Ukraine: des milliers de civils évacués à Soumy, nouvelle trêve mercredi

Selon le Pentagone, «2 000 à 4 000» soldats russes ont été tués en Ukraine depuis le début de l'offensive. (Photo, AFP / STR)
Selon le Pentagone, «2 000 à 4 000» soldats russes ont été tués en Ukraine depuis le début de l'offensive. (Photo, AFP / STR)
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Publié le Mercredi 09 mars 2022

Ukraine: des milliers de civils évacués à Soumy, nouvelle trêve mercredi

  • Plus de 5 000 personnes ont été évacuées à ce jour de la ville de Soumy, située à 350 km au nord-est de Kiev
  • Une soixantaine de bus, en deux convois, sont parvenus à mettre en sécurité ces civils, femmes, enfants et personnes âgées pour la plupart

KIEV : Des milliers de civils ont pu fuir la ville de Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine, où les forces russes ont promis une nouvelle trêve mercredi, près de deux semaines après leur invasion dans ce pays, qui a déjà fait des centaines de morts et des millions de réfugiés.

Plus de 5 000 personnes ont été évacuées à ce jour de la ville de Soumy, située à 350 km au nord-est de Kiev, a indiqué mercredi l'adjoint au chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Kyrylo Timochenko, cité par des médias ukrainiens.

Une soixantaine de bus, en deux convois, sont parvenus à mettre en sécurité ces civils, femmes, enfants et personnes âgées pour la plupart, avait-il déjà indiqué mardi sans toutefois donner de chiffres.

Les autorités ukrainiennes avaient annoncé la mise en place d'un couloir humanitaire mardi matin pour évacuer les civils de Soumy, ville de plus de 250 000 habitants située près de la frontière russe et théâtre de violents combats depuis plusieurs jours.

"Mais ce n'est qu'un pourcent de ce que nous devons faire, de ce qui est attendu par mon peuple, par les Ukrainiens qui sont coincés" dans les zones de combat, a jugé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans un message vidéo mardi soir. 

Mercredi, une nouvelle trêve doit entrer en vigueur pour permettre l'évacuation d'autres civils, a assuré l'armée russe. 

Ce qui ne l'a pas empêché, selon les services ukrainiens de secours d'urgence, de bombarder mardi soir la petite ville de Malyn, dans la région de Zhytomyr, à l'ouest de Kiev, où cinq personnes dont deux bébés nés l'an dernier sont morts après la destruction de sept maisons.

Les évacuations se poursuivaient aussi dans la région de Kiev, malgré des tirs sur des couloirs humanitaires, d'après le chef de l'administration locale Oleksiï Kouleba.

Kiev et ses trois millions d'habitants, sont coupés du reste du pays sur trois flancs: les combats font rage dans ses faubourgs du nord et de l'ouest, et les routes vers l'est sont bloquées par des chars russes et des champs de mine.

A Irpin, l'AFP a vu des centaines de personnes patienter pour franchir à pied la rivière du même nom, sur des passerelles de fortune faites de planches, de palettes en bois et de carcasses métalliques, en direction de Kiev, par le seul axe non encore occupé par l'armée russe. Environ 2 000 habitants ont pu s'extraire de cette localité, selon la police ukrainienne.

Comme beaucoup, Oleksei Ivanovitch, 86 ans, ne voulait pas quitter sa maison, même quand les chars russes, venus du nord, ont bombardé et pris la ville voisine de Boutcha, puis se sont emparés d'une partie d'Irpin. "Ce sont mon fils et mon petit-fils qui m'ont dit de partir", dit-il, au bras de sa femme Oleksandra, 81 ans.

Aux portes nord de la capitale, la population essaie désespérément de quitter Boutcha. "Le plus important c'est de faire partir les enfants. Il y a beaucoup d'enfants et de femmes", a confié une habitante, Anna, à l'AFP.

Dans le sud-est, à Marioupol, un grand port stratégique sur la mer d'Azov, quelque 300 000 civils restaient eux aussi coincés, a affirmé le gouvernement ukrainien.

Dans le sud, à Mykolaïv, près d'Odessa, des files de voitures remplies de civils fuyant les combats s'étiraient sur des kilomètres, tandis que résonnaient les tirs depuis la ligne de front, a constaté une journaliste de l'AFP.

Le conflit déclenché le 24 février a en outre poussé plus de deux millions de personnes à quitter le territoire ukrainien pour se réfugier à l'étranger, essentiellement en Pologne, selon l'ONU. L'Europe s'attend à recevoir cinq millions d'exilés.

Suspension des importations de gaz russe

Les Etats-Unis ont par ailleurs décidé mardi de suspendre les importations de pétrole et gaz russes, prenant ainsi la tête du camp occidental dans les sanctions infligées à Moscou depuis l'attaque contre l'Ukraine.

Le Royaume-Uni va pour sa part cesser d'ici à la fin de l'année ses achats de brut et de produits pétroliers russes.

Le président américain Joe Biden a assuré que sa décision allait "porter un nouveau coup puissant à Poutine" et au financement de sa guerre contre l'Ukraine. M. Zelensky a chaleureusement remercié mardi soir son homologue américain pour ce "signal d'une puissance maximale adressé au monde entier".

Il a appelé l'Union européenne à suivre cet exemple en adoptant des "mesures dures, des sanctions contre la Russie pour sa guerre", mais sans appeler directement à un embargo européen sur le pétrole ou le gaz.

Les Européens, dépendants à hauteur de 30% du brut russe, se sont pour l'instant refusés à aller aussi loin.

Certaines entreprises cherchent elles aussi à prendre leur part, après avoir été mises sous pression par l'opinion publique. Les chaînes américaines McDonald's et Starbucks vont provisoirement fermer leurs nombreux établissements en Russie, emboîtant le pas au géant mondial des cosmétiques L'Oréal. Coca-Cola a annoncé la suspension de ses opérations dans le pays. 

L'aide militaire occidentale s'avère toutefois plus délicate à mettre en oeuvre. Les Etats-Unis ont ainsi estimé que la proposition de Varsovie de livrer à l'armée américaine ses avions MIG-29 pour ensuite les remettre à l'Ukraine n'était pas "viable".

La Pologne s'est dite mardi prête à "déplacer sans délai et gratuitement tous ses avions MIG-29 sur la base de Ramstein (en Allemagne, ndlr) et de les mettre à la disposition du gouvernement des Etats-Unis".

Près de deux semaines de combats

Après presque deux semaines d'offensive, les forces russes ont continué à se déployer autour des métropoles ou intensifié leurs bombardements, ont assuré des responsables ukrainiens.

Le Pentagone a fait état d'une nouvelle colonne russe avançant vers Kiev par le nord-est, tandis que la principale, en provenance du nord, se trouve à l'arrêt depuis plusieurs jours.

Selon le Pentagone, "2 000 à 4 000" soldats russes ont été tués en Ukraine depuis le début de l'offensive.

Le 2 mars, la Russie avait fait état de 497 morts dans ses rangs, mais elle n'a donné aucun nouveau bilan de ses pertes.

"Nous nous battrons jusqu'au bout", a lancé mardi le président ukrainien par lien vidéo depuis Kiev, devant le parlement britannique.

Dans un entretien avec la chaîne américaine de télévision ABC, M. Zelensky a par ailleurs déclaré ne plus insister sur une adhésion de l'Ukraine à l'Otan, une des questions invoquées par Moscou pour justifier l'invasion.

M. Zelensky s'est aussi dit prêt à un "compromis" sur le statut des territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine dont Vladimir Poutine a reconnu unilatéralement l'indépendance. 

Les Etats-Unis redoutent par ailleurs que les forces russes puissent "prendre le contrôle" des structures de "recherche biologique" en Ukraine et s'emparer de matériaux sensibles, au moment où de nouvelles craintes émergent concernant la centre nucléaire de Tchernobyl.

"L'Ukraine dispose d'installation de recherche biologique, et nous sommes de fait à présent assez inquiets par la possibilité que les forces russes tentent d'en prendre le contrôle", a déclaré la numéro trois de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, lors d'une audition parlementaire.

L'AEIA, agence de l'ONU pour la sécurité nucléaire, a dit de son côté avoir perdu contact avec les systèmes controlant à distance les matériaux nucléaires de la centrale de Tchernobyl.


Au Pakistan, le mois d'avril «le plus pluvieux» depuis 1961

Vue générale du débordement de la rivière Jhelum après de fortes pluies à Muzaffarabad, au Cachemire sous administration pakistanaise, le 29 avril 2024. (AFP)
Vue générale du débordement de la rivière Jhelum après de fortes pluies à Muzaffarabad, au Cachemire sous administration pakistanaise, le 29 avril 2024. (AFP)
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  • Beaucoup s'inquiètent désormais au Pakistan: les pluies d'avril ont déjà tué au moins 144 personnes, dont des dizaines d'enfants dans l'écroulement de leur maison sous des pluies torentielles
  • Outre les inondations, le pays a aussi été éprouvé par des canicules mortelles et une pollution atmosphérique parmi les pires au monde

ISLAMABAD, Pakistan : Si une grande partie de l'Asie connaît une vague de chaleur sans précédent, le Pakistan, lui, vient de vivre son «avril le plus pluvieux depuis 1961», avec des températures près d'un degré plus basses qu'à l'habitude.

Comme souvent dans le pays, le cinquième le plus peuplé du monde et l'un des plus exposés aux phénomènes climatiques extrêmes, experts et météorologues pointent du doigt le changement climatique.

Le pays pauvre d'Asie du Sud ne cesse de répéter que ses 240 millions d'habitants (environ 3% de la population mondiale) ne sont responsables que de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Beaucoup s'inquiètent désormais au Pakistan: les pluies d'avril ont déjà tué au moins 144 personnes, dont des dizaines d'enfants dans l'écroulement de leur maison sous des pluies torentielles. Mais la mousson, et son lot d'inondations, de crues subites et de dégâts, doit arriver en juillet et durera jusqu'en septembre.

Outre les inondations, le pays a aussi été éprouvé par des canicules mortelles et une pollution atmosphérique parmi les pires au monde, autant de phénomènes dont l'impact est aggravé, disent les experts, par un manque d'infrastructures et une mauvaise gouvernance.

En avril, les précipitations ont atteint «59,3 millimètres», bien au-delà des moyennes habituelles de 22,5 millimètres, détaille un rapport des services de météorologie publié tard vendredi.

Le Balouchistan, la plus grande province du Pakistan aux frontières de l'Iran et de l'Afghanistan, a connu l'augmentation la plus importante du pays. Là, notent les services de météorologie, les précipitations ont été quatre fois et demie supérieures aux normales saisonnières.

Le bilan humain le plus lourd, avec 84 morts dont 38 enfants, a en revanche été enregistré dans la province du Khyber Pakhtunkhwa, dans le nord-ouest frontalier de l'Afghanistan, où 3.500 habitations ont été endommagées.

- «Météo imprévisible» -

Et alors que des Philippines à la Birmanie en passant par l'Inde, des millions de personnes suffoquent sous une vague de chaleur inédite, le Pakistan a vu sa température moyenne mensuelle baisser à 23,67 degrés, contre 24,54 habituellement, poursuit le rapport.

Pour Zaheer Ahmad Babar, porte-parole des services météorologiques, le changement climatique explique ce mois inhabituel.

«Le changement climatique est un facteur important qui influe sur les tendances météo imprévisibles dans notre région», affirme-t-il à l'AFP.

En 2022, le pays pauvre d'Asie du Sud avait subi des inondations dévastatrices qui avaient touché près d'un tiers de son territoire et affecté plus de 33 millions de personnes, faisant plus de 1.700 morts.

Dans des régions du Pendjab, province la plus peuplée et grenier à céréales du pays, les récoltes ont souffert récemment des pluies abondantes et de la grêle.

«Les crues subites ont provoqué des dégâts importants à de grandes surfaces de cultures, en particulier celle du blé, qui était prêt à être récoltée», a indiqué l'agence onusienne OCHA dans un rapport récent.

«Ceci a entraîné des pertes économiques importantes pour les cultivateurs et les villages».

«On assiste quasiment chaque année à des événements liés aux changements climatiques. Et pourtant on n'y est toujours pas préparé», constate l'avocat et militant écologiste Ahmad Rafay Alam.

La responsabilité du climat «incombe à nos gouvernements provinciaux et fédéral, mais ceux-ci accordent la priorité aux questions politiques», dit-il.

Si le Pakistan pâtit actuellement de précipitations élevées, début avril, Islamabad annonçait être confronté à une pénurie d'eau d'environ 30% par rapport à ses besoins au début de la saison des semis pour le riz et le coton.

Les autorités pointait du doigt un enneigement hivernal moins important qu'à l'habitude dans la région des glaciers du Nord.

Plus d'un an et demi plus tard, souligne l'ONU, près de 10 millions d'enfants avaient encore besoin d'aide humanitaire pour survivre dans les zones touchées par les pluies diluviennes qui ont tout emporté en 2022.

Pour l'Unicef, «les enfants pakistanais sont pris dans un cercle vicieux de sècheresse et d'inondation».

«De leur conception à leur arrivée à l'âge adulte, le développement des cerveaux des enfants, de leurs poumons et de leur système immunitaire est affecté par leur environnement», poursuit l'Unicef qui s'inquiète pour toute une génération.

«Les risques qu'ils encourent du fait du changement climatique sont considérés comme extrêmement élevés», s'alarme l'agence onusienne.


Dublin: des étudiants campent sur le campus du Trinity College contre la guerre à Gaza

Vue de l'enceinte du Trinity College de Dublin. (Photo Paul Faith AFP)
Vue de l'enceinte du Trinity College de Dublin. (Photo Paul Faith AFP)
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  • Le président du syndicat étudiant TCDSU de l'université, Laszlo Molnarfi, a affirmé sur la chaîne RTE que les manifestants demandent à l'université de couper ses liens avec Israël
  • L'opposition à l'intervention militaire d'Israël à Gaza est très forte en Irlande où des marches appelant à un cessez-le-feu ont rassemblé des milliers de personnes dans la rue

DUBLIN, Irlande : Des étudiants de la prestigieuse université Trinity College de Dublin ont installé un campement sur le campus de l'établissement pour protester contre l'offensive militaire israélienne à Gaza, bloquant samedi l'entrée d'un bâtiment qui attire habituellement de nombreux touristes.

Les manifestants ont décrit leur mobilisation comme un «campement en solidarité avec la Palestine», sur fonds de multiplication de ces mobilisations en Europe et aux États-Unis.

Ils sont plusieurs dizaines à avoir installé des tentes vendredi soir dans plusieurs endroits du campus, plaçant des bancs devant la bibliothèque qui contient «le Livre de Kells», un célèbre manuscrit médiéval que les touristes viennent voir nombreux dans la capitale irlandaise.

Le président du syndicat étudiant TCDSU de l'université, Laszlo Molnarfi, a affirmé sur la chaîne RTE que les manifestants demandent à l'université de couper ses liens avec Israël.

«Un campement non autorisé de BDS (mouvement qui appelle au boycott d'Israël) est présent à Trinity», a indiqué l'établissement dans un communiqué.

«Pour assurer la sécurité, l'accès au campus sera restreint aux étudiants, personnels, résidents et membres du département des sports, a-t-il ajouté, prévenant que l'accès des visiteurs serait interdit ce samedi.

«Même si Trinity soutient le droit des étudiants à manifester, les manifestations doivent se tenir dans le cadre des règles de l'université», a encore indiqué l'établissement.

Parties des campus américains, où elles ont fait l'objet d'une répression des forces de l'ordre, les mobilisations contre l'offensive israélienne à Gaza se sont propagées un peu partout dans le monde ces derniers jours.

L'opposition à l'intervention militaire d'Israël à Gaza est très forte en Irlande où des marches appelant à un cessez-le-feu ont rassemblé des milliers de personnes dans la rue.

Le gouvernement lui-même est très critique vis-à-vis de l'attitude du gouvernement israélien dirigé par Benjamin Netanyahu depuis le début du conflit, déclenché après l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre.

Le nouveau Premier ministre irlandais Simon Harris s'est dit prêt mi-avril à reconnaître un État palestinien, y voyant un moyen de contribuer au processus de paix au Moyen-Orient.

En février, le gouvernement irlandais avait demandé à la Commission européenne, aux côtés de l'Espagne, de vérifier sur Israël respectait bien les droits humains à Gaza.

Plus de 400 artistes irlandais ont appelé dans une lettre commune à boycotter le concours international de chanson de l'Eurovision en raison de la participation d'Israël.


Aux Etats-Unis, les étudiants propalestiniens cherchent un nouveau souffle après des arrestations massives

Des étudiants et des militants pro-palestiniens dansent lors d'un rassemblement dans un campement sur le campus de l'université Brown à Providence, Rhode Island, le 29 avril 2024. La Maison Blanche a insisté le 28 avril sur le fait que les manifestations pro-palestiniennes qui ont secoué les universités américaines ces dernières semaines devaient rester pacifiques, après que la police a arrêté environ 275 personnes sur quatre campus différents au cours du week-end. (Photo : Joseph Prezioso / AFP)
Des étudiants et des militants pro-palestiniens dansent lors d'un rassemblement dans un campement sur le campus de l'université Brown à Providence, Rhode Island, le 29 avril 2024. La Maison Blanche a insisté le 28 avril sur le fait que les manifestations pro-palestiniennes qui ont secoué les universités américaines ces dernières semaines devaient rester pacifiques, après que la police a arrêté environ 275 personnes sur quatre campus différents au cours du week-end. (Photo : Joseph Prezioso / AFP)
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  • A l'Université de Chicago, l'administration a indiqué dans un communiqué que faute d'un accord avec les protestataires, le moment était venu de disperser le rassemblement
  • Depuis le 17 avril, une nouvelle vague de mobilisation pour Gaza déferle sur les campus américains, évoquant, dans une moindre ampleur, les manifestations contre la guerre du Vietnam dans les années 1960-70

NEW YORK : Les manifestations propalestiniennes qui secouent les campus américains depuis quelques semaines cherchent un nouveau souffle, après des dispersions par la police, des arrestations massives et un sévère rappel à l'ordre par la Maison Blanche.

Tôt vendredi, la police a démantelé sans heurts un campement à l'université de New York (NYU), à la demande de l'établissement.

A l'Université de Chicago, l'administration, qui a fait état sur X d'«informations sur des altercations physiques» sur son campus, a indiqué dans un communiqué que faute d'un accord avec les protestataires, le moment était venu de disperser le rassemblement.

Les protestataires à l'université de Riverside, en Californie (ouest), sont parvenus à un accord avec l'administration et devaient mettre fin à leur mouvement avant 00H00 samedi (07H00 GMT). Des compromis similaires avaient permis l'évacuation sans heurts des universités Rutgers (New Jersey, est) et Brown (Rhode Island, est).

Sur d'autres campus, les forces de l'ordre sont intervenues manu militari ces derniers jours, comme à Columbia à New York et à UCLA à Los Angeles.

Près de 2.000 personnes en tout ont été interpellées, selon un bilan établi par plusieurs médias américains.

Très critiquée par des étudiants et au sein du corps enseignant pour avoir deux fois appelé la police à intervenir - des images qui ont fait le tour du monde - la présidente de Columbia, Minouche Shafik, a évoqué la «tourmente» dans son établissement.

«Ces deux dernières semaines ont été parmi les plus difficiles de l'histoire de Columbia», a-t-elle dit dans une vidéo publiée vendredi sur les réseaux sociaux, affirmant que l'occupation d'un bâtiment par des étudiants avait été «un acte violent».

«Nous avons beaucoup à faire, mais je m'engage à oeuvrer chaque jour et avec chacun d'entre vous pour reconstruire la communauté sur notre campus», a-t-elle ajouté.

Depuis le 17 avril, une nouvelle vague de mobilisation pour Gaza déferle sur les campus américains, évoquant, dans une moindre ampleur, les manifestations contre la guerre du Vietnam dans les années 1960-70.

En plus de réclamer la fin du conflit à Gaza, ces étudiants appellent les universités à rompre leurs relations avec Israël et à se désengager de leurs investissements en lien avec ce pays.

Ils dénoncent aussi l'appui quasi inconditionnel des Etats-Unis à leur allié.

Israël est engagé dans une offensive massive dans la bande de Gaza, en représailles à l'attaque du Hamas le 7 octobre sur son sol.

- Vietnam -

Jeudi, lors d'une courte allocution, le président démocrate Joe Biden, longtemps muet sur les manifestations, a martelé que «l'ordre devait prévaloir».

Cela lui a valu à la fois les critiques de la droite, qui l'a jugé trop complaisant, et l'indignation des partisans des manifestants.

«Il existe un droit à manifester, pas un droit à provoquer le chaos», a lancé l'octogénaire, candidat face au républicain Donald Trump à la présidentielle de novembre.

Son ministre de l'Education, Miguel Cardona, a envoyé selon la chaîne CNN une lettre à des dirigeants d'universités dans laquelle il se dit «incroyablement préoccupé par les informations sur de la haine antisémite à l'encontre d'étudiants sur certains campus».

Les manifestations ont ravivé le débat aux Etats-Unis, déjà tendu voire violent depuis l'attaque du Hamas, sur la liberté d'expression, l'antisionisme et ce qui constitue de l'antisémitisme.

D'un côté, des étudiants et enseignants accusent leurs universités de chercher à censurer un discours politique, de l'autre plusieurs personnalités, dont des élus du Congrès, affirment que les militants attisent l'antisémitisme.

La question pourrait plomber la course de M. Biden à la Maison Blanche.

«Cela pourrait être le Vietnam de Biden», a averti sur CNN le sénateur de gauche Bernie Sanders.

«Je crains vraiment que le président Biden ne se mette dans une position où il s'aliène non seulement les jeunes, mais une grande partie de la base démocrate», a-t-il ajouté.

Côté républicain, Donald Trump a qualifié les manifestants de «tarés de la gauche radicale», qu'il faut «arrêter maintenant».

La mobilisation a inspiré les militants propalestiniens à travers le monde, en France, comme dans la prestigieuse école parisienne Sciences Po, ou à l'université McGill au Canada et à l'UNAM à Mexico.

A rebours d'autres institutions, l'université Brown, dans l'Etat américain du Rhode Island, s'est accordée avec les manifestants sur le démantèlement de leur campement en échange d'un vote sur un éventuel «désinvestissement».