Agroalimentaire: employés cherchent reconnaissance salariale

Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l'économie et aux finances. (AFP).
Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l'économie et aux finances. (AFP).
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Publié le Dimanche 27 février 2022

Agroalimentaire: employés cherchent reconnaissance salariale

  • Les salariés de l'agroalimentaire espéraient une reconnaissance sur leur fiche de paie, mais la revalorisation se fait attendre
  • La ministre de l'Industrie a reconnu que «la question des salaires est un point bloquant» pour les embauches, d'autant que les conditions de travail sont «plus dures» que dans d'autres secteurs

PARIS: "La chaîne alimentaire a tenu": salués jusqu'au sommet de l'Etat pour avoir continué, aux côtés des agriculteurs, à produire au plus fort de la crise sanitaire, les salariés de l'agroalimentaire espéraient une reconnaissance sur leur fiche de paie. Mais la revalorisation se fait attendre.

Devant un centre commercial géant du XVe arrondissement de Paris, Tatiana Fournier, employée depuis 11 ans par le géant de la viande Bigard, est venue manifester aux côtés d'autres salariés "essentiels" à la bonne marche du pays pendant le pic de l'épidémie, pour réclamer des augmentations à l'appel de la CFDT.

"Ce qu'on veut aujourd'hui, c'est que nos salaires soient vraiment revalorisés, parce que les salariés ont répondu présent, même s'ils sont venus travailler avec la boule au ventre", explique-t-elle, faisant valoir leur mobilisation dès le début de la pandémie, en dépit des inconnues sur le Covid-19.

"Dans toutes les industries agroalimentaires, on a des salaires qui sont très, très bas", explique Richard Roze, secrétaire fédéral FO qui défend les travailleurs de la viande.

Pour la charcuterie industrielle, après revalorisation du Smic en octobre dernier et avant les négociations annuelles obligatoires, "les sept premiers coefficients de la grille étaient en-dessous du Smic", indique-t-il.

Une situation d'autant plus difficile à vivre que les conditions de travail sont souvent pénibles : "Quand on travaille dans un abattoir, on travaille dans le froid, c'est physique, c'est un port de charges énormes, et avec des heures de nuit, des heures en décalé", dit Mme Fournier.

Le sujet est connu des responsables politiques.

La ministre de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher elle-même reconnaissait fin 2021 que "la question des salaires est un point bloquant" pour les embauches, d'autant que les conditions de travail sont "plus dures" que dans d'autres secteurs de l'industrie.

40.000 postes vacants

Outre le contexte inflationniste, l'effort fourni par les salariés depuis le début de la pandémie a exacerbé la grogne sociale et accru le nombre de conflits : "Je dirais que c'est un tiers de plus", estime Maryse Treton, secrétaire de la fédération Fnaf-CGT.

Elle souligne que lors de la pandémie, "les salariés ont travaillé comme des damnés", notamment en raison d'absences en hausse.

Cette poussée, confirmée par le secteur, s'est encore fait sentir lors de la vague du variant Omicron.

"Elle a créé des absences, dues à des contaminations ou des cas contacts", amenant les entreprises à "demander à des collaborateurs de faire des heures supplémentaires", selon Jean-Bernard Guyot, chef de projet pour l'Association bretonne des entreprises agroalimentaires (Abea).

"Beaucoup de gens ont eu recours aux primes Pepa" (prime exceptionnelle de pouvoir d'achat), pour récompenser la mobilisation des salariés, souligne Jean-Philippe André, président de l'Ania, principale association des industriels de l'alimentation.

S'il confirme que des primes ont souvent été versées, Richard Roze de FO déplore que "dans les négociations de salaires de branche, on couvre à peine l'inflation".

Pour faire mieux, "encore faut-il pouvoir maintenir ses marges", dit M. André, qui déplore que les supermarchés leur aient imposé des tarifs en baisse de négociation en négociation "ces huit dernières années".

Le millésime 2022 des négociations commerciales, clos le 1er mars, est envenimé par la hausse des matières premières et de l'énergie, provoquée par la reprise économique et désormais alimentée par l'invasion russe en Ukraine.

A quelques jours du coup de sifflet final, les entreprises bataillent encore face à des enseignes qui ne sont prêtes à accepter que 50% des hausses réclamées, rapporte M. André.

"Il y a incontestablement un problème de revalorisation de nos métiers, y compris par le salaire", concède toutefois le responsable de l'Ania.

L'enjeu est crucial dans un secteur qui a créé 20.000 emplois ces dix dernières années, à rebours de la tendance générale dans l'industrie, mais peine à pourvoir ces offres.

Selon un dernier recensement effectué à l'automne, "on devait être à 40.000 postes vacants", glisse M. André.


France: un attentat d'inspiration islamiste visant une épreuve des JO déjoué

Le 22 mai, les services de renseignement français ont procédé à Saint-Etienne "à l'interpellation d'un ressortissant tchétchène de 18 ans soupçonné de vouloir commettre un attentat d'inspiration islamiste sur le sol national", a annoncé le ministère dans un communiqué. (Photo, AFP)
Le 22 mai, les services de renseignement français ont procédé à Saint-Etienne "à l'interpellation d'un ressortissant tchétchène de 18 ans soupçonné de vouloir commettre un attentat d'inspiration islamiste sur le sol national", a annoncé le ministère dans un communiqué. (Photo, AFP)
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  • Il s'agit du troisième attentat déjoué depuis le début de l'année en France et, selon le ministère de l'Intérieur, du premier contre les JO de Paris (26 juillet-11 août)
  • Depuis 2018, plusieurs affaires de terrorisme, dont trois attentats, ont impliqué en France des jihadistes originaires de républiques russes du Nord-Caucase, essentiellement de Tchétchénie

PARIS: Un projet d'attentat "d'inspiration islamiste" qui visait les épreuves de football des JO-2024 a été déjoué à Saint-Etienne, dans le centre-est de la France, et un suspect tchétchène a été inculpé, ont annoncé vendredi les autorités françaises.

Il s'agit du troisième attentat déjoué depuis le début de l'année en France et, selon le ministère de l'Intérieur, du "premier" contre les JO de Paris (26 juillet-11 août).

Le 22 mai, les services de renseignement français ont procédé à Saint-Etienne "à l'interpellation d'un ressortissant tchétchène de 18 ans soupçonné de vouloir commettre un attentat d'inspiration islamiste sur le sol national", a annoncé le ministère dans un communiqué.

Le suspect a été inculpé dimanche dernier des chefs d'association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d'atteinte aux personnes et placé en détention provisoire, a indiqué à l'AFP le parquet national antiterroriste (Pnat).

"Il lui est reproché d'avoir, au nom de l'idéologie jihadiste de l'Etat islamique, envisagé de commettre une action violente notamment en ciblant des rassemblements de supporters, en marge d'événements sportifs devant se tenir à Saint-Etienne pendant les Jeux olympiques", a ajouté la même source.

"Les premiers éléments démontrent qu'il préparait de manière active un attentat contre le stade Geoffroy-Guichard", le stade de football de la ville, selon le ministère.

"Il aurait souhaité s'en prendre à des spectateurs, mais également aux forces de l'ordre et mourir en martyr", a précisé le ministère.

Il s'agit, toujours selon l'Intérieur, du 50e attentat déjoué par les services de renseignement depuis 2017.

Inconnu des renseignements

Depuis 2018, plusieurs affaires de terrorisme, dont trois attentats, ont impliqué en France des jihadistes originaires de républiques russes du Nord-Caucase, essentiellement de Tchétchénie.

Le Tchétchène interpellé la semaine dernière n'était, lui, pas connu des services de renseignement, selon une source policière.

L'attaque au couteau dans le quartier de l'Opéra à Paris en mai 2018 par Khamzat Azimov, l'assassinat dans la banlieue parisienne d'un enseignant, Samuel Paty, en octobre 2020 par Abdoullakh Anzorov et, le 13 octobre dernier, celui d'un autre professeur, Dominique Bernard, à Arras (nord) par Mohammed Mogouchkov ont tous pour point commun d'avoir été commis par des jeunes radicalisés originaires du Nord-Caucase.

Ce dernier attentat, commis par un Russe fiché pour radicalisation et visant cet enseignant, avait provoqué une vive émotion en France. Il avait été invoqué par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pour donner un coup de vis sécuritaire à sa loi sur l'immigration, adoptée en début d'année.

Vendredi, le ministre, cité dans le communiqué, a félicité les services de renseignement, qui "démontrent une nouvelle fois leur pleine mobilisation et leur efficacité dans la lutte contre le terrorisme" à l'approche des JO, événement mondial qui fera l'objet d'un dispositif de sécurité pharaonique.

Le comité d'organisation des Jeux olympiques de Paris-2024 a également salué vendredi "l'efficacité" et la "mobilisation exceptionnelle" des services de renseignement français, soulignant que "la sécurité est la priorité numéro 1 pour Paris-2024".

Après l'attentat d'Arras, Gérald Darmanin avait appelé à une "approche spécialisée pour les jeunes hommes originaires du Caucase sur la tranche 16-25 ans".

 


En France, regain de mobilisation propalestinienne après les bombardements à Rafah

Un manifestant tenant une marionnette couverte de faux sang fait face à des policiers anti-émeutes français lors d'un rassemblement dans le centre de Paris le 29 mai 2024 pour protester contre une frappe israélienne contre un camp de Palestiniens déplacés à Rafah. (AFP)
Un manifestant tenant une marionnette couverte de faux sang fait face à des policiers anti-émeutes français lors d'un rassemblement dans le centre de Paris le 29 mai 2024 pour protester contre une frappe israélienne contre un camp de Palestiniens déplacés à Rafah. (AFP)
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  • «Il y a de l'indignation. Du dégoût», estime de son côté Pierre Abecassis, un membre de l'Union juive française pour la paix (UJFP)
  • Dans ce climat tendu, les voix propalestiniennes sont accusées de complaisance vis-à-vis du Hamas, d'antisionisme virulent, voire d'antisémitisme

PARIS: Des milliers de personnes, en majorité des jeunes, se réunissent depuis lundi en France pour scander : "Nous sommes tous des enfants de Gaza." Les bombardements par l'armée israélienne de Rafah ont provoqué un regain de mobilisation propalestinienne dans le pays.

Ils étaient 10.000 à Paris lundi soir, et encore 4.500 mardi et mercredi, alors que des milliers d'autres personnes étaient réunies dans plusieurs autres grandes villes françaises.

Jeudi deux cortèges de plusieurs centaines de personnes étaient encore recensés dans la capitale, et 2.500 personnes ont protesté devant le siège de TF1 parce que sa filiale LCI diffusait une interview du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Un niveau de participation rarement atteint, s'il l'a jamais été, depuis le début de la guerre à Gaza.

Le récent bombardement d'un camp de déplacés à Rafah fut "la goutte d'eau" faisant déborder le vase pour nombre de manifestants, témoignait mercredi Haïfa à l'AFP, grands yeux noirs maquillés, la pluie ruisselant sur son visage. "Il faut arrêter le massacre."

L'offensive israélienne contre cette ville du sud de la bande de Gaza, dans laquelle plus d'un million de Palestiniens sont réfugiés, était redoutée par la communauté internationale, qui avait appelé Israël à y renoncer.

Une frappe dans la nuit de dimanche à lundi contre un camp de déplacés y a tué des dizaines de personnes, des habitants décrivant à des correspondants de l'AFP sur place une nuit d'enfer et des "gens qui n'ont été ni blessés ni tués: ils ont brûlé".

Plusieurs manifestants en France ont raconté à l'AFP leur désespoir lorsqu'ils ont visionné sur les réseaux sociaux les images de tentes de ce camp en flamme, particulièrement la vidéo d'un homme tenant à bout de bras "un enfant décapité".

Indignation

"Peut-être qu'il y a un niveau d'atrocité à partir duquel ça devient tellement insupportable et intolérable que des gens qui n'ont pas l'habitude de descendre dans la rue le font", estimait mardi Azza, 42 ans.

"Des images atroces sur les réseaux sociaux, ça fait huit mois qu'on en voit, mais là c'est probablement le truc en trop", ajoutait cette sympathisante de la cause palestinienne.

"Il y a de l'indignation. Du dégoût", estime de son côté Pierre Abecassis, un membre de l'Union juive française pour la paix (UJFP), co-organisatrice de la manifestations parisienne mardi.

A Dijon, où il habite, ce médecin retraité explique avoir vu "cent jeunes, qu'on ne connaissait pas" participer lundi à 18H00 à un rassemblement de 150 personnes qui n'avait été convoqué que trois heures plus tôt. "Les jeunes sont beaucoup sur les réseaux sociaux. Mais là ils sont sortis. Il fallait qu'ils s'expriment", dit-il.

Même son de cloche à l'Association France Palestine solidarité (AFPS), également co-organisatrice, dont la présidente Anne Tuaillon raconte sa "surprise heureuse" face à "la détermination et (au) dynamisme" des manifestants, mais surtout leur nombre.

L'assaut sanglant du Hamas le 7 octobre contre Israël et la guerre dévastatrice de représailles d'Israël à Gaza ont exacerbé le débat autour du conflit du Proche-Orient en France et attisé les rancœurs entre deux camps irréconciliables.

Cette attaque sans précédent du Hamas a entraîné la mort de plus de 1 189 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement palestinien, classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'UE notamment.

Sur les 252 personnes emmenées comme otages pendant l'attaque, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée.

Discrédit

Sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a fait depuis plus de 36.000 morts, majoritairement civils, selon le Hamas.

Dans ce climat tendu, alors que des dérapages ont été constatés lors de manifestations, les voix propalestiniennes sont accusées de complaisance vis-à-vis du Hamas, d'antisionisme virulent, voire d'antisémitisme.

En France, pays européen comptant les plus grandes communautés juive et musulmane, où les autorités redoutent une importation du conflit, les mesures se sont multipliées : manifestations pro-palestiniennes prohibées, conférences annulées et convocation policière de responsables politiques de gauche radicale pour "apologie du terrorisme".

"Les interdictions, la répression et le discrédit porté sur nous a dû freiner des gens. Jusqu'au moment où ça les freine plus et où ils sortent parce que c'est insupportable", estime Anne Tuaillon.

Les rassemblements, fréquentés par les élus de gauche radicale, sont aussi l'occasion d'une critique acerbe du président français Emmanuel Macron, accusé d'être "complice" du régime israélien. Son gouvernement ne souhaite pas reconnaître l'Etat de Palestine, contrairement à d'autres pays européens voulant mettre la pression sur Israël pour que son armée stoppe son offensive à Gaza.

"Ce qui s'est passé le 7 octobre c'est horrible, affirme Samia. Mais depuis le 7 octobre c'est tous les jours qu'il y a des morts palestiniens", poursuivait mercredi cette trentenaire, venue manifester pour la première fois.


Brahim Ben Ali, cauchemar d'Uber devenu candidat LFI aux européennes

Le Roubaisien Brahim Ben Ali fait ses premiers pas en politique, sur la liste LFI aux européennes. (AFP)
Le Roubaisien Brahim Ben Ali fait ses premiers pas en politique, sur la liste LFI aux européennes. (AFP)
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  • «Ce qui est bien chez La France insoumise, c'est que si j'ai une prise de position différente d'une autre personne, on ne m'empêche pas de l'avoir», affirme Brahim Ben Ali
  • Si sa 20e position sur la liste conduite par Manon Aubry lui laisse peu de chances d'obtenir un siège à Strasbourg, il espère devenir un jour un élu «connecté avec le terrain»

ROUBAIX: Il est l'un des leaders syndicaux des chauffeurs VTC évoluant dans ce qu'il appelle le "Far West numérique" et la bête noire d'Uber. Le Roubaisien Brahim Ben Ali fait ses premiers pas en politique, sur la liste LFI aux européennes.

Carrure imposante, collier de barbe et visage bonhomme, cet hyperactif de 41 ans retrace son parcours d'autodidacte au volant de sa voiture, dans les rues de Roubaix. Sur son téléphone, d'innombrables groupes WhatsApp où il échange avec des chauffeurs français, belges, pakistanais.

Ici, il vivait avec sa mère illettrée, ses frères, ses soeurs, dans une maison inchauffable. Là, âgé d'une dizaine d'années, il travaillait dans une épicerie pour faire bouillir la marmite familiale.

De cette "enfance de la débrouille", ce père de trois enfants dit conserver une sensibilité aux injustices et un sens de l'entraide, matérialisés par son association d'aide aux locataires de logements vétustes.

L'influence de son grand-père, originaire du Rif marocain, région berbérophone historiquement frondeuse, et venu en France travailler dans le bâtiment, contribua également à semer chez lui "la graine du militantisme", confie-t-il.

En 2014, il vit de petits boulots lorsqu'est lancé en France UberPop, service organisant le transport de passagers entre particuliers contre rémunération. Il saute sur l'occasion mais deux proches chauffeurs de taxi l'alertent sur le caractère illégal de l'activité, finalement interdite en France.

«Contre-lobbying»

Il obtient alors sa carte professionnelle de chauffeur VTC et passe chez Uber. Très vite, il constate la vulnérabilité des chauffeurs, censés être indépendants, vis-à-vis de la plateforme, dénonce les "désactivations arbitraires" et l'"opacité dans l'attribution des courses".

Il lance l'Union des VTC des Hauts-de-France, puis l'Intersyndicale nationale VTC. En 2019, il organise le blocage trois mois durant des locaux d'Uber à Paris. L'entreprise résilie son contrat de prestataire. Il ne travaillera plus pour elle.

Il crée ensuite Maze, coopérative de VTC visant une clientèle professionnelle, qui regroupe aujourd'hui plus de 500 chauffeurs.

Bien que ne parlant pas anglais, Brahim Ben Ali poursuit son engagement à l'échelle européenne et mondiale en contribuant notamment à la création d'une alliance internationale des travailleurs des plateformes (IAATW).

"Il a compris qu'un changement de règlementation en faveur des travailleurs uberisés passait par le niveau européen", constate l'eurodéputée (LFI) Leïla Chaibi, avec qui il a lutté pour l'adoption d'une directive contre le faux travail indépendant.

"Les lobbies des plateformes étaient très présents dans cette négociation à Bruxelles et il a vraiment réussi à faire du contre-lobbying", assure l'eurodéputée, que le syndicaliste cite comme celle qui lui a donné envie de faire de la politique.

Adoptée en avril, cette directive introduit une présomption de salariat et contraint les plateformes à prouver que les chauffeurs sont indépendants.

«Aucune avancée notable»

Une victoire, affirme-t-il, même si les modalités de requalification des contrats restent dépendantes des règlementations nationales.

Si sa 20e position sur la liste conduite par Manon Aubry lui laisse peu de chances d'obtenir un siège à Strasbourg, il espère devenir un jour un élu "connecté avec le terrain".

"Ce qui est bien chez La France insoumise, c'est que si j'ai une prise de position différente d'une autre personne, on ne m'empêche pas de l'avoir", affirme celui qui dit aimer dialoguer avec les chauffeurs VTC "qui votent RN ou Macron".

Soucieux de "s'améliorer", il a passé un diplôme d'accès aux études universitaires, prépare une capacité en droit et vient de créer un cabinet de conseil aux chauffeurs de VTC.

"Il défend des idées fermes, mais paisiblement", décrit un autre proche, l'avocat Jérôme Giusti, qui représente des chauffeurs en quête de requalification de leur contrat. Lui comme Leïla Chaibi louent son humilité.

Sans commenter son parcours, la communication d'Uber note que comme d'autres "figures historiques des livreurs et des chauffeurs", il s'était "soustrait au jeu des élections" lors des premières organisées dans ce secteur en 2022, avant de participer à celles de 2024.

Un aveu, selon l'entreprise, que ses méthodes initiales --blocages, médiatisation-- n'ont "mené à aucune avancée notable pour les travailleurs indépendants".