BRUXELLES/ PARIS/ MOSCOU: Le président du Conseil européen Charles Michel a annoncé lundi avoir demandé au président russe Vladimir Poutine de « cesser immédiatement les hostilités » en Ukraine et de « garantir un passage sûr de l'aide humanitaire », lors d'une conversation téléphonique.
« L'UE condamne avec la plus grande fermeté l'agression menée par la Russie contre l'Ukraine », a indiqué sur Twitter le chef de l'institution qui représente les 27 Etats membres de l'Union.
Macron dénonce le «cynisme moral et politique» de Poutine sur les couloirs humanitaires
Le président français Emmanuel Macron a dénoncé lundi « le cynisme moral et politique » de Vladimir Poutine qui propose des couloirs humanitaires aux habitants de plusieurs villes d'Ukraine pour « les amener en Russie ».
Ce qui est nécessaire, « ce ne sont pas simplement des couloirs, qui sont tout de suite menacés, ce n'est pas ce discours hypocrite qui consiste à dire: ‘On va aller protéger les gens pour les amener en Russie’ », a déclaré le président dans une interview à la chaine française LCI.
« Tout ça n'est pas sérieux, c'est du cynisme moral et politique, qui m'est insupportable », a-t-il ajouté.
Kiev a refusé lundi les couloirs humanitaires vers le Bélarus et la Russie proposés par Moscou pour l'évacuation des civils des villes ukrainiennes de Kharkhiv, Kiev, Marioupol et Soumy, en proie à de violents combats.
L'armée russe a affirmé que cette décision avait été prise après une »demande personnelle » d'Emmanuel Macron adressée à Vladimir Poutine lors d'un échange téléphonique dimanche, ce qu'a démenti l'Elysée.
« La Russie plaide pour faire des couloirs humanitaires vers la Russie » mais « je ne connais pas beaucoup d'Ukrainiens qui ont envie d'aller se réfugier en Russie. C'est une hypocrisie, un artefact de communication que je réprouve », a réagi le chef de l'Etat sur LCI.
« Il faut que les acteurs de l'humanitaire puissent intervenir, qu'il y ait des trêves complètes pour mettre en protection les femmes, les enfants, les hommes qui doivent être protégés et pouvoir les sortir de la zone de conflit », a-t-il ajouté.
Notant que la situation « s'aggrave chaque jour » en Ukraine, Emmanuel Macron a insisté qu'il fallait »faire stopper cette guerre sans devenir nous-mêmes des belligérants » et assuré que la France et ses alliés vont « continuer de mettre la pression diplomatique pour que cette guerre s'arrête au plus vite ».
L'une des priorités est de « nous mobiliser pour accueillir les Ukrainiens qui fuient la guerre » car « c'est notre devoir (...) nos valeurs », a-t-il ajouté, en remerciant notamment les collectivités locales souhaitant les recevoir.
Lors de cet échange avec Vladimir Poutine, il dit aussi avoir « souligné la nécessité d'assurer la sûreté et la sécurité des installations nucléaires ».
La Russie s'est emparée vendredi de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporojie, la plus grande d'Europe. Vladimir Poutine a assuré dimanche à son homologue français Emmanuel Macron que « la sécurité physique et nucléaire » de la centrale était assurée, selon le Kremlin.
Le président du Conseil européen a dit par ailleurs maintenir des « contacts étroits » avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, à qui il a réaffirmé « la solidarité et l'assistance sans précédent et inébranlables » de l'UE.
« Nous discuterons dans les prochains jours de la demande de candidature de l'Ukraine » pour rejoindre l'UE, a ajouté Charles Michel sur Twitter.
Les Vingt-Sept sont divisés sur cette question qui devrait être évoquée lors d'un sommet des dirigeants européens prévu jeudi et vendredi à Versailles, près de Paris.
Le négociateur russe accuse l'Ukraine de bloquer les «couloirs humanitaires», un «crime de guerre»
Le représentant russe dans les pourparlers entre Moscou et Kiev a accusé l'Ukraine d'empêcher l'évacuation de civils des villes en proie aux combats, assurant que l'instauration de couloirs humanitaires sera abordée lors des négociations de lundi.
« Les nationalistes ayant pris position dans les villes continuent d'y retenir des civils et les utilisent directement et indirectement, y compris comme bouclier humain, ce qui est bien sûr un crime de guerre », a affirmé Vladimir Medinski à la télévision publique russe.
Une troisième session de pourparlers est prévue lundi entre les négociateurs russes et ukrainiens au Bélarus, dans une localité près de la frontière polonaise. Selon les agences de presse TASS et Belta, les négociateurs ukrainiens sont arrivés sur place vers 13H30 GMT.
Lors de leur précédente rencontre jeudi dernier, en pleine offensive russe contre l'Ukraine, les deux parties ne s'étaient accordées que sur l'instauration de couloirs humanitaires.
Mais toutes les tentatives pour évacuer des civils de façon coordonnée ont échoué jusqu'à présent.
Lundi, Moscou a proposé l'ouverture de six couloirs humanitaires, dont quatre allant vers le Bélarus et la Russie, une option rejetée par Kiev qui demande que les civils puissent choisir vers quel endroit se rendre.
Les couloirs proposés par Moscou concernaient l'évacuation des villes de Kiev, Marioupol, Kharkiv et Soumy, toutes en proie à d'intenses bombardements ayant tué des civils.
Deux tentatives précédentes pour évacuer les populations civiles de Marioupoul, un port stratégique encerclé par les forces russes, ont également échoué, chaque camp s'accusant d'avoir violé les conditions de l'évacuation.