LONDRES: Un étudiant pakistanais, qui s’est réfugié en Grande-Bretagne après avoir survécu à une fusillade des talibans dans une école, est devenu président de l’Oxford Union, le célèbre club de débat de l’université qui a permis à de nombreux dirigeants mondiaux de lancer leur carrière.
Ahmad Nawaz, 21 ans, est arrivé en Grande-Bretagne à l’âge de 14 ans après que son frère a été tué dans cette attaque. Depuis qu’il est à la tête de l’Union, il souhaite le rendre plus attrayant pour les groupes marginalisés comme les minorités ethniques et les étudiants handicapés.
Il a confié au Times qu’il avait pleuré de joie en apprenant qu’il avait été élu. «C’est le moment le plus émouvant que j’ai vécu depuis très, très longtemps», a-t-il raconté au quotidien britannique. M. Nawaz a été touché au bras par des balles lorsque les talibans ont pris d’assaut son école dans la ville de Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan. Près de 150 enfants et enseignants ont été tués dans cette attaque meurtrière.
Les talibans ont abattu les survivants blessés et mis le feu à l’école. Feignant la mort, M. Nawaz a survécu à l’attaque et a passé des semaines en convalescence dans un hôpital de Peshawar. Son bras devait être opéré d’urgence pour être sauvé. Il a donc été envoyé à Birmingham, la deuxième plus grande ville de Grande-Bretagne, pour y recevoir un traitement d’urgence.
Il a été admis à l’université d’Oxford en 2020, après être arrivé en Grande-Bretagne en 2014. Il est intervenu lors de grands événements aux côtés de lauréats du prix Nobel et de dirigeants mondiaux, et a donné des conférences au Royaume-Uni sur l’extrémisme et ses risques.
M. Nawaz n’est cependant pas le premier président pakistanais de l’Oxford Union. Benazir Bhutto, ancienne Première ministre assassinée en 2007, a présidé le groupe de débat en 1977, devenant ainsi la première femme asiatique à porter ce titre.
Ahmad Nawaz étudie la philosophie et la théologie au Lady Margaret Hall, le même collège que fréquentait Malala Yousafzai, qui a également souffert aux mains des talibans. Cette dernière a été victime d’une attaque dans un bus scolaire et a poursuivi ses études à Oxford.
L’ascension de M. Nawaz est tout aussi remarquable, puisque l’étudiant a obtenu un A au GCSE anglais, un diplôme d’études secondaires en Grande-Bretagne, alors qu’il était arrivé avec un anglais limité, moins de trois ans avant de présenter ces examens.
«J’étais déterminé et quand je suis arrivé à Oxford, j’étais assez ambitieux, mais je n’aurais jamais pensé m’engager dans l’Union», a-t-il affirmé. «Cela montre qu’il n'y a pas de limites, quel que soit votre parcours». M. Nawaz a estimé que l’Union était «l’une des plus grandes plates-formes de liberté d’expression au monde. J’en ai entendu parler quand j’étais enfant. Je voulais simplement entrer dans cette institution et côtoyer les étudiants d’Eton, de Harrow et de Westminster».
«Nous allons œuvrer pour un changement institutionnel, pour que davantage de personnes issues de milieux défavorisés se sentent à l’aise et s’impliquent, plutôt que d’avoir l’impression que ce club appartient aux élèves des écoles publiques», a-t-il déclaré. «Je veux faire en sorte que les étudiants se sentent inclus, non seulement en fonction de leur origine, mais aussi de leur milieu social.»
«J’aimerais également diversifier les intervenants et les discussions qui ont lieu au sein de l’Union, afin que nous puissions nous concentrer par exemple sur les droits de l’homme et les questions sociétales dans différentes parties du monde», a-t-il ajouté. Selon lui, les membres du comité devraient s’impliquer davantage dans le travail communautaire. «Je n’aurais pas pu être plus reconnaissant pour ce parcours», a conclu Ahmad Nawaz.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com