Présidentielle: Pécresse sur la défensive, Taubira lâchée

Valérie Pécresse, candidate à la présidentielle du parti conservateur français Les Républicains (LR), fait un geste à la fin de son discours lors d'un meeting au Zénith de Paris, à Paris, le 13 février 2022.(AFP)
Valérie Pécresse, candidate à la présidentielle du parti conservateur français Les Républicains (LR), fait un geste à la fin de son discours lors d'un meeting au Zénith de Paris, à Paris, le 13 février 2022.(AFP)
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Publié le Mardi 15 février 2022

Présidentielle: Pécresse sur la défensive, Taubira lâchée

  • A 55 jours de la présidentielle, la candidate LR n'était pas la seule à se retrouver sur la défensive
  • Pour Mme Pécresse, cela devait être le grand meeting de la relance, pour lui permettre de distancer ses adversaires d'extrême droite et se positionner pour le second tour.

PARIS : Valérie Pécresse s'est défendue lundi de cautionner la théorie complotiste du "grand remplacement", pilier du programme de son rival d'extrême droite Eric Zemmour, tandis qu'à gauche Christiane Taubira a perdu l'un de ses principaux soutiens pour la présidentielle.

A 55 jours de la présidentielle, la candidate LR n'était pas la seule à se retrouver sur la défensive, l'écologiste Yannick Jadot étant pris à partie à droite comme à gauche pour avoir qualifié dimanche Eric Zemmour de "juif de service pour les antisémites".

Interrogé sur RMC lundi, le candidat n'a pas réitéré ce propos tout en affirmant qu'il "y a toute une partie de la population qui a trouvé en Zemmour quelqu'un de bien pratique pour assumer l'antisémitisme, il est l'idiot utile de l'antisémitisme".

Pour Mme Pécresse, cela devait être le grand meeting de la relance, pour lui permettre de distancer ses adversaires d'extrême droite et se positionner pour le second tour. 

Mais au lendemain du grand rassemblement parisien, la candidate LR, qui a reçu lundi le soutien de l'ancien Premier ministre Edouard Balladur, a été obligée de reconnaître qu'elle était, sur la forme, davantage une "faiseuse" qu'une grande oratrice.

Sur le fond, elle s'est défendue sur RTL de reprendre à son compte le "grand remplacement", thèse complotiste arguant que les élites organiseraient le remplacement des populations européennes par des immigrés extra-européens.

Forgée par l'écrivain d'extrême droite Renaud Camus, cette théorie a été médiatisée par Eric Zemmour (Reconquête!), qui en a fait un des piliers de sa campagne avec le "grand déclassement".

"Nous n'avons jamais utilisé" ce terme car il comporte une "idée de complot", a souligné le porte-parole du RN, Sébastien Chenu sur LCP-Public Sénat, évoquant une "théorie fumeuse".

Valérie Pécresse "a commis une faute stratégique majeure en empruntant la sémantique et les idées d'Eric Zemmour. Elle a créé une forme de permis de voter" Zemmour pour les électeurs de droite, a estimé de son côté Guillaume Peltier, ex-LR et porte-parole de l'ancien polémiste.

« Rubicon franchi »

La gauche a elle vu dans les propos de la candidate de droite, actuellement au coude-à-coude dans les sondages avec M. Zemmour et un peu derrière Mme Le Pen, davantage qu'un glissement sémantique.

Pour la candidate socialiste Anne Hidalgo, "c'est un Rubicon de plus qui est franchi par la droite". 

Même constat pour Christiane Taubira: "le bloc d'extrême droite comprend désormais trois candidats. Il est aux portes du pouvoir". 

Pour le politologue Jérôme Jaffré, la candidate des Républicains "est prise en tenaille" entre deux puissants rivaux d'extrême droite qui, à eux deux, représentent près d'un tiers des intentions de vote, selon les enquêtes d'opinion.

Dans le camp de M. Zemmour, l'heure était justement à la fête ce lundi pour le 100.000e adhérent revendiqué de son parti "Reconquête!". 

Le candidat a remis symboliquement sa carte à Corinne Marchand, une ancienne LR proche de Guillaume Peltier.

M. Zemmour peut également se targuer du ralliement de l'unique sénateur du RN Stéphane Ravier, figure du parti en Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Et l'eurodéputé RN Nicolas Bay envisagerait à son tour plus fermement de rejoindre M. Zemmour, qui se déplace samedi sur sa terre d'élection, en Normandie, où M. Bay est conseiller régional, selon une source proche.

Taubira lâchée

A gauche, une famille politique très divisée et ne représentant selon les enquêtes d'opinion qu'un quart des intentions de vote, rien ne va plus pour l'ancienne Garde des Sceaux.

Tirant la leçon de l'échec des tentatives de rassemblement, l'un de ses principaux soutiens, le président du Parti radical de gauche (PRG), Guillaume Lacroix, a annoncé que son parti se mettait "en retrait" de la candidature de Christiane Taubira, qui navigue entre 3 et 5% dans les sondages.

Il a dans le même temps dit "libérer" les élus du PRG de toute consigne concernant les parrainages d'élus, alors que Mme Taubira n'en a reçu pour l'instant que 47, loin des 500 nécessaires.

En soirée, la Guyanaise a réagi dans une série de tweets, décrivant "une péripétie" et assurant ne pas lâcher "celles et ceux qui ont tant besoin de justice et d’espoir, et que les brinquebalements à gauche plongent dans le découragement".

De son côté, M. Faure a renouvelé son soutien à Mme Hidalgo engagé "dans un combat difficile", malgré des sondages en berne (entre 1,5 et 3%).

La socialiste achevait lundi une visite aux Antilles. Elle est la seule candidate de gauche à avoir à ce jour dépassé les 500 parrainages nécessaires pour se présenter, mais reste loin derrière le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon dans les intentions de vote.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.