Après hésitation, la mode et le luxe s'éloignent prudemment de la Russie

Le logo de la marque de luxe Chanel à Tokyo, au Japon. (AFP).
Le logo de la marque de luxe Chanel à Tokyo, au Japon. (AFP).
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Publié le Dimanche 06 mars 2022

Après hésitation, la mode et le luxe s'éloignent prudemment de la Russie

  • Hermès a été le premier en France à annoncer la fermeture « temporaire» de ses trois boutiques en Russie, suivi par les autres grands groupes français du luxe, Chanel, LVMH et Kering
  • Si la Russie peut apparaître comme une terre de prédilection pour le luxe, elle ne représenterait en réalité qu'une part réduite de leur chiffre d'affaires

PARIS : Discret depuis le début de la guerre en Ukraine, le secteur du luxe et de la mode prend peu à peu ses distances avec la Russie, en limitant sa présence dans le pays et en soutenant financièrement l'aide aux réfugiés ukrainiens.

Hermès a été le premier en France à annoncer, vendredi, la fermeture "temporaire" de ses trois boutiques en Russie, suivi par les autres grands groupes français du luxe, Chanel, LVMH et Kering.

"Compte tenu des circonstances actuelles dans la région, LVMH a le regret d'annoncer la fermeture temporaire de ses boutiques en Russie à compter du 6 mars", a déclaré à l'AFP un porte-parole de LVMH vendredi soir.

Avant ces groupes français, le britannique Burberry avait déjà suspendu ses livraisons en Russie, en raison de "difficultés opérationnelles".

Si la Russie peut apparaître comme une terre de prédilection pour le luxe, elle ne représenterait en réalité qu'une part réduite de leur chiffre d'affaires: à peine 1% selon Kering ou Burberry, 2% d'après LVMH.

Avec un nombre de boutiques relativement modeste: certes LVMH, qui compte 75 marques, possède 124 boutiques en propre en Russie, mais pour Chanel ou pour Kering (une douzaine de marques), la présence est nettement plus réduite, respectivement 17 boutiques et quelques points de ventes pour le premier, deux boutiques et quatre points de ventes pour le second.

Toutefois les Russes réalisent aussi leurs achats ailleurs qu'en Russie, dans les boutiques à Paris, sur la Côte d'Azur et dans bien d'autres pays et régions du monde.

Contrairement à d'autres secteurs, le luxe n'a pas pâti de la crise sanitaire liée au Covid-19, certains groupes affichant même des bénéfices nets record par rapport à 2019. Celui de LVMH est ainsi passé de 7,8 milliards d'euros à 12 milliards en deux ans.

"Nos ventes sont bien supérieures à ce qu'elles étaient en 2019, nous avons connu une croissance à double chiffre ces dernières années", expliquait samedi Pietro Beccari, le PDG de Dior, interrogé sur France Inter.

Une croissance portée largement par le public des pays émergents, Chine en tête, mais aussi Brésil et Russie, ce qui peut faire hésiter les grands groupes du secteur à prendre des décisions qui leur aliénerait une partie de leur riche clientèle.

Dans l'industrie de la mode, d'autres ont aussi choisi de suspendre leur activité en Russie, comme le suédois H&M mercredi, suivi samedi par son concurrent espagnol Inditex, maison mère de Zara et leader mondial de l'habillement; qui compte 502 magasins en Russie.

A l'inverse, des groupes français d'autres secteurs, à l'image de Danone ou Renault, maintiennent leurs activités en Russie. TotalEnergies a certes annoncé ne pas y envisager de nouveaux investissements mais ne prévoit pas pour autant de retrait. Il en va de même de la Société Générale, très exposée via sa filiale Rosbank.

Dons et prises de position 

Si les groupes de luxe se montrent discrets vis-à-vis du sujet de l'Ukraine, certaines de leurs marques n'hésitent pas à témoigner un soutien aux Ukrainiens, en partie sur les réseaux sociaux, à l'image de Balenciaga (groupe Kering), qui affiche sur son compte Instagram un drapeau ukrainien comme seule et unique photo. La marque va plus loin puisqu'elle ouvre ses réseaux sociaux "pour relayer les informations" autour de la situation en Ukraine.

L'une des raisons de cette implication est à chercher dans l'histoire personnelle de son directeur artistique, Demna Gvasalia, Géorgien qui a dû fuir son pays à 12 ans à cause de la guerre et qui a dénoncé l'"agression russe contre l'Ukraine".

Celui de Balmain, Olivier Rousteing, s'est dit sur Instagram "inspiré par la dignité, la résilience et la dévouement envers la liberté" des Ukrainiens.

Tous deux ont annoncé des dons au Programme alimentaire mondial (PAM) et au Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR) pour aider les Ukrainiens fuyant les combats.

En cette période de Fashion week, d'autres initiatives sont allées dans ce sens, comme la mannequin Mica Argañaraz qui compte reverser une part de ses revenus de cette période à des associations ukrainiennes, une initiative reprise par d'autres mannequins, dont Bella Hadid et Francesca Summers.

En revanche, la Fédération de la Haute Couture et de la Mode n'a toujours pas décidé si elle maintenait ou non le défilé virtuel du styliste russe Valentin Ioudachkine, qui a notamment redessiné les uniformes de l'armée russe.

En matière de dons, des groupes sont également présents: LVMH a dit verser cinq millions d'euros pour le Comité international de la Croix rouge (CICR), Chanel deux millions pour l'ONG Care et le HCR, Louis Vuitton un million pour l'Unicef... D'autres comme OTB (Prada, Diesel), Burberry, Valentino ou Kering ont annoncé des dons eux aussi, mais sans préciser leurs montants.


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.