BEYROUTH : Les rues de Baalbek sombrent dans le chaos depuis deux jours à cause de violents affrontements entre les deux clans Jaafar et Shamas.
Des séquences vidéo diffusées sur les réseaux sociaux montrent des dizaines d'hommes armés marchant dans les rues au son d’une bande sonore provocatrice. Les forces de sécurité de l’État brillent par leur absence.
Les deux clans sont partout dans la région de Baalbek-Hermel, jusqu'à la frontière syrienne. Tous deux ont fourni le Hezbollah en centaines de militants au fil des ans.
Le conflit actuel a été déclenché par le meurtre d’Abbas Shamas par quatre membres du clan Jaafar dimanche. Abbas était le frère de deux membres de la famille Shamas, emprisonnés pour le meurtre d'Issa Ali Jaafar en 2017. À la suite de ce meurtre, les deux clans ont conclu un accord de paix prudent, afin d’empêcher de nouvelles effusions de sang.
Mais après le meurtre de dimanche, le clan Jaafar a fêté sa vengeance en descendant dans la rue et en tirant en l'air. Le gouverneur de Baalbek, Hermel Bashir Khadr, a déclaré à Arab News: « Les gens menaient leur vie normale. Des touristes visitaient le château et la ville lorsque les tirs d'armes automatiques et les lancers de missiles ont commencé tout d’un coup. Cela a vraiment terrifié les gens. Les gens sont déjà frustrés et inquiets en raison des conditions économiques difficiles que traverse le pays. »
Le clan Shamas a riposté au meurtre d’Abbas en prenant les armes et en appelant à des mesures de représailles – un appel qui a atteint son apogée après les funérailles de la victime lundi. Les forces gouvernementales de sécurité se seraient retirées de la ville alors que la violence s'intensifiait.
Bien que le Hezbollah exerce un contrôle sans équivoque sur la région de Baalbek-Hermel, les clans Shamas et Jaffar l’accuse à tour de rôle de prendre position avec le clan rival.
Dans un enregistrement vocal largement diffusé sur les réseaux sociaux, un membre du clan Jaafar a déclaré: « Tout incident que le clan Shamas déclenche en réponse au meurtre de leur fils Abbas Shamas signifie qu’il a la bénédiction du Hezbollah. Par conséquent, le clan Jaafar doit tuer tout membre du clan Shamas ou du Hezbollah qui pénètre dans le quartier d'Al-Sharawna. » Al-Sharawna est reconnu comme le bastion du clan Jaafar dans la ville.
Les habitants de Baalbek ont insinué que le Hezbollah bénéficie de la situation actuelle.
« C'est une tension artificielle créée pour promouvoir la peur, ce qui permet au Hezbollah de contrôler la sécurité et oblige les gens à faire appel à lui, surtout en l'absence de l'État dans la région de Baalbek », a déclaré un habitant non partisan, qui a demandé à rester anonyme.
Un autre habitant a déclaré à Arab News: « La région de Baalbek-Hermel est frustrée depuis des mois à cause du contrôle du Hezbollah sur elle. Cela est dû à la sécurité chaotique et à la faim. »
« Le crime a été commis malgré la réconciliation entre les deux clans, et qu'ils étaient censés respecter », poursuivent les habitants « La réaction violente et le matraquage sur les réseaux sociaux visent à transmettre le message du Hezbollah au peuple, en l’occurrence qu'il reste le principal incubateur de stabilité, et qu'il est le seul capable de maintenir le calme – non l'État. L’objectif du Hezbollah est de montrer que l’État est faible et incapable de contrôler les rues, et donc incapable de contrôler les frontières avec la Syrie en cas de nécessité. »
Le gouverneur Khadr a déclaré: « L'armée libanaise a commencé mercredi à patrouiller dans la ville de Baalbek. Des conversations ont lieu à tous les niveaux politiques et partisans entre le Hezbollah, le mouvement Amal et les responsables ainsi que les clans de la région pour contrôler ce développement sécuritaire.
Les deux clans ont publié des déclarations distinctes mardi soir, appelant au calme et à ce que les doléances soient soumises à la justice libanaise.
Le gouverneur Khadr a déclaré: « Cette situation de clans, qui est hors de contrôle, ne convient pas aux partis de la région. Mais comme je sers cette région depuis sept ans, je sais très bien que l'appartenance au clan continue d'être plus forte que toute autre allégeance.
Il a ajouté: « Ce qui se passe affecte tout le monde, et les plus touchés de tous sont ceux qui n'ont aucune appartenance politique. »
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com