SAINT-DENIS : Ananas sur les hauteurs de Saint-Paul le matin, discours de géopolitique générale l'après-midi en meeting: Jean-Luc Mélenchon a poursuivi son grand écart de circonstance entre son programme pour les outremers et la guerre en Ukraine, samedi à La Réunion.
L'Insoumis était déjà dans l'avion pour ce déplacement important de campagne à La Réunion quand la Russie a attaqué l'Ukraine, dans la nuit de mercredi à jeudi. S'il a pris le parti de rester faire campagne, il a écourté son programme, dont la journée de dimanche a été annulée.
Samedi après-midi en meeting devant 2.000 personnes au Parc des expositions de Saint-Denis, Jean-Luc Mélenchon a développé son analyse de la situation, chamboulée de son aveu même par les événements.
"C'est vrai j'ai commis une erreur", a-t-il admis: "J'ai dit qu'il n'y avait pas de risque d'invasion, c'est vrai, mais il faut citer le reste de la phrase, +de l'aveu même du président de l'Ukraine+".
Devant l'auditoire qui attendait aussi des réponses aux problèmes de pauvreté et de souveraineté alimentaire qui plombent La Réunion, qu'il a abordés dans la seconde partie de son discours, le député des Bouches-du-Rhône a ironisé: "On me dit +On est à La Réunion, on va bien parler d'autre chose que de l'Ukraine+, non! La Réunion c'est pas loin, vous comprenez comme moi qu'on est en train de vivre un moment historique".
« Poules chinoises »
Sur le fond, il a répété ses recommandations: la demande d'un cessez-le-feu, une réunion immédiate de l'OSCE, le non-alignement de la France sur la Russie ou les Etats-Unis.
"Après tant d'erreurs", "je mets en garde le président de la République contre la tentation du cynisme, celle de s'agiter comme les garçons, petits comme grands, avec arc et flèches", a déclaré Jean-Luc Mélenchon.
"Au lieu d'envoyer du matériel de guerre, vous croyez pas que le plus urgent est le cessez-le-feu et les négociations?", a-t-il questionné. Il a également critiqué les tractations sur les sanctions économiques contre la Russie.
Quelques heures plus tôt en matinée, le chef des Insoumis a visité deux petites exploitations agricoles dans les hauteurs de Saint-Paul pour s'afficher, à 9.000 km de distance, en opposition à Emmanuel Macron, qui inaugurait au même moment à Paris le Salon de l'agriculture.
L'Insoumis a confié assumer d'éviter depuis plusieurs années cet événement incontournable de la politique française, selon lui "convenu", où l'on vient coller "au cul des vaches pour montrer qu'on sait où est l'avant et l'arrière" de l'animal.
Surveillant que les journalistes ne marchent pas sur une salade ou un ananas, le député des Bouches-du-Rhône a expliqué pourquoi il veut favoriser les petites surfaces agricoles avec des productions maraîchères diversifiées.
Faisant de la pratique en outre-mer, contrainte par des surfaces arables limitées, un modèle: "Ici, on est sur des exploitations comme avant dans l'Hexagone, les exploitations ont plusieurs productions pour garantir les revenus s'il y a un problème sur l'une des productions".
Un atout au moment où les agriculteurs français craignent les répercussions des sanctions économiques contre la Russie, selon lui. "Car du coup, les paysans réunionnais savent faire plusieurs choses. Ce n'est plus le cas dans l'Hexagone, avec des gens qui ne savent plus que passer avec le tracteur dans un sens puis dans l'autre, et puis ça fait du maïs pour les poules chinoises".
C'est lors de ce déplacement tronqué que Jean-Luc Mélenchon aura au moins appris deux bonnes nouvelles pour sa campagne présidentielle: l'obtention des 500 parrainages d'élus, et de 300.000 soutiens de citoyens sur sa plateforme en ligne.