Ukraine: 33 morts dans une frappe russe, accord sur des couloirs humanitaires

Des forces militaires ukrainiennes dans la région de Lougansk le 2 mars 2022 (Photo, AFP).
Des forces militaires ukrainiennes dans la région de Lougansk le 2 mars 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 04 mars 2022

Ukraine: 33 morts dans une frappe russe, accord sur des couloirs humanitaires

  • Les négociateurs russes et ukrainiens se sont retrouvés à la frontière entre la Pologne et le Bélarus pour un deuxième round de négociations
  • Conséquence de l'isolement économique de la Russie, les prix des hydrocarbures et de l'aluminium, dont Moscou est un gros exportateur, continuent à s'envoler

KIEV:  Les négociateurs russes et ukrainiens se sont entendus jeudi sur des "couloirs humanitaires" pour l'évacuation des civils, alors que l'armée russe intensifie ses frappes sur les villes ukrainiennes, dont l'une a fait 33 morts à Tcherniguiv, dans le nord du pays.

Les négociateurs russes et ukrainiens s'étaient retrouvés à la frontière entre la Pologne et le Bélarus pour cette deuxième tentative, lors de laquelle Kiev espérait obtenir une trêve. "Malheureusement, il n'y a pas encore les résultats escomptés pour l'Ukraine. Il n'y a qu'une solution pour organiser des couloirs humanitaires", a écrit sur Twitter Mikhaïlo Podoliak, un membre de la délégation ukrainienne.

Au même moment, dans des déclarations retransmises à la télévision russe, Vladimir Poutine n'avait donné aucun espoir.

«Néonazis et mercenaires étrangers»

"L'opération militaire spéciale se déroule strictement selon le calendrier, selon le plan", a-t-il déclaré, rendant hommage aux soldats russes et à leur "précieux combat contre des néonazis" et des "mercenaires étrangers" qui utilisent selon lui les civils comme "boucliers humains" en Ukraine.

C'est bien une zone résidentielle que la partie ukrainienne accuse l'armée russe d'avoir visé jeudi à Tcherniguiv, sur la route de Kiev, faisant 33 morts selon un denier bilan.

Outre des habitations, "l'aviation russe a attaqué deux écoles du quartier de Stara Podsoudovka", a écrit le gouverneur local, Viatcheslav Tchaous sur son compte Telegram, publiant des images de bâtiments éventrés.

Des images du service des situations d'urgence montraient notamment des sauveteurs transportant des corps.

Quelques heures auparavant, M. Poutine avait douché les espoirs de médiation du président français Emmanuel Macron, lui déclarant au téléphone que la Russie avait "l'intention de poursuivre sans compromis son combat contre les membres des groupes nationalistes qui commettent des crimes de guerre", et répétant son exigence d'une démilitarisation et d'un statut neutre pour l'Ukraine, selon le Kremlin.

"Le pire est à venir", M. Poutine veut "prendre le contrôle" de toute l'Ukraine, avait jugé le président français après cet appel, selon l'Elysée.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, devenu un héros dans son pays, a de son côté mis le maître du Kremlin au défi de le rencontrer. "Je dois parler à Poutine (...) car c'est le seul moyen d'arrêter cette guerre", a-t-il lancé à Kiev.

«Jusqu'au mur de Berlin»

Il a de nouveau exhorté les Occidentaux à accroître leur soutien, à "fermer le ciel" ukrainien aux avions russes, et les a mis en garde : "Si nous disparaissons, que Dieu nous protège, ensuite ce sera la Lettonie, la Lituanie, l'Estonie etc... Jusqu'au mur de Berlin, croyez-moi"..

Sur le terrain, l'armée russe semble avoir encore renforcé sa puissance de feu pour accélérer la prise de villes stratégiques.

Après que l'armée russe a pris le contrôle de Kherson, métropole de 290.000 habitants proche de la péninsule de Crimée, après de violents bombardements, le chef de l'administration régionale, Guennadi Lagouta, a appelé sur Telegram les habitants à rester chez eux : "Les occupants sont dans tous les quartiers de la ville et très dangereux", a-t-il mis en garde.

«Blocus» de Marioupol

Plus à l'est, à Marioupol, le maire a accusé la Russie de vouloir assiéger la ville.

"Ils ont détruit les ponts, détruit les trains pour nous empêcher de sortir nos femmes, enfants et vieillards (...) Ils cherchent à imposer un blocus, comme à Léningrad", l'actuelle Saint-Péterbourg, victime d'un siège dramatique de l'armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale, a déclaré Vadym Boïtchenko sur Telegram.

Ce grand port ukrainien de la mer d'Azov, site clé pour la progression des forces russes, "résiste" pour l'instant, selon l'armée ukrainienne. 

A l'autre bout du pays, dans le nord-est près de la frontière russe, la grande ville de Kharkiv, frappée par des bombardements meurtriers mardi et mercredi, a été pilonnée toute la nuit, selon les autorités régionales. 

A 200 km au sud, le centre industriel de Dnipro, fort d'un million d'habitants, se préparait à son tour à un assaut russe, des habitants y entassant des sacs de sable et préparant des cocktails Molotov. 

Des troupes russes se trouvaient aussi près de Zaporijjia, à 200 km au sud de Dnipro, où se trouve la plus grande centrale nucléaire ukrainienne.

A Kiev, où de fortes explosions ont été entendues dans la nuit de mercredi à jeudi, les habitants qui n'ont pas fui se préparent depuis des jours à un assaut. Des milliers de femmes et enfants dorment dans le métro pour échapper aux bombes. 

«Des centaines voire des milliers» de victimes

Les Etats-Unis "soutiendront les efforts diplomatiques" pour obtenir un cessez-le-feu avec Moscou, même si "c'est beaucoup plus difficile d'y parvenir quand les tirs résonnent et les chars avancent", avait déclaré avant le nouveau round de négociations le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

"Des centaines voire des milliers de civils ont été tués et blessés", a-t-il déploré. Personne n'a avancé jusqu'ici d'estimation pour le bilan global du conflit.

M. Blinken est arrivé dans la nuit à Bruxelles pour des entretiens vendredi avec des responsables de l'Otan et de l'UE, après quoi il doit se rendre en Pologne, dans les trois pays baltes et en Moldavie. 

Cette dernière, qui craint d'être la prochaine cible de Moscou, a annoncé jeudi avoir déposé officiellement sa candidature à l'entrée dans l'Union européenne, tout comme la Géorgie, suivant l'exemple de l'Ukraine. 

Un million de réfugiés

Le pilonnage meurtrier des villes ukrainiennes suscite une vive émotion dans le monde, où s'enchaînent manifestations et élans de solidarité avec les Ukrainiens. 

Le chef humanitaire de l'ONU, Martin Griffiths, a indiqué jeudi avoir récolté 1,5 milliard de dollars d'aide d'urgence, et les cloches des cathédrales à Paris, Berlin, Madrid ou Vienne ont sonné à 11h00 GMT pour l'Ukraine. 

Plus d'un million de personnes ont fui le pays, selon les derniers chiffres du Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU, surtout vers la Pologne, la Hongrie, la Roumanie et la Moldavie. 

Les ministres européens de l'Intérieur se sont mis d'accord à Bruxelles pour accorder à ces réfugiés une "protection temporaire" dans l'UE.

L'isolement de la Russie est apparu clairement mercredi à l'Assemblée générale des Nations unies, qui a voté à une écrasante majorité une résolution exigeant la fin de l'offensive russe. Cinq pays sur 193 s'y sont opposés, 35 s'abstenant, dont la Chine.

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé mercredi soir l'"ouverture immédiate" d'une enquête sur la situation en Ukraine, où la Russie est accusée de perpétrer des crimes de guerre, et l'OSCE va mettre en place une mission d'experts indépendants pour enquêter sur les violations du droit international perpétrées par Moscou.

Effondrement du rouble

Les sanctions économiques infligées par le camp occidental à Moscou et aux proches de Poutine sont de plus en plus dures.  

L'UE a confirmé que sept banques russes seraient, à compter du 12 mars, exclues du système de messagerie Swift, un rouage-clé de la finance internationale. La Banque mondiale a coupé tous ses programmes d'aide en Russie et au Bélarus. 

Le plus gros fonds souverain au monde fait une croix sur ses actifs russes

Le responsable du plus gros fonds souverain au monde, celui de la Norvège, a estimé jeudi que ses investissements en Russie étaient "perdus" du fait de la guerre en Ukraine et des sanctions économiques qu'elle a entraînées.

Fin 2021, le fonds détenait quelque 27,4 milliards de couronnes (environ 2,7 milliards d'euros) en actifs russes, soit 0,2% de son portefeuille total.

Les agences de notation financière Fitch, Moody's et S&P ont rétrogradé la Russie dans la catégorie des pays risquant de ne pas pouvoir rembourser leur dette.

Après avoir perdu plus du tiers de sa valeur en devises étrangères, le rouble a plongé à nouveau jeudi.

Le numéro deux du pétrole russe, Loukoïl a déclaré jeudi prôner "un arrêt rapide du conflit armé" et une issue diplomatique, alors que ses titres en bourse, comme ceux d'autres groupes, se sont effondrés ces derniers jours.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont aussi inscrit jeudi de nouveaux oligarques proches du Kremlin sur leur liste noire. Le président américain Joe Biden a souligné qu'il s'agissait de la "campagne de pression économique la plus forte et unie de l'histoire".

L'assureur italien Generali annonce son retrait progressif de la Russie

Le numéro un de l'assurance en Italie, Generali, a annoncé jeudi son retrait progressif de la Russie, avec la fermeture de sa représentation à Moscou et le prochain arrêt de l'activité de sa filiale d'Europ Assistance.

L'assureur suit ainsi l'exemple de nombreuses multinationales qui ont coupé les ponts avec Moscou après l'invasion de l'Ukraine. Le groupe s'est retiré aussi du conseil d'administration de l'assureur russe Ingosstrakh, dont il détient une part de 38,5%.

Côté européen, un yacht de 86 mètres identifié comme appartenant via une société au patron d'Igor Setchine, un proche de Vladimir Poutine issu comme lui du KGB soviétique et placé à la tête du géant pétrolier Rosneft, a été saisi jeudi dans le sud de la France.

Moscou multiplie les mesures pour défendre son économie, mais aussi pour étouffer toute voix opposée à la guerre: la radio indépendante Ekho Moskvy, a dû acter sa fermeture jeudi après avoir été interdite d'antenne, et la chaîne de télévision internet d'opposition Dojd, également interdite, a annoncé suspendre son travail.

Ikea suspend ses activités en Russie et au Bélarus 15.000 employés affectés

Le géant suédois de l'ameublement Ikea a annoncé jeudi la suspension de ses activités en Russie et au Bélarus, affectant près de 15.000 employés, 17 magasins et trois sites de production.

Cette suspension concerne essentiellement la Russie, où le groupe suédois est présent depuis 2000 et est un des principaux employeurs occidentaux. Le Bélarus n'accueille que quelques fournisseurs et n'a pas de magasins, selon Ikea.

Conséquence de l'isolement économique de la Russie, les prix des hydrocarbures et de l'aluminium, dont Moscou est un gros exportateur, continuent à s'envoler. Le baril de pétrole WTI dépassait les 115 dollars, un record depuis 2008.

La Russie est aussi désormais quasi-bannie du monde sportif et culturel. Le Comité international paralympique (CIP) a annoncé jeudi exclure les sportifs russes et bélarusses des Jeux d'hiver qui démarrent vendredi à Pékin.


Lai Ching-te, fils d'un mineur de charbon élu président de Taïwan

D'abord député puis maire de Tainan, il devient Premier ministre de la présidente Tsai Ing-wen en 2017, puis vice-président en 2020 (Photo, X).
D'abord député puis maire de Tainan, il devient Premier ministre de la présidente Tsai Ing-wen en 2017, puis vice-président en 2020 (Photo, X).
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  • Lorsqu'il était Premier ministre, M. Lai s'est exprimé plus ouvertement que Mme Tsai sur la question de l'indépendance
  • Bien qu'il ait indiqué à la Chine être ouvert au dialogue, Lai Ching-te risque d'être rabroué

TAIPEI: Fils d'un mineur de charbon, Lai Ching-te prêtera serment en tant que président de Taïwan lundi et il lui reviendra alors de prendre en charge les relations avec la Chine, en proie à une rupture de plus en plus profonde à mesure que Pékin accroît sa pression militaire et diplomatique sur l'île autonome.

A l'inverse de la majorité de la classe politique taïwanaise, M. Lai, né en 1959, est issu d'un milieu modeste. Sa mère l'a élevé seule, avec ses cinq frères et sœurs, dans un hameau rural de Nouveau Taipei (nord), en raison du décès de son père lorsqu'il était très jeune.

Après avoir obtenu un diplôme de santé publique à l'université de Harvard aux Etats-Unis, il a d'abord travaillé comme médecin dans un hôpital de Tainan (sud-ouest).

Décrit comme pugnace et combatif, Lai Ching-te - qui se fait aussi appeler William Lai - se décide à entrer en politique en 1996, quand Pékin effectue des tirs d'essai de missiles autour de Taïwan au moment de la première élection présidentielle démocratique de l'île.

"J'ai décidé qu'il était de mon devoir de participer à la démocratie taïwanaise et d'aider à protéger cette expérience naissante de ceux qui lui voulaient du mal", avait-il témoigné l'an passé dans le Wall Street Journal.

Le futur président taïwanais figure sur la liste des 100 personnes les plus influentes de 2024 établie par le magazine Time en avril, un choix qui reflète, selon lui, "la résilience et l'unité du peuple taïwanais".

«Dangereux séparatiste» pour Pékin

D'abord député puis maire de Tainan, il devient Premier ministre de la présidente Tsai Ing-wen en 2017, puis vice-président en 2020.

Agé de 64 ans, marié et père de deux enfants, le président du Parti démocrate progressiste (PDP) s'est engagé à poursuivre la politique de Mme Tsai visant à renforcer les capacités militaires de Taïwan afin de dissuader la Chine, qui multiplie ces dernières semaines les survols d'avions aux environs de son territoire.

Son franc-parler, qu'il a modéré ces dernières années, lui attire pourtant l'ire de Pékin, qui le qualifie de "dangereux séparatiste" conduisant Taïwan sur le chemin "de la guerre et du déclin".

Lors de la campagne, M. Lai avait affirmé que l'élection était un choix entre "démocratie et autocratie", et avait promis un soutien "inébranlable" au maintien du statu quo dans le détroit de Taïwan.

Il avait aussi dénoncé "le principe chinois d'une seule Chine", car "la paix sans la souveraineté, c'est juste comme Hong Kong", ancienne colonie britannique où Pékin a imposé cette année une nouvelle loi de sécurité nationale pour réprimer toute dissidence.


Attentat contre le Premier ministre slovaque: médecins optimistes, le suspect au tribunal

Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
Le ministre slovaque de la Défense, Robert Kalinak (C), fait un geste lors d'une conférence de presse devant l'hôpital universitaire F.D. Roosevelt à Banska Bystrica, en Slovaquie, le 18 mai 2024, où le Premier ministre slovaque, Robert Fico, est soigné après avoir reçu de «multiples coups de feu» le 15 mai. (Photo de Ferenc Isza AFP)
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  • Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient
  • Le suspect de la tentative de meurtre, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises

BRATISLAVA, Slovaquie : Le pronostic concernant l'état de santé du chef du gouvernement slovaque Robert Fico après la tentative d'assassinat est «positif», a annoncé samedi la ministre slovaque de la Santé, alors que le suspect comparaissait devant un tribunal.

M. Fico est hospitalisé depuis mercredi, date à laquelle un tireur isolé lui a tiré dessus à quatre reprises, notamment dans l'abdomen.

Il a subi une opération de cinq heures mercredi et une autre de deux heures vendredi, toutes deux dans un hôpital de la ville de Banska Bystrica, dans le centre de la Slovaquie.

«L'intervention chirurgicale d'hier, qui a duré deux heures, a contribué à un pronostic positif sur l'état de santé du Premier ministre», a déclaré la ministre Zuzana Dolinkova à la presse.

«L'état de santé du premier ministre est stable, mais il reste grave», a-t-elle ajouté.

«Si le tir était parti quelques centimètres plus haut, il aurait atteint le foie du Premier ministre», a déclaré le ministre de l'Intérieur Matus Sutaj Estok à la chaîne d'information TA3.

Le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Robert Kalinak, le plus proche allié politique de M. Fico, a déclaré que le Premier ministre était conscient.

«Je ne pense pas qu'il puisse être transporté à Bratislava dans les prochains jours, car son état est encore grave», a-t-il déclaré aux journalistes.

Dans la matinée également, le suspect de la tentative de meurtre est arrivé au tribunal pénal de Pezinok au nord-est de Bratislava, qui devrait ordonner son maintien en détention provisoire.

L'homme, identifié par les médias slovaques comme étant le poète Juraj Cintula, âgé de 71 ans, a tiré cinq coups de feu sur Fico mercredi et l'a touché à quatre reprises.

Un procureur a requis vendredi que le suspect soit placé en détention provisoire après avoir été inculpé de tentative de meurtre avec préméditation.

La fusillade s'est produite alors que M. Fico saluait ses partisans après une réunion du gouvernement délocalisée dans la ville de Handlova, dans le centre de la Slovaquie.

M. Fico est en poste depuis que son parti populiste centriste, le Smer-SD, a remporté les élections législatives à l'automne dernier.

- Tous ces mensonges -

M. Fico effectue son quatrième mandat en tant que Premier ministre après avoir fait campagne sur des propositions de paix entre la Russie et l'Ukraine, pays voisin de la Slovaquie, et sur l'arrêt de l'aide militaire à Kiev, ce que son gouvernement a fait par la suite.

La tentative d'assassinat a profondément choqué ce pays de 5,4 millions d'habitants, membre de l'Union européenne et de l'OTAN, déjà fortement divisé sur le plan politique depuis des années.

La présidente pro-occidentale sortante, Zuzana Caputova, et son successeur, Peter Pellegrini, un allié de M. Fico qui prendra ses fonctions en juin, ont appelé leurs concitoyens slovaques à s'abstenir de toute «confrontation» après la fusillade.

Ils ont convoqué une réunion de tous les chefs de partis parlementaires pour mardi afin de faire preuve d'unité à la suite de l'attentat.

M. Kalinak a toutefois laissé entendre samedi que le Smer-SD ne participerait pas à la réunion.

«Ils ont invité les chefs des partis politiques et notre président (du parti) est entre les mains des médecins», a-t-il déclaré.

M. Kalinak a ajouté qu'il appellerait Mme Caputova à ce sujet, soulignant que la Slovaquie avait besoin de «réconciliation et de paix».

Certains hommes politiques slovaques ont déjà lancé des accusations contre leurs adversaires, les accusant d'être à l'origine de l'attentat.

M. Kalinak a critiqué vendredi les hommes politiques de l'opposition et certains médias pour avoir qualifié M. Fico de criminel, de dictateur ou de serviteur du président russe Vladimir Poutine avant l'attentat.

«Tous ces mensonges sont la principale raison pour laquelle Robert Fico se bat aujourd'hui pour sa vie», a-t-il déclaré dans un message publié sur le site internet du Smer-SD.


Zelensky se prépare à une offensive plus large, les troupes russes continuent d'avancer

Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
Cette photo prise et diffusée par les services d'urgence ukrainiens le 17 mai 2024 montre des sauveteurs évacuant des civils victimes de bombardements russes dans la région de Kharkiv. (Photo Ukraine Emergency Service AFP)
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  • « Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022
  • L'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région de Kharkiv et affirmé que ses forces continuaient à progresser

KIEV, Ukraine : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit s'attendre, dans un entretien exclusif à l'AFP, à une offensive russe plus large dans le Nord et dans l'Est qui viserait à prendre Kharkiv, régions où Moscou poursuit son assaut d'ampleur lancé le 10 mai.

«Ils ont lancé leur opération, elle peut être constituée de plusieurs vagues. Et ça c'est leur première vague», a assuré vendredi M. Zelensky alors que la Russie vient d'engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022.

Il a néanmoins assuré que, malgré les avancées russes des derniers jours dans la région de Kharkiv, la situation était meilleure pour ses forces qu'il y a une semaine, lorsque les troupes du Kremlin ont franchi par surprise la frontière.

Pour lui, la Russie veut attaquer  Kharkiv (Nord-Est), deuxième ville du pays, à seulement quelques dizaines de kilomètres du front. Moscou avait déjà échoué à la prendre en 2022 et le président russe Vladimir Poutine a affirmé vendredi ne pas avoir l'intention de l'attaquer «pour l'instant».

L'offensive russe vise officiellement, selon M. Poutine, à répliquer aux frappes ukrainiennes des derniers mois en territoire russe et créer une zone tampon censée empêcher ces frappes.

Les forces de Moscou essayent de profiter du manque d'hommes et d'armes auquel est confronté l'Ukraine après deux ans de guerre.

- Près de 10.000 évacuations  -

M. Zelensky a reconnu auprès de l'AFP un manque d'effectifs. «Il y a un nombre important de brigades qui sont vides», a-t-il dit.

Face à ses carences, Kiev a voté une législation controversée, entrée en vigueur samedi, pour accélérer la mobilisation militaire avec l'abaissement de l'âge de 27 à 25 ans.

Vendredi, M. Zelensky a également signé une loi permettant de recruter des détenus en échange d'une libération conditionnelle.

Tourné vers les Occidentaux, il a déploré n'avoir qu'un quart des systèmes de défense antiaérienne dont Kiev a besoin, ajoutant avoir également besoin de 120 à 130 avions de combat F-16.

Dans la région de Kharkiv, la Russie a affirmé samedi avoir saisi le village de Staritsa près de Vovtchansk, ville située à une cinquantaine de kilomètres de Kharkiv, assurant que ses forces «poursuivent leur avancée en profondeur dans les positions défensives de l'ennemi».

Près de dix mille personnes ont été contraintes de quitter leur habitation dans la région de Kharkiv, avaient auparavant annoncé les autorités ukrainiennes.

«Au total, 9.907 personnes ont été évacuées», a déclaré samedi le gouverneur Oleg Synegoubov, précisant que les forces armées ukrainiennes avaient repoussé deux tentatives de percer les défenses au cours de la nuit.

La situation est selon lui «sous contrôle», les «défenseurs menant des assauts et des opérations de ratissage dans certaines zones».

Selon M. Synegoubov, les Russes ont «commencé à détruire Vovtchansk, en utilisant chars et artillerie». La ville, comptait quelque 18.000 habitants avant-guerre. Une centaine de personnes y sont toujours et «de violents combats» ont lieu, selon le gouverneur.

L'armée russe a souvent fini par détruire les villes ukrainiennes pour les conquérir, comme Bakhmout l'an passé ou Avdiïvka en février.

Kiev accuse Moscou d'utiliser des civils comme «boucliers humains» à Vovtchansk et d'avoir commis au moins une exécution sommaire.

- Avancée de l'ennemi -

Un peu plus à l'ouest, les forces russes ont progressé sur leur deuxième axe d'assaut dans la région.

Elles visent le village de Loukiantsi, pour ouvrir la voie vers Lyptsi, une autre localité sur la route de Kharkiv.

«Les hostilités continuent à Loukiantsi. Oui, il y a une avancée de l'ennemi dans cette localité. Mais nos soldats essayent encore de la tenir», avait affirmé le gouverneur de la région de Kharkiv.

De son côté, l'armée russe a revendiqué vendredi la capture, en une semaine, de 12 localités dans la région et affirmé que ses forces continuaient à progresser.

- «Zone sanitaire» -

Moscou a engrangé en une semaine ses plus importants gains territoriaux depuis fin 2022, avec quelque 257 km2 conquis dans la seule région de Kharkiv, selon une analyse jeudi de l'AFP à partir de données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).

Vendredi après-midi, Kharkiv, très régulièrement bombardée, a été touchée par de nouvelles frappes russes qui ont fait au moins trois morts et 28 blessés, selon un dernier bilan fourni par le maire Igor Terekhov dans la soirée.

A Vovtchansk, des frappes russes ont tué un homme de 35 ans et blessé un autre de 60 ans, tous deux civils, selon le Parquet régional.

A Odessa, ville portuaire du sud du pays régulièrement frappée elle aussi, un bombardement russe a fait un mort et cinq blessés hospitalisés, selon le gouverneur local Oleg Kiper.

Pour sa part, l'armée russe a dit avoir fait face à une centaine de drones lancés depuis l'Ukraine dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a fait état de la mort d'une mère et de son enfant de quatre ans dans le village d'Oktiabrski.

Dans la soirée, il a en outre annoncé la mort d'un homme dans le village de Novaïa Naoumovka attaqué par des drones, et d'un blessé hospitalisé.

Dans la région de Krasnodar (sud-ouest), les autorités ont affirmé que deux drones ukrainiens avaient incendié une raffinerie à Touapsé. Dans cette même région, des «infrastructures civiles» ont été touchées et ont pris feu à Novorossiïsk, port de la mer Noire.

En Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie, la ville de Sébastopol, quartier général de la flotte russe en mer Noire, a été en partie privée de courant car une installation électrique a été endommagée, selon les autorités locales.

Enfin, dans la journée de vendredi une femme a été tuée par une frappe dans la région russe de Briansk, selon le gouverneur.