Ukraine: Moscou accusé de commettre des crimes de guerre, les victimes civiles s'accumulent

Bombardement près de Kiev, en Ukraine, le 17 mars 2022 (Photo, Reuters).
Bombardement près de Kiev, en Ukraine, le 17 mars 2022 (Photo, Reuters).
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Publié le Vendredi 18 mars 2022

Ukraine: Moscou accusé de commettre des crimes de guerre, les victimes civiles s'accumulent

  • Zelensky a imploré les Occidentaux d'aider à arrêter cette guerre au moment où une frappe russe faisait au moins 27 morts
  • Plus de trois millions d'Ukrainiens ont pris les routes de l'exil, en grande majorité vers la Pologne

KIEV: Les accusations contre Moscou de commettre des crimes de guerre en Ukraine se sont multipliées jeudi, à mesure que les victimes civiles augmentaient dans des attaques sanglantes menées par l'armée russe.

Et Moscou semble de plus en plus isolée. La Russie a renoncé à tenir vendredi un vote au Conseil de sécurité de l'ONU sur une résolution liée à la guerre en Ukraine, faute de soutien de ses plus proches alliés, ont indiqué jeudi à l'AFP des diplomates.

"Ils ont fait appel au co-parrainage" pour leur texte portant selon eux sur l'humanitaire "et il n'y a pas eu de retour", a indiqué un ambassadeur sous couvert d'anonymat, laissant entendre que ni la Chine ni l'Inde ne soutenaient l'initiative controversée russe et n'auraient voté en sa faveur.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a imploré jeudi les Occidentaux d'aider à "arrêter cette guerre", au moment où une frappe russe faisait au moins 27 morts dans l'est du pays, après trois semaines d'une offensive de Moscou qui ne donne aucun signe de répit malgré la poursuite de pourparlers.

Les auteurs de crimes de guerre en Ukraine devront "rendre des comptes" devant la justice internationale, ont de leur côté averti les ministres des Affaires étrangères du G7 dans une déclaration commune, soulignant que la "collecte de preuves" était en cours.

Une accusation reprise par le chef de la diplomatie américaine: "Cibler intentionnellement des civils est un crime de guerre. Après tant de destructions ces trois dernières semaines, je trouve difficile de conclure que les Russes font autre chose que cela", a déclaré jeudi Antony Blinken.

La France va débloquer 300 millions d'euros pour l'Ukraine

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a confirmé, lors d'un entretien avec son homologue Dmytro Kouleba, "le déblocage dans les prochains jours d'une enveloppe d'assistance financière de 300 millions d'euros, conformément à l'engagement pris" par le président Emmanuel Macron auprès de son homologue Volodymyr Zelensky.

La France livre également des équipements de défense et un soutien en carburant aux forces ukrainiennes.

Jean-Yves Le Drian s'est engagé par ailleurs à "poursuivre les efforts (de la France) au niveau européen pour renforcer le coût pour la Russie de la poursuite de ses opérations militaires", a ajouté le ministère.

«Voyou»

Le président Joe Biden, qui avait qualifié mercredi Vladimir Poutine de "criminel de guerre", l'a traité le lendemain de "voyou" et de "dictateur sanguinaire".

Evoquant les pourparlers en cours entre Kiev et Moscou, M. Blinken a estimé que la Russie n'avait pas démontré jusqu'ici "d'effort significatif".

"D'un côté, nous saluons l'Ukraine qui reste à la table des négociations alors qu'elle est sous les bombes, et de l'autre côté, je n'ai pas vu d'effort significatif de la part de la Russie pour mettre fin par la diplomatie à la guerre qu'elle mène", a-t-il dit.

M. Blinken a par ailleurs assuré que le président Joe Biden allait menacer son homologue chinois Xi Jinping, avec lequel il doit s'entretenir vendredi, de représailles si la Chine devait "soutenir l'agression russe", notamment par l'envoi d'aide militaire à Moscou. 

Le président ukrainien a pour sa part lancé: "Un peuple est en train d'être détruit en Europe", en s'adressant par visioconférence au Bundestag allemand. "Aidez-nous à arrêter cette guerre!" a-t-il ajouté, ovationné par les députés.

L'Ukraine vit depuis trois semaines au rythme des annonces de frappes russes meurtrières sur ses villes, qu'elle accuse le Kremlin de viser à dessein. Dernière en date, une frappe d'artillerie a fait au moins 27 morts jeudi matin à Merefa, près de la ville assiégée de Kharkiv (est).

La Russie, faute d'alliés, renonce au vote à l'ONU d'une résolution sur l'Ukraine

La Russie a renoncé à tenir vendredi un vote au Conseil de sécurité de l'ONU sur une résolution liée à la guerre en Ukraine, faute de soutien de ses plus proches alliés, ont indiqué jeudi à l'AFP des diplomates.

"Ils ont fait appel au co-parrainage" pour leur texte portant selon eux sur l'humanitaire, "et il n'y a pas eu de retour", a indiqué un ambassadeur sous couvert d'anonymat, laissant entendre que ni la Chine ni l'Inde ne soutenaient l'initiative controversée russe et n'auraient voté en sa faveur.

Théâtre «sciemment» visé

"Une école et un centre culturel ont été détruits. 21 personnes ont été tuées et 25 blessées dont 10 sont dans un état grave", a annoncé le parquet régional.

Les regards étaient également tournés jeudi vers Marioupol, ville portuaire du sud-est assiégée et où Volodymyr Zelensky a accusé mercredi l'aviation russe d'avoir "sciemment" bombardé un théâtre où étaient réfugiés des centaines d'habitants.

"Le monde doit finalement admettre que la Russie est devenue un Etat terroriste", avait-il ajouté.

La mairie de ce port stratégique sur la mer d'Azov, selon laquelle "plus d'un millier" de personnes se trouvaient dans un abri antiaérien sous le théâtre, a indiqué jeudi après-midi ne pas connaître encore le bilan de cette frappe qui a détruit en grande partie le bâtiment.

Le déblayage des décombres se poursuit malgré les bombardements incessants, mais "les informations sur les victimes sont toujours en cours de clarification", a indiqué la municipalité sur Telegram. 

La Russie a affirmé ne pas avoir bombardé la ville, et avancé que l'immeuble avait été détruit par le bataillon nationaliste ukrainien Azov.

Selon le ministre italien de la Culture, Rome est "disposée à reconstruire le théâtre". "Le gouvernement a approuvé ma proposition d'offrir à l'Ukraine les ressources et les moyens pour le reconstruire dès que possible", a-t-il tweeté. "Les théâtres de tous les pays appartiennent à l'humanité tout entière".

Situation «critique» à Marioupol

Selon la mairie de Marioupol, la situation est "critique" avec des bombardements russes "ininterrompus" et des destructions "colossales". 

Selon les premières estimations, environ 80% du parc de logement de la ville a été détruit". 

Des personnes ayant réussi à fuir ont raconté avoir fait fondre de la neige pour boire et cuire le peu de nourriture disponible sur des braseros.

"Ils tirent tellement de roquettes, il y a beaucoup de corps de civils morts dans les rues", a raconté à l'AFP Tamara Kavounenko, 58 ans, qui vivait en centre ville.

Selon Iryna Verechtchouk, vice-Première ministre ukrainienne, 8 couloirs humanitaires sur 9 ont fonctionné jeudi et 3.810 civils ont été évacués des zones de combats.

Depuis le début de l'offensive le 24 février, les forces russes n'ont encore revendiqué la prise d'aucune grande ville ukrainienne, même si elles ont nettement progressé dans le sud et semblent avancer dans l'est du pays.

Selon l'ONG Human Rights Watch (HRW), les forces russes ont notamment utilisé des bombes à sous-munitions les 7, 11 et 13 mars, sur la ville de Mykolaïv, proche d'Odessa. Neuf personnes sont mortes le 13 mars, qui faisaient la queue à un distributeur, selon l'organisation.

Les bombardements se poursuivent aussi sur Kharkiv, deuxième ville du pays, où au moins 500 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre.

Ukraine: Bruxelles va proposer de cultiver les jachères pour doper la production de l'UE

Bruxelles prépare des dérogations sur le taux minimal de terres en jachères imposé aux agriculteurs, pour les mettre en culture et doper la production alimentaire de l'UE face à l'impact de la guerre en Ukraine, a annoncé jeudi le commissaire à l'Agriculture.

La guerre opposant Ukraine et Russie, deux gros producteurs de céréales, a propulsé les cours des huiles, blé, soja, colza, tournesol et maïs à des niveaux records et Moscou menace de suspendre ses exportations d'engrais dont les Européens sont dépendants.

Sifflement

A Kiev, une frappe sur un immeuble a tué une personne jeudi à l'aube.

"J'ai entendu un sifflement et mon mari m'a appelée en criant. On habite au rez-de-chaussée, les fenêtres se brisaient. Le principal, c'est qu'on soit vivants", a dit à l'AFP Iryna Voïnovska, 55 ans, en sanglots. "Malheureusement, une femme est morte au 16e étage, écrasée par une gazinière".

La capitale a repris lentement vie jeudi après la levée d'un couvre-feu imposé depuis mardi soir.

Mais les rues, ponctuées de points de contrôle et de sacs de sable, restaient quasiment désertes. La ville s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions habitants.

Aucun bilan global n'a jamais été fourni, même si le président Zelensky a mentionné le 12 mars la mort d'"environ 1.300" militaires ukrainiens, tandis que Moscou n'a que rapporté près de 500 morts dans ses rangs le 2 mars.

Cent-huit enfants ont été tués et 120 blessés dans le pays depuis l'invasion russe, a indiqué jeudi le Parquet général ukrainien.

Plus de trois millions d'Ukrainiens ont pris les routes de l'exil, en grande majorité vers la Pologne. Des milliers d'entre eux poursuivent leur voyage vers d'autres pays, comme la Suède: Stockholm estime qu'ils arrivent au rythme de près de 4.000 personnes par jour, et n'exclut pas d'en recevoir jusqu'à 200.000.

Vladimir Poutine a martelé mercredi dans un discours que l'offensive était "un succès". Son porte-parole Dmitri Peskov a affirmé que la "majorité écrasante" des Russes soutenait la ligne décidée par le président russe.

Les autres sont des "traîtres" et le conflit les révèle, permettant une "purification" de la société, a-t-il ajouté, alors que nombre de Russes opposés au Kremlin ont quitté le pays depuis le début de l'offensive.

«Accord de sécurité collective»

Malgré la détermination qu'affichent les deux camps, des pourparlers se poursuivent en parallèle par visioconférence au niveau de délégations.

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, en visite à Lviv (ouest de l'Ukraine), a indiqué que Kiev avait "fait une offre sur l'accord de sécurité collective: P5 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, NDLR), plus Turquie et Allemagne".

"Lors de mes contacts à Moscou hier, j'ai vu que la Fédération de Russie (...) pouvait accepter une telle offre", a précisé le ministre.

La veille, l'Ukraine avait rejeté la proposition russe d'un simple statut de pays neutre, exigeant des "garanties de sécurité absolues".

Frappée par de lourdes sanctions, la Russie a cependant apparemment échappé pour l'instant au défaut de paiement sur sa dette: selon une source proche du dossier, la banque JPMorgan a bien reçu le paiement d'une tranche d'intérêts de 117,2 millions de dollars qui arrivait à échéance.


Sur l'Ukraine, les pays du G7 cherchent à afficher une certaine unité

De gauche à droite, Kaja Kallas, responsable de la politique étrangère de l'Union européenne (UE), Takeshi Iwaya, ministre japonais des affaires étrangères, David Lammy, ministre britannique des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, ministre français des affaires étrangères, Mélanie Joly, ministre canadienne des affaires étrangères, Marco Rubio, secrétaire d'État américain, Annalena Baerbock, ministre allemande des affaires étrangères, et Antonio Tajani, ministre italien des affaires étrangères, posent pour une photo lors de la réunion des ministres des affaires étrangères du G7 à La Malbaie, au Québec, le 13 mars 2025. (AFP)
De gauche à droite, Kaja Kallas, responsable de la politique étrangère de l'Union européenne (UE), Takeshi Iwaya, ministre japonais des affaires étrangères, David Lammy, ministre britannique des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, ministre français des affaires étrangères, Mélanie Joly, ministre canadienne des affaires étrangères, Marco Rubio, secrétaire d'État américain, Annalena Baerbock, ministre allemande des affaires étrangères, et Antonio Tajani, ministre italien des affaires étrangères, posent pour une photo lors de la réunion des ministres des affaires étrangères du G7 à La Malbaie, au Québec, le 13 mars 2025. (AFP)
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  • Les chefs de diplomatie du G7 poursuivent jeudi soir leurs discussions pour parvenir à parler d'une même voix sur l'Ukraine malgré une approche américaine devenue plus conciliante à l'égard de Moscou
  • L'unité du groupe est fortement ébranlée par le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui s'est rapproché de manière spectaculaire de Vladimir Poutine

Charlevoix, Canada: Les chefs de diplomatie du G7 poursuivent jeudi soir leurs discussions pour parvenir à parler d'une même voix sur l'Ukraine malgré une approche américaine devenue plus conciliante à l'égard de Moscou avec Donald Trump.

Mélanie Joly, la ministre des Affaires étrangères du Canada, pays hôte du G7, doit tenir une conférence de presse vendredi à 8H30 (12H30 GMT) pour le dernier jour des discussions.

L'unité du groupe - Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Royaume-Uni et Japon - est fortement ébranlée par le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui s'est rapproché de manière spectaculaire de Vladimir Poutine et mène une guerre commerciale avec ses proches alliés.

Le porte-parole du ministère japonais des Affaires étrangères, Toshihiro Kitamura, a dit espérer que le G7 parvienne à une déclaration d'unité sur l'Ukraine.

"Si nous ne le faisons pas, cela ne fera que profiter à des pays comme la Chine et la Russie", s'est inquiété M. Kitamura.

Selon une source diplomatique à l'AFP, "il reste du travail" pour s'accorder malgré les désaccords. "Tout le monde s'observe, chacun reste sur ses positions mais sans se montrer offensif", a décrit cette même source.

Le pivot de Donald Trump vers la Russie a provoqué une onde de choc en Europe et au-delà. Et a conduit les Européens à accélérer les discussions sur un avenir de défense sans les Etats-Unis.

- "Très fermes" -

L'Ukraine est le sujet numéro un de ce sommet multilatéral de trois jours des ministres des Affaires étrangères du G7 à Charlevoix, dans un hôtel qui surplombe le fleuve Saint-Laurent.

Il intervient juste après le feu vert de Kiev à la proposition américaine d'un cessez-le-feu de 30 jours, plus de trois ans après l'invasion russe.

Pendant la réunion du G7, Vladimir Poutine, dont le monde entier attendait la réponse, s'est dit depuis Moscou "pour" une trêve.

"Mais il y a des nuances" et des "questions importantes" à régler, a-t-il immédiatement temporisé, demandant à en discuter avec les Etats-Unis.

Washington presse Moscou d'accepter une trêve "sans conditions", comme gage de bonne volonté.

"Nous devons être très fermes sur le fait que tout cessez-le-feu ne peut être assorti de conditions", a renchéri la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas dans une interview à CNN jeudi en marge du sommet.

"Si la Russie veut mettre fin à cette guerre, ils n'ont qu'à arrêter de bombarder l'Ukraine", a-t-elle souligné.

En ouvrant la session formelle du G7, Mélanie Joly a appelé les puissances à "continuer à soutenir l'Ukraine face à l'agression illégale de la Russie" pour aboutir à "une paix juste et durable en Ukraine".

"A quoi servirait un cessez-le-feu qui, dans deux ou quatre ans, conduirait à plus de souffrance, plus de destructions, plus de guerre en Europe?", a averti en amont la ministre allemande Annalena Baerbock.

- Trump encore à l'attaque -

Outre l'Ukraine, les chefs de diplomatie ont également abordé le conflit au Proche-Orient et la détérioration de la situation en Syrie.

Toutes ces discussions sont compliquées par les très fortes tensions entre les Etats-Unis et le reste du G7, notamment en raison de la guerre commerciale lancée par Donald Trump.

Le secrétaire d'Etat Marco Rubio est le premier haut responsable américain à fouler le sol canadien depuis le retour du républicain à la Maison Blanche.

Jeudi, ce dernier a menacé la France et l'Union européenne d'imposer des droits de douane de 200% sur leurs champagnes, vins et autres alcools.

La veille, des taxes douanières de 25% sont entrées en vigueur sur les importations d'acier et d'aluminium, entraînant des représailles immédiates de nombreux pays.

Cette guerre commerciale se double pour le Canada d'une menace plus lourde: Donald Trump veut le voir devenir le "51e Etat" américain.

Le milliardaire a continué jeudi sur sa lancée des dernières semaines, estimant que le Canada "ne fonctionne que s'il est un État" américain.

"Ce serait le pays le plus incroyable visuellement. Si vous regardez une carte, vous verrez qu'ils ont tracé une ligne artificielle entre le Canada et les États-Unis", a-t-il déclaré à des journalistes à Washington.


Un effondrement de l'Unrwa condamnerait une génération d'enfants palestiniens, dit son chef

Sur cette photo prise le 6 juillet 2024, des enfants réagissent après un bombardement israélien alors qu'ils se réfugient à l'école Jaouni gérée par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza. (AFP)
Sur cette photo prise le 6 juillet 2024, des enfants réagissent après un bombardement israélien alors qu'ils se réfugient à l'école Jaouni gérée par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza. (AFP)
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  • Le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, a assuré que l'organisation faisait face à une situation financière extrêmement tendue, soulignant qu'il existait un "risque réel d'effondrement et d'implosion de l'agence"
  • Si cela devait se produire, a-t-il déclaré à l'AFP, "nous sacrifierions définitivement une génération d'enfants, qui seraient privés d'une éducation correcte"

GENEVE: Le chef de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a prévenu jeudi que si l'agence des Nations unies, en proie à d'importantes difficultés financières, devait disparaître, une génération d'enfants serait privée d'éducation, "semant les graines d'un plus grand extrémisme".

Le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, a assuré que l'organisation faisait face à une situation financière extrêmement tendue, soulignant qu'il existait un "risque réel d'effondrement et d'implosion de l'agence".

Si cela devait se produire, a-t-il déclaré à l'AFP, "nous sacrifierions définitivement une génération d'enfants, qui seraient privés d'une éducation correcte".

"Si vous privez 100.000 filles et garçons de Gaza, par exemple, d'éducation, et s'ils n'ont aucun avenir", a-t-il mis en garde, et "s'ils n'ont comme seule école que leur désespoir et une vie dans les décombres, je dirais que nous ne faisons que semer les graines d'un plus grand extrémisme".

"C'est la recette d'un désastre", a-t-il ajouté.

Créée en 1949, l'Unrwa opère dans les Territoires palestiniens occupés en fournissant des services aux réfugiés, notamment dans les domaines de l'éducation, la santé et l'assainissement.

M. Lazzarini a qualifié l'agence de "bouée de sauvetage" pour près de six millions de réfugiés palestiniens à qui elle vient en aide à Gaza, en Cisjordanie occupée, au Liban, en Jordanie et en Syrie.

Mais les autorités israéliennes accusent des employés de l'Unrwa d'implication dans l'attaque du 7-Octobre.

Ces accusations avaient poussé d'importants donateurs à suspendre leur financement de l'agence. Une enquête onusienne avait établi en août que neuf membres de son personnel "pourraient avoir été impliqués".

Fin janvier, Israël a mis fin à l'action de l'Unrwa sur son territoire, conséquence d'une loi votée en octobre qui n'interdit en revanche pas son activité en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza.

M. Lazzarini avait estimé en début de semaine que l'Unrwa ne pourrait être remplacée, si elle venait à disparaître, que par des institutions palestiniennes. Il avait à cette occasion admis que d'autres organisations pourraient se substituer à l'Unrwa pour acheminer des camions d'aide humanitaire à Gaza.

Mais il a souligné que le champ d'action de l'UNRWA était beaucoup plus vaste. "Nous fournissons avant tout des services de type gouvernemental", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Je ne vois donc pas d'ONG ou d'agences de l'ONU se lancer soudainement dans la fourniture de services de type public".


Pakistan: arrivée des premiers cercueils après une spectaculaire prise d'otages

Jeudi, alors que les premiers cercueils arrivaient, un responsable des chemins de fer du Baloutchistan a affirmé à l'AFP que 21 corps seulement avaient été identifiés. (AFP)
Jeudi, alors que les premiers cercueils arrivaient, un responsable des chemins de fer du Baloutchistan a affirmé à l'AFP que 21 corps seulement avaient été identifiés. (AFP)
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  • Le Jaffar Express, parti pour rallier Peshawar plus au nord en 30 heures, avait à son bord environ 450 passagers, des civils et des militaires en permission, qui ont été surpris par l'explosion qui a fait sauter les rails sous la locomotive
  • Ont débuté plus de 30 heures de combats entre séparatistes qui avaient pris des passagers en otage, sur la base de leur profession ou de leur ethnie selon des témoignages de rescapés, et les forces de sécurité, déployées au sol et dans les airs

MACH: Au moins 25 dépouilles ont été ramenées jeudi dans la région du Baloutchistan au Pakistan, les premières retrouvées sur les lieux de la spectaculaire prise d'otages dans un train qui a tenu le pays en haleine durant deux jours.

A bord d'un train, les 25 cercueils sont entrés en gare de Mach, devenue hôpital de campagne et centre de crise improvisé depuis que l'Armée de libération du Baloutchistan (BLA), principal groupe séparatiste de cette province du sud-ouest, s'est emparée d'un train mardi.

Le Jaffar Express, parti pour rallier Peshawar plus au nord en 30 heures, avait à son bord environ 450 passagers, des civils et des militaires en permission, qui ont été surpris par l'explosion qui a fait sauter les rails sous la locomotive.

Ont débuté plus de 30 heures de combats entre séparatistes qui avaient pris des passagers en otage, sur la base de leur profession ou de leur ethnie selon des témoignages de rescapés, et les forces de sécurité, déployées au sol et dans les airs.

Mercredi soir, les autorités ont annoncé avoir libéré plus de 340 passagers et évoqué des victimes, mais les bilans diffèrent selon les sources qui ne parviennent pas au nombre de passagers annoncés à bord.

L'armée a déclaré dans un communiqué que "21 otages innocents" avaient été tués par leurs ravisseurs et que quatre soldats étaient morts lors des opérations de sauvetage.

Mais un haut-gradé avait auparavant rapporté à l'AFP un bilan plus élevé: 27 soldats tués alors qu'ils étaient otages à bord du train et un autre tué dans les combats contre les séparatistes.

Jeudi, alors que les premiers cercueils arrivaient, un responsable des chemins de fer du Baloutchistan a affirmé à l'AFP que 21 corps seulement avaient été identifiés.

Les 25 cercueils renferment les corps de "19 passagers membres de l'armée, un policier, un responsable ferroviaire et quatre corps restent à identifier", a-t-il dit.

Ce décompte a été confirmé à l'AFP par un gradé participant aux opérations de transfert des dépouilles.

Les autorités assurent en outre que les "33 terroristes" impliqués dans la prise d'otages ont été tués.

Tout au long de l'attaque de la BLA, d'une ampleur inédite, les passagers ayant réussi à échapper à leurs ravisseurs ont raconté les uns après les autres avoir vu nombre de leurs compagnons de route abattus par les assaillants montés dans le train.

Mercredi en fin de journée, après des heures de marche puis de train, onze d'entre eux qui étaient parvenus à échapper à la vigilance de leurs ravisseurs sont arrivés à Quetta, la capitale de la région aux confins de l'Iran et de l'Afghanistan.

"Suppliaient de les épargner" 

Toute la nuit, "ils ont abattu beaucoup de gens (...) certains les suppliaient de les épargner au nom de Dieu", a raconté à l'AFP Mohammed Navid, précisant que les victimes étaient "des Pendjabis et des Sairakis", deux ethnies issues d'autres provinces.

Mercredi matin, dit-il, "ils ont relâché leur attention, ils pensaient qu'on n'oserait pas partir" mais "on s'est échappés et ils nous ont tiré dessus dans le dos".

Ils ont d'abord "pris les femmes à part, leur disant de fuir" et ont "épargné les personnes âgées", avant de désigner des passagers et de les tuer, abonde Noumane Ahmed, un autre rescapé.

Des responsables locaux ont annoncé que les recherches de corps se poursuivaient sur le site de l'attaque et les autorités avaient en prévision envoyé une centaine de cercueils à Quetta.

Le bureau du Premier ministre Shehbaz Sharif a annoncé qu'il se rendrait au Baloutchistan jeudi pour "dire sa solidarité aux habitants", auxquels il ne s'est jusqu'ici pas adressé.

Le Baloutchistan, malgré ses réserves d'hydrocarbures et de minerais, est la province la plus pauvre du Pakistan.

La minorité baloutche ne cesse de réclamer sa part des richesses générées par l'exploitation du sous-sol et les immenses projets chinois comme les flambant neufs aéroport et port de Gwadar.