Ukraine : l'UE approuve un «paquet de sanctions» contre la Russie «à l'unanimité»

Le ministre français des Affaires européennes et étrangères, Jean-Yves Le Drian, lors d'une conférence de presse conjointe avec le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité sur la situation entre l'Ukraine et la Russie, à Paris le 22 février 2022. (AFP)
Le ministre français des Affaires européennes et étrangères, Jean-Yves Le Drian, lors d'une conférence de presse conjointe avec le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité sur la situation entre l'Ukraine et la Russie, à Paris le 22 février 2022. (AFP)
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Publié le Mardi 22 février 2022

Ukraine : l'UE approuve un «paquet de sanctions» contre la Russie «à l'unanimité»

  • Ces sanctions, qui doivent encore être formellement adoptées pour entrer en vigueur, «feront très mal à la Russie», a ajouté le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell
  • «Nous sommes tombés d'accord sur un premier paquet de sanctions à l'unanimité», a annoncé le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian

PARIS: Les Vingt-Sept Etats membres de l'UE ont approuvé mardi un "paquet de sanctions" à "l'unanimité" contre la Russie, qui lui "feront très mal", après sa décision de reconnaître les territoires séparatistes dans l'est de l'Ukraine.

"Nous sommes tombés d'accord sur un premier paquet de sanctions à l'unanimité", a annoncé le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, à l'issue de la réunion des 27 ministres des Affaires étrangères à Paris. 

Ces sanctions, qui doivent encore être formellement adoptées pour entrer en vigueur, "feront très mal à la Russie", a ajouté le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, en précisant que le gel d'avoirs et l'interdiction de visas viseront notamment les 351 députés russes de la Douma qui ont approuvé la reconnaissance de l'indépendance des territoires séparatistes.

"Les sanctions cibleront également 27 individus et entités qui contribuent à miner ou menacer l'intégrité territoriale de l'Ukraine, sa souveraineté et son indépendance", a détaillé Josep Borrell en évoquant "les acteurs du secteur de la défense qui jouent un rôle dans l'invasion" du pays, "ceux qui ont lancé une campagne de désinformation contre l'Ukraine" et "les banques qui financent les responsables russes et d'autres opérations dans ces territoires" séparatistes.

L'UE compte également cibler "les relations économiques entre les deux régions et l'Union européenne", et enfin "la capacité de l'Etat russe et de son gouvernement à accéder à notre marché financier et aux marchés de capitaux européens pour refinancer leur dette", a-t-il ajouté.

En parallèle, a-t-il rappelé, l'Allemagne a fini par céder mardi en suspendant le gazoduc Nord Stream II, un projet phare pour Berlin comme pour Vladimir Poutine longtemps mené malgré les critiques.

Poutine laisse planer le suspense sur l'entrée de soldats russes en Ukraine

L'éventuelle entrée de l'armée russe en territoire ukrainien en soutien aux séparatistes prorusses dépendra de la situation "sur le terrain", a déclaré mardi le président Vladimir Poutine, après que la Chambre haute du Parlement russe eut autorisé un tel déploiement. 

"Je n'ai pas dit que nos soldats vont y aller là, maintenant (...) Cela dépendra, comme on dit, de la situation sur le terrain", a déclaré M. Poutine lors d'une conférence de presse surprise, retransmise à la télévision. 

Tout en laissant planer le suspense sur l'entrée des soldats russes dans l'Est de l'Ukraine, il a affirmé que les accords de Minsk, servant de base pour un règlement du conflit dans l'Est de l'Ukraine, "n'existaient plus".

Ces accords, signés en 2015 par la Russie et l'Ukraine sous médiation franco-allemande, visent à un retour sous souveraineté ukrainienne des zones tenues par les séparatistes dans les régions de Donetsk et Lougansk, en échange d'une autonomie.

Mais lundi, M. Poutine a reconnu l'indépendance de ces territoires séparatistes, ce qui rend caducs les accords de Minsk du point de vue russe.

Le président russe a aussi souligné que Moscou reconnaissait la souveraineté des "républiques" séparatistes de Donetsk et de Lougansk sur l'ensemble des régions éponymes, "telles qu'elles étaient quand elles faisaient partie de l'Ukraine".

Les séparatistes possédant actuellement des zones bien moindres, les déclarations de M. Poutine ouvrent donc la porte à une tentative de prise de contrôle des parties de ces régions contrôlés par des autorités ukrainiennes, notamment la ville de Marioupol, qui compte plus de 400.000 habitants.   

"Les sanctions n'ont pas des effets miraculeux. Mais les sanctions, ça fait du mal économiquement et ça fait du mal aux personnes affectées", a fait valoir M. Borrell, en soulignant que les pays membres de l'UE avaient décidé de garder "d'autres munitions (...) pour répondre à de nouvelles actions de la part de la Russie", car "l'histoire n'est pas finie".

"Cette fermeté laisse toujours la porte ouverte à la diplomatie", a souligné M. Le Drian, tout en constatant que "tous les efforts diplomatiques (...) se sont heurtés à un mur" ces dernières semaines.

"Le président Poutine n'honore plus la signature de la Russie", a-t-il déploré, en précisant que l'entretien prévu vendredi à Paris avec son homologue russe Sergueï Lavrov était annnulé.

Dans cette affaire, le président Macron, critiqué par l'opposition en France pour sa médiation qui n'a pas abouti, a "pris ses responsabilités", a ajouté Jean-Yves Le Drian.

"Il a fait le devoir qui était le sien de tout faire pour éviter la guerre", a estimé le ministre des Affaires étrangères. 

"Le président de la République connaît les méthodes, le caractère, le cynisme de Vladimir Poutine. Il l'a pratiqué. Il n'est pas naïf dans ses discussions", a-t-il ajouté.


Le pape Léon XIV invite les dirigeants mondiaux à mettre fin à la guerre

Le pape Léon XIV pendant sa première prière du Reginal Caeli depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre au Vatican. (Photo par Handout / VATICAN MEDIA / AFP)
Le pape Léon XIV pendant sa première prière du Reginal Caeli depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre au Vatican. (Photo par Handout / VATICAN MEDIA / AFP)
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  • le pape Léon XIV a appelé dimanche  les « grands de ce monde » à mettre fin aux guerres, notamment en Ukraine et à Gaza.

CITE DU VATICAN, SAINT-SIEGE : Lors de sa première prière dominicale en tant que souverain pontife devant des dizaines de milliers de personnes, le pape Léon XIV a appelé dimanche  les « grands de ce monde » à mettre fin aux guerres, notamment en Ukraine et à Gaza, dans une allocution.

« Face au scénario dramatique actuel d'une Troisième Guerre mondiale en morceaux, comme l'a affirmé à plusieurs reprises le pape François, je m'adresse moi aussi aux grands de ce monde en répétant cet appel toujours d'actualité : plus jamais la guerre ! », a lancé le souverain pontife.

« Je porte dans mon cœur les souffrances du peuple ukrainien bien-aimé. Tout doit être fait pour parvenir au plus tôt à une paix authentique, juste et durable », a-t-il ajouté, plaidant pour que « tous les prisonniers soient libérés et que les enfants puissent retourner auprès de leurs familles ».

Profondément attristé par ce qui se passe dans la bande de Gaza, le pape a appelé à un cessez-le-feu immédiat, à l'acheminement de l'aide humanitaire à la population civile épuisée et à la libération de tous les otages.

« J'ai accueilli, en revanche, avec satisfaction l'annonce du cessez-le-feu entre l'Inde et le Pakistan, et j'espère qu'à travers les prochains pourparlers, un accord durable pourra être rapidement trouvé », a-t-il ajouté.


Poutine propose des négociations directes avec l'Ukraine, mais ignore l'appel au cessez-le-feu

Sur cette photo distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine s'adresse aux médias après ses rencontres avec des dirigeants étrangers à Moscou, le 11 mai 2025,  (Photo Gavriil GRIGOROV / POOL / AFP)
Sur cette photo distribuée par l'agence d'État russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine s'adresse aux médias après ses rencontres avec des dirigeants étrangers à Moscou, le 11 mai 2025, (Photo Gavriil GRIGOROV / POOL / AFP)
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  • Dans une démonstration rare d'unité occidentale, l'Ukraine et ses alliés européens, de concert avec les États-Unis, ont adressé samedi un ultimatum à Moscou pour qu'elle accepte un cessez-le-feu « complet et inconditionnel » de 30 jours à partir de lundi.
  • « La Russie est prête à des négociations sans aucune condition préalable (…). Nous proposons de commencer dès jeudi prochain, le 15 mai, à Istanbul », a déclaré M. Poutine dans une déclaration à la presse.

KIEV : Le président russe Vladimir Poutine a proposé  dimanche des négociations « directes » et « sans condition préalable » entre la Russie et l'Ukraine dès jeudi à Istanbul, repoussant à de telles discussions toute possibilité d'instaurer le cessez-le-feu exigé par les alliés de Kiev.

Dans une démonstration rare d'unité occidentale, l'Ukraine et ses alliés européens, de concert avec les États-Unis, ont adressé samedi un ultimatum à Moscou pour qu'elle accepte un cessez-le-feu « complet et inconditionnel » de 30 jours à partir de lundi, faute de quoi la Russie s'exposerait à de nouvelles « sanctions massives ».

Sans évoquer directement cette proposition, le président russe a reproché aux Européens de traiter la Russie « de manière grossière et à l'aide d'ultimatums » et a estimé que toute trêve devrait s'inscrire dans des discussions « directes » avec Kiev. 

« La Russie est prête à des négociations sans aucune condition préalable (…). Nous proposons de commencer dès jeudi prochain, le 15 mai, à Istanbul », a déclaré M. Poutine dans une déclaration à la presse, en présence de journalistes de l'AFP, tard dans la nuit au Kremlin. Il a précisé qu'il s'entretiendrait avec le président turc Recep Tayyip Erdogan dans les heures qui viennent.

Ce dernier, en contact régulier avec son homologue russe, a plusieurs fois proposé d'accueillir des pourparlers de paix. La Turquie, membre de l'OTAN, avait joué un rôle de médiation en 2022 pour la conclusion d'un accord permettant l'exportation de céréales ukrainiennes par la mer Noire, dont la Russie s'est par la suite retirée. 

Vladimir Poutine a déclaré ne pas exclure la possibilité de discuter d'un cessez-le-feu lors de pourparlers avec Kiev, mais il a souligné que ces discussions devraient porter sur « les causes profondes du conflit », qu'il a qualifiées de « guerre », bien que ce terme soit rejeté par les autorités russes, « dans une perspective historique ».

Moscou avait justifié le lancement de son offensive à grande échelle en février 2022 par la volonté de « dénazifier » l'Ukraine, dont son armée occupe actuellement environ 20 % du territoire, mais aussi par son opposition au rapprochement de ce pays avec les Occidentaux et au renforcement de l'Otan près de ses frontières. 

Alors que les cartes ont été rebattues par le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, qui a entamé un rapprochement avec Vladimir Poutine, Moscou a jusqu'à présent rejeté les appels au cessez-le-feu.

Le Kremlin s'est contenté de décréter unilatéralement une trêve de trois jours pour les commémorations de la victoire sur l'Allemagne nazie, qui s'est achevée dans la nuit de samedi à dimanche après avoir été marquée par des accusations de violations des deux côtés.

« Potentiellement un grand jour pour la Russie et l'Ukraine ! » a écrit Donald Trump dimanche matin sur son compte Truth Social, sans expliciter s'il faisait référence à la proposition de Vladimir Poutine.

« Pensez aux centaines de milliers de vies qui seront sauvées avec la fin, espérons-le, de ce bain de sang sans fin. (...) Je continuerai à travailler avec les deux parties pour m'assurer que cela se produise », a-t-il ajouté, alors qu'il pousse depuis son investiture en février Volodymyr Zelensky à accepter de négocier avec Moscou. 

Ce dernier avait assuré jeudi, après un appel avec Donald Trump, que son pays était « prêt » à mener « tous formats de négociations » avec Moscou, mais que la Russie devait d'abord instaurer un cessez-le-feu.

Emmanuel Macron a qualifié la proposition russe de « premier mouvement (...) pas suffisant », relevant chez Vladimir Poutine « la volonté de gagner du temps ».

« D'ailleurs, je pense que c'est inacceptable pour les Ukrainiens parce qu’ils ne peuvent pas accepter des discussions parallèles alors qu’ils continuent à être bombardés », a insisté le président français, qui s'exprimait à sa descente de train dans la ville polonaise de Przemyśl, au retour d'un déplacement en Ukraine, où il était accompagné samedi des dirigeants allemand, Friedrich Merz, britannique, Keir Starmer, et polonais, Donald Tusk. 

Lors de cette visite, une vingtaine de pays membres d'une « coalition des volontaires » qui ont échangé par visioconférence à Kiev avec les dirigeants autour de M. Zelensky ont « décidé de soutenir un cessez-le-feu » de 30 jours, « avec une surveillance assurée principalement par les États-Unis d'Amérique » et à laquelle « tous les Européens contribueront ».

Si la Russie refuse ce cessez-le-feu ou le viole, il a été convenu que « des sanctions massives seraient préparées et coordonnées entre Européens et Américains », a-t-il précisé.

Volodymyr Zelensky et les quatre Européens ont téléphoné à Donald Trump pour l'informer des résultats de leurs entretiens.

Friedrich Merz a évoqué la poursuite d'une « aide massive » à Kiev faute de réaction du Kremlin et estimé que la guerre russe en Ukraine « vise à détruire l'ordre politique européen tout entier ».

Sur le terrain, dans la nuit de samedi à dimanche, après l'expiration de la trêve décrétée par Moscou, des alertes aériennes ont retenti dans de nombreuses régions ukrainiennes, dont à Kiev.

L'ambassade américaine en Ukraine a mis en garde vendredi contre le risque d'une importante « attaque aérienne » russe dans les prochains jours.   


Nucléaire : un nouveau cycle de pourparlers irano-américains s'ouvre à Oman

Trois séries de pourparlers indirects entre les États-Unis et l'Iran se sont tenues jusqu'à présent à Oman et en Italie, et d'autres rounds sont prévus. (AFP)
Trois séries de pourparlers indirects entre les États-Unis et l'Iran se sont tenues jusqu'à présent à Oman et en Italie, et d'autres rounds sont prévus. (AFP)
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  • Depuis le 12 avril, l'Iran et les États-Unis, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, ont tenu trois sessions de pourparlers sur l'épineux dossier du nucléaire iranien sous la médiation d'Oman.
  • Vendredi, M. Araghchi a fait état de « progrès » dans les discussions précédentes.

MASCATE, OMAN : Des responsables iraniens et américains doivent se retrouver dimanche à Oman pour une nouvelle série de discussions autour du programme nucléaire de Téhéran, alors que des dirigeants américains expriment une opposition croissante à l'enrichissement de l'uranium iranien.

Depuis le 12 avril, l'Iran et les États-Unis, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, ont tenu trois sessions de pourparlers sur l'épineux dossier du nucléaire iranien sous la médiation d'Oman.

Comme lors des précédentes rencontres, la délégation américaine sera dirigée par l'émissaire pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et la délégation iranienne par le ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Vendredi, M. Araghchi a fait état de « progrès » dans les discussions précédentes.

« Plus nous avançons, plus nous avons besoin de consultations et d'examens, et plus les délégations ont besoin de temps pour examiner les questions soulevées », a-t-il indiqué. 

De son côté, le vice-président des États-Unis, JD Vance, a estimé mercredi que ces négociations étaient sur la « bonne voie ».

Les pourparlers américano-iraniens visent à conclure un nouvel accord qui empêcherait l'Iran de se doter de l'arme atomique, ambition que Téhéran a toujours niée avoir, en échange d'une levée des sanctions qui paralysent son économie. 

Dans un entretien diffusé vendredi, Steve Witkoff a déclaré que l'administration Trump s'opposerait à tout enrichissement, après avoir initialement suggéré une certaine flexibilité concernant le maintien par Téhéran d'un enrichissement à faible échelle de l'uranium à des fins civiles.

« Cela signifie démantèlement, interdiction de la militarisation, et que Natanz, Fordo et Ispahan – leurs trois installations d'enrichissement – doivent être démantelés », a-t-il déclaré au média conservateur Breitbart News.

Et M. Witkoff d'ajouter au sujet des pourparlers : « S'ils ne sont pas productifs dimanche, ils ne continueront pas et nous devrons emprunter une autre voie ».

Les pourparlers se déroulent dans un contexte d'examen minutieux des principaux aspects du programme nucléaire de Téhéran, en particulier son stock d'uranium enrichi et le rythme de ses activités d'enrichissement.

Des gouvernements européens s'interrogent sur l'opportunité d'utiliser le mécanisme prévu par l'accord de 2015, qui permet de rétablir les sanctions de l'ONU en cas de non-respect par l'Iran de ses engagements. Ce mécanisme arrivera à échéance en octobre.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui s'oppose aux pourparlers entre l'Iran et les États-Unis, a appelé au démantèlement des installations nucléaires de Téhéran et à l'arrêt de son programme de missiles balistiques dans le cadre d'un accord crédible, selon ses dires.

De son côté, Téhéran insiste pour que les pourparlers portent uniquement sur la question nucléaire et la levée des sanctions, excluant toute négociation sur l'arsenal militaire.

La réunion de dimanche à Oman intervient quelques jours avant une tournée régionale de M. Trump, qui le mènera en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis.