PARIS: "Pâle copie", "contrefaçon": très remontée, Valérie Pécresse a étrillé jeudi les emprunts d'Emmanuel Macron à son propre projet présidentiel, alors que la candidate LR, distancée dans les sondages, risque un pillage de l'électorat.
Emmanuel Macron "nous a présenté un projet du déni et de la contrefaçon", a affirmé la candidate LR lors d'une réunion publique à Nîmes, en l'assurant: "qui dit contrefaçon dit mauvaise copie".
Reprenant point par point plusieurs propositions exposées dans l'après-midi pendant quatre heures par son concurrent, elle s'est interrogée: "Qui a dit qu'il fallait une contrepartie de travail au RSA ? C'est nous". Le président-candidat souhaite imposer entre 15 et 20 heures de travail aux bénéficiaires et Mme Pécresse 15 heures.
Sur l'énergie "qui a reparlé du nucléaire ? c'est nous", a-t-elle ajouté, en accusant le président, qui souhaite comme elle construire six EPR, d'avoir "fermé Fessenheim". Quant à la retraite à 65 ans, "aurait-il eu le courage de le dire si je ne l'avais pas dit avant ?"
Renvoyant Emmanuel Macron à son bilan qui "est son boulet", elle a ironisé: "il nous a expliqué que Macron candidat allait faire le contraire de ce qu'avait fait Macron président". Après avoir dévoilé son projet "aura-t-il le courage de le faire ? c'est une autre affaire".
Car la candidate, très en retard dans les sondages qui la placent 4e ou 5e, veut instiller cette idée: "le courage de faire c'est nous, c'est nous qui allons faire ces réformes et c'est nous qui allons gagner cette élection".
Dans son camp, on ne se prive pas de railler les emprunts du président-candidat: "mauvaise retranscription" pour le député LR Julien Aubert, "aucune colonne vertébrale" pour l'un de ses porte-parole Guilhem Carayon... LR a brièvement publié sur Twitter un photomontage d'Emmanuel Macron qualifié d'"homme-photocopieuse".
«Transgresser»
Si elle fustige le "manque d'imagination d'un candidat qui va repiquer les idées des autres", Valérie Pécresse l'assure toutefois: "objectivement, ce n'est pas le sujet. Le sujet, ce sont les différences énormes entre nous" sur l'autorité, la dette ou le pouvoir d'achat, assure-t-elle.
A l'heure où les rumeurs d'un soutien de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron ressurgissent, le risque est que le président sortant apparaisse comme le "vote utile" à droite, d'autant qu'il pointe à plus de 30% dans les sondages alors que Valérie Pécresse se rapproche dangereusement de la barre des 10%.
"30%, c'était avant qu'il ne présente son projet", veut croire la candidate LR, qui juge la semaine "pas très bonne pour lui" entre "un débat taillé sur mesure" lundi et une conférence de presse jeudi "essentiellement technique".
"Emmanuel Macron a gagné cinq points en 15 jours, il peut perdre cinq points en 15 jours", assure-t-on dans son entourage, en soulignant que pour la macronie Valérie Pécresse "reste la femme à abattre, même à 10%, et ce n'est peut-être pas un hasard".
L'idée est que la candidate LR resterait la seule capable de battre le chef de l’État si elle parvenait au second tour.
Mais comment inverser la tendance en 25 jours, alors qu'Emmanuel Macron refuse tout débat ?
"Plus on va se rapprocher de l'élection, plus les Français vont vouloir le débat", assure-t-on dans son entourage, en mettant en garde contre la "bombe à fragmentation" d'un "manque de légitimité".
Aussi "on mise beaucoup sur le collectif, le terrain, c'est une campagne de proximité, ça se traduit pas tout de suite dans les sondages mais ça se verra. Les gens se diront que le vote utile c'est Pécresse", estime un de ses soutiens, en assurant: "il faut prendre des risques, tout tenter, oser, transgresser".
"On n'a plus rien à perdre. Les Français aiment bien les outsider, les politiques qui prennent des coups..." ajoute-t-il.
Vendredi, la candidate poursuivra son déplacement à la Grande-Motte et Toulouse avant de se rendre à Vannes samedi.