France : au procès des attentats de novembre 2015, Abdeslam parle enfin

Croquis de Salah Abdeslam Crédits AFP
Croquis de Salah Abdeslam Crédits AFP
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Publié le Vendredi 11 février 2022

France : au procès des attentats de novembre 2015, Abdeslam parle enfin

  • Une foule des grands jours est venue assister à l'interrogatoire de l'accusé « numéro un » des attentats du 13-Novembre, Salah Abdeslam, mutique pendant les cinq ans d'enquête, puis éruptif et provocateur au début du procès.
  • Pendant plus de sept heures, celui qui s'estime « diabolisé » ne renie pas son adhésion à l'organisation Etat islamique, et assure qu'il n'est « pas un danger pour la société ».

PARIS : Après un long silence, le principal accusé des attentats du 13 novembre, Salah Abdeslam, s'est expliqué devant la cour cette semaine lors de son premier interrogatoire sur les faits.

Cinq mois après le coup d'envoi d'une audience "historique", la cour d'assises spéciale de Paris a commencé à donner la parole à la quasi-totalité des 14 accusés sur le fond du dossier. 

Une foule se pressait pour assister à l'interrogatoire de l'accusé "numéro un" Salah Abdeslam, mutique pendant les cinq ans d'enquête, puis éruptif et provocateur au début du procès.

Le seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis, ménage le suspense dès qu'il se lève dans le box, dit qu'il "hésite" encore à parler. 

Il se lance pourtant dans une "déclaration spontanée" sur le sens d'une peine de prison pour ceux qui ont fait "marche arrière", laissant entendre une première fois qu'il a renoncé à tuer, en n'actionnant pas le soir des attentats sa ceinture d'explosifs - défectueuse pour les enquêteurs. Ce qu'il redira plus clairement après plusieurs heures d'interrogatoire. 

« Diabolisé »

Avec ses déclarations sur "le fond du fond", il devance aussi de quelques semaines le calendrier de l'audience, la cour ne prévoyant de le questionner sur les ultimes préparatifs des attentats et la soirée fatidique qu'à partir de la mi-mars. 

Il glisse que son frère aîné et admiré, Brahim Abdeslam, futur tueur des terrasses parisiennes, va lui "demander des choses" et qu'il va "faire ces choses-là". Avant de réfréner les ardeurs de la cour qui veut en savoir plus: "Si Dieu le veut, on pourra voir ça plus tard". 

Pendant plus de sept heures, celui qui s'estime "diabolisé" affiche un discours ambivalent : d'un côté, aucun reniement de son adhésion à l'organisation État islamique qu'il "aime" ; de l'autre, son assurance qu'il n'est "pas un danger pour la société" et son espoir de s'occuper de ses parents après la prison, alors qu'il encourt la perpétuité. 

La veille, dans un langage soutenu et réfléchi, son coaccusé Sofien Ayari avait lui détaillé les "raisons politiques" plus que religieuses derrière son engagement en Syrie au sein de l'EI, qui l'a ensuite missionné en Europe. 

Une décision peut-être "impulsive" après les bombardements sur des civils, mais qu'il "assume". "Cela ne veut pas dire que c'était le choix juste", ajoute l'ex-étudiant tunisien, 28 ans aujourd'hui. 

Sofien Ayari était aussi resté silencieux durant l'enquête et ne comptait pas s'exprimer au procès non plus. Pourquoi alors "ce besoin de parler ?", lui demande l'un de ses avocats, Ilyacine Maallaoui.

L'accusé évoque les cinq semaines d'auditions de parties civiles à l'automne et, notamment, le témoignage de cette mère qui "ressemblait" à la sienne, qui l'a particulièrement "touché". 

« Jouer le jeu »

"Elle a dit qu'elle nous imaginait comme des petits anges et se demandait comment on était arrivé ici", souligne Sofien Ayari. "Cette femme qui a perdu sa fille, la seule chose qu'elle me demande, c'est de comprendre ce qui se passait dans ma tête. Je me suis dit que je lui devais ça, même si ça ne lui rendra pas sa fille". 

Prenant la parole au nom de plusieurs parties civiles, Me Gérard Chemla dit leur "soulagement qu'il se soit exprimé", même si c'est "sa vérité". Elles "considèrent ça comme une marque de respect". 

Au début de ces interrogatoires, le Belgo-Marocain Mohamed Bakkali avait lui, au contraire, exprimé le besoin de garder le silence "pour continuer à survivre". Un autre accusé, le Suédois Osama Krayem, avait déjà exercé son droit à se taire. 

Après les auditions des parties civiles "difficiles à encaisser", "je n'ai plus la force de me battre ni de m'expliquer", a argumenté Mohamed Bakkali. 

Celui qui a obtenu une licence en sociologie a mis en avant sa précédente condamnation, à 25 ans de réclusion et dont il a fait appel, dans le dossier de l'attentat déjoué du Thalys. 

"J'ai eu beau jouer le jeu, ça n'a rien changé. (...) Quoi que je fasse c'est toujours la même chose, tout est considéré comme de la ruse". 

Osama Krayem, qui refuse de comparaître à l'audience depuis novembre, à l'origine pour protester contre l'absence physique à la barre des enquêteurs belges, a expliqué avoir "perdu espoir" au fur et à mesure des débats.

"Je pense que personne n'est ici pour essayer de comprendre ce qu'il s'est passé et avoir des réponses", avait-il dit dans une lettre à la cour. "Je ressens que nous faisons tous semblant et que ce procès est une illusion". 


Nucléaire iranien : Paris dit être «en contact étroit» avec Washington

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  • "Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique
  • Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir

PARIS: La France est "en contact étroit" avec les Etats-Unis sur le dossier du nucléaire iranien et soutient les efforts diplomatiques américains, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, après une conversation entre les chefs de la diplomatie des deux pays.

"Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique visant à parvenir à un accord solide et durable", a dit Christophe Lemoine.

Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir.

Aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, partisan d'une ligne très dure, le président américain Donald Trump avait créé la surprise en annonçant lundi que les Etats-Unis étaient engagés dans des discussions "directes" avec l'Iran, alors que ces deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Mercredi, il avait ensuite souligné qu'une action militaire n'était pas exclue. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force", avait-il lancé. "Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file".

Cette menace survient à quelques jours de discussions qui doivent avoir lieu samedi dans le sultanat d'Oman et auxquelles participeront l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Interrogé sur le niveau de coordination entre les Américains et les Européens qui ont, quant à eux, des discussions en format E3 (Allemagne, France, Royaume Uni) avec l'Iran, le porte-parole du Quai d'Orsay est resté évasif.

"Nous sommes en lien étroit avec nos partenaires américains. Nous continuerons à discuter avec eux", a-t-il affirmé, se refusant à dire si les Européens avaient été informés en amont des négociations menées par Washington.

Christophe Lemoine a par ailleurs répété que l'objectif était que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire, réaffirmant que "la seule voie est diplomatique".

"Toute initiative visant à amener l'Iran à l'abandon de son programme nucléaire est bienvenue", a-t-il dit, même si la fenêtre est "étroite" pour y parvenir.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.


France: le blocage de Sciences Po Strasbourg levé par la police

Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.  Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
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  • C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université
  • Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage"

STRASBOURG: Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.

Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt.

C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université.

Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage".

La décision de maintenir le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël - que les étudiants accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza - "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", avait-elle observé.

Mardi soir, le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement supérieur a approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un "comité d'examen du partenariat" composé de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages qui s'étaient tenus depuis janvier.

Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.


Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon: «pas de polémique» sur une proposition «déroutante», dit Retailleau

 Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
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  • Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence
  • "Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues"

PARIS: Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"Je ne veux pas en rajouter. Je me suis engagé, quand j'ai déclaré ma candidature, à ne pas polémiquer avec un compétiteur de ma famille politique", a souligné le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, place Beauvau, sur le bilan de ses six mois en poste.

"Donc je ne polémique pas, pas plus maintenant que demain sur cette cette question, cette proposition qui est à première vue déroutante", a-t-il ajouté. "Mais chacun a le droit en démocratie de s'exprimer et de proposer", a-t-il conclu.

Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence des Républicains.

"Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues", a-t-il écrit sur le réseau social, proposant au ministre de l'Intérieur de "travailler ensemble" pour trouver des solutions.

Interrogé lors de sa conférence de presse sur l'hypothèse d'un départ de Beauvau s'il était désigné en mai président des LR, Bruno Retailleau l'a écartée: "Non, j'assume d'être candidat et ministre. Je pourrai assumer demain d'être président d'un parti et d'être ministre de l'Intérieur", a-t-il répondu. "Ce n'est pas ça qui constitue pour moi une butée. Ce qui constituerait une butée, c'est l'impossibilité d'agir ou d'autres éléments, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté.