NEW DELHI : Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, est attendu samedi en Inde pour des «discussions franches», selon Tokyo, sur le manque de volonté de New Delhi de condamner l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Contrairement aux autres membres de l'alliance du «Quad» -le Japon, l'Australie et les Etats-Unis-, l'Inde s'est abstenue lors des votes de trois résolutions à l'ONU condamnant l'opération militaire de Moscou, et s'est contentée d'appeler à l'arrêt des violences.
Avant la visite de M. Kishida, la première d'un Premier ministre japonais depuis 2017, un responsable du ministère des Affaires étrangères a assuré que Tokyo était «conscient» des liens historiques entre New Delhi et Moscou et de la situation géographique de l'Inde.
«Mais en même temps, nous partageons des valeurs fondamentales et des intérêts stratégiques. Il y aura donc naturellement des discussions franches sur la façon dont nous voyons la situation en Ukraine, et nous nous attendons aussi à entendre des explications similaires de la part du Premier ministre Modi», a déclaré le fonctionnaire aux journalistes en souhaitant garder l'anonymat.
Début mars, M. Kishida, le président américain Joe Biden et le Premier ministre australien Scott Morrison n'avaient pas réussi à convaincre leur homologue indien Narendra Modi d'adopter une position plus ferme.
Dans un communiqué commun, le «Quad» avait indiqué que ses dirigeants avaient «évoqué le conflit et la crise humanitaire en cours en Ukraine et évalué ses conséquences plus larges», sans condamner la Russie.
Selon un compte-rendu des services de Narendra Modi, ce dernier a «souligné que le +Quad+ devait rester concentré sur son objectif principal, qui est de promouvoir la paix, la stabilité et la prospérité dans la région Indo-Pacifique».
Pour ministère indien des Affaires étrangères, les discussions avec le Premier ministre japonais seront «l'occasion (...) d'échanger des points de vue sur des questions régionales et mondiales d'intérêt commun afin de faire progresser leur partenariat pour la paix, la stabilité et la prospérité dans la région indo-pacifique et au-delà».
M. Modi doit aussi s'entretenir avec M. Morrison lundi par visioconférence.
La Russie est le premier fournisseur d'armes de l'Inde, qui a cependant besoin du soutien du «Quad» face à l'influence croissante de la Chine dans la région.
Les tensions entre New Delhi et Pékin sont au plus haut depuis des affrontements en 2020 à la frontière qu'ils se disputent dans l'Himalaya, qui ont fait au moins vingt morts parmi les soldats indiens et quatre côté chinois.