Philippe Blanchard: «Le multilatéralisme n’est plus un atout mais une obligation»

Philippe Blanchard, fondateur de Futurous, ex-directeur du Comité international olympique et de Dubaï Expo 2020 (Fournie)
Philippe Blanchard, fondateur de Futurous, ex-directeur du Comité international olympique et de Dubaï Expo 2020 (Fournie)
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Publié le Vendredi 09 octobre 2020

Philippe Blanchard: «Le multilatéralisme n’est plus un atout mais une obligation»

  • «Pour nos grands-parents ou nos arrière-grands-parents, il a fallu un demi-siècle pour que le téléphone fixe soit utilisé par 50 millions de personnes, vingt-deux ans pour la télévision ou encore douze ans pour le téléphone portable»
  • «Seul le multilatéralisme permet de respecter les cultures spécifiques de nos différentes communautés, et la souveraineté de nos nations, tout en engageant un dialogue avec les autres»

Philippe Blanchard, fondateur de Futurous, ex-directeur du Comité international olympique et de Dubaï Expo 2020 se livre, lors d'une interview, à Arab News en Français  

Comment la technologie change-t-elle notre compréhension du monde et comment façonne-t-elle, désormais, notre façon de travailler, d’échanger, de collaborer?

Élevé dans un environnement scientifique, j’ai toujours été sensible aux évolutions technologiques et à leur impact sur nos sociétés. Comme beaucoup, j’ai d’abord considéré que la technologie déterminait des effets, positifs ou négatifs, qu’elle induisait dans ma vie. Ce fut ma compréhension du concept de «déterminisme technologique». Mais c’est lorsque j’ai commencé à effectuer des voyages professionnels que je me suis rendu compte que la technologie n’avait pas d’existence autonome. Ses usages s’inscrivent dans la culture locale et témoignent d’une matérialisation de rapports sociaux.

Mon utilisation de la technologie (Internet, automobile, consommation électrique) était différente de celles de mes interlocuteurs chinois, grecs, russes ou émiratis... C’est un enjeu majeur pour tous les pays et toutes les cultures, d’autant plus que les développements des technologies de l’information et de la communication sont transversaux. Les general purpose technologies (technologies à usage général), extrêmement rapides, transnationales, sont complexes car elles sont davantage faites d’interactions que de simples liens de cause à effet.

Quels en seraient les impacts sur les modes de fonctionnement de nos sociétés dans un contexte de globalisation?

La globalisation est une réalité. Quand j’étais directeur du Comité international olympique ou en travaillant pour l’Exposition universelle de Dubaï, j’ai eu la chance de collaborer avec de très nombreux pays et cultures. Et j’ai été surpris de voir la vitesse de transformation ainsi qu’une certaine uniformisation de nos usages. Pour nos grands-parents ou nos arrière-grands-parents, il a fallu un demi-siècle pour que le téléphone fixe soit utilisé par 50 millions de personnes, vingt-deux ans pour la télévision ou encore douze ans pour le téléphone portable.

J’ai pu constater à quel point nos sociétés sont soumises à une pression croissante dans l’intégration et l’adaptation à ces technologies. À titre personnel, je vois bien la différence qui existe entre mes enfants et moi. Ils sont nés avec ces outils dans les mains et je comprends pourquoi Facebook a atteint le seuil des 50 millions d'utilisateurs trois ans seulement après son lancement; et pourquoi Pokémon Go, le célèbre jeu vidéo mobile, a franchi la barre des 50 millions d’utilisateurs en l'espace de seulement dix-neuf jours.

De tels bouleversements n’imposeraient-ils pas l’instauration d’un cadre de régulation qui pourrait être mis en place via des collaborations multidisciplinaires sous l’égide d’institutions internationales comme l’Organisation imondiale du commerce (OMC), l’Unesco ou d’autres organismes?

Pour moi, la rapidité de propagation des technologies nous demande de considérer trois types d’innovation: innovation technologique proprement dite (les nouveaux outils dont je dispose), sociologique (comment j’interagis avec la technologie, les autres usagers, mes communautés); mais je pense qu’il nous faut aussi une innovation réglementaire: la définition d’un cadre dans lequel mes enfants, mes collègues ou moi-même allons interagir avec la technologie, en termes de respect de nos vies privées, de protection de ma culture ou des valeurs de ma communauté.

En tant qu’individu, père et entrepreneur, j’ai besoin de ce cadre de développement et je sais que la France, la Suisse ou les Émirats arabes unis, où j’ai vécu, ou encore la Russie, l’Arabie saoudite, l’Ouzbékistan ou la Chine, où j’ai travaillé, ne peuvent décider seuls de cadres qui ne seraient pas harmonisés entre les différents pays. Ce sont d’ailleurs des sujets que j’ai eu la chance d’évoquer avec MM. Pascal Lamy (ancien directeur général de l’OMC), Carlos Moedas (alors commissaire européen en charge de l’innovation) ou Moez Chakchouk (directeur général adjoint de l’Unesco), et c’est une nouvelle opportunité ainsi qu’une nouvelle responsabilité pour ces structures de collaboration internationales que sont l’Unesco, la Commission européenne et l’OMC.

Comment pourrions-nous adopter et défendre un modèle qui respecte l’universalité et la particularité et qui permettrait d’équilibrer, de développer et de faire fructifier les coopérations et les échanges entre communautés, entre sociétés?

Vous avez raison, c’est un enjeu essentiel, voire l’enjeu majeur de notre siècle : comment gérer la modernisation sans l’occidentalisation? Comment s’assurer que le développement de la technologie s’appuie sur nos cultures, nos histoires, nos territoires? Car notre passé conditionne notre futur.

Cela a été ma prise de conscience quand j’ai créé le département information et connaissances au Comité international olympique (CIO). Jusqu’alors, le CIO gérait ses relations avec les comités de candidature ou les comités d’organisation de la même manière. Mais le président Rogge avait bien compris que les Jeux d’Athènes 2004 n’allaient pas suivre les mêmes règles que ceux de Pékin 2008 ou ceux de Londres 2012…

Conforté par sa vision et par nos propres réflexions, je me suis appuyé quelques années plus tard sur nos échecs et nos succès pour concevoir – avec quelques collègues du mouvement olympique, de la Fifa et des expositions universelles – Futurous, les Jeux de l’innovation. Forts de ces expériences internationales et de ces expertises dans les méga-événements, nous avons défini comme objectif majeur de Futurous d’utiliser le sport et la compétition et de convaincre des usages de la technologie (e-sports, drones, robotiques, réalité virtuelle ou augmentée, nouveaux sports…) des spectateurs que l’on implique.

Ces «spectacteurs» interagissent avec les compétiteurs, ils sont actifs dans le choix des obstacles qui apparaissent dans la compétition, votent pour le meilleur usage… Des experts complètent la partie «Compétition» par une partie «Éducation et Expérimentation» pour parler des usages et des enjeux: drones et vie privée, e-sports et éducation, robotique et emploi… Par exemple, nous travaillons avec le département de l’Aube, en France, pour développer des compétitions d’e-sports, de robots et de drones dans l’abbaye de Clairvaux. Les valeurs qui s’y sont développées il y a neuf cents ans restent d’actualité et donnent une perspective aux compétitions et aux technologies que les fans pourront apprécier. Je pense que c’est aussi une opportunité pour un site comme AlUla, en Arabie saoudite. Ces événements d’expérimentation et d’interaction sont les seuls capables de garantir que nous respectons les particularités et les forces de nos communautés. Placer l’individu et sa culture au centre de notre préoccupation, c’est le seul moyen pour nous d’éviter ce que Samuel Hutington prédisait dans son Choc des civilisations.

Le multilatéralisme, un concept utilisé dans le champ des relations internationales et défini comme un mode d'organisation des relations interétatiques, représente-il un atout pour consolider nos coopérations et notre avenir commun?

Comme je le conçois, le multilatéralisme n’est plus un atout mais une obligation. Seul le multilatéralisme permet de respecter les cultures spécifiques de nos différentes communautés, et la souveraineté de nos nations, tout en engageant un dialogue avec les autres. C’était la force des expositions universelles: proposer un espace pacifique de coexistence entre les différents pays pour qu’ils se présentent, mettent en avant leur culture, leurs perspectives et leurs aspirations.

C’est aujourd’hui l’ambition de Futurous: créer un espace d’interaction et d’expérimentation autour des usages de la technologie et permettre aux communautés d’en comprendre les enjeux. On a donc deux niveaux qui se complètent: d’une part, un niveau institutionnel avec des organisations comme l’Unesco ou encore l’OMC; d’autre part, un niveau opérationnel avec l’organisation des expositions universelles, Futurous Games… Pour moi, le multilatéralisme doit s’inscrire dans ces deux niveaux car ils sont nécessaires et complémentaires.

La nomination de la princesse Reema benta Bandar al-Saoud, ambassadrice de l’Arabie Saoudite à Washington comme membre du CIO, la candidature de Mohammad Maziad Al-Tuwaijri à la direction de l’OMC et de Riyad pour l’organisation de l’Exposition universelle de 2030 peuvent-elles être considérées comme des signaux qui marquent la volonté de cette région d’adhérer au concept du multilatéralisme?

Oui, clairement. À titre personnel, j’ai eu l’honneur de rencontrer la princesse Reema benta Bandar al-Saoud, quand elle était à la Saudi General Sports Authority's (GSA) et son frère, le prince Faisal ben Bandar ben Sultan al-Saoud, le fondateur de Saudi Arabian Federation for Electronic & Intellectual sports (SAFEIS). Nous avions alors engagé nos réflexions sur le rôle du sport et de l’e-sport en tant que facteur de développement économique et social des communautés.

Il est remarquable que la princesse Reema accepte un poste de membre du CIO en complément de ses lourdes responsabilités diplomatiques auprès des États-Unis. Cela démontre clairement la volonté du Royaume de s’engager dans les domaines du sport et des méga-événements ainsi que le rôle que le Royaume leur accorde, conformément au plan directeur Vision 2030.

Leur engagement vis-à-vis de l’OMC ou l’implication de Riyad par rapport à différents méga-événements, dont une potentielle candidature pour l’Exposition universelle de 2030, les développements du Centre du roi Abdelaziz pour la connaissance et la culture (King Abdulaziz Center for World Culture ou Ithra): tout cela montre combien l’Arabie saoudite veut s’engager dans le concert des nations, qu’elle a parfaitement compris que les méga-événements sont un élément de réponse essentiel à des questions internationales (la coopération et l’échange), et que ces éléments dépassent de beaucoup les questions purement domestiques (l’identité et la souveraineté nationales). Pour moi, le royaume d’Arabie saoudite a clairement compris les conditions de son développement national et international et il prépare déjà l’après-pétrole en s’engageant résolument dans l’ère de la connaissance.


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".