Venezuela: les mines à charbon, seule option malgré dangers et bas salaires

Il fait très chaud et le tunnel est souvent le seul abri contre le soleil. (AFP)
Il fait très chaud et le tunnel est souvent le seul abri contre le soleil. (AFP)
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Publié le Lundi 14 mars 2022

Venezuela: les mines à charbon, seule option malgré dangers et bas salaires

  • Les mines de Lobatera, dont dépendent quelque 500 familles, sont situées dans une zone montagneuse, avec des routes de terre où seuls les camions et les motos peuvent circuler
  • En moyenne, chaque mineur de Los Parra peut extraire une tonne par jour, mais il n'existe pas de chiffres fiables concernant la production totale des 50 mines de Lobatera

SAN CRISTOBAL: C'est par "nécessité" qu'Henry Alviarez s'est décidé à descendre dans les mines à charbon de Lobatera, rare solution pour survivre dans cette ville des Andes vénézuéliennes frappée par la crise.


Lobatera, dans l'Etat de Tachira, à la frontière avec la Colombie, compte une cinquantaine de mines artisanales, exploitées par 22 coopératives comptant entre huit et dix travailleurs.


Les mineurs ne gagnent pas plus de 120 dollars par mois. Le charbon, utilisé principalement pour la production d'électricité, est acheminé vers l'Etat voisin de Mérida ou vers la Colombie à travers des routes clandestines.


Henry Alviarez, 51 ans, part très tôt chaque matin pour la mine de Los Parra, à 45 minutes en moto de son domicile. Il dit que le travail est "épuisant" entre le manque d'oxygène au fond du tunnel et les conditions précaires, sans équipement de sécurité en cas d'urgence.

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Les mineurs ne gagnent pas plus de 120 dollars par mois. Le charbon, utilisé principalement pour la production d'électricité, est acheminé vers l'Etat voisin de Mérida ou vers la Colombie à travers des routes clandestines. (AFP)


"On est beaucoup de forgerons et de mécaniciens ici, mais on n'a pas trouvé d'autre travail" en raison d'une crise économique sans précédent qui a plongé le Venezuela dans huit ans de récession et quatre ans d'hyperinflation.


Henry Alviarez travaille torse nu, une pioche à la main et un casque avec une torche. Tout son corps est taché de noir par le charbon, qui se mélange à la sueur. Il essaie de l'essuyer, sans succès, avec un chiffon vert.


Ses trois enfants ont quitté le pays: l'un se trouve au Chili, un autre en Colombie et le troisième en Equateur. "C'est une bonne chose qu'ils soient partis", dit-il, convaincu que s'ils étaient restés leur avenir serait très probablement avec lui au fond de la mine.


Les mines de Lobatera, dont dépendent quelque 500 familles, sont situées dans une zone montagneuse, avec des routes de terre où seuls les camions et les motos peuvent circuler.

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Les mines de Lobatera, dont dépendent quelque 500 familles, sont situées dans une zone montagneuse, avec des routes de terre où seuls les camions et les motos peuvent circuler. (AFP)


Il fait très chaud et le tunnel est souvent le seul abri contre le soleil.


"C'est un travail assez risqué car nous devons mettre beaucoup de bois" pour soutenir les galeries "et prier Dieu", déclare José Alberto Trejo, 38 ans, qui a déjà travaillé dans d'autres mines en Colombie en raison du manque d'opportunités dans son secteur de la construction.

«Travailler encore plus dur»
En moyenne, chaque mineur de Los Parra peut extraire une tonne par jour, mais il n'existe pas de chiffres fiables concernant la production totale des 50 mines de Lobatera.


"Le prix du charbon diminue au fil des ans, il baisse de plus en plus, il faut qu'on travaille encore plus dur", explique Pablo José Vivas, 61 ans, collègue d'Henry Alviarez à Los Parra.


Les mineurs livrent leur production au directeur de la mine, qui la vend à 50 dollars la tonne aux camions qui la transportent. Les bénéfices sont répartis entre les membres de la coopérative.

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Les mineurs livrent leur production au directeur de la mine, qui la vend à 50 dollars la tonne aux camions qui la transportent. Les bénéfices sont répartis entre les membres de la coopérative. (AFP)

Pablo José Vivas, qui travaille dans les mines de charbon depuis plus de 20 ans, ramasse un morceau de minerai fraîchement extrait et le tient dans ses mains tachées de noir. La pierre brille, la lumière du casque lui donne une teinte violette, comme s'il s'agissait d'un bijou.

Le travail est partagé entre mineurs: il y a celui qui perce la roche granuleuse avec sa pioche, un qui remplit la brouette et un troisième qui extrait la brouette hors de la mine.

A la surface, plusieurs petits tas de charbon attendent l'arrivée d'un camion pour être chargés.

Le gouverneur de Tachira, Freddy Bernal, fidèle au président Nicolas Maduro, cherche à encourager à Lobatera les investissements étrangers des alliés russes, chinois ou même indiens.

"Cela générerait des emplois et aurait un impact économique", dit-il, assurant que les familles qui travaillent depuis toujours dans les mines du coin ne seraient pas lésées.


Mais ce qui n'est encore qu'une annonce suscite de l'appréhension chez les mineurs.


"Le travail de base va s'arrêter car ils vont venir avec de nouvelles technologies qui ne seront pas pour nous", dit craindre Pablo José Vivas. Il redoute que malgré la misère de son travail, "beaucoup d'entre nous vont être laissés de côté".


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.