PARIS: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit samedi soir à son homologue français Emmanuel Macron qu'il ne "riposterait" pas aux "provocations" russes dans l'est de l'Ukraine et restait prêt au "dialogue" avec Moscou.
"Il a dit sa volonté de ne pas riposter aux provocations le long de la ligne de contact" et lui a "confié de dire à Vladimir Poutine la disponibilité de l'Ukraine à dialoguer", a indiqué la présidence française à l'issue de cet entretien de près d'une heure.
Le président français doit s'entretenir dimanche à 11H00 (10H00 GMT) avec son homologue russe dans ce qui constitue "les derniers efforts possibles et nécessaires pour éviter un conflit majeur en Ukraine", a-t-elle ajouté.
"Une action militaire russe contre l'Ukraine porterait la guerre au cœur de l'Europe", a martelé un conseiller présidentiel, en évoquant un risque de conflit "en Ukraine et autour". Il n'y aurait alors "pas d'autre option possible qu'une réaction très forte", a-t-il ajouté.
"La situation est très dangereuse, mais il reste de la place pour la diplomatie", a-t-il poursuivi.
"S'il faut pour cela se déplacer, le président (Macron) se déplacera", a-t-il ajouté, interrogé sur la possibilité qu'il se rende une nouvelle fois à Moscou et Kiev.
L'évolution de la situation reste très difficile à prévoir, a-t-il toutefois insisté, alors que l'Otan anticipe une "attaque complète" de l'Ukraine par la Russie.
Menace russe: Berlin et Kiev plus prudents que Washington
Les Occidentaux peinent de nouveau à parler d'une même voix dans la crise avec la Russie, l'Allemagne ayant clairement pris ses distances, samedi, avec l'assurance affichée par Washington qu'une attaque de l'Ukraine était imminente.
Le but de la rencontre était précisément de coordonner le camp occidental face à Moscou.
Le président ukrainien a évité pour sa part de trop s'avancer sur les affirmations américaines: "Il m'est difficile de juger comment les États-Unis devraient utiliser leurs renseignements", a-t-il déclaré à Munich.
Tout en se disant "reconnaissant" pour les informations partagées par les Américains, il a affirmé faire confiance en priorité "aux services de renseignement ukrainiens, qui comprennent ce qui se passe le long de nos frontières".
"Le président de la République estime que le risque est élevé, constate que le dispositif militaire russe aux frontières de l'Ukraine permet au président Poutine d'envahir l'Ukraine s'il le souhaite. Mais il ne préjuge pas de la décision que Poutine prendra", a souligné l'Elysée.
"Personne ne sait ce qu'il va se passer, personne n'est dans la tête de Poutine", a estimé la présidence française.
Une entrée de troupes russes en Ukraine se traduira pas des sanctions immédiates de la part des Européens et de leurs alliés, a réitéré l'Elysée.
Mais ce scénario de sanctions "massives" ne concernera pas les territoires séparatistes où les Russes sont de facto déjà présents, a-t-elle précisé.
"Les sanctions envisagées par les pays alliés couvrent une hypothèse, l'invasion de l'Ukraine par la Russie, c'est-dire l'entrée de forces russes en Ukraine", a dit l'Elysée.
"Le Donbass, les districts de Donetsk et Lougansk, sont très largement sous contrôle russe", la Russie y est déjà "présente à travers des moyens militaires, techniques, des investissements, du personnel" et fait déjà l'objet de sanctions depuis 2014 pour cela, a noté la présidence française.