PARIS: Comment protéger le pouvoir d'achat face à la flambée des prix de l'énergie? Les candidats à la présidentielle ont rivalisé mercredi de propositions sur la préoccupation numéro un des Français, un sujet brûlant d'actualité avec la guerre en Ukraine et ses conséquences.
A 32 jours du premier tour, le président sortant Emmanuel Macron a réuni mercredi soir à Paris quelques 300 parlementaires et figures de la majorité les mettant en garde contre le risque d'"arrogance", selon des participants à l'AFP.
"La pire des choses serait qu'une forme d'arrogance et d'incertitude s'installe", a-t-il déclaré, alors qu'il est donné comme grand favori par les sondages.
Il est par ailleurs revenu sur sa proposition de supprimer la redevance audiovisuelle. "Il faut totalement l'assumer". D'autres candidats comme Marine Le Pen ou Eric Zemmour proposent également de la supprimer mais en vue de privatiser au moins une partie de l'audiovisuel public.
Le président a évoqué la question d'une "réforme ambitieuse" des retraites, selon un participant, sans plus de précisions. Le quotidien Les Echos a révélé mercredi soir qu'il envisagerait, s'il est réélu en avril, de faire passer l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans. Lui qui ne cache pas sa volonté de faire "travailler plus" les Français.
"Ce sont des pistes de travail", a indiqué son équipe de campagne, selon qui le programme du candidat devrait être dévoilé en fin de semaine prochaine.
La question du pouvoir d'achat, ainsi que la réforme des retraites qui a échoué pendant le quinquennat, est un sujet particulièrement sensible depuis la crise sociale des gilets jaunes (2018-2019) déclenchée par une hausse des prix des carburants. Et les prix à la pompe, poussés par la crise ukrainienne, sont aujourd'hui bien plus élevés que fin 2018, quand ils étaient à environ 1,5 euro le litre.
Prix de l'essence
"Quand le prix de l'essence augmente, l'Etat touche davantage de taxes" or il "ne peut pas s'enrichir maintenant, pendant cette guerre", a lancé la candidate LR Valérie Pécresse, en référence à des prix du carburant qui s'envolent jour après jour pour flirter avec les 2 euros le litre.
"Il faut qu'une partie des taxes supplémentaires collectées par la hausse du prix de l'essence puisse être rendue aux Français", a-t-elle ajouté sur BFMTV/RMC. Les taxes comptent pour 55-60% des prix du carburant à la pompe.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a d'ailleurs souligné que la crise énergétique actuelle est "comparable en intensité, en brutalité, au choc pétrolier de 1973", tout en écartant l'hypothèse d'un nouveau "quoi qu'il en coûte" comme lors de la pandémie de Covid-19.
L'exécutif travaille à de nouveaux amortisseurs. Le président Macron a promis lundi d'"améliorer" les aides gouvernementales. De sources de l'exécutif concordantes, l'hypothèse d'une nouvelle indemnité inflation, plus resserrée que la précédente de 100 euros accordée à 38 millions de personnes, tient la corde.
A Matignon, on se veut rassurant, soulignant que la France dispose de "trois mois de stocks stratégiques en carburant" et qu'à ce titre, "il ne faudrait pas qu'il y ait un mouvement de panique" dans les stations-services.
De son côté, la candidate RN Marine Le Pen, rivale la plus sérieuse du président sortant dans les sondages, propose une "baisse permanente de la TVA de 20 à 5,5%".
Elle s'est de nouveau opposée sur France 2 à tout embargo européen sur le pétrole russe, car cela reviendrait à "se faire hara-kiri" étant donné le risque de "faire mourir notre économie avant celle de la Russie".
Pour le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, il s'agit de mettre à contribution les grands groupes pétroliers, en plus d'un "blocage des prix" des produits de première nécessité.
Mélenchon à la 3ème place
Le tribun, qui réclame par ailleurs un débat sur l'Ukraine à l'Assemblée nationale, est le candidat de gauche le mieux placé pour le premier tour étant crédité entre 11 à 13% selon les sondages d'intentions de vote.
Un sondage Elabe mercredi l'a même placé avec 13% sur la troisième marche du podium derrière Emmanuel Macron (33,5%) et Marine Le Pen (15%) mais devant Eric Zemmour (11%) et Valérie Pécresse (10,5%).
Interrogé en conférence de presse sur cette dynamique sondagière, M. Mélenchon a répondu: "Ça donne la perspective d'un événement énorme". Un potentiel duel avec Emmanuel Macron serait "plus honorable" que si l'extrême droite se qualifiait au second tour, a-t-il dit.
Mais cela n'efface pas les divisions à gauche, loin de là. L'ancien président socialiste François Hollande a balayé sur France Inter l'idée d'un "vote utile" pour le candidat LFI en considérant qu'il s'avérerait être un président "pas utile".
Et plusieurs petites formations de gauche ainsi que d'anciens soutiens de M. Mélenchon ont apporté mercredi leur appui au communiste Fabien Roussel.