PARIS: Calendrier, montant de la revalorisation, mesures complémentaires: des incertitudes demeuraient mardi, au lendemain de l'annonce par le gouvernement de mesures salariales pour les agents publics, dont le prochain dégel du point d'indice.
Qu'a annoncé le gouvernement?
Dans un entretien au journal Le Parisien, la ministre de la Fonction publique Amélie de Montchalin s'est engagée à dégeler la valeur du point d'indice "avant l'été".
En pratique, la mesure équivaut à une revalorisation générale des traitements des agents publics. Si elle se concrétise, elle bénéficiera aux plus de 5,6 millions de fonctionnaires et contractuels recensés par l'Insee fin 2020.
Autres mesures de "pouvoir d'achat", précisées par communiqué: "l’augmentation de l’indemnité kilométrique de 10%" pour "tous les agents publics (...) qui utilisent leur véhicule pour les besoins du service" et "le maintien quoi qu’il arrive du salaire minimum dans la fonction publique au-dessus du Smic" (fixé à environ 1 269 euros nets depuis janvier).
Quelle différence sur la feuille de paie?
Le gain en euros sur la feuille de paie des agents publics dépendra d'une part du pourcentage de revalorisation du point d'indice et d'autre part de la situation professionnelle de chaque agent (ancienneté, catégorie).
Le premier paramètre sera "calibré" en concertation avec les syndicats et les employeurs publics (collectivités et hôpitaux notamment), a indiqué la ministre au Parisien, sans spécifier les pourcentages d'augmentation envisagés par le gouvernement.
A titre d'exemple, une progression d'1% de la valeur du point, fixée à 4,68 euros depuis février 2017, correspond à une augmentation d'une dizaine d'euros mensuels pour les agents rémunérés au Smic, chiffre une source proche du dossier. Le coût d'une telle mesure pour les employeurs publics avoisine les deux milliards d'euros.
Les syndicats demandent en tout état de cause une revalorisation conséquente.
Elle "doit être a minima à hauteur de l'inflation soit, en ce moment, autour de 4% (3,6% en février sur un an selon l'Insee), avec des clauses de revoyure en fonction de l'évolution des prix", ont ainsi revendiqué sept organisations dans un communiqué commun publié mardi.
En ce qui concerne l'indemnité kilométrique, "pour un agent parcourant 20 km par jour, elle passera de 144 euros à 158 euros par mois pour 400 km", a détaillé Amélie de Montchalin.
Quid en cas d'alternance?
Les mesures salariales ont été annoncées par le gouvernement à moins d'un mois de l'élection présidentielle, dont le premier tour est prévu le 10 avril.
La ministre a en outre souligné que le dégel du point d'indice serait inscrit "dans une loi de finances rectificative, qui devra être votée au Parlement cet été".
Mais "c’est maintenant que des mesures urgentes doivent être prises", pour Force ouvrière.
Malgré les annonces salariales de lundi, sept syndicats de la fonction publique ont d'ailleurs maintenu leur appel à s'associer à la mobilisation interprofessionnelle prévue jeudi pour les salaires, afin d'obtenir une "augmentation (...) le plus rapidement possible".
Interrogé sur le timing des annonces, le ministère se défend d'arrières-pensées électoralistes et les justifie par la forte reprise de l'inflation.
Il appelle, en cas d'alternance au printemps, à la "responsabilité politique" du candidat élu pour mettre en œuvre le dégel annoncé.
"Cette mesure est préparée et je n’imagine personne revenir en arrière", a martelé la ministre dans un entretien au Parisien.
Un dégel peut-il en cacher d'autres?
Plutôt qu'une "politique salariale" à part entière, le dégel du point d'indice est "un outil ponctuel" pour répondre à la "pression conjoncturelle" liée à l'inflation, a insisté le ministère auprès de l'AFP.
A long terme, "c’est tout le système de rémunération que nous souhaitons revoir", a complété Amélie de Montchalin mardi sur franceinfo.
Dans cet esprit, la ministre a reçu lundi le rapport issu de la "conférence sur les perspectives salariales" qu'elle avait initiée en 2021.
Ses auteurs formulent notamment des recommandations pour les contractuels (environ 20% des agents publics), les déroulements de carrière et les rémunérations.
La balle est désormais dans le camp des syndicats et des employeurs publics, appelés à formuler des "observations" sur les recommandations du rapport "d'ici la fin du mois", selon le ministère.