Le CCG est mieux placé pour naviguer dans les eaux troubles de la guerre en Ukraine

Les entreprises régionales devraient profiter aux pénuries de gaz (Photo, Shutterstock).
Les entreprises régionales devraient profiter aux pénuries de gaz (Photo, Shutterstock).
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Publié le Lundi 14 mars 2022

Le CCG est mieux placé pour naviguer dans les eaux troubles de la guerre en Ukraine

  • La crise ukrainienne devrait continuer à influencer les tendances des marchés financiers. Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a plus de chances de résister à la tempête
  • La région Moyen-Orient et Afrique du Nord reste attrayante pour les investisseurs malgré le chaos qui règne sur la scène internationale

RIYAD: Les tensions sont en hausse en Europe de l'Est, où une véritable guerre oppose la Russie et l'Ukraine, soutenue par les pays occidentaux.

Le conflit et les sanctions ont eu un impact sur les exportations russes, et une nouvelle interdiction des importations de pétrole russe par les États-Unis et le Royaume-Uni ne fait qu'empirer la situation pour Moscou. En outre, l'accès aux devises étrangères est limité, et l'accès au système SWIFT est restreint pour plusieurs banques russes.

« Dans l'ensemble, les sanctions qui ont été annoncées ont une portée plus large que prévu initialement. La portée des sanctions, cependant, est susceptible d'avoir un impact particulier sur la Banque centrale russe » d'après l'évaluation de Christian Kock, directeur de recherche au Gulf Research Center, dans une interview accordée à Arab News.

Cette situation se répercute, en effet, sur les marchés mondiaux des capitaux et des matières premières. Les marchés européens ont, pour leur part, été les plus touchés lorsque la bourse de Londres a subi, au cours de la première semaine de mars, ses plus grosses pertes hebdomadaires depuis le début de la COVID-19 en mars 2020.

La crise ukrainienne devrait continuer à influencer les tendances des marchés financiers. Pourtant, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a plus de chances de résister à la tempête, expliquent les experts interrogés par Arab News.

« Alors que la Réserve fédérale tente de rattraper son retard et de lutter contre une inflation élevée et persistante, des craintes de stagflation apparaissent au niveau de l'économie mondiale » selon Ali El-Adou, responsable de la gestion des actifs chez Daman Investments à Dubaï.

Les marchés mondiaux ont procédé à de fortes corrections,  à l'exception des valeurs énergétiques et des matières premières, d'après Jaap Meijer, responsable de la recherche chez Arqaam Capital à Dubaï.

En ce qui concerne les titres à revenu fixe, « les spreads de crédit des obligations à haut rendement se sont fortement élargis », a ajouté Meijer. Les écarts de crédit ont tendance à s'accroitre en période d'incertitude financière, lorsque les investisseurs cherchent à se réfugier dans ce que l'on appelle les actifs refuges, tels que les bons du Trésor américain et d’autres fonds souverains.

« La hausse des prix du pétrole a également amélioré les perspectives de crédit de pays tels qu'Oman et Bahreïn », a ajouté Meijer.

En Égypte, les écarts de crédit se sont également élargis pendant la crise, a observé Meijer. Le directeur de la recherche d'Arqaam s'attend à ce que la flambée des prix du blé et des denrées alimentaires, les coûts du carburant et l'échec d'une vente aux enchères de bons du Trésor entraînent une augmentation plus rapide que prévu des taux de la Banque centrale d'Égypte.

« Nous nous attendons à ce qu'elle enchaîne avec une hausse des taux, une semaine après la hausse des taux d'intérêt de la Fed américaine. L'inflation est susceptible de dépasser le niveau supérieur de son objectif de 5-9 % », a ajouté Meijer.

« Pourtant, la hausse des taux d'intérêt n'aura pas d'effet significatif sur la croissance économique, car l'extension du crédit privé est modérée, tandis que le gouvernement vise un excédent primaire de 2 % », a-t-il prédit.

El-Adou s'attend à ce que les spreads souverains des marchés émergents continuent de s'élargir un peu avant de se resserrer, car les contractions des politiques monétaires atténuent les perspectives de rétrécissement significatif des spreads de crédit pour le moment.

Il pense que les entreprises des marchés émergents peuvent relativement mieux résister à la hausse des taux en raison de leur plus courte durée structurelle, de leurs besoins de financement nets limités et de leurs solides fondements autonomes (valeurs).

Les investisseurs devraient rester surpondérés sur la dette souveraine des marchés émergents, en conservant un biais pour les rendements élevés, a recommandé El-Adou, dans l'optique de réduire le retracement des spreads.

Les deux experts estiment que les matières premières constituent des investissements solides. 

« Nous restons optimistes quant au secteur des matières premières dans le CCG. La hausse des prix du gaz a fait augmenter le prix de revient des producteurs européens d'urée et d'aluminium, alors que les prix de l'énergie pour les acteurs du CCG restent réglementés. Cela se traduira par un élargissement significatif des marges bénéficiaires nettes du secteur », a déclaré Meijer.

Pression sur le prix du pétrole

Étant donné que l'OPEP+ maintient l'augmentation de sa production mensuelle de 0,4 million de barils par jour pour le mois d'avril, que la production du Koweït a été interrompue pour des raisons de maintenance et que les exportations de la Russie ont été gravement entravées, Meijer s'attend à une nouvelle pression à la hausse sur les prix du pétrole.

Ceci malgré le fait que les pays membres de l'AIE ont mis 60 millions de barils de pétrole à disposition sur le marché à la suite de la crise ukrainienne.

En ce qui concerne les actions, El-Adou a souligné que plusieurs approches peuvent aider les investisseurs à faire face à l'incertitude.

« Le maintien d'une liquidité importante permet de faire face à la volatilité liée à la géopolitique, à l'inflation et à l'incertitude des hausses de taux et d'ajouter des valeurs survendues de manière opportune », a-t-il conseillé. Un actif survendu est un actif négocié à la baisse mais dont le prix peut potentiellement augmenter de manière significative.

Le responsable de la gestion d'actifs chez Daman Investments a prévenu qu'il fallait éviter les valeurs technologiques de longue durée, malgré la baisse de leur valeur par rapport à leur sommet de 52 semaines, qui les rend attrayantes. Il préfère également une exposition à des technologies de qualité qui montrent leur capacité à générer des flux de liquidité importants.

Le CCG en meilleure position

En termes de régions, El-Adou a déclaré qu'il déclassait et sous-pondérait les actions de l'UE en raison des menaces géopolitiques. Cela s'applique plus particulièrement à l'Europe de l'Est.

Les actions de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord restent attrayantes malgré le chaos qui règne sur la scène internationale. « Il convient de conserver une forte exposition aux actions du CCG, car la région bénéficiera des prix élevés du pétrole et du gaz, ce qui entraînera une baisse de la prime de risque des actions. Cela justifiera les actuelles valorisations élevées », a déclaré El-Adou.

Pour Meijer, les marchés du CCG font maintenant office de refuge, car les marchés des actions ont une corrélation positive de 35 % avec les prix du pétrole.

Il a ajouté que les entreprises régionales exposées à l'urée et à l'aluminium devraient profiter des problèmes d'approvisionnement mondiaux liés à la flambée des prix du gaz et aux pénuries.

En outre, les banques du CCG résistent à la crise ukrainienne, grâce aux prix élevés du pétrole dans leurs pays d'origine.

Meijer a déclaré qu'il restait neutre voire positif sur les banques du CCG, car il s'attend à une hausse des taux d'intérêt de la Fed américaine, à partir du mois prochain, les taux interbancaires en Arabie saoudite ayant fortement augmenté.

« Toutefois, nous surveillons de près les prévisions de taux, et l'impact du cycle de resserrement attendu de la Fed américaine ainsi que la crise ukrainienne, étant donné que la Fed américaine est devenue légèrement plus modérée », a déclaré Meijer.

Il a souligné que les revenus pétroliers sont en partie réinjectés dans les Émirats arabes unis, ce qui explique l'abondance de liquidités dans le système national.

Cependant, en Arabie saoudite, la situation est légèrement différente, étant donné que les recettes pétrolières sont transférées au fonds souverain, qui continue de consolider son portefeuille d'investissements internationaux. « Avec une forte croissance du crédit, cela a resserré les liquidités dans le système bancaire, ce qui a entraîné une forte hausse des taux interbancaires », a déclaré Meijer.

La crise ukrainienne mettra des semaines, voire des mois, avant de déboucher sur une solution. En attendant, les pays du CCG semblent être mieux placés que d'autres pour naviguer dans les eaux difficiles qui les attendent.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".