Les étudiants ukrainiens ou russes en France, «dommage collatéral» du conflit

Une femme tient une pancarte "Armes pour l'Ukraine" alors qu'elle participe à une manifestation de soutien à l'Ukraine sur le parvis de la mairie de Paris, le 17 mars. (Photo, AFP)
Une femme tient une pancarte "Armes pour l'Ukraine" alors qu'elle participe à une manifestation de soutien à l'Ukraine sur le parvis de la mairie de Paris, le 17 mars. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 20 mars 2022

Les étudiants ukrainiens ou russes en France, «dommage collatéral» du conflit

  • A Paris-Saclay, au sud de Paris, l'aide sociale d'urgence est aussi mobilisée pour les Ukrainiens et Russes présents sur le campus
  • Tout comme les universités, le réseau des Crous mobilise ses dispositifs d'urgence (aides, repas à un euro pour les non boursiers en situation de précarité...)

PARIS : Incertitudes sur leur avenir, situation financière tendue, titres de séjour compliqués à renouveler... Face au conflit en Ukraine, des étudiants ukrainiens ou russes en France, inquiets, tentent de s'organiser.

"Nous sommes un peu un dommage collatéral" de la situation, estime Ekaterina, étudiante russe en licence de géographie et aménagement à Aix-en-Provence.

"En ce moment, nous sommes coupés des ressources envoyées par nos familles", regrette cette jeune femme, cofondatrice du compte Twitter SOS Etudiants russes, qui leur permet de parler de leurs difficultés, notamment leurs comptes bancaires bloqués. "Nous ne pouvons plus retirer d'argent dans les distributeurs, payer avec nos cartes bancaires russes, payer nos logements..." 

Au début de la guerre, Ekaterina a renfloué son compte français et dit avoir "à peu près l'argent pour financer un mois-un mois et demi maximum". Mais après elle "ne pourra plus payer" son logement. Elle attend une aide du Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) de 200 euros sous forme de bon d'achat.

Le renouvellement de son titre de séjour est aussi en question car "il faut avoir toujours la somme pour financer l'année suivante", explique-t-elle. Sur ce sujet, des étudiants russes en France ont fait une pétition pour demander un assouplissement exceptionnel de la procédure.

Alexandra, en master d'études slaves à Sorbonne université, dépeint une situation "vraiment difficile". 

"Actuellement, les banques françaises n'ouvrent pas de comptes pour les Russes. C'est un problème", pointe celle qui se dit chanceuse d'avoir un compte français, d'être boursière et d'avoir un logement étudiant.

Elle se félicite de "ne pas avoir eu à faire face à de la discrimination" parce qu'elle est Russe. "Mais quand les Français me demandent d'où je viens, il y a toujours un blanc...", ajoute cette étudiante de 21 ans, qui voudrait rester encore au moins un an en France mais s'inquiète pour son titre de séjour.

"Trop difficile psychologiquement"

"Pour les étudiants déjà en France et dont le visa arrive à expiration, les instructions officielles ne sont pas encore parues, mais ils sont invités à aller en préfecture demander l'examen de leur situation", affirme Campus France.

Selon cet organisme qui promeut le système d'enseignement supérieur français à l'étranger, 1.637 étudiants ukrainiens et 5.146 russes sont actuellement en France.

Assuré par les universités et Crous, le soutien pourrait devenir difficile si leur nombre augmente de façon exponentielle, comme anticipé. De nombreuses universités ont déjà mis en place des dispositifs d'aide, comme à Bordeaux, Nantes, Angers ou Lyon. 

A Paris-Saclay, au sud de Paris, l'aide sociale d'urgence est aussi mobilisée pour les Ukrainiens et Russes présents sur le campus.

Parmi eux, Oleksandra, 19 ans, a quitté l'Ukraine juste avant le conflit pour un stage de deux mois. "Je suis partie sans me douter du tout qu'il y aurait la guerre, sans emporter beaucoup de vêtements", témoigne-t-elle.

"Emotionnellement, c'est très difficile", reconnaît cette étudiante, inquiète pour sa famille. "Mais je suis contente d'avoir la possibilité d'étudier et de penser à autre chose".

Son maître de stage lui a déjà proposé de rester plus longtemps, et elle se demande maintenant "comment elle va continuer ses études".

Tout comme les universités, le réseau des Crous mobilise ses dispositifs d'urgence (aides, repas à un euro pour les non boursiers en situation de précarité...). 

Il loge actuellement plus de 200 étudiants ukrainiens dans ses résidences, dont Nataliia Kyselova, 25 ans, boursière en cinéma et arts visuels à Lyon, en France depuis 2020. 

"Quand le conflit a éclaté, c'était très inattendu pour moi, j'ai été mal, à tel point que j'ai du être hospitalisée plusieurs jours car c'était trop difficile psychologiquement", confesse-t-elle. 

"Là je vais mieux, j'accepte la réalité. J'essaie d'être la plus forte possible pour aider comme je le peux", raconte cette étudiante, sans nouvelles de sa grand-mère à Marioupol. "C'est dur, mais je ne perds pas espoir".

Elle postule à une aide financière proposée par le Crous et a un titre de séjour jusqu'en janvier 2023. "Mais je cherche à le prolonger car je souhaiterais entrer en doctorat, et ce n'est pas simple du tout", soupire-t-elle.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.