La rencontre des chefs des diplomaties arménienne et azerbaïdjanaise a commencé vendredi à Moscou, avec l'espoir d'une issue au conflit qui oppose leurs pays dans la région séparatiste du Nagorny Karabakh, où d'intenses combats persistent.
Dans des allocutions ayant précédé la rencontre, les dirigeants des deux pays se sont exprimés, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian se disant «prêt» à reprendre le processus de paix avec Bakou.
«Nous donnons une chance à l'Arménie de régler le conflit pacifiquement. C'est sa dernière chance», a pour sa part menacé le président azerbaïdjanais Ilham Aliev dans un discours télévisé.
«Nous retournerons de toute façon sur nos terres. C'est leur chance historique», a-t-il encore affirmé, parlant des Arméniens, avant de lancer : Personne ne peut résister au soldat azerbaïdjanais !»
Jusqu'alors sourds aux appels à la trêve de la communauté internationale, l'Azerbaïdjan et l'Arménie ont envoyé leurs ministres des Affaires étrangères dans la capitale russe pour des négociations, premier espoir d'un arrêt des hostilités depuis leur reprise, le 27 septembre.
«On s'oriente vers une trêve ce soir ou demain mais c'est encore fragile», a déclaré la présidence française à l'issue d'échanges téléphoniques d'Emmanuel Macron avec Nikol Pachinian et Ilham Aliev.
En amont des pourparlers à Moscou, le Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine a rencontré son homologue arménien à Erevan vendredi.
Après une nuit et une matinée relativement calmes, de nouvelles salves de roquettes et de nouvelles explosions ont été entendues à Stepanakert, la capitale séparatiste, par un journaliste de l'AFP sur place.
Bakou et Erevan ont souligné que la situation restait tendue sur le front, les deux adversaires se targuant d'infliger des revers à l'autre.
Dans son discours télévisé, le président azerbaïdjanais Aliev a annoncé la prise de la ville de Hadrout, dans le sud du Nagorny Karabakh, et de huit villages environnants.
Des informations qualifiées de «délire» par un porte-parole de la présidence des séparatistes.
Nikoal Pachinian a dit lui vendredi être prêt «pour la reprise du processus de paix en lien avec les récentes déclarations des présidents et ministres des Affaires étrangères du groupe de Minsk», du nom donné aux trois Etats faisant office de médiateurs (Russie, Etats-Unis et France).
Vladimir Poutine, qui s'est entretenu avec lui ainsi qu'avec Ilham Aliev, «appelle à l'arrêt des combats au Nagorny Karabakh pour des raisons humanitaires, en vue d'échanger les corps des morts et les prisonniers», selon le Kremlin.
Chauffeur de taxi dans la ville azerbaïdjanaise de Barda, récemment touchée par des tirs, Aydin Goyushov veut lui que les combats continuent «jusqu'à ce que chaque mètre carré soit libéré» par Bakou.
«Nous ne reculerons pas et on continuera jusqu'à ce que le dernier homme azerbaïdjanais soit vivant. Puis nos femmes prendront la relève si nécessaire», claironne-t-il.
Depuis 13 jours, séparatistes arméniens de la république autoproclamée du Nagorny Karabakh et forces azerbaïdjanaises s'affrontent dans cette région montagneuse, revendiquée par les deux pays.
Le bilan officiel est monté vendredi matin à plus de 400 morts, dont 22 civils arméniens et 31 azerbaïdjanais. Il est cependant très partiel et pourrait être bien plus élevé, chaque camp affirmant avoir éliminé des milliers de soldats ennemis. Bakou ne révèle pas ses pertes militaires.
Les affrontements se sont étendus ces derniers jours avec des bombardements sur les zones urbaines des deux côtés. Selon les autorités séparatistes, la moitié des 140.000 habitants du Nagorny Karabakh ont déjà été déplacés par ces affrontements.
Jeudi, une emblématique cathédrale arménienne a été touchée deux fois en quelques heures et des journalistes russes y ont été blessés, dont l'un très grièvement. L'armée azerbaïdjanaise a démenti avoir tiré sur cet édifice.
Le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères Ceyhun Bayramov était déjà à Genève jeudi pour rencontrer le Groupe de Minsk de l'OSCE, mais rien n'a filtré de cette rencontre.
L'Azerbaïdjan se dit déterminé à reconquérir par les armes le Nagorny Karabakh, une région séparatiste essentiellement peuplée d'Arméniens, et soutient que seul un retrait des troupes ennemies mettrait fin aux combats.
A l'étranger, la crainte est de voir ce conflit s'internationaliser dans une région où Russes, Turcs, Iraniens et Occidentaux ont tous des intérêts. D'autant qu'Ankara encourage Bakou à l'offensive et que Moscou est lié par un traité militaire à Erevan.
La Turquie est accusée de participer avec hommes et matériel aux hostilités aux côtés de l'Azerbaïdjan, ce qu'elle nie.