, Québec, Canada, le 19 avril 2025. (Photo par ANDREJ IVANOV / AFP)
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  • Selon les données préliminaires d'Elections Canada envoyées à l'AFP, plus de 2 millions de Canadiens ont voté dès le premier jour du vote par anticipation vendredi, soit une augmentation de 36 % par rapport au même jour lors des élections de 2021.
  • Le pays est confronté à une crise sans précédent avec son voisin américain.

MONTREAL : L'organisme chargé des élections au Canada a noté samedi une participation anticipée élevée, qui témoigne d'un « engouement pour le vote » à une semaine d'un scrutin législatif dominé par les tensions avec le voisin américain.

Selon les données préliminaires d'Elections Canada envoyées à l'AFP, plus de 2 millions de Canadiens ont voté dès le premier jour du vote par anticipation vendredi, soit une augmentation de 36 % par rapport au même jour lors des élections de 2021.

Les électeurs canadiens peuvent voter par anticipation jusqu'à lundi soir, avant le scrutin du 28 avril. Vendredi, de longues files d'attente se sont formées devant des bureaux de vote dans plusieurs grandes villes du pays et l'attente a duré jusqu'à deux heures, ont rapporté des superviseurs à l'AFP.

« C'est une élection particulière à cause de ce qui se passe avec les États-Unis », explique à l'AFP Josée Fournier, rencontrée devant un bureau de vote à Montréal samedi. 

Le pays est confronté à une crise sans précédent avec son voisin américain, et « c'est sérieux ce qui se passe », ajoute l'agent de ressources humaines de 60 ans, qui a hésité jusqu'au bout avant de faire son choix.

Raphaël Collomb, 35 ans, a suivi de très près la campagne en « lisant tout dans les médias et les programmes des candidats ». Son souhait ? « Que l'économie aille mieux et qu'il y ait plus de tranquillité pour tout le monde », dit-il à l'AFP.

Donald Trump multiplie les menaces douanières et les attaques contre la souveraineté du pays, ce qui incite de nombreux électeurs canadiens à voter pour le parti perçu comme le plus apte à faire face au président américain.

Selon les derniers sondages, les Libéraux du Premier ministre sortant Mark Carney recueillent environ 44 % des voix, contre 38 % pour les conservateurs. Viennent ensuite le Nouveau parti démocratique (NPD, gauche) avec 8 % des intentions de vote, puis le Bloc québécois (parti indépendantiste qui ne présente des candidats qu'au Québec) avec 5 %.  


Des milliers d'Américains manifestent contre Trump

Une personne crie à côté d'une image du président Donald Trump alors que des gens participent à une manifestation organisée pour « Protéger les migrants, protéger la planète » le 19 avril 2025 à New York. Les organisateurs de la manifestation nationale ont déclaré que les manifestations visaient à dénoncer la « prise de contrôle hostile du gouvernement » par l'administration Trump. Adam Gray//Getty Images via AFP)
Une personne crie à côté d'une image du président Donald Trump alors que des gens participent à une manifestation organisée pour « Protéger les migrants, protéger la planète » le 19 avril 2025 à New York. Les organisateurs de la manifestation nationale ont déclaré que les manifestations visaient à dénoncer la « prise de contrôle hostile du gouvernement » par l'administration Trump. Adam Gray//Getty Images via AFP)
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  • Des milliers d'Américains sont descendus dans la rue samedi à New York et dans d'autres grandes villes du pays pour une deuxième journée de mobilisation anti-Trump en l'espace de deux semaines.
  • « Les immigrés sont les bienvenus ici », criaient les manifestants réunis devant la bibliothèque de la plus grande ville des États-Unis, à quelques encablures de la célèbre Trump Tower du milliardaire. 

NEW-YORK : Des milliers d'Américains sont descendus dans la rue samedi à New York et dans d'autres grandes villes du pays pour une deuxième journée de mobilisation anti-Trump en l'espace de deux semaines.

« Pas de roi en Amérique » ou « Résistons à la tyrannie » pouvait-on lire sur des pancartes lors de la manifestation new-yorkaise, à côté d'images du président américain affublé d'une moustache à la Hitler.

« La démocratie court un grand danger », a déclaré à l'AFP Kathy Valy, 73 ans, une descendante de survivants de la Shoah, qui affirme que ce que ses parents lui ont raconté à propos de la montée du nazisme dans les années 1930 « est en train de se passer ici ».

« La différence avec les autres fascistes (...) c'est que Trump est trop bête pour être efficace et que son équipe est divisée », se rassurait-elle.

Les manifestants ont particulièrement dénoncé la politique anti-immigration de la Maison Blanche, alors que la Cour suprême a suspendu les expulsions d'immigrés sur la base d'une loi de 1798 sur « les ennemis étrangers ».

« Les immigrés sont les bienvenus ici », criaient les manifestants réunis devant la bibliothèque de la plus grande ville des États-Unis, à quelques encablures de la célèbre Trump Tower du milliardaire. 

Des contestataires se sont aussi rassemblés devant la Maison Blanche à Washington, bien qu'en nombre apparemment inférieur à la précédente mobilisation du samedi 5 avril, qui avait réuni des dizaines de milliers de personnes.

Benjamin Douglas, 41 ans, a dénoncé : « L'administration Trump mène un assaut contre l'État de droit et le fait qu'il faut empêcher l'État d'empiéter sur les droits des gens qui vivent ici, aux États-Unis. »

M. Douglas, un Américain d'origine palestinienne portant un keffieh sur la tête, tenait une pancarte en soutien à Mahmoud Khalil, un étudiant arrêté le mois dernier à New York et menacé d'expulsion pour avoir organisé des manifestations contre la guerre à Gaza.

L'administration républicaine s'en prend à des personnes « afin de faire monter la xénophobie et d'éroder des protections juridiques bien établies », accuse-t-il. 

Des rassemblements ont également été signalés à l'extérieur de concessions Tesla, la marque automobile propriété d'Elon Musk, milliardaire chargé par Donald Trump de réformer en profondeur la fonction publique.

La mobilisation était organisée par un groupement baptisé 50501, en référence aux 50 États du pays et à l'objectif de 50 manifestations. L'ensemble de ces actions doit aboutir à un mouvement d'opposition unique au milliardaire républicain.

Le mouvement constitue « une réponse décentralisée et rapide aux actes anti-démocratiques et illégaux de l'administration Trump et de ses alliés ploutocrates », explique-t-il sur son site internet.

Selon cette organisation, quelque 400 manifestations étaient prévues dans la journée et 50501 a appelé des millions de personnes à descendre dans la rue.

Toutefois, il est difficile d'obtenir des chiffres précis, de nombreux services de police refusant de fournir des estimations.