Le sort de l'Ukraine remet en question les efforts en faveur du désarmement nucléaire

Les analystes en sécurité ont averti que le conflit en Ukraine pourrait enhardir Téhéran et le régime de la Corée du Nord dans leur course à l'arme nucléaire (AFP).
Les analystes en sécurité ont averti que le conflit en Ukraine pourrait enhardir Téhéran et le régime de la Corée du Nord dans leur course à l'arme nucléaire (AFP).
Des décombres et des flammes visibles à Boutcha, en Ukraine, le 27 février 2022. (Mairie de Boutcha/Handout via Reuters)
Des décombres et des flammes visibles à Boutcha, en Ukraine, le 27 février 2022. (Mairie de Boutcha/Handout via Reuters)
Un immeuble résidentiel endommagé par les récents bombardements à Kiev, en Ukraine, le 26 février 2022. (Reuters/Gleb Garanich)
Un immeuble résidentiel endommagé par les récents bombardements à Kiev, en Ukraine, le 26 février 2022. (Reuters/Gleb Garanich)
Des réfugiés ukrainiens fuient l'invasion russe à la gare de Nyugati, à Budapest, en Hongrie, le 27 février 2022. (Reuters/Marton Monus)
Des réfugiés ukrainiens fuient l'invasion russe à la gare de Nyugati, à Budapest, en Hongrie, le 27 février 2022. (Reuters/Marton Monus)
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Publié le Lundi 28 février 2022

Le sort de l'Ukraine remet en question les efforts en faveur du désarmement nucléaire

  • Selon les analystes, le triste sort de l'Ukraine pourrait avoir des répercussions à long terme sur les efforts à venir en faveur du désarmement nucléaire, notamment au Moyen-Orient
  • Les chars russes avancent aujourd’hui vers Kiev dans le but de renverser le gouvernement ukrainien démocratiquement élu, de toute évidence en raison son orientation pro-occidentale

ERBIL (Kurdistan irakien): À l'aube du quatrième jour de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, il est désormais certain que les retombées géopolitiques se feront sentir bien plus loin que le théâtre opérationnel européen. Selon les analystes, le triste sort de l'Ukraine pourrait avoir des répercussions à long terme sur les efforts à venir en faveur du désarmement nucléaire, notamment au Moyen-Orient.

L'Ukraine a obtenu son indépendance au moment de la chute de l'Union soviétique, en 1991. Avec la Biélorussie et le Kazakhstan, l'Ukraine a hérité d'un arsenal impressionnant de missiles balistiques intercontinentaux, de bombardiers et, surtout, d'ogives nucléaires, auquel elle a renoncé.

En 1994, le gouvernement de l'ancien président Leonid Kravtchouk avait pris la décision de démanteler cet arsenal – l’un des plus importants du monde à l'époque – dans le cadre du Mémorandum de Budapest. En contrepartie, l’accord prévoyait des garanties sécuritaires pour la protection de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de l'Ukraine.

Officiellement, cet accord était intitulé «Mémorandum relatif aux garanties de sécurité dans le cadre de l’adhésion de l’Ukraine au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires».

Malgré cela, les chars russes avancent aujourd’hui vers Kiev dans le but de renverser le gouvernement ukrainien démocratiquement élu, de toute évidence en raison de son orientation pro-occidentale. L'Ukraine, qui aspire à devenir membre de l'Union européenne (UE) et de l'Otan, ne reçoit pas aujourd’hui suffisamment de soutien ni d'assistance de la part des pays occidentaux pour stopper le rouleau compresseur militaire russe.

Un véhicule blindé de l'armée russe progresse dans une rue d'Armiansk, en Crimée, après que le président russe, Vladimir Poutine, a autorisé une opération militaire en Ukraine, le 24 février 2022. (Reuters)
Un véhicule blindé de l'armée russe progresse dans une rue d'Armiansk, en Crimée, après que le président russe, Vladimir Poutine, a autorisé une opération militaire en Ukraine, le 24 février 2022. (Reuters)

Certains observateurs estiment que l'ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi a commis la même erreur en remettant à l'Occident son important stock d'armes de destruction massive en 2003 avant d'être destitué et tué moins de dix ans plus tard par un soulèvement populaire armé qui a bénéficié d'un soutien aérien décisif de l'Otan.

L'Ukraine pourrait toutefois créer un précédent tout à fait différent de celui des États réprouvés pour leurs violations systématiques des droits de l’homme, comme la Libye de Kadhafi, l'Irak de Saddam Hussein ou la Corée du Nord. Il s'agit d'un pays démocratique et véritablement pro-occidental.

Si l'Occident ne parvient pas à garantir la sécurité de Kiev en échange de la poursuite des efforts pour le désarmement nucléaire, pourquoi des gouvernements impopulaires et non démocratiques feraient-ils confiance à des garanties de sécurité similaires en échange du démantèlement de leurs stocks (ou de leur engagement à ne jamais développer de telles armes) à l'avenir?

«De manière générale, l'invasion de l’Ukraine vient consolider l'utilité des armes nucléaires dans la protection des États. L'Ukraine a renoncé à ses armes nucléaires et a été attaquée, mais les États baltes, bien plus vulnérables, sont [pour l'instant, en tout cas] en sécurité grâce à la garantie nucléaire de l’Otan», souligne Kyle Orton, analyste indépendant du Moyen-Orient, à Arab News.

«Prenez le précédent de Kadhafi. S'il avait conservé son programme nucléaire et l'avait mené à terme, de telles armes n'auraient certes pas pu empêcher une rébellion d'éclater contre lui en 2011, mais la vérité crue, c’est qu’elles auraient pu empêcher le soutien de l'Otan à la rébellion. Sans soutien extérieur, cette dernière aurait bien pu échouer et Kadhafi aurait survécu», ajoute-t-il.

Feu le dirigeant libyen Moammar Kadhafi prononce un discours devant l'Assemblée générale des nations unies, à New York, le 23 septembre 2009. (Photo d'archive AFP)
Feu le dirigeant libyen Moammar Kadhafi prononce un discours devant l'Assemblée générale des nations unies, à New York, le 23 septembre 2009. (Photo d'archive AFP)

Shashank Joshi, rédacteur en chef de la section défense de l’hebdomadaire The Economist, estime également que «la violation du Mémorandum de Budapest montre que de tels accords diplomatiques, plus particulièrement les garanties de sécurité négatives – c’est-à-dire la promesse de ne pas attaquer – sont difficiles, voire impossibles à faire respecter sur une période de plusieurs décennies».

«Bien que Kadhafi n'ait pas reçu de telles assurances de manière explicite, le rôle catalyseur de l’Otan dans l'effondrement de son régime, qui a mené à son assassinat, est également un précédent que les États autoritaires nucléaires en puissance garderont à l’esprit», explique M. Joshi à Arab News.

En échange de la remise de son stock «d’armes de destruction massive», Kadhafi s'est vu promettre de meilleures relations entre la Libye, qui était alors un État paria appauvri, et l'Occident, ainsi que la levée des sanctions économiques contre son pays. Néanmoins, en 2009, il semble qu’il ait regretté sa décision. Lors d’une visite en Italie, il déplore la situation en ces termes: «Nous avions espéré que la Libye serait un exemple pour les autres pays [...] mais le monde ne nous a pas récompensés.»

Selon Joshi, si de tels précédents «rendent sans doute plus difficile l'obtention du désarmement de la Corée du Nord, il est important de garder à l'esprit que Pyongyang ne céderait probablement pas son arsenal, même en contrepartie de garanties». Les avis sont unanimes: Kim Jong-un, et son père avant lui, dirigeants de l'un des pays les plus isolés et les plus secrets de la planète aujourd'hui, ont dûment pris note de l'épisode Kadhafi.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un (au centre) passe en revue un exercice de lancement de missiles balistiques par l'Armée populaire de Corée, le 21 juillet 2016. (KCNA via KNS/AFP)
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un (au centre) passe en revue un exercice de lancement de missiles balistiques par l'Armée populaire de Corée, le 21 juillet 2016. (KCNA via KNS/AFP)

Aujourd'hui, l'incapacité collective de l'Occident à joindre le geste à la parole, dans le cas d'un pays aussi bienveillant et aussi intégré à l’échelle internationale que l'Ukraine, pourrait éloigner davantage l’éventualité – déjà hautement improbable – que Pyongyang envisage sérieusement un jour un désarmement nucléaire en échange de garanties internationales et d'un allègement des sanctions.

Cependant, le fiasco ukrainien pourrait-il également avoir une incidence sur les négociations en cours entre l'Iran et la communauté internationale pour relancer l'accord nucléaire de 2015? L'Iran dispose désormais d'un temps de sortie du nucléaire estimé à cinq semaines seulement, ce qui signifie qu'il pourrait fabriquer une bombe dans ce laps de temps s'il en décide ainsi.

Il n'est pas certain que l'échec incontestable du Mémorandum de Budapest ait davantage convaincu certaines figures à Téhéran de la futilité de l’éventuelle restauration du Plan d’action global conjoint (PAGC). Orton, pour sa part, doute fortement que la crise ukrainienne ait, aujourd’hui ou demain, une incidence notable sur la prise de décision de l'Iran au sujet de son programme nucléaire.

Le chef du Corps des gardiens de la révolution iranienne, Hossein Salami, observe un lancement de missiles lors d'un exercice qui se déroulait l'année dernière. (AFP/File)
Le chef du Corps des gardiens de la révolution iranienne, Hossein Salami, observe un lancement de missiles lors d'un exercice qui se déroulait l'année dernière. (AFP/File)

«Dans les faits, l’invasion de l'Ukraine n’a qu’une incidence indirecte sur les négociations sur le nucléaire iranien», fait-il savoir à Arab News. «La Russie et le régime clérical sont des partenaires stratégiques. Par conséquent, si la conquête de l’Ukraine permet à la Russie de s’enhardir contre un Occident faible et inefficace, cela semble ouvrir la voie à des conditions encore plus favorables à l'Iran dans l'accord sur le nucléaire».

Orton ajoute: «Toutefois, il ne s’agit pas là d’un précédent: l'avancée de Téhéran vers l’acquisition de la bombe nucléaire lui est propre. À cet égard, l’Iran a ses propres raisons et son propre calendrier.»

Les analystes ajoutent qu'il est important de noter que, si l'Iran choisit finalement de développer des armes nucléaires, il pourrait ne pas les utiliser uniquement pour asseoir le pouvoir du régime et dissuader les menaces extérieures.

«Une grande partie du débat autour du programme nucléaire iranien consiste à savoir si l'Iran développe des armes nucléaires en vue de contraindre ses voisins à se soumettre à lui ou pour défendre l’Iran», déclare à Arab News Nicholas Heras, directeur adjoint de l'unité de sécurité humaine au sein du Newlines Institute for Strategy and Policy.

D'une manière ou d'une autre, le régime de Téhéran pourrait conclure que le développement d'armes nucléaires mérite d’être poursuivi en dépit des risques et des conséquences.

Selon Orton, même s'il existe des «coûts réels» que doivent payer les États qui «franchissent ouvertement le seuil nucléaire», comme la Corée du Nord, certains pays ont conclu que ces coûts en valaient la peine.

«L'Inde, le Pakistan et Israël ont vu leur statut et leur sécurité renforcés par les armes nucléaires», souligne-t-il. «Vous pouvez diriger un réseau mondial d’islamistes radicalisés qui tuent des milliers de soldats occidentaux; vous serez à l'abri des conséquences grâce à votre diplomatie nucléaire coercitive.»

Le RS-24 Yars de la Russie, un missile balistique intercontinental équipé d'un Mirv (technique qui consiste à équiper un missile de plusieurs têtes qui suivent chacune une trajectoire indépendante, NDLR) et d'une arme thermonucléaire, exposé lors de la célébration de la victoire de la Seconde Guerre mondiale à Moscou. (Photo Shutterstock)
Le RS-24 Yars de la Russie, un missile balistique intercontinental équipé d'un Mirv (technique qui consiste à équiper un missile de plusieurs têtes qui suivent chacune une trajectoire indépendante, NDLR) et d'une arme thermonucléaire, exposé lors de la célébration de la victoire de la Seconde Guerre mondiale à Moscou. (Photo Shutterstock)

Orton résume son argument en ces termes: «Les incitations que nous avons mises en place poussent malheureusement les États à acquérir des armes nucléaires et à les conserver. L'expertise technique, l'argent, les intentions des États et la vulnérabilité aux sanctions américaines constitueront probablement les principales contraintes à la prolifération à l'avenir, et non les instruments diplomatiques de l’ONU.»

Dans le même ordre d'idées, M. Heras a décrit les armes nucléaires comme «la menace dissuasive la plus efficace contre l'invasion qu'un État puisse posséder dans le monde moderne».

«Tous les États qui possèdent des armes nucléaires ont des stratégies de sécurité nationale claires qui permettent le recours à ces armes pour se défendre», précise-t-il à Arab News. «C'est un fait universel de la politique d'État dans notre monde moderne.»

Pour conclure, a déclaré M. Heras, le débat sur les armes nucléaires découle de la crainte suivante: plus il y a d'États, ou même d'acteurs non étatiques, qui les possèdent, plus grande est la probabilité que ces armes soient utilisées dans de futurs conflits.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Iran et Etats-unis se retrouvent à Oman pour de nouveaux pourparlers sur le nucléaire

L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'adresse aux journalistes à l'extérieur de l'aile ouest de la Maison Blanche à Washington, DC, le 6 mars 2025. (AFP)
L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'adresse aux journalistes à l'extérieur de l'aile ouest de la Maison Blanche à Washington, DC, le 6 mars 2025. (AFP)
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  • Les Etats-Unis et l'Iran se retrouvent samedi à Oman pour un troisième cycle de négociations cruciales sur le dossier du nucléaire iranien
  • Ce nouveau round de pourparlers, sous médiation omanaise, fait suite aux discussions indirectes qui se sont déjà tenues les 12 et 19 avril à Mascate puis à Rome

MASCATE: Les Etats-Unis et l'Iran se retrouvent samedi à Oman pour un troisième cycle de négociations cruciales sur le dossier du nucléaire iranien, les deux parties ayant fait état de progrès lors des deux premières sessions.

Ce nouveau round de pourparlers, sous médiation omanaise, fait suite aux discussions indirectes qui se sont déjà tenues les 12 et 19 avril à Mascate puis à Rome.

Les discussions entre les deux pays ennemis sont les premières à ce niveau depuis le retrait en 2018 des Etats-Unis, sous la première présidence de Donald Trump, d'un accord international conclu trois ans plus tôt qui encadrait le programme nucléaire de Téhéran en échange d'une levée des sanctions.

Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, et l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, seront à la manoeuvre samedi à Oman, et le ministre des Affaires étrangères omanais, Badr al-Boussaïdi, servira de médiateur, selon le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï.

Une session de pourparlers techniques entre experts est prévue avant les négociations à haut niveau.

La réunion du 19 avril avait été qualifiée de "bonne" par les deux pays, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980.

"Pour que les négociations progressent, il faut une démonstration de bonne volonté, de sérieux et de réalisme de la part de l'autre partie", a déclaré vendredi M. Baghaï.

- L'AIEA veut des explications -

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et Israël soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations, défendant un droit au nucléaire à des fins civiles.

En 2018, M. Trump avait retiré son pays de l'accord sur le nucléaire conclu à Vienne en 2015 et rétabli des sanctions. En représailles, l'Iran a progressivement pris ses distances avec le texte, en enrichissant notamment de l'uranium à un niveau élevé.

M. Araghchi a fait part cette semaine de l'"optimisme prudent" de son pays sur le processus en cours, en disant que "si la seule demande des Etats-Unis est que l'Iran ne possède pas d'armes nucléaires, cette demande est réalisable".

Il a cependant prévu des "problèmes" si l'autre partie avait "d'autres exigences".

M. Baghaï a indiqué vendredi sur X que la priorité de son pays était d'obtenir "la levée rapide des sanctions illégales et inhumaines".

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a relancé sa politique dite de "pression maximale" sur l'Iran, et l'a appelé en mars à négocier un nouvel accord tout en menaçant de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Dans des déclarations publiées vendredi par Time Magazine, il a assuré être prêt à rencontrer le guide suprême ou le président iraniens, tout en prévenant que, faute d'accord sur le nucléaire, il serait "le premier" à avoir recours à la force.

Washington a annoncé mardi de nouvelles sanctions visant le secteur pétrolier iranien. Téhéran a dénoncé une "approche hostile".

Mercredi, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), chargée de surveiller le programme nucléaire iranien en vertu de l'accord de Vienne et du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, dont l'Iran est partie, a demandé à Téhéran d'expliquer la présence de tunnels autour du site de Natanz (centre) qui abrite des centrifugeuses utilisées pour enrichir l'uranium.

L'organisme Institute for Science and International Security, basé à Washington, a publié des images satellites de ce site, montrant un nouveau tunnel situé près d'un tunnel plus ancien, ainsi qu'un nouveau périmètre de sécurité.

Téhéran n'a pas commenté ce rapport dans l'immédiat.

- Droit "non négociable" -

Dans une interview publiée mercredi par le podcast Honestly, le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, a réitéré la position de son pays contre l'enrichissement de l'uranium par l'Iran, réclamant que la République islamique "importe du matériel enrichi".

L'Iran enrichit actuellement l'uranium à un niveau élevé (60%), inférieur aux 90% nécessaires à la fabrication de l'arme atomique, mais très loin du plafond de 3,67% fixé par l'accord de Vienne.

Selon M. Araghchi, le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium est "non négociable".

Le ministre iranien s'est dit jeudi disposé à se rendre en Allemagne, en France et au Royaume-Uni, autres pays parties à l'accord de Vienne, pour des discussions sur ce dossier.

La semaine dernière, Marco Rubio avait appelé les Européens à se décider rapidement concernant le rétablissement des sanctions de l'ONU sur l'Iran.

L'accord de 2015 prévoit la possibilité de les rétablir automatiquement en cas de non conformité au texte, mais cette option expire en octobre.

L'Iran a prévenu qu'il pourrait se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire si ce mécanisme était déclenché.


Dernier jour d'hommage au Vatican avant les funérailles du pape

Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller. (AFP)
Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller. (AFP)
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  • Depuis mercredi, plus de 128.000 personnes se sont déjà recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la basilique Saint-Pierre de Rome, a indiqué le Vatican
  • La plupart des 50 chefs d'Etat et des 10 monarques qui ont confirmé jusqu'ici leur présence aux obsèques, dont le président américain Donald Trump et l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, doivent arriver à Rome ce vendredi

CITE DU VATICAN: Le Vatican met vendredi la dernière main aux préparatifs des funérailles du pape François, qui se tiendront samedi matin sur la place Saint-Pierre, à Rome, tandis que pour une dernière journée, fidèles et touristes peuvent défiler devant son cercueil ouvert.

Depuis mercredi, plus de 128.000 personnes se sont déjà recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la basilique Saint-Pierre de Rome, a indiqué le Vatican.

La plupart des 50 chefs d'Etat et des 10 monarques qui ont confirmé jusqu'ici leur présence aux obsèques, dont le président américain Donald Trump et l'Ukrainien Volodymyr Zelensky, doivent arriver à Rome ce vendredi.

La basilique est restée ouverte quasiment toute la nuit, pour la deuxième nuit consécutive.

La "nuit est le moment le plus intime, c'est toujours la nuit que le Seigneur se manifeste. C'était très émouvant", a déclaré à l'AFP Nicoletta Tomassetti, une Italienne de 60 ans.

Le frère Wando, 40 ans, moine capucin brésilien, a lui aussi parlé avec l'AFP dans la nuit: "Nous avons voyagé des heures et des heures, mais nous ne ressentons pas de fatigue, nous ne ressentons pas de faim, nous ne ressentons pas de soif".

Au moins 130 délégations étrangères seront présentes, dont celles de l'Argentin Javier Milei et du Prince William.

L'agence italienne de protection civile estime que "plusieurs centaines de milliers" de personnes se rendront dans la ville éternelle ce week-end.

Les autorités italiennes et vaticanes ont placé les alentours de Saint-Pierre sous haute protection, avec des milliers de bénévoles et de forces de l'ordre mobilisés, un système anti-drones, des tireurs d'élite sur les toits et des avions de chasse prêts à décoller.

Vendredi matin, les fidèles continuaient d'affluer pour rendre un dernier hommage à François, dont le cercueil sera fermé vendredi à 20 heures lors d'une cérémonie à laquelle assisteront les cardinaux.

Le cardinal Kevin Farrell, le "camerlingue" qui gère les affaires courantes du Vatican jusqu'à l'élection d'un nouveau pape, présidera le "rite du scellement du cercueil".

Le premier pape sud-américain de l'Eglise catholique est décédé le lundi de Pâques à l'âge de 88 ans, moins d'un mois après sa sortie de l'hôpital romain où il était soigné pour une grave pneumonie.

"Un pape et son troupeau" 

Le souverain pontife, dont la santé était défaillante depuis longtemps et à qui ses médecins avaient ordonné un strict repos, avait fait l'effort de se présenter aux fidèles à Pâques, la fête la plus importante du calendrier catholique.

Les condoléances ont afflué du monde entier pour le défunt pape, un réformateur énergique qui a défendu les plus vulnérables et les plus marginalisés de la société au cours de ses 12 années à la tête des quelque 1,4 milliard de catholiques que compte la planète.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a présenté vendredi les condoléances de l'Etat d'Israël à l'Eglise catholique, alors que depuis son décès ni M. Netanyahu ni aucun de ses principaux ministres ne s'étaient exprimés publiquement sur la mort du souverain pontife, qui était généralement perçu en Israël comme pro-palestinien.

Le cercueil capitonné de rouge du jésuite argentin a été placé devant l'autel de la basilique Saint-Pierre. François, dont les mains enserrent un chapelet, porte ses habits pontificaux: une chasuble rouge, une mitre blanche et des chaussures noires.

Un par un, les fidèles se recueillent depuis mercredi devant le cercueil, ne disposant que de quelques secondes, au prix de longues heures de queue.

"C'est impressionnant" et "c'est merveilleux. C'est une belle réponse, une belle adhésion à son ministère, à son pontificat", a déclaré jeudi soir aux journalistes le cardinal François Bustillo, évêque d'Ajaccio.

Une sobre sépulture 

Après les funérailles, le cercueil de François sera transporté pour être inhumé, selon sa volonté, dans la basilique papale Sainte-Marie-Majeure, à Rome, dédiée au culte de la Vierge.

Des écrans géants seront placés le long du parcours, selon le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Piantedosi. Un groupe de "pauvres et de nécessiteux" sera présent sur les marches de la basilique pour accueillir le cercueil du pontife, qui était un ardent défenseur des laissés-pour-compte.

Sa tombe en marbre, avec pour seule inscription "Franciscus", François en latin, sera accessible au public à partir de dimanche matin.

Après les obsèques, tous les regards se tourneront vers les 135 cardinaux-électeurs - soit ceux âgés de moins de 80 ans - convoqués au conclave pour choisir son successeur.

La date du début du conclave n'est pas encore connue, mais en vertu des règles vaticanes, il devrait s'ouvrir entre le 15e et le 20e jour après son décès, soit entre le 5 et le 10 mai.

Les cardinaux, qui ont commencé à converger à Rome et se sont déjà vus à trois reprises, se réuniront dans la Chapelle Sixtine et procéderont à quatre scrutins par jour, deux le matin et deux l'après-midi.

Le cardinal italien Pietro Parolin, qui était le numéro deux de François, est donné favori par le bookmaker britannique William Hill, devant le Philippin Luis Antonio Tagle, archevêque métropolitain émérite de Manille.

 


L'envoyé américain à Oman samedi pour une nouvelle session de pourparlers avec l'Iran

L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
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  • L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire
  • M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman

WASHINGTON: L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire, les Etats-Unis continuant à privilégier une solution diplomatique.

"Le prochain cycle de négociations aura lieu à Oman samedi et constituera la première réunion des équipes techniques", a déclaré à la presse jeudi Tammy Bruce, porte-parole du département d'Etat.

Côté américain, Michael Anton, qui occupe le poste de responsable de la planification politique au sein du département d'Etat, dirigera les travaux, mais Steve Witkoff "sera également présent", a-t-elle précisé.

M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman, et avait participé à un premier round de discussions le 12 avril dans la capitale Mascate.

Les deux parties ont fait part de leur optimisme à l'issue de la rencontre à Rome, sans toutefois fournir de détails.

Le président Trump s'est prononcé en faveur d'une solution diplomatique avec l'Iran mais sans écarter l'option militaire, afin que l'Iran n'obtienne jamais l'arme atomique.

L'Iran a toujours nié chercher à se doter de l'arme nucléaire.

- Appel aux Européens -

De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s'est dit jeudi prêt à se rendre en Allemagne, France et au Royaume-Uni, parties de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015.

Ces trois pays n'ont jusque-là pas été directement impliqués dans les nouvelles tractations pour encadrer le programme nucléaire iranien que l'Iran et les Etats-Unis, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, ont entamé le 12 avril sous la médiation du sultanat d'Oman.

L'accord international de 2015 offrait à l'Iran un allègement des sanctions internationales en échange de restrictions sur son programme nucléaire. Mais il est devenu caduc de fait après le retrait des Etats-Unis en 2018, sous la première présidence de Donald Trump.

"Après mes récentes consultations à Moscou et à Pékin, je suis prêt à franchir une première étape avec des visites à Paris, Berlin et Londres", a déclaré M. Araghchi sur X.

Il s'est dit disposé à engager un dialogue avec les Européens "non seulement sur le dossier nucléaire, mais également sur tous les autres domaines d'intérêt et de préoccupation communs".

"La balle est maintenant dans le camp de l'E3", le regroupement de ces trois pays, a-t-il ajouté.

Paris "suivra de près si cette annonce du ministre iranien est suivie d'effets", a réagi pour l'AFP le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine.

La France, a-t-il ajouté, "continuera très volontiers à dialoguer avec les Iraniens" sur le nucléaire. Berlin et Londres n'ont pas immédiatement réagi.

- "Pas loin" de la bombe -

En préparation des rencontres de samedi, M. Araghchi s'est rendu en Chine mercredi pour des consultations avec son homologue chinois, Wang Yi.

La semaine dernière, il était à Moscou où il a notamment rencontré le président russe, Vladimir Poutine.

M. Araghchi s'est félicité du niveau de coopération entre Téhéran et ses alliés chinois et russes mais a relevé que les relations avec les trois pays européens étaient "actuellement à un bas niveau".

Après le retrait de Washington et le rétablissement des sanctions américaines en 2018, Téhéran a pris ses distances avec le texte de 2015, et accru son niveau d'enrichissement d'uranium jusqu'à 60 % - bien au-delà du plafond de 3,67% fixé, tout en restant en deçà des 90% nécessaires à la fabrication d'une bombe.

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a averti la semaine dernière que l'Iran n'était "pas loin" de disposer de la bombe atomique.

En décembre, les trois pays européens avaient fait valoir qu'ils pouvaient réenclencher le "snapback", un mécanisme prévu par le cadre de 2015 permettant de réimposer automatiquement les sanctions de l'ONU contre Téhéran.

Le délai pour activer cette clause expire en octobre.

Le chef de diplomatie américaine, Marco Rubio, a appelé le 18 avril les Européens à prendre rapidement une "décision importante" concernant le "rétablissement des sanctions" contre l'Iran.

Le ministre iranien avait dénoncé mercredi des "tentatives" notamment d'Israël de "faire dérailler la diplomatie" et de compromettre les pourparlers en cours.

Le même jour, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, affirmait que "le sort de toute l'humanité" était en jeu si la République islamique se dotait d'armes nucléaires.