SEOUL: La Corée du Nord a tiré dimanche un missile balistique, le huitième cette année, après un mois d'accalmie pendant les Jeux olympiques de Pékin et au moment où l'attention internationale est focalisée sur l'Ukraine.
L'armée sud-coréenne a "détecté un missile balistique lancé en direction de la mer de l'Est" (la mer du Japon), a indiqué l'armée sud-coréenne dans un communiqué.
Le projectile, lancé à 22H52 GMT samedi depuis Sunan, dans les environs de Pyongyang, a parcouru environ 300 km à une altitude maximale de 620 km, a-t-elle ajouté.
La présidence sud-coréenne a exprimé sa "profonde préoccupation" face à ce lancement survenant "au moment où le monde s'efforce d'arrêter la guerre en Ukraine".
En janvier, la Corée du Nord avait effectué sept tirs, un nombre record en un mois, y compris celui de son plus puissant missile depuis 2017, alors que les négociations avec les Etats-Unis sont au point mort.
Le régime a aussi averti qu'il pourrait renoncer à son moratoire auto-imposé sur les tests de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) et les essais nucléaires.
La Corée du Nord s'est abstenue de tout test d'armes pendant les Jeux olympiques d'hiver de Pékin, peut-être par respect pour son voisin et allié chinois. Cependant, alors que l'attention de la communauté internationale est focalisée sur la guerre en Ukraine, beaucoup d'analystes s'attendaient à ce que Pyongyang en profite pour reprendre ses tirs.
"Ils relancent la machine", a déclaré à l'AFP Shin Beom-chul, chercheur au Research Institute for Economy and Society.
"Ils se sont retenus de toute provocation pendant les Jeux de Pékin pour ménager leurs relations avec la Chine. Mais alors que l'intérêt des Etats-Unis s'est tourné vers l'Europe avec la crise en Ukraine et que le Conseil de sécurité s'avère incapable de fonctionner, Pyongyang a saisi l'occasion", a expliqué cet analyste.
Samedi, la Corée du Nord a jugé les Etats-Unis responsables de la guerre en Ukraine, dans sa première réaction officielle après l'invasion russe.
"La cause profonde de la crise ukrainienne réside (...) dans l'autoritarisme et l'arbitraire des Etats-Unis", a affirmé un message publié sur le site du ministère nord-coréen des Affaires étrangères.
«Dépendance» aux missiles
"La Corée du Nord n'allait pas faire plaisir à quiconque en restant tranquille pendant que le reste du monde s'occupe de l'agression de la Russie contre l'Ukraine", a estimé pour sa part Leif-Eric Easley, professeur à l'Université Ewha de Séoul.
Alors que l'économie nord-coréenne pâtit des sanctions internationales et de l'isolement draconien que s'est imposé le pays pour se protéger de la pandémie, "la force et la légitimité du régime de Kim dépendent désormais de tests de missiles toujours meilleurs", a-t-il ajouté.
Cette nouvelle démonstration de force de Pyongyang intervient alors que la Corée du Sud s'apprête à élire son prochain président le 9 mars.
Le président sud-coréen sortant, Moon Jae-in, a averti à plusieurs reprises que la Péninsule risque à tout moment de replonger dans la crise qu'elle a traversée il y a cinq ans, si Pyongyang reprend ses tirs de missiles intercontinentaux voire ses essais nucléaires.
Défilé en préparation
Les analystes estiment que Pyongyang pourrait utiliser la date la plus importante de son calendrier politique, le 15 avril, pour procéder à un test d'armement de grande importance.
Cette date marque l'anniversaire (110 ans cette année) de la naissance de Kim Il Sung, fondateur de la Corée du Nord et grand-père de l'actuel dirigeant Kim Jong Un.
Des images satellites récentes suggèrent que le régime nord-coréen prépare un grand défilé militaire pour exhiber ses armes à cette occasion.
Mais pour Park Won-gon, professeur d'études nord-coréennes à l'Université Ewha, "la Corée du Nord devra se montrer prudente concernant un lancement d'ICBM, car il s'agit de sa dernière carte pour faire pression sur les Etats-Unis".
Depuis l'investiture du président américain Joe Biden en janvier 2021, Pyongyang a rejeté les différentes propositions de dialogue faites par Washington. Et Kim Jong Un a réaffirmé en décembre que sa priorité était de moderniser l'arsenal du pays.
La Corée du Nord a menacé le 20 janvier de reprendre ses essais nucléaires ou de missiles, s'y disant contrainte par la politique "hostile" des Etats-Unis à son égard. Et dix jours plus tard, Pyongyang a lancé un missile balistique sol-sol à portée intermédiaire et longue Hwasong-12, le plus puissant projectile qu'elle ait testé depuis 2017.