KIEV: Des bombardement ont touché mardi matin plusieurs immeubles à Kiev, faisant au moins deux morts, au moment où l'armée russe amplifie son offensive en Ukraine, avant la reprise des pourparlers qui entretiennent une timide lueur d'espoir.
Sur Facebook, les services d'urgence ont indiqué qu'une "frappe" avait visé un bâtiment de 15 étages dans le quartier de Sviatochine, dans l'ouest de la capitale ukrainienne, provoquant l'incendie de tout l'immeuble.
"Deux corps sans vie ont été retrouvés sur place", ont affirmé les secours, ajoutant avoir pu sauver 27 personnes. Selon cette source, des tirs ont aussi visé un autre immeuble du quartier, causant un faible incendie.
Les services d'urgence ont par ailleurs indiqué qu'une frappe avait atteint mardi matin un immeuble de neuf étages dans le nord-ouest de Kiev, dans le quartier de Podil. Une personne a été prise en charge et hospitalisée, selon les secours.
Cette explosion a soufflé toutes les vitres de l'immeuble et de ceux à proximité, selon un journaliste de l'AFP sur place. En début de matinée, plusieurs personnes jetaient par les fenêtres des débris depuis les appartements ravagés du bâtiment.
Par ailleurs, la quatrième session de pourparlers entre l'Ukraine et la Russie a repris mardi après une pause la veille, a annoncé un haut responsable ukrainien, insistant sur la demande de cessez-le-feu formulée par Kiev.
"Les négociations sont en cours", a déclaré sur Twitter Mykhaïlo Podoliak, un négociateur et conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Au menu des discussions figurent notamment "un cessez-le-feu et le retrait des troupes" russes du territoire ukrainien, a-t-il ajouté.
La quatrième session de pourparlers entre Moscou et Kiev avait débuté lundi en visioconférence. Les délégations s'étaient séparées pour une "pause technique" avec la promesse de reprendre les discussions mardi.
Les deux camps ont affiché un certain optimisme ces derniers jours, même si le Kremlin a estimé mardi qu'il était prématuré de faire tout "pronostic".
Un conseiller de la présidence ukrainienne, Oleksiï Arestovitch, a jugé possible un accord de paix d'ici le mois de mai, "et peut-être beaucoup plus rapidement".
Dans la nuit, le président Volodymyr Zelensky a assuré que les Russes ont "commencé à comprendre qu'ils n'arriveront à rien par la guerre".
"On m'a dit que (les pourparlers en cours) étaient plutôt bons", a indiqué le chef de l'Etat ukrainien, après avoir évoqué samedi une approche nouvelle, "fondamentalement différente", de Moscou dans les négociations.
"Mais attendons de voir", a-t-il ajouté.
En attendant, les forces russes continuent de pilonner plusieurs villes d'Ukraine. Des frappes sur des immeubles d'habitation de Kiev ont fait au moins deux morts mardi matin.
"Les négociations sont en cours", a déclaré sur Twitter Mykhaïlo Podoliak, un négociateur et conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Au menu des discussions figurent notamment "un cessez-le-feu et le retrait des troupes" russes du territoire ukrainien, a-t-il ajouté.
Au vingtième jour de guerre , la quatrième session de négociations pour tenter de trouver une issue à cette crise devait reprendre mardi après une "pause technique" annoncée la veille en fin par le chef des négociateurs ukrainiens.
Cette fois, les discussions se déroulent par visioconférence après trois rounds en présentiel au Bélarus voisin puis une rencontre jeudi en Turquie des chefs de la diplomatie russe et ukrainienne.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait noté samedi une approche nouvelle, "fondamentalement différente", de Moscou dans les négociations.
Dans la nuit de lundi à mardi, il a affirmé via une vidéo publiée sur sa page Facebook que les Russes avaient "déjà commencé à comprendre qu'ils ne parviendront à rien par la guerre". "On m'a dit que (les pourparlers en cours) étaient plutôt bons", a indiqué le chef de l'Etat. "Mais attendons de voir".
Les combats se sont ainsi intensifiés ces derniers jours autour de Kiev, presque entièrement encerclée. Plus de la moitié de ses trois millions d'habitants ont fui. La capitale est "en état de siège", selon un conseiller du président ukrainien.
Ukraine: l'aéroport de Dnipro bombardé, des « destructions massives »
L'aéroport de le ville de Dnipro, dans l'Est de l'Ukraine, a subi des "destructions massives", après deux bombardements russes dans la nuit de lundi à mardi, ont indiqué les autorités régionales.
"Dans la nuit, l'ennemi a attaqué l'aéroport de Dnipro. Deux frappes. La piste de décollage et d’atterrissage a été détruite. Le terminal est endommagé. Destructions massives", écrit Valentin Reznitchenko, gouverneur de la région éponyme sur Telegram.
Dnipro, une cité industrielle d'un million d'habitants arrosée par le fleuve éponyme qui sépare l'Est, en partie prorusse de l'Ukraine, et le reste de son territoire a été relativement épargnée par la progression de l'armée russe.
Samedi, Dnipro a été visée par des bombardements qui ont fait au moins un mort.
De son côté, son homologue russe Vladimir Poutine avait évoqué vendredi des "avancées" au cours de ces différentes tractations tandis que l'armée russe accroissait son action sur le sol ukrainien, y compris dans des régions jusque-là épargnées.
"L'ennemi continue son offensive contre notre Etat. (...) Les forces d'occupation continuent de mener des frappes avec des missiles et des bombes, de l'artillerie et des chars sur des infrastructures et des quartiers civils", a dénoncé l'état-major de l'armée ukrainienne dans la nuit de lundi à mardi.
Le Kremlin a évoqué lundi "la possibilité de prendre sous contrôle total (les) grandes villes qui sont déjà encerclées".
L'enjeu Marioupol
"D'après les informations disponibles, l'ennemi prévoit de renforcer le regroupement de (ses) troupes (...) en direction de Kharkiv", deuxième ville d'Ukraine, a avancé l'état-major de l'armée ukrainienne, précisant que l'armée russe tentait aussi "de capturer Marioupol".
"Les soldats ukrainiens sont parvenus à repousser les envahisseurs" de cette ville portuaire stratégique du sud-est assiégée par l'armée russe, s'est-il félicité.
Selon lui, le camp russe a perdu dans son offensive environ 150 soldats, deux chars, sept véhicules de combat d'infanterie, et "a battu en retraite".
Un convoi d'aide humanitaire, qui cherche depuis des jours à atteindre la ville, a de nouveau été bloqué lundi par des soldats russes à Berdiansk, à 85 km de Marioupol, selon les autorités ukrainiennes.
Quelque 400.000 habitants de Marioupol vivent terrés dans des caves, privés d'eau, d'électricité, de chauffage et de nourriture. Plus de 2.187 civils y ont péri depuis le 24 février, selon la municipalité.
Les forces navales russes ont "établi un blocus à distance de la côte ukrainienne de la mer Noire", a affirmé lundi le ministère britannique de la Défense.
Plus de 2,8 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion, selon un décompte publié lundi par l'ONU, qui recense aussi environ 2 millions de déplacés à l'intérieur du pays.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a mis en garde contre les répercussions de cette guerre, qui risquent de se traduire par "un ouragan de famines" dans de nombreux pays.
Mardi devrait également marquer l'entrée en vigueur du quatrième paquet de sanctions décidées à Bruxelles par les ambassadeurs des 27 Etats membres de l'Union européenne.
Yacht bloqué
Les précédentes visent déjà 862 personnes et 53 entités russes. Figurer sur cette liste noire entraîne une interdiction d'entrer sur le sol de l'UE et permet la saisie des avoirs.
Un yacht d'un oligarque russe d'une valeur de près de 128 millions d'euros a par exemple été immobilisé lundi à Barcelone (Espagne) dans le cadre de ces sanctions, a annoncé dans la soirée le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. "Et d'autres sont à venir", a-t-il prévenu, sans davantage de précision.
Selon le quotidien espagnol El Pais, il s'agit du yacht Valérie, qui serait lié à Sergueï Tchemezov, patron du conglomérat russe de l'industrie de défense Rostec, et allié de M. Poutine.
Les sanctions internationales adoptées auparavant ont déjà gelé quelque 300 milliards de dollars de réserves russes à l'étranger.
La Russie a accusé lundi l'Occident de vouloir provoquer un défaut de paiement artificiel par ses sanctions gelant les avoirs de Moscou à l'étranger.
Le Kremlin pourrait avoir du mal à honorer plusieurs échéances de paiement de dettes en devises étrangères courant mars-avril, ravivant le souvenir de l'humiliant défaut de 1998.
Moscou est également visé par divers recours. La demande ukrainienne de son exclusion du Conseil de l'Europe, organisation de défense des droits humaines, doit être examinée jeudi.
De son côté, la Cour internationale de justice (CIJ) a indiqué lundi qu'elle rendrait son verdict mercredi dans la procédure lancée par Kiev, qui demande à la Cour d'ordonner à Moscou d'arrêter son invasion de l'Ukraine.
Le léger vent d'optimisme entourant les pourparlers a permis aux cours du pétrole de reculer lundi, le baril de WTI --référence aux Etats-Unis-- terminant à 103,01 dollars après avoir dépassé les 130 dollars la semaine dernière.
Et il a chuté de plus de 5% mardi à 97,13 dollars, cette fois sur fond d'inquiétudes d'un ralentissement de l'économie chinoise à cause des mesures drastiques annoncées par Pékin face à une recrudescence des cas de Covid-19 dans le pays.
Russie: Irruption télévisée à la télévision d'Etat
⚡️ Russian state TV interrupted by "No War" protest.
— The Kyiv Independent (@KyivIndependent) March 14, 2022
During the “Vremya” news program on Russia’s main TV channel, Maria Ovsyannikova, a Channel One employee, rushed in front of the camera with a poster saying “stop the war, don’t believe the propaganda.” pic.twitter.com/BsyqPYenJg
Volodymyr Zelensky s'est dit "reconnaissant envers les Russes qui ne cessent d'essayer de transmettre la vérité. A ceux qui combattent la désinformation et disent la vérité, les faits réels à leurs amis et à leurs proches. Et personnellement à la femme qui est entrée dans le studio de Channel One avec une affiche contre la guerre".
Une femme --identifiée par l'ONG OVD-Info comme Marina Ovsiannikova, une employée de la chaîne-- a fait irruption lundi soir pendant le journal télévisé le plus regardé de Russie avec une pancarte critiquant l'offensive en Ukraine, une scène rarissime en Russie.
Sur sa pancarte, on pouvait lire "Non à la guerre. Ne croyez pas la propagande. On vous ment, ici". La vidéo de l'incident s'est propagée comme traînée de poudre sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes saluant un "courage extraordinaire".
L'utilisation du mot "guerre" par des médias ou des particuliers pour décrire l'intervention russe en Ukraine est notamment passible de poursuites. Des lois prévoient de lourdes peines.