Les bibliothèques, un refuge pour les Libanais face à la crise

Des citoyens dans une bibliothèque à Beyrouth, au Liban. (AFP).
Des citoyens dans une bibliothèque à Beyrouth, au Liban. (AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 24 février 2022

Les bibliothèques, un refuge pour les Libanais face à la crise

  • Les Libanais ne peuvent plus subvenir à leurs besoins de base alors que plus de 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté
  • «En pleine crise, nous avons besoin de lieux culturels, des lieux qui développent la pensée et la culture», plaide une étudiante libanaise

BEYROUTH: Chaque vendredi, Mounira Khalifé emmène son fils dans une bibliothèque publique de Beyrouth pour assister à "l'heure du conte", les livres étant devenus un "luxe" que peu de Libanais peuvent se permettre, en pleine crise économique.

Elia, 5 ans, déambule entre les étagères puis s'assied sur un canapé coloré en attendant l'arrivée de la conteuse.

"Entre la crise économique et la pandémie, on a fini par ne plus pouvoir l'emmener nulle part", raconte sa mère à l'AFP.

En raison d'une inflation galopante, la majorité des Libanais ne peuvent plus subvenir à leurs besoins de base dans un pays où plus de 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté de l'ONU.

Acheter des livres pour ses enfants est d'autant plus devenu un luxe. Pour Mounira, aller à la bibliothèque "permet d'économiser les coûts de transport et le prix des livres qui a augmenté, alors qu'il peut rapidement s'en lasser".

"On passe du temps dans un lieu sûr, confortable et proche de la maison où (Elia) peut jouer, dessiner et emprunter des livres", confie-t-elle.

Comme elle, des centaines de parents se rendent de plus en plus souvent dans l'une des trois bibliothèques municipales de Beyrouth --gérées par l'association Assabil, qui oeuvre depuis 1997 à promouvoir la lecture.

Celle de Bachoura, dans un quartier du centre, compte désormais plus de 3.000 membres inscrits, avec "une demande en hausse depuis un an", assure l'une de ses bibliothécaires, Samar Choucair.

"Les gens ne peuvent plus se permettre d'acheter des livres" importés de l'étranger, raconte-t-elle. 

"Surtout ceux pour enfants, (...) qu'ils paient en dollars ou en euros", alors que la monnaie locale a perdu 90% de sa valeur depuis le début de la crise économique, qualifiée par la Banque mondiale de l'une des pires de l'Histoire moderne.

«Besoin de lire»

Dans les librairies et maisons d'édition, le prix des livres a augmenté en raison de leur prix en dollar, ce qui a eu un impact négatif sur la demande.

"Cela a fait exploser le prix (des livres) à un moment où le salaire minimum n'a pas changé", fixé mensuellement à 675.000 livres libanaises, soit actuellement 32 dollars, regrette Lana Halabi, cofondatrice de la librairie Halabi dans le quartier beyrouthin de Tariq Jdideh.

Résultat, "les livres ne sont plus une priorité pour les lecteurs", soupire-t-elle.

Dans la bibliothèque de Geitaoui, située dans un rare parc public de la capitale, la demande des romans augmente progressivement, notamment en arabe ou en français, explique la bibliothécaire Josiane Badra.

Pour répondre à cette demande croissante, la bibliothèque a enrichi ses étagères de 300 nouveaux livres au cours des deux derniers mois.

De temps à autre, Aline Daou, étudiante à l'Université Saint-Joseph, s'y rend pour étudier ou lire. 

Cela "m'évite d'acheter des romans que j'aime lire et qui coûtent très cher", dit-elle.

"En tant qu'étudiante en littérature, j'ai toujours besoin de lire et comme j'économise pour acheter les ouvrages essentiels, je préfère emprunter des romans d'ici."

Défis

Si les bibliothèques publiques sont devenues une "échappatoire pour les gens", les défis se multiplient, souligne auprès de l'AFP un haut responsable de l'association Assabil, Ali Sabbagh.

"Nous gérons ces bibliothèques en partenariat avec la municipalité de Beyrouth, qui assurait auparavant environ 80% du budget opérationnel des bibliothèques en livres libanaises", explique M. Sabbagh. 

Or avec la dévaluation de la monnaie nationale, la municipalité peine désormais à fournir des services de base.

"Fournir des livres, des services culturels et internet gratuitement représente un défi de taille désormais", regrette-t-il, d'autant que "les donateurs en temps de crise priorisent ce qu'ils considèrent comme des besoins de base."

Mais pour Valentina Habis, une étudiante, les bibliothèques sont aussi un besoin de base pour affronter la morosité actuelle.

"En pleine crise, nous avons besoin de lieux culturels, des lieux qui développent la pensée et la culture, car la culture est la base de la société", plaide-t-elle.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Short Url
  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Short Url
  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Short Url
  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.