LONDRES: Des milliers de demandeurs d’asile hébergés dans des hôtels que le gouvernement britannique a mis à leur disposition craignent de perdre leur place alors que les établissements qui les accueillent s’apprêtent à proposer leurs chambres aux touristes et autres voyageurs.
Une lettre – relayée par The Guardian – a été envoyée à un groupe de demandeurs d’asile hébergés par le ministère de l’Intérieur dans un hôtel proche du centre de Londres. On peut lire les mots suivants: «Chers invités, nous souhaitons vous informer que votre hébergement chez nous prendra fin le 31 janvier [2022]. Nous vous conseillons de vous rapprocher de votre mairie pour un logement alternatif.»
Cependant, une note ultérieure de Clearsprings, la société engagée par le ministère de l’Intérieur pour gérer les logements, dément le contenu de cette lettre.
Cette note indique: «Conformément à la loi, [les propriétaires d’hôtels] ne peuvent vous contraindre à quitter les lieux. Veuillez noter que si, pour une raison quelconque, votre carte d’entrée est annulée et que vous ne pouvez plus accéder à votre appartement, il vous faudra appeler immédiatement la police, puisque cette mesure sera considérée comme une expulsion illégale.»
Le Conseil conjoint pour le bien-être des migrants se tient aux côtés des demandeurs d’asile qui ont reçu la lettre et affirme qu’ils sont vulnérables. On compte parmi eux une mère avec un nouveau-né et une victime de violences domestiques.
Minnie Rahman, directrice des campagnes du Conseil conjoint pour le bien-être des migrants, déclare à The Guardian: «Personne ne devrait avoir peur de se retrouver dans la rue par ce froid hivernal.»
Elle ajoute que le nombre de menaces d’expulsion reçues par les demandeurs d’asile ne cesse d’augmenter.
«Nos avocats ont contacté de jeunes mamans et des familles terrifiées à l’idée de se retrouver sans logement et, malheureusement, nous savons que ce type de menaces est assez répandu», déclare-t-elle.
«Le ministère de l’Intérieur doit garantir aux personnes qui cherchent la sécurité ici un logement décent et stable afin qu’elles puissent reconstruire leur vie.»
Si le ministère de l’Intérieur reconnaît le droit des demandeurs d’asile à un hébergement durable, il affirme qu’il ne dispose toujours pas de logements suffisants pour les milliers d’entre eux qui vivent actuellement dans les hôtels.
Visit Britain prévoit une augmentation considérable du nombre de touristes cette année. Les hôtels de Londres signalent une augmentation des réservations à mesure que les restrictions liées à la pandémie de Covid-19 s’assouplissent.
Entre-temps, le ministère de l’Intérieur déclare qu’il dépense 6,4 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par jour pour que soient logés dans un hôtel 12 000 Afghans réinstallés au Royaume-Uni ainsi que 25 000 demandeurs d’asile, pour un coût total de plus de 2,3 milliards de dollars par an.
Un porte-parole du ministère de l’Intérieur indique: «Ces lettres ont été envoyées à un petit nombre de personnes par erreur et sans l’approbation du ministère. Nous sommes en contact avec Clearsprings pour veiller à ce que cela ne se reproduise plus.»
«L’utilisation des hôtels n’est qu’une solution à court terme et nous travaillons avec les autorités locales pour trouver un logement à long terme approprié au sein du Royaume-Uni.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com